La vie, la mort?

Sujet: La vie, la mort? Lun 12 Jan 2009 - 22:22

Musique: Ludovico Einaudi - Giorni Dispari

Il était à peine dix-huit heures et voilà que la nuit dominait amplement dans la voûte céleste. De multiples étoiles parsemait ce ciel d’hiver ce qui rendait difficile d’imaginer à quel point il pouvait faire froid dehors. Mais la rougeur des joues et du nez de Sothis ne pouvait pas tromper sur la fraîcheur mordante de ce vent puissant qui faisait danser les arbres dénués de feuilles.

Bibliothèque

Quand le jeune Serdaigle entra dans la bibliothèque, il fut frappé par la chaleur étouffante du lieu, en grand contraste avec l’extérieur. Cependant, ses mains restaient glaciales, comme si elles s’étaient imprégnées du vent glacé. Après s’être débarrassé de sa lourde cape en la déposant sur un des sièges libres, il passa un moment à se frictionner les mains, tout en regardant les arbres dans leur ballet incessant avec Eole. Le vent sifflant de part et autres inspirait une douce mélodie dont seule la nature pouvait suivre la cadence. Sothis n’avait jamais vu un aussi beau spectacle mais un grattement de plume le sortit de sa torpeur en l’insistant à détourner son regard.

Un léger soupir souleva la poitrine du Serdaigle tandis que ses jambes le menèrent vers un rayon de livres. Comme un automate, Sothis savait où il devait aller, ce qu’il devait faire, et ce qu’il allait faire. Sans surprise, tout semblait réglé au millimètre près. Qu’est-ce que cela pouvait être ennuyeux !
Sothis prit le premier livre qu’il vit. Il jeta un œil sur le nom de l’étalage. Défense contre les forces du mal, ça ne pouvait pas être mal ! Petit regard sur le nom de l’auteur : Lockheart… Ok…Sothis reposa alors l’ouvrage, le tenant du bout des doigts comme s’il était contaminé par la bêtise récurrente. Le livre d’à côté avait l’air nettement mieux ! "Créatures magiques" titre simple mais précis. Cela fera l’affaire, après tout, c’était juste pour se divertir un peu une soirée d’hiver !

Le livre sous le bras, il décida de quitter la bibliothèque, il y avait beaucoup trop de monde ici ! Il alla donc signaler à Mme Pince qu’il empruntait ce livre là, en n’oubliant pas de récupérer sa cape au passage. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres : changer de lieu au dernier moment n’était pas prévu. Il fallait donc trouver un coin tranquille pour lire. La Salle Commune ? Trop peuplée. Dehors ? Trop froid. Idem pour la volière.
Il se décida alors pour une salle de classe car il savait que certaines d’elles étaient ouvertes pour laisser les élèves travailler.

****

La tête baissée vers le sol, il marcha avec hâte, voulant se trouver seul le plus rapidement possible. Au passage, il heurta quelques personnes. Il murmurait de vagues excuses. Parfois on lui répondait : « c’est pas grave » de façon compatissante, ou « tu peux pas faire attention ? » d’un air agacé. Sothis s’en moquait.
Quand il arriva vers les salles de classes, il essaya d’ouvrir plusieurs portes, sans succès, jusqu’à ce que l’une d’elles s’ouvre dans un léger grincement. Le Serdaigle entra et referma derrière lui. La salle était typique, enfin après avoir exercé un « lumos » avec sa baguette ! Des tables, des chaises… certaines un peu poussiéreuses mais suffisantes. Il faisait assez froid dans la pièce, ce qui força Sothis à se revêtir de sa cape sombre. Remarquant que son sort n’était pas suffisant pour éclairer la pièce entière, il en lança un autre qui avait pour but d’allumer les torches juchées sur les murs. Ainsi, Sothis repéra quelque chose qui ressemblait à une cheminée mais ne songea pas pour autant à allumer un feu. Tant qu’il ressentait le froid, c’est qu’il était vivant non ?

Il choisit donc de s’asseoir dans une rangée du milieu, en dessous de l’une de ces lampes qui éclairaient désormais la pièce. Il posa son livre sur la table et le feuilleta vaguement. Vampires, Loup-garou… Rien de nouveau. Il s’y attendait mais pourtant il fut tout de même déçu. Cela ne l’empêcha pas de commencer la lecture.
Mais à peine il eut entamé les premières lignes qu’ une araignée sembla bouger frénétiquement ses pattes. Pris d’une fascination morbide, Sothis regarda le pauvre animal se débattre, mais ne pouvant aller bien loin avec une patte en moins…
Sothis souleva son livre au dessus de l’araignée, mais alors qu’il allait l’abattre sur elle, il stoppa son geste. Qui était-il pour avoir le droit de vie ou de mort sur cette créature ? Peut-être qu’elle ne souffrait pas malgré sa patte en moins, peut-être qu’elle vivait comme cela depuis longtemps ?

Sothis n’avait peut-être pas envie de lire. Il posa son livre à côté de l’animal et ramena ses genoux à la poitrine. Le geste provoqua un léger froissement de feuilles. Le Serdaigle porta sa main à sa poche et en sortit deux enveloppes. L’une contenait la lettre (lien) de sa mère, l’autre de son pèr… non, du mari de sa mère… son père ? Sothis ne savait plus comment il devait l’appeler… Le seul "avantage" dans tout cela, c’est qu’il n’aurait plus à l’appeler maintenant qu’il était mort…
Il n’avait pas pleuré quand il avait connu la vérité, même quand il apprit que celui qui l’avait élevé n’était pas son père. Il était indifférent, ou c’était ce qu’il se faisait croire. C’était sûrement pour cela qu’il refoula les larmes qui lui montèrent aux yeux en se mordant le poing.

Ses yeux se fixa sur l’araignée et d’un geste rapide lui assena le coup fatal. Le bruit violent du livre cognant la table résonna dans la pièce et arracha un léger sursaut à Sothis. Un courant d’air glaça le jeune homme. Pourtant, il ne se souvenait pas que la porte fût restée ouverte…

Sujet: Re: La vie, la mort? Ven 23 Jan 2009 - 14:26

Il y a des moments où l'âme a besoin de solitude. Ce soir-là était un de ces moments. La journée de cours s'était avérée plus difficile que réellement décevante. Un autre cours de Défense contre les Forces du Mal pour bien augurer la journée. Elle était malade rien que d'y penser, tout en se demandant si une allergie subite à une matière relevait de la pathologie ou simplement d'une overdose de mauvais traitements. Un peu de botanique qui avait sans doute constitué le meilleur moment. Une pause midi où elle s'était efforcée d'avaler trois bouts de carottes avant de foncer à reculons en SACM pour avoir droit à l'accueil indifférent du professeur.

Elle était par ailleurs persuadée d'avoir été la cible des ragots de deux filles de septième qui ne pouvaient s'empêcher de pouffer pendant l'entièreté de la dernière heure de cours. Filles qui l'avaient suivi jusqu'aux toilettes lorsque le prof avait lâché les fauves, sans doute pour s'assurer que leurs théories étaient vraies. La Rouge les avait fui en se fondant dans un groupe de cinquième qui sortait de Métamorphose.
Elle n'avait pas faim, Eden était occupée avec Seth sans doute, Tuppence déclarait avoir trouvé l'inspiration et avait foncé vers le dortoir et son matériel de dessin. Quant à Léa, elle s'était esquivée elle ne savait où. Shawn friquotait avec Sweevil de sa maison. En résumé, elle avait du temps à perdre pour la solitude. Ou du temps à profiter pour goûter au calme, ça dépendait des versions.

Sans se presser, son sac sur l'épaule et s'assurant qu'elle avait bel et bien emporté son roman en quittant le dortoir le matin même, Meghan se dirigea vers une salle qu'elle connaissait pour être peu fréquentée. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'y était pas rendue. Un, parce que l'an passé avait été obnubilé par le Shawn sus-cité. Deux, parce que son début d'année avait marqué un pic dans les relations MELTiques et que le peu de temps libre que lui laissait sa carrière scolaire avait été plus ou moins consacré à ses amies.
Finalement, c'était bon de se retrouver un petit peu seule. Il ne pleuvait malheureusement pas. Définitivement, la seule chose qu'il restait à faire était de se laisser emporter dans les péripéties d'Elizabeth et Mr Darcy. Peu de suspens et des dialogues percutants.
Doucement, elle poussa la porte, prête à laisser choir son sac pour s'adosser au mur le plus proche et...

"Pa...pardon."

Elle ne s'était pas attendu à ça, quelqu'un d'autre avait réquisitionné son espace détente. Confuse et un peu surprise, il lui sembla reconnaître dans la silhouette un des garçons de septième année à Serdaigle sans en être totalement sûre.
Luttant contre l'envie puérile de réclamer le restitution de son espace, Meghan avisa une araignée qui tissait sa toile en regrettant de ne pas pouvoir lui tenir compagnie.

"Je ne voulais pas te déranger."

La voix était douce, sans accusation.
Lentement, à regret, Meghan effectua un demi-tour gracieux et franchit le seuil pour se trouver un autre coin solitaire. Quelle direction prendre?

Spoiler:

Sujet: Re: La vie, la mort? Dim 25 Jan 2009 - 14:01

Sothis se retourna lentement vers le courant d'air, ignorant totalement son livre et l'araignée en dessous. Ses yeux se posèrent alors sur la jeune fille qui paraissait aussi surprise que lui. C'était une Gryffondor, la couleur rouge et or de son écusson ne trompait pas.
Elle murmura un "pardon" hésitant. Sothis la regarda avec étonnement avant de l'ignorer. Il posa son menton sur ses genoux qui étaient toujours collés à sa poitrine. Ainsi, il fixait le tableau noir dont la poudre blanche rappelait qu'autrefois cette salle de classe avait été utilisée.

"Je ne voulais pas te déranger." dit-elle d'une voix douce.

Sothis n'était pas du genre à mentir. Évidement qu'elle l'avait dérangé! Quand quelqu'un aspirait à la solitude, toute rencontre était contrariante... Surtout que la jeune fille l'avait peut-être surpris dans un moment de "faiblesse", un de ses moments où Sothis ne parvenait plus à contrôler ses sentiments. C'était sans doute pour cela que son visage d'ordinaire indifférent affichait de la curiosité envers la jeune Gryffondor. Espérait-elle de la solitude elle aussi? Sachant que cette salle était rarement fréquentée...
Il tourna alors sa tête et sa regarda droit dans les yeux, cherchant inconsciemment à savoir pourquoi elle était ici car Sothis trouvait que c'était rare de voir un Gryffondor seul. Mais soudain, elle se retourna avec une grâce étonnante que Sothis pouvait aisément comparer à celle d'une danseuse en plein ballet.

"Att...Attends!" Dit Sothis sans réfléchir.
Mince! Comment allait-il justifier ça après! Il se mordit les lèvres timidement avant de se reprendre et d'afficher un léger sourire.

"Je crois qu'il y a assez de place pour deux..."Ajouta-t-il avec une légère ironie, tout en désignant la grande salle."Sauf si ma présence te gêne. Dans ce cas, je pourrais faire preuve de galanterie et chercher un autre endroit pour méditer."

Son sourire se fana et ses doigts froissèrent les enveloppes qu'il tenait dans sa main. Il les fourra dans sa pocha et se leva, prêt à partir par politesse. Après tout, il connaissait d'autres endroits...

Spoiler:

Sujet: Re: La vie, la mort? Sam 31 Jan 2009 - 14:46

Ce qui aurait presque put passer pour une demande arrêta Meghan en plein élan, peut-être en partie parce qu'elle ne quittait la pièce qu'à contre coeur. D'un point de vue strictement personnel, partager un espace avec quelqu'un n'était pas exactement un problème, à partir du moment où le quelqu'un conservait un calme et un silence relatif. Le bref aperçu à l'Ecusson Bleu et Bronze pouvait au moins lui assurer cela.
Elle s'arrêta donc de bonne grâce, l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Il y avait peu de chance qu'il l'ait interpelé pour lui faire des remontrances, pas avec ce ton-là. Même elle qui avait tendance à voir moquerie partout ne pouvait s'y résigner dans le cas présent.

Son sourire se dessina réellement lorsqu'elle entendit la suite. Elle eut presque du mal à croire ce qu'elle entendait. Elle le dérangeait et il proposait de faire place nette? Curieux, plaisant et totalement inattendu.

"Merci."

La réponse était purement pavlovienne, réflexe acquis depuis longtemps lorsqu'on lui faisait une proposition à voix douce et avec bonne humeur. Le remerciement avait jailli avant qu'elle n'étudie vraiment la composante de la proposition.
Il lui proposait ni plus ni moins de partager l'espace. Le sourire devint encore plus franc, quoique que timide.

"Merci."

Zut. Elle se répétait.
Idiote, idiote.

"Ca me ferait plaisir de rester... si tu restes aussi."

Elle se donnait des impressions de grande reine magnanime. Elle fut sur le point d'en rosir lorsqu'elle se souvint que c'était sa formulation à lui qui sous-entendait qu'elle pouvait céder à un caprice de solitude.
Un peu gênée avec ses bras qui pendaient soudain lamentablement le long de son corps, Meghan résista à la tentation de tortiller son pied sur place, réflexe qu'elle prenait quand elle se sentait un peu balourde à rester immobile. Le regard parcourant l'espace, elle finit par noter la position dans laquelle le jeune homme était plus ou moins resté. Les deux mains accrochées à un livre, le tout, légèrement au-dessus d'une table. Un soupçon passa dans son regard qui s'alluma d'une lueur amusée. Gentiment mais avec une vague note d'humour, elle questionna:

"Tu... lisais?"

Les paroles du Serdaigle avaient fait leur effet puisque la jeune fille s'arrêta quand il l'interpella. Mince, il avait peut-être été brutal! Mais quand il vit un léger sourire se dessiner sur les lèvre de la Gryffondor, il fut rassuré qu'elle n'ait pas pris mal son appel.
Elle le remercia alors, ce qui signifiait qu'il allait sans doute devoir laisser sa place. Tant pis, après tout c'est lui qui avait proposé! Elle se répéta. Se demandant pourquoi, il songea alors qu'elle attendait peut-être une réponse de sa part.

"Heu... De rien..." Répondit-il simplement.

Alors qu'il s'apprêtait à passer devant elle pour sortir de la pièce, elle dit quelque chose qui scotcha Sothis sur place.

"Ca me ferait plaisir de rester... si tu restes aussi." C'est ce qu'elle avait dit... C'était bien la première fois qu'on sollicitait sa présence ainsi! Il se mit à rougir légèrement et fit demi tour en direction de la pièce. Être dos à la jeune Gryffondor l'arrangeait bien.

"Ah heu d'accord," souffla-t-il un peu embarrassé.

Semblant vouloir engager la conversation, Meghan demanda à Sothis s'il était en train de lire. Lire... Ah oui, le livre qu'il tenait dans les mains! Il y jeta un coup d'œil mais ne répondit pas immédiatement. Ce fut comme s'il lui fallait une grande réflexion pour donner une réponse satisfaisante. Pourtant, ce qu'il déclara ne fut pas exceptionnel.

"Plus ou moins. Je suppose qu'il y a des moments où on arrive moins à lire que d'autres." Dit-il enfin.

Il se redirigea vers la place qu'il occupait auparavant, posant son livre sur la table.

"Et toi, qu'es-tu venu faire? En général, ceux qui viennent ici ont soit envie de fuir quelque chose ou quelqu'un, soit envie d'être au calme, soit les deux combinés. Qu'en est-il pour toi?" Questionna-t-il curieusement sans vraiment attendre de réponse pourtant. Après tout, cela ne le regardait pas! Il lui proposait de partager l'espace, pas ses pensées! C'est pour cela qu'il prit la parole de nouveau.

"Fais comme si je n'étais pas là..." Dit-il en reprenant la même position qu'auparavant: les bras enroulés autour de ses genoux.
Ses paroles étaient une façon de lui dire: "Parle moi, ou ignore moi, c'est comme tu veux."

Meghan eut un petit mouvement d'épaules qui suggérait que sa question ne la gênait pas. Ils étaient des êtres humains, après tout. Et la race humaine était supposée être douée pour la communication. Alors, pourquoi ne pas poser de question pour apprendre à se connaître un peu.
A peu de choses près (son blason et le fait qu'il soit un garçon), le Serdaigle aurait presque pu passer pour une copie presque conforme d'elle-même. Question de caractère.
Doucement encore, toujours plus doucement, elle s'entendit répondre, alors qu'elle s'adossait contre le mur trop sale:

"Un peu des deux sans doute. J'avais besoin de calme. On est... tellement, toujours, toujours avec les autres. Le dortoir, la salle commune, la Grande Salle, les cours... Nos seuls moments de solitude, c'est la douche quotidienne... et quand on parvient à s'abstraire de la foule pour trouver un petit coin tranquille."

'C'est pas ton psychomage, tu sais?'

Cette tendance qu'elle avait de parler à tort et à travers. C'était d'un gavant. Et d'un ridicule.
Elle était à deux doigts de s'en excuser quand elle jugea plus sage de garder le silence.

La jeune fille se releva doucement, pointa sa baguette sur le mur et jeta un sortilège rapide mais efficace de nettoyage et se radossa tout aussi doucement, le regard dans le vague.

"Et...et toi?"

C'était pas un peu... indiscret?
Non, finit-elle par trancher. Pour bégayer quelques justifications:

"Je veux dire... On aime tous les deux le calme et la discrétion apparemment... on pourrait... parler un peu."

Et s'il répondait non en lui ricanant méchamment au nez? Si tout ce qu'il voulait, c'était du silence? Et si elle s'était complètement trompée dans son interprétation?

Sothis observa la jeune Gryffondor s'adosser au mur - ce que lui n'aurait pas fait vu les résidus de poussière - et écouta sa petite voix s'adresser à lui. Il trouvait cela presque attendrissant d'entendre ce brin de voix hésitant énumérer ce qui lui donnait l'envie de rester seule. Il était d'accord avec elle, le fait d'être à Poudlard les obligeait à vivre ensemble, toujours entourés des autres qu'on apprécie ou pas...

"Et encore! Même la salle de bain est commune, l'intimité se réduit à la cabine de douche..." Remarqua-t-il d'un ton ennuyé.

"Pourtant, cette proximité avec les autres a l'air de plaire à certains. Ils se font pleins d'amis de cette façon. Se côtoyer tous les jours, ça créer peut-être des liens," déclara Sothis comme si cela lui était étranger.

La Gryffondor sembla alors remarquer que le mur était sale puisqu'elle lui lança un sortilège de nettoyage avant de s'adosser à nouveau. C'est alors qu'elle lui demanda à son tour pourquoi il était là mais parut ensuite embarrassée. C'est sans doute pour cela qu'elle se sentit obligée de se justifier. Il se reconnaissait d'une certaine façon en elle. La Gryffondor avait l'air de douter d'elle dans ses rapports avec les autres qui se traduisait par une justification exagérée dans ses paroles. Cependant, Sothis aurait pu dire exactement la même chose qu'elle pour ne pas que sa question paraisse ridicule. Il lui adressa alors un léger sourire pour la rassurer un peu puis acquiesça. Il n'allait pas la manger, ni lui rire au nez.
Pourtant,son sourire s'effaça quand il songea à la réponse qu'il devait lui donner. Car il allait lui répondre! C'était la moindre des politesses.

"Je...Heu... Moi c'était plutôt pour fuir," Dit-il finalement.

Au départ, il allait en rester là, bien décidé à ne pas en révéler plus. Mais il s'attendait à ce que la Gryffondor lui demande "pourquoi?"... Après tout, pourquoi ne pas poursuivre? Il baissa alors ses genoux pour retrouver une position assise normale et tourna le buste vers la jeune fille, prenant appui sur le dossier du banc.

"Faut dire que quand on est forcé de vivre avec les autres, c'est difficile de toujours cacher ce qu'on ressent. Si tu es heureuse, les autres le remarquent, si tu es triste c'est pareil... " Souffla-t-il.

C'est pour cela qu'il était venu ici en fait, pour ne pas se sentir forcé d'avoir un visage indifférent si son esprit voulait le contraire, même si, par réflexe, son visage avait repris son aspect neutre à la seconde où il avait remarqué la présence de la Gryffondor. Pourtant, cela ne lui posait pas de problème, il faut dire que la jeune fille n'était pas envahissante. D'ailleurs, il ne savait même pas comment elle s'appelait. Enfin, il connaissait juste son nom de famille mais pas son prénom...

"Je suis désolé... mais je ne me souviens pas de ton prénom..." Dit-il, sincèrement ennuyé.

Il savait ce que c'était quand on ne se souvenait pas de lui... Combien de fois il avait discuté avec une personne la veille, même effectué un TP de cours pour que le lendemain cette même personne lui redemande son nom? Mais là, il avait l'excuse de ne jamais avoir parlé à la jeune Cameron...

La jeune fille papillona des yeux une fois, deux fois, finalement persuadée qu'elle était plongée dans un drôle de rêve dont elle ne s'éveillerait vraiment qu'après qu'une catastrophe soit arrivée. Une catastrophe du genre troupe de gobelins belliqueux et armés jusqu'aux dents, ou météorite immense en bonne route pour percuter la terre et la faire virer de son orbite, ou bien un de ces nounours d'enfants qui se transforment en serial killer... Une manière comme une autre de dire que c'était trop beau pour être vrai.
Ca n'était déjà pas si fréquent de rencontrer quelqu'un qui respectait son point de vue, le respectait vraiment (non, les MELT* ne comptaient pas). Mais quelqu'un qui le partageait... Elle n'était pas ce genre de filles à penser que partager l'opinion de quelqu'un revenait à n'avoir qu'une demi-opinion. Il était rassurant, quelque part, de se rendre compte qu'on n'était pas si seuls dans l'univers, que le monde était peuplé de gens tellement différents mais aussi tellement semblables. Rassurant, vraiment.

Et chaque mot du Serdaigle lui donnait un peu plus envie de sourire tellement il lui semblait que cela aurait pu être les siens.

'Fuir?'

Le sourire du jeune homme fluctuait et elle aurait aimé qu'ils soient assez proches pour qu'il lui confie le fond du problème. Les gens avaient tendance à s'épancher auprès d'elle, justement parce qu'elle parlait peu pour leur offrir un silence qui leur était pleinement consacré. Cela venait aussi, sans doute, de cette prédisposition de l'être humain à être flatté par l'attention qu'on lui portait. Tout le monde avait besoin de se sentir considéré, écouté. Seulement, il y en avait qui étaient plus disposés à parler, et d'autres à écouter. Même si, parfois, c'était un tort de considérer que les "silencieux" n'avaient rien d'intéressant à proposer. Il y avait juste la barrière "timidité" qui les empêchait de franchir cet ultime pas vers les autres. Il fallait s'apprivoiser, s'observer, se sourire, et doucement, doucement, gagner la confiance l'un de l'autre.
Elle était prête à relever ce défi-là. Pas de monstre, pas d'épreuve, juste beaucoup de patience et un peu de volonté. Et de cela, elle en avait à revendre.

Au moment où le silence allait devenir gênant, Meghan adressa un nouveau sourire tremblant à l'Aigle qui était maintenant à sa hauteur.

"Y a pas de mal, voyons... on ne suit pas les mêmes cours."

Les gens avaient peu trop tendance à se déclarer ami avec tout le monde à partir du moment où ils avaient partagé le même bureau en Histoire de la Magie. Et puis, elle-même n'était pas entièrement sûre de connaître son prénom à lui. Sothis ou quelque chose comme ça. Mais, même si elle en avait été certaine, pour lui épargner le sentiment d'être le "désolé" du duo, elle aurait agi de la même manière. A savoir:

"Je suis Meghan. Et toi? Tu m'offres ton prénom?"

Elle ne marqua qu'une courte pause, cette fois-ci avant d'enchaîner:

"C'est vrai ce que tu dis. Mais j'ai la chance d'avoir des amis assez proches et assez respectueuses pour me sentir à l'aise dans mon propre dortoir. Et je sais que si j'ai besoin de calme, je peux venir m'y réfugier. Ou venir ici."

Son ton devait lui indiquer qu'elle ne le considérait en aucun comme une gêne ou une entrave à son besoin de calme.

"Comment as-tu découvert cette... salle?"

*MELT: le groupe d'amies de sixième année à Gryffondor. M pour Meghan (moi), E pour Eden (Sanders), L pour Léa (Baldwin) et T pour Tuppence (Beresford)

Sothis se sentit mal à l'aise quand il vit l'air étrange sur le visage de la jeune fille. Allait-elle se mettre à rire d'amusement après les "révélations" du Serdaigle? Il détourna son regard de la fille et trouva que le silence était paradoxalement pesant.
Sothis n'était pas le genre de personne qui se confiait facilement. D'ailleurs, il n'avait jamais parlé à personne de ce qu'il pouvait ressentir réellement au fond de lui. Tous se contentaient des discussions légères et neutres comme le dernier devoir de potion, ou alors quelques théories de métamorphose... Mais dès que cela touchait un sujet trop personnel, Sothis se défilait, prétextant mille choses à faire. Il ne voulait pas qu'on le connaisse plus que ça, cela lui avait joué des tours dans ses premières années d'études et maintenant qu'on le laissait tranquille, il ne souhaitait pas briser cet apaisement. Tant pis s'il n'était que le "Serdaigle de septième année qui ne parle jamais". Même si au fond, il ne demandait qu'à s'ouvrir aux autres mais ne pouvait pas à cause de sa timidité presque maladive. Mais il évoluait chaque jour, il parvenait de plus en plus à parler aux autres même si ce n'étaient des discussions très profondes.
C'est sans doute pour cela qu'il était assez embarrassé à cet instant: il sentait que la discussion se dirigeait vers un aspect plus personnel. Mais pourtant, il ne se défilait pas. Être face à Meghan -car elle s'appelait ainsi- était comme être face à lui même en quelque sorte et cela le rassurait même s'il craignait un peu la suite des évènements.

"Sothis," dit-il doucement rassuré de ne pas être le seul à ignorer le prénom de son interlocutrice.

Citation :: "C'est vrai ce que tu dis. Mais j'ai la chance d'avoir des amis assez proches et assez respectueuses pour me sentir à l'aise dans mon propre dortoir. Et je sais que si j'ai besoin de calme, je peux venir m'y réfugier. Ou venir ici."

Sothis offrit un léger sourire à Meghan. Lui n'avait pas d'amis proches à Serdaigle mais il cohabitait sans difficultés avec ses camarades. Étant très silencieux, il se fondait bien dans la masse. De toute manière, la plupart des Serdaigle étaient gentils et respectaient son désir de solitude permanent.
Il ne répondit pas aux paroles de Meghan mais se contenta de laisser son sourire flotter sur ses lèvres de façon presque rêveuse. Ce n'était pas qu'il avait besoin d'amis mais juste qu'il aimerait parfois être compris.
La dernière question de Meghan raviva quelques souvenirs du Serdaigle. Il fronça les sourcils, cherchant les bons mots.

"J'avais un ami à Poudlard il y a quelques années. Il était en septième année, j'étais en cinquième. On avait pris l'habitude de venir ici ensemble. Depuis, ça m'est resté." Dit Sothis.

C'était la première fois qu'il désignait Jason comme un ami, qu'il parlait de lui surtout. Même s'il n'avait jamais pu se confier à lui, il appréciait les moments qu'il avait passé avec lui, souvent en silence, dans cette salle. Mais aujourd'hui, il avait perdu tout contact avec Jason ce qui avait conforté le Serdaigle dans l'idée qu'il ne pouvait compter sur personne. Le visage de Sothis se ferma comme pour signifier qu'il n'en dirait pas plus. Ce souvenir était positif, peut-être trop car maintenant il prenait conscience qu'il était bien seul aujourd'hui.

"Et toi? Tu as découvert cette salle par hasard? Je veux dire... Elle n'est pas très connue je crois..." Demanda-t-il d'un ton plus léger comme pour minimiser l'importance de ses paroles précédentes.

Meghan se surprenait maintenant à sourire sans même plus y réfléchir. C'était un exercice plaisant. Ne pas contrôler ses muscles labiaux sous prétexte qu'elle craignait d'afficher un air niais. Et se sentir suffisamment à l'aise pour qu'une expression de bien-être naisse à son insu. Parce que, oui, quelque part, elle se sentait bien et s'en étonnait un peu. Il était rare que ce genre de climat émotionnel arrive après un laps de temps aussi court entre l'étape "la rencontre" et l'étape "je me sens bien".
C'était peut-être sa voix douce, à lui, qui était étrangement calmante et apaisante. Peut-être avait-il un don particulier, bien qu'il le mette (d'après ses dires) assez peu souvent à contribution. S'il cherchait plus tard un emploi dans la psychomagie, il y avait sa place toute trouvée.

Reprenant sa réflexion qui remontait maintenant à une couple de minutes, elle songea combien les gens qui savent écouter étaient rares. Rares et précieux. Et Sothis (elle s'étonna de s'être si peu trompée sur son identité) semblait définitivement faire partie de cette catégorie bénie des Dieux. C'était un don en soi, même si beaucoup de ses contemporains semblaient l'ignorer. Les meilleures choses avaient toujours cette tendance fâcheuse d'échapper au regard, et au ressenti, pour peu qu'on ne s'accorde pas le temps d'y prendre garde.

La jeune fille hocha doucement la tête à la réponse de Sothis. Il y avait donc bel et bien quelqu'un qui avait senti le prix du jeune homme et qui lui avait accordé attention et affection. Elle s'en sentait rassurée, tout en se demandant ce que cet ami était devenu. Ses propres souvenirs étaient trop flous. Déjà, alors, son attention était plus portée sur les jeunes Serpentard, un jeune Serpentard pour être précise, que sur les inconnus silencieux au visage anonyme. Non, elle ne revoyait absolument pas à quoi avait bien pu ressembler ce fameux ami dont lui parlait le Serdaigle. Pour sa défense, ils étaient des centaines à Poudlard et, quelque part, il fallait faire un choix.
"Moi?"

Evidemment. Un dialogue était, après tout, un échange verbal, par définition.
Elle se déplaça légèrement, manifestant par-là même une gêne certaine.

"Je... J'étais allée voler quelque chose en cuisine."

Une pomme.

"C'était un défi."

Tupp qui la trouvait trop réservée.

"Et j'étais persuadée que Rusard me suivait."

On pouvait comprendre ce genre de frayeur.

"Du coup, je courrais. Pas très bien. Et c'est la première option qui m'est apparue."

Des cuisines à cette salle, il y avait du terrain. Mais ça avait été comme si tout le reste n'avait été un black-out, jusqu'à ce que ce lieu apparaisse comme une lumière.

"J'y suis restée un bon moment. D'abord, pour être sûre que Rusard était parti ailleurs. Et ensuite, parce que j'y étais bien."

C'était une histoire un peu honteuse et Meghan espérait que Sothis ne lui en tiendrait pas rigueur. Changeant de sujet comme on change de parfum, elle demanda, vaguement curieuse:

"Et, depuis, tu y reviens seul. Tu as des nouvelles de cet ami? Il n'est pas à l'Université?"

C'était beaucoup de question pour la Meghan Cameron moyenne.

Toutes mes excuses pour ce long retard. Embarassed

Dernière édition par Sothis Chambers le Dim 8 Mar 2009 - 14:27, édité 1 fois

Les relations humaines sont complexes. Certains vont aimer une personne que d'autres vont détester, et vice versa... Il n'existe pas une personne aimée de tous mais pourtant l'inverse existe... Ou alors la personne détestée "universellement" a des admirateurs cachés. On peut penser aux grands tyrans de l'histoire qui sont adulés par une minorité....
Mais il existe aussi des personnes que l'on apprécie pas mais que l'on déteste pas non plus. On ne les connait pas, c'est tout. Pour Sothis, Meghan faisait partie de cette dernière catégorie. Il ne l'appréciait pas forcement puisqu'il ne la connaissait pas mais pourtant il ne la trouvait pas du tout désagréable! Elle était le genre de personne qu'il pourrait apprécier au long terme. Il parvenait à répondre à ses questions, chose rare puisque d'ordinaire, il se serait contenté d'un silence, ou alors il aurait changé de pièce.

Elle lui raconta alors la façon dont elle avait découvert la salle. Ce n'était franchement pas glorieux mais il ne pouvait pas la juger. Il se contenta de la regarder, sans un sourire mais sans reproche non plus. Après tout, il y avait toujours un moment dans sa vie où on cédait aux pressions des autres. Pour se fondre dans la masse, pour prouver qu'on est pareil que les autres, ne pas être le/la coincé(e) dans un groupe d'amis... Autant de raisons pour tant de défis acceptés, réussis ou non. Qui pouvait prétendre ne jamais avoir agi pour plaire aux autres? Cela n'était pas une preuve d'immaturité mais seulement du désir d'être accepté des autres. Sothis aussi avait déjà agi ainsi, avant de comprendre qu'il ne conviendrait jamais aux autres, qu'il était trop différent au fond pour réussir à s'intégrer complètement. Ou alors c'était lui qui trouvait les autres trop différents. Quelle importance, au fond la conséquence était la même: il était seul.

"Au moins, cette mésaventure t'a permis de trouver cet endroit," déclara Sothis de façon neutre.

Elle était déjà assez embarrassée comme cela, il n'allait pas en plus lui montrer qu'il n'approuvait pas tellement les défis! Et puis une pomme! Ce n'était rien, juste quelque chose de symbolique qui montrait le caractère interdit du vol.
Le sujet revint ensuite vers Sothis. Apparemment, elle voulait en savoir plus sur son ancien ami.

"Je ne souhaite pas en parler," dit-il plus froidement qu'il ne l'aurait voulu.
Il n'était pas en colère contre Meghan mais contre lui même, contre Jason, contre tout en fait. Le fait de lui avoir fait confiance...

"Non," lâcha-t-il dans un soupir."La réponse à tes questions est non."

Sothis n'avait jamais eu de nouvelles de Jason qui n'était apparemment pas à l'Université de Poudlard. Le Serdaigle se sentit plus affecté qu'il ne le devrait.
S'il avait répondu à la Gryffondor, ce ne fut pas vraiment par envie mais par "gentillesse". Étrangement, il se doutait que s'il était resté sur sa réponse froide, elle aurait pris peur ou se serait refermée sur elle même, comme lui aurait agi dans ce cas. Il avait donc donné une réponse, courte mais précise. Le plus étonnant c'est que cette simple réponse l'avait soulagé comme si le fait de le dire à voix haute avait rendu ce fait bien réel aux yeux de Sothis.

"Je crois que je n'étais pas son ami," laissa-t-il échapper sans vraiment le vouloir.

Pas de soucis! Le Théo

Sujet: Re: La vie, la mort? Mar 3 Mar 2009 - 13:36

Soit il n'en pensait rien (ce qui constituait somme toute l'hypothèse la plus probable), soit il désapprouvait (ce que lui dictait sa conscience). Dans un détachement qui était rare chez Meghan la jeune fille conclut que, de toute façon, il y avait prescription.
C'était le moment de changer de sujet et, apparemment, elle avait visé dans le mile des questions dérangeantes.

"Je suis désolée."

On avait beau dire et répéter qu'à force de s'excuser à tout va, ces mêmes excuses perdaient de leur sincérité, dans son cas, il y avait toujours le même degré d'authenticité dans ses paroles, malgré les doutes que certains pouvaient formuler à son égard.

"Je veux dire que..."

Ca avait toujours été un problème. Son esprit fonctionnait parfaitement bien (enfin, disons qu'elle n'avait pas à se plaindre) mais c'était au moins où il fallait formuler tout haut ce qui circulait sous son crâne que commençaient les ennuis.
La preuve en était qu'elle avait réussi à faire preuve de maladresse juste au moment où Sothis commençait à s'ouvrir un peu. Elle le savait bien, pourtant, qu'il ne fallait pas foncer dans les portes qu'on entrouvrait... elle était pareille. Mais sa curiosité avait fait fi de l'évidence, voulant trouver sa réponse plus que respecter la pudeur d'autrui. Et c'était une chance que le jeune homme ne se soit pas fermé comme un huitre pour si peu. Et c'était tout à son honneur. Une petite grimace accompagna son "désolée". Le temps pour Sothis de compléter sa réponse, au grand étonnement de la Rouge.

C'était méprisable, si ce qu'il disait était vrai.

'Pourquoi mentirait-il?'

Elle le croirait donc. Parce qu'en quelques minutes, il avait réussi à gagner sa confiance.
C'était donc méprisable. De se servir de quelqu'un pour combler un besoin de solitude. Et de l'oublier dès qu'on était un peu au loin. Les gens avaient tendance à oublier facilement les discrets et souriants quand des rencontres plus palpitantes se profilaient à l'horizon. La vie était ainsi faite. Ce qui l'amena à réfléchir à ce qui se passerait quand elle aurait fini sa septième année et même... plus tôt. Que ferait Shawn quand il ne serait plus obligé de la croiser dans les couloirs? L'oublierait-il comme si elle n'avait jamais existé?

'Sortez les mouchoirs.'

Peut-être pas.

"Ca arrangera pas les choses ... mais... je sais ce que c'est."

Meghan aurait un peu mieux connu le Sedaigle, peut-être aurait-elle osé quelques questions supplémentaires. Mais là....
Changer de sujet? Oui, cela semblait être l'option la plus acceptable.

"Je..."

'...sais pas quoi dire.'

Utile. très utile.

"Il n'avait pas compris ce que tu valais."

Où était passée sa résolution de changer de sujet?
Elle était en train de se faire prendre au piège du "je-réponds-sans-réfléchir" et ça n'était pas parce que tout le monde faisait ça qu'elle devait se mettre à suivre la mode.

Ca va pas en s'arrangeant. Le Sacha

Sujet: Re: La vie, la mort? Dim 8 Mar 2009 - 15:21

Citation :: "Ca arrangera pas les choses ... mais... je sais ce que c'est."

Sothis décida de ne pas répondre à cela. Il n'aurait pas su répondre sans froideur. Non pas à cause des paroles compatissantes de la jeune fille mais à cause de sa tendance à croire que personne ne pouvait le comprendre. Dans un excès d'égoïsme, certaines personnes pensent être les plus malheureuses, avoir vécu les pires choses... Sothis faisait parfois parti de ces gens là, trop borné pour s'imaginer qu'elle puisse avoir vécu la même chose que lui. Pourtant, en y réfléchissant bien cela n'était pas impossible. Après tout elle était ici, avec lui, en quête de solitude. Et jusqu'ici, elle ne lui avait pas semblé si différente de lui. Il se surprit alors à esquisser un sourire reconnaissant, car il n'osa pas lui demander ce qui lui était arrivé.

Citation :: "Il n'avait pas compris ce que tu valais."

Sothis se mordit la lèvre inférieure plus fort qu'il ne le pensait puisque du sang perla légèrement. Il ne montra pas son trouble et se contenta de passer son pouce sur sa lèvre. Le gout du sang était fort mais en réalité il saignait très peu. La remarque de Meghan l'avait perturbé, vraiment. Il aurait très bien pu répondre avec ironie "Parce que selon toi je vaux quelque chose?" car au fond, il ne savait pas lui même ce qu'il valait. Sans non plus se dénigrer, il n'avait jamais eu une haute estime de sa personne. Il était comme un étranger pour lui même car parfois il ne comprenait pas ses propres réactions.
Pourquoi était-il tantôt distant, tantôt proche? Car c'était en quelque sorte ce qui se passait avec la jeune Gryffondor... Un coup il se braquait pour ne pas répondre, et l'instant d'après il se livrait... Il ne se comprenait vraiment pas... Mais si lui ne comprenait pas sa personnalité, peut-être que Jason lui l'avait comprise et que c'était pour cela qu'il s'était éloigné ainsi... Pour Sothis, cela sonnait comme une cruelle évidence puisqu'il n'avait aucune autre explication. Peut-être était-il réellement étrange... Dans ce cas, Meghan était vraiment gentille avec lui de lui dire cela, mais cela signifiait-il aussi qu'elle mentait? Un légère fureur monta en lui et il se demanda alors "parce qu'elle, elle a compris?". Voilà encore une autre de ses étranges réactions. Il réussissait à s'ouvrir un peu face à elle mais ensuite il ressentait de la colère. Cette colère qu'il mettait sur le dos de Meghan était en fait dirigée vers lui même puisqu'il se sentait incapable d'être furieux contre elle.
Malgré son bouleversement émotionnel, Sothis ne laissa rien paraitre. Soit par fierté, soit pour se protéger. Pourtant, il n'y avait aucun danger... Il était inconcevable pour lui de se dire que Meghan chercherait à se moquer de lui. Il la connaissait peu mais pourtant il savait qu'elle n'était pas ce genre de personne. Elle était trop gentille pour cela. Pourtant, il ne parvint pas à extérioriser ce qu'il pensait vraiment.

"Ou peut-être qu'il avait compris justement," déclara-t-il en haussant les épaules d'un air indifférent."Ce n'est pas comme si c'était important..."

Son mensonge avait un goût amer dans sa bouche. Il n'était pas convaincant. Il espérait se convaincre lui même mais tout cela sonnait faux. La preuve, il n'avait même pas regardé Meghan en face quand il avait dit cela. Il avait détourné son regard vers le fond de la salle comme s'il cherchait quelque chose d'intéressant à voir.

"Tu as dit tout à l'heure que tu savais ce que c'était...Il t'est arrivé quelque chose du même genre?" Tenta Sothis pour détourner la conversation.
Il ne la forçait pas à répondre car il savait qu'il y avait certains souvenirs qu'on ne souhaitait pas partager avec un inconnu. Mais il espérait qu'elle comprenne alors à quel point il avait été difficile pour lui qu'elle aborde des questions personnelles et douloureuses...

Désolé du retard Embarassed

Sujet: Re: La vie, la mort? Mar 10 Mar 2009 - 13:50

Sothis se déchirait la lèvre comme certains se rongeaient les ongles, avec nervosité et sans vraiment en avoir conscience, tellement il était plongé dans ses pensées. Elle connaissait ce regard qui se faisait vague parce que la conscience n'était plus vraiment là, mais quelque part où on ne pouvait plus vraiment l'atteindre. Elle le connaissait mais pas tant pour l'avoir vu si souvent mais plus pour l'avoir déjà eu. Ca aussi, c'était quelque chose difficile à expliquer, dans le sens où elle sentait que c'était une expression qui lui était familière, à elle mais que ça n'était qu'à travers ses propres muscles qu'elle en avait la perception.
Et.. elle attendit. Toujours à partir de sa propre expérience, elle savait qu'il s'agissait d'un état stationnaire, du moins quand elle avait de la compagnie. Il y avait des chances qu'il en soit de même pour le Serdaigle.

Et effectivement. Sothis retrouva le contact avec la réalité en même temps que la parole. Elle avait de la patience à revendre, il aurait presque pu être plus long.
Elle baissa le regard devant la mauvaise estime que le jeune homme avait de lui. Il ne semblait pas vouloir s'attarder sur le sujet mais Meghan savait qu'il s'agissait d'une plaie qui ne cicatriserait pas seule. Elle le laissa faire, pourtant. Pour l'instant.

Un donné pour un rendu. C'était de cette manière qu'elle considéra la conversation avant de répondre. Certaines personnes (comme Sothis, comme elle) avaient besoin de certaines preuves implicites pour pouvoir se confier. Parce que c'était elle qui avait posé les questions la première, c'était également à elle de lui fournir cette preuve implicite. Elle n'hésita qu'un quart de seconde:

"Pas... pas exactement ainsi mais."

'Plus ou moins.'

Aussi vrai qu'une expérience ne peut pas être comparée à une autre, aussi vrai elle ne pouvait pas vraiment prétendre avoir vécu la même chose que lui.

"Une histoire de filles. Pour un garçon, évidemment. Quelqu'un que je considérais comme une amie et qui ne me considérait plus assez bien pour elle à partir du moment où elle est sortie avec... ce type. Ils ne sont restés ensemble que deux semaines. On ne s'est jamais reparlées."

Ca n'était pas vraiment la même effectivement. Elle, au moins, avait une raison, aussi pitoyable soit-elle, pour justifier ce soudain détournement. Même si elle ne pouvait s'empêcher de penser que ce qui s'était passé alors aurait fini par se passer, quelles que soient les circonstances.

"Il n'empêche que dans ton cas, je ne suis pas d'accord. On ne se parle peut-être pas depuis très longtemps mais à moins que tu aies un vice caché particulièrement cruel ou intolérant, il n'avait aucune raison de te laisser tomber."

Meghan considéra qu'elle avait fait de son mieux. S'ils apprenaient à mieux se connaître et devenaient un jour ce qu'on pouvait parfois qualifier d'amis, peut-être reviendrait-elle sur le sujet.
En attendant, son regard était tombé sur un morceau de parchemin que tenait Sothis. A l'évidence, il souhaitait changer de sujet. Le parchemin serait un bon prétexte. En croisant fort les doigts pour ne pas être en train de commettre une nouvelle erreur, elle demanda doucement:

"Et ça, c'est quoi?"

Pas grave Le Théo

Je me suis dit que puisque tu en parlais dans ton premier post, c'était peut-être que tu voulais développer un peu le sujet de la lettre. A toi de voir. Si tu préfères, je peux éditer..

Sujet: Re: La vie, la mort? Sam 14 Mar 2009 - 21:21

Citation :: "Une histoire de filles. Pour un garçon, évidemment. Quelqu'un que je considérais comme une amie et qui ne me considérait plus assez bien pour elle à partir du moment où elle est sortie avec... ce type. Ils ne sont restés ensemble que deux semaines. On ne s'est jamais reparlées."

"Oh... C'est tout ce que Sothis trouva à dire. Il n'était pas bien placé pour donner son avis sur des histoires de filles... Mais il savait que souvent, dès qu'il y avait un garçon en "jeu", cela tournait vite au drame. Même s'il était un garçon, il n'avait jamais été mêlé à ce genre d'histoire et bien heureusement.
Il ne connaissait pas l'ancienne amie de Meghan mais il éprouva pourtant une aversion pour elle. Ce n'était pas bien de juger sans connaitre mais pourtant...

Quand elle reparla de son cas à lui, il ne put s'empêcher de sourire. Elle ne le connaissait pas, mais pourtant il avait l'impression qu'elle avait foi en lui. C'était une impression agréable, nouvelle mais plaisante. Cela lui faisait du bien d'entendre ça, de pouvoir se dire que le problème n'était pas lui, mais l'autre. Car il n'avait pas de vices cachés à sa connaissance. ^^

"Merci," souffla-t-il. Ce mot résumait tout à la fois. Il la remerciait de l'avoir écouté, de ne pas s'être moquée de lui, de ne pas l'avoir jugé... Il n'avait pas l'habitude de faire confiance aux gens, mais elle avait gagné un petit bout de la sienne. Il ne la connaissait pas assez pour lui parler de tout mais il découvrit que s'il apprenait à mieux la connaitre, elle pourrait devenir une véritable amie.
Cette pensée semblait étrange pour Sothis qui pensait rarement à ce genre d'éventualité.

Le silence régna pendant quelques minutes. Mais ce n'était un silence lourd et gêné. Non, c'était juste un moment paisible et calme. Inconsciemment, Sothis frôla du bout des doigts les lettres qu'il avait reçues. Meghan sembla le remarquer car elle lui demanda ce que c'était. Il serra brusquement le poing, froissant de nouveau les parchemins. Mais il ne lâcha pas prise, et les jointures de sa main commencèrent à blanchir tandis que son visage se figea. Elle lui avait en fait oublié ces lettres (*). Jusqu'à maintenant, ce moment passé avec elle lui avait fait oublier le pourquoi de sa rage avant son arrivée. Et maintenant, tout cela revint au galop.
"C'est rien..." Non, il ne pouvait pas dire cela. Cela aurait été irrespectueux pour son père adoptif même s'il ne savait plus quoi penser de lui. Etait-il triste ou en colère contre lui?

Il ouvrit plusieurs fois la bouche. On aurait pu croire qu'il allait parler mais non, il fermait la bouche après un soupir. Les mots n'arrivaient pas à se former dans sa gorge. Sa main s'était engourdie mais il n'y faisait pas attention.
Il n'avait parlé de la mort de son "père" à personne. Et le fait de le dire à voix haute l'épouvantait. Il craignait sa propre réaction car il ne la connaissait justement pas. Allait-il paraitre indifférent? Allait-il fondre en larmes? Sa fierté ne le permettait pas de prendre le risque de montrer ses faiblesses.
Alors à la question de Meghan, il répondit d'une voix plate:

"La mort."

C'était à la fois clair et ambigüe. Allait-elle comprendre? Ce que Sothis fit ensuite fut étonnant, surtout quand on connait son caractère. Difficilement et douloureusement, il desserra son poing, arrachant une grimace à son visage inexpressif. Il rangea l'une des lettres dans sa poche dans un geste lent et monocorde. Il tendit l'autre à Meghan en la défiant presque du regard de l'ouvrir. Il était persuadé qu'elle hésiterait à la prendre, c'est pour cela qu'il secoua la main légèrement pour l'inciter à le faire.
C'était en fait lâche de sa part, car en montrant la lettre, cela l'empêchait de dire à vive voix ce qu'il y avait. Mais s'il montrait la première lettre et non la seconde, c'est parce que l'une était vraiment personnelle, et l'autre non. Sa mère lui avait écrit quelque chose d'assez classique et non "compromettant"...
Quand elle eut la lettre dans la main, Sothis regarda droit devant lui, le temps qu'elle la lise, ou non. Il s'évertuait en fait à garder un visage aussi neutre que possible.

Spoiler:

(*)Il n'est pas le seul à avoir oublié d'ailleurs Razz

Désolé pour le retard en passant ^^".

Sujet: Re: La vie, la mort? Lun 16 Mar 2009 - 18:03

Pour conclure l' "histoire de fille", Meghan esquissa un vague mouvement d'épaules. Ca avait été douloureux. Si on s'y replongeait vraiment, ça l'était encore. Mais, au fond, ça n'était pas si grave. Pour découvrir qui étaient leurs vrais amis, certains devaient attendre de gagner à la MagiKagnotte, elle avait été plus rapide.

Et si elle ne comprit pas le véritable sens de son merci alors qu'elle n'énonçait qu'une vérité, elle n'en sourit pas moins, presque au diapason avec lui.
Et tout comme lui, elle goûta le silence qui s'ensuivit plutôt que de chercher à le combler inutilement.

C'était avant qu'il ne se mette à aspirer de l'air comme un poisson dépressif (désolée pour la comparaison). Les mots semblaient coincés dans sa gorge, hésitant à sortir. oui. Non. Peut-être. Demain. Tout à l'heure. Pas maintenant. Non, pas ce mot-là. Lui d'abord, plutôt. C'était un problème qu'elle connaissait bien. Et l'histoire du poisson, ça n'était pas par moquerie et elle aurait dû s'abstenir d'y penser. Mais on la lui avait sortie, une fois et elle s'était gravée dans sa mémoire. Vexante et déstabilisatrice. A la différence de la personne pleine de charme qui avait inventé cette expression néologisme, la jeune fille, elle, avait conservé cette pensée de passage pour les seules limbes de son cerveau. Peut-être qu'elle avait juste un peu plus de considération pour le genre humain. Ou peut-être qu'elle se souvenait de l'humiliation d'alors. Ou simplement, peut-être, comme beaucoup de gens, n'accordait-elle pas tant d'importance à ces idées de passage.
Alors, elle attendit, calmement, comme elle le faisait depuis près de dix-sept, que ce qu'on avait à lui dire soit dit. C'était un exercice devenu facile avec l'habitude, malgré la curiosité qui tiraillait au second plan.

Les émotions affleuraient dans ses yeux et ça suffisait à lui dire que, si les mots acceptaient de sortir, ça ne serait pas pour un aveu d'une banalité effarante.
Au temps pour le silence, donc.
Elle n'eut qu'un faible sourire pour l'encourager. Encore eut-il fallu qu'il le voit.

La mort.
Deux mots et pourtant tout un univers. Elle qui, pourtant, n'avait vu aucun présage ce matin.
La mort.
Son ennemie de toujours. Sa peur la plus profonde. Son cauchemar hanté.
La mort.
Ca pouvait tout et ne rien dire.

'Quelqu'un est mort dans sa famille?'

"Je suis désolée."

Combien de fois s'était-elle dit que les mots étaient trop faibles et trop froids pour réussir ne serait-ce qu'à soulager un tant soit peu? Une fois de trop. Ou pas assez.

Plus attentive aux masques qui se succédaient sur le visage de Sothis, Meghan tendit la main comme un réflexe. Le silence du jeune homme lui indiquait qu'elle n'aurait la clef de l'affaire qu'à la lecture. C'était lui qui lui proposait d'être indiscrète et elle n'hésita qu'une demi-seconde.

Lecture.

Comment pouvait-on réagir, dans ces cas-là? Quand la mort arrivait d'un battement d'ailes? Et comment avait-il réussi à parler, s'exprimer, occulter tout ça le temps de leur rencontre?
La jeune Rouge cacha son admiration pour se concentrer sur le noeud du problème. Elle n'avait jamais su consoler mais il était évident que la découverte de la mort du père de Sothis appelait une réaction de sa part à elle. Elle qui ne trouvait jamais les mots justes.
Peut-être qu'avec un autre que lui, elle aurait hésité. Là, non. Ils se comprenaient après tout. Elle se leva doucement, prenant garde de ne pas laisser traîner la lettre au sol et s'avança vers le jeune homme tout aussi doucement. Il pourrait se reculer si il le voulait.

Elle s'accroupit lentement à ses côtés, ouvrit les bras et offrit une épaule consolatrice. En toute simplicité.

Sujet: Re: La vie, la mort? Mer 18 Mar 2009 - 15:34

Le poisson dépressif n'osa pas regarder Meghan pendant qu'elle lisait ^^. Il ne souhaitait pas voir l'expression de son visage. Peut-être avait-elle l'air triste pour lui, peut-être qu'elle était indifférente. Dans tous les cas, il craignait qu'elle ait pitié de lui. Ce n'était vraiment pas ce qu'il attendait, non, il voulait juste qu'elle sache ce qu'il était incapable de dire.

Sothis n'avait jamais songé à la mort avant cela. Pour lui, elle avait toujours été à une grande distance... C'est comme quand on se dit "ça n'arrive qu'aux autres" jusqu'à ce que cela nous atteigne un jour. Car chacun était confronté à la mort un jour ou l'autre, que ce soit celle de ses proches ou la sienne. Pourtant, même si la mort est inévitable, on instaure parfois autour d'elle une sorte de tabou. Par exemple, dans la famille de Sothis, on ne parlait jamais du fait que chacun allait un jour mourir, comme si cela portait malheur d'en parler.
Sothis se souvenait qu'à la mort de sa grand mère paternelle, alors qu'il était très jeune, il avait posé une question du genre "Elle est où Mamie?". Ses parents s'étaient regardés l'air embarrassé pour répondre "elle est au ciel..." Ils voulaient simplement éviter d'annoncer la nouvelle trop brutalement, et que Sothis s'habitue à cette absence. Le petit garçon qu'il était ne réalisait pas la signification de ces mots et pour lui, sa grand mère reviendrait d'un moment à l'autre. Mais elle n'était jamais revenue et Sothis s'y était habitué.

Mais maintenant que Sothis avait grandi, il connaissait l'impact de ces mots et c'est sans doute pour cela que sa mère lui avait annoncé cela sans détours. Les mots étaient durs, mais pas plus que le deuil car il savait qu'il n'y avait aucun espoir. Le plus dur n'était pas la mort en elle même, mais l'absence qu'elle engendrait. Car même s'il ne voyait pas souvent son père adoptif, il savait qu'il le retrouverait en rentrant chez lui. Plus maintenant...

Sothis regarda vaguement Meghan s'approcher de lui avant de s'assoir à ses côtés. Il hésita un instant à se décaler car il la trouvait beaucoup trop proche de lui. Mais il ne bougea pas et se contenta de la regarder ouvrir ses bras. Il ne comprit pas l'intention de Meghan et resta un instant à la regarder d'un air interrogatif. Lui offrait-elle vraiment une étreinte de consolation ou un truc du genre? Embarrassé, il fuit du regard et ne sut pas comment agir. Accepter cette épaule consolatrice serait montrer sa faiblesse, ne pas l'accepter serait nier. Meghan était assez intelligente pour comprendre qu'il n'était pas aussi indifférent qu'il le laissait croire... Alors pourquoi cette hésitation? Une part de lui même désirait recevoir un peu de réconfort tandis qu'une autre luttait activement contre cela. Cette "autre" était la fierté... Il ferma les yeux, ne se doutant pas qu'ainsi, les petites goûtes d'eau formées au coin de ses yeux rouleraient si facilement le long de ses joues. Il passa rapidement le revers de sa main sur son visage pour effacer toute trace de "faiblesse" et se mordit la lèvre de rage. Il ramena ses jambes à sa poitrine et posa son front sur ses genoux.

"Désolé," murmura-t-il.

Désolé pour quoi? Il ne savait pas vraiment... Désolé de la déranger avec ses problèmes, désolé d'avoir montré ses larmes, désolé de ne pas avoir su accepter son réconfort... Tellement de choses à la fois qu'il ne put justifier son excuse correctement.
Les larmes affluèrent dans ses yeux sans qu'il ne puisse les contrôler. C'est sûrement ce qui le poussa à se lever rapidement et se diriger vers la sortie. Car il voulait fuir cette pièce et surtout fuir Meghan qui était sûrement la seule personne dans sa vie à l'avoir vu si triste... Pourtant, quand il arriva à la porte il se stoppa net. S'il sortait d'ici, d'une il n'avait nulle part d'autre où aller et surtout, il ne pourrait pas se cacher des autres. Alors entre montrer sa peine à Meghan ou à ses camarades, le choix était vite fait: il devait rester ici. De plus, pour la première fois depuis longtemps, l'éventualité de se retrouver seul l'effrayait. C'est pour cela qu'il retourna à sa place, à côté de Meghan.

"Je... je ne supporte pas qu'on puisse me voir ainsi... Mais pourtant... me retrouver seul maintenant me terrifie. Je comprends pas... J'ai pourtant l'habitude de la solitude... " Déclara-t-il sans réfléchir.

Il se surprit à penser que ses paroles prononcées lui avaient fait un bien fou. Ses larmes avaient cessé de couler et il avait presque retrouvé son attitude neutre. Cependant, il ne pouvait s'empêcher de se sentir "à découvert", car maintenant que Meghan l'avait vu dans ce tel état de tristesse, il avait l'impression qu'elle pourrait lire en lui facilement, et que par conséquent son masque d'indifférence ne fonctionnerait plus sur elle...

Sujet: Re: La vie, la mort? Ven 20 Mar 2009 - 14:01

La dichotomie pour les nuls.
Une part d'elle-même s'était vexée, impossible de le nier, quand le jeune homme avait refusé son étreinte réconfort. Il n'y avait pourtant eu ni sous-entendu, ni attente. Juste quelque chose qu'on offre pour être pris.
Et l'autre part d'elle-même était désespérée de ne rien pouvoir parce qu'elle ne comprenait que trop bien. L'autre part d'elle-même qui aurait voulu faire plus mais qui était coincée, un par sa timidité, deux par son ignorance relative de la relation de Sothis à son père, trois, parce que... eh bien... elle était plus souvent consolatrice de camarades féminines que masculins. Il s'agissait peut-être d'une chose bête à dire mais un garçon avait une manière différente d'exprimer sa douleur et ses sentiments que l'ensemble des filles. Plus de pudeur, peut-être. Ou quelque chose dont on leur avait appris à avoir honte, comme si les émotions étaient la part des faibles et qu'il fallait se montrer fort et assuré en toute circonstance. Alors qu'il était tellement rassurant de constater qu'ils étaient parfois aussi sensibles et aussi atteints par le monde extérieur qu'elles pouvaient l'être.

Tout ça pour ça:

"Y a pas de mal. Je... je comprend."

Sûrement pas tout mais sans doute l'essentiel. La retenue nécessaire et inhérente à leur rencontre récente. La sensation d'être perdu dans le labyrinthe de ses émotions. La brutalité de la nouvelle, peut-être. La sensation que tout vous échappait, que votre monde, soudain, avait basculé vers un quelque chose qui était pire sans savoir si ce pire allait durer ou finir par aboutir à un mieux.
Et puis... elle ignorait comment on pouvait réagir à l'annonce de la mort d'un prof. La chose s'en approchant le plus dans son histoire personnelle, avait été la mort de sa première grenouille, Samoussa et, bien qu'elle eut été très triste à l'époque, on ne pouvait trouver aucune mesure à la perte d'un animal qu'elle n'avait somme toute connu que six mois à la disparition d'un prof qui avait fait partie de sa vie depuis sa naissance, qui avait été un repère, un modèle, peut-être.

Lorsqu'il s'assit à ses côtés, Meghan résista à la tentation de lui entourer les épaules d'un bras maladroit. Le contact viendrait sans doute plus tard, il était encore trop tôt. Ainsi, elle ne le voyait plus qu'à la périphérie de sa vision et était plus une présence qu'un spectateur. Si cela pouvait l'aider en quoi que ce soit...

"Tu.. es humain, après tout, non? C'est normal d'avoir besoin des autres... des fois."

On ne pouvait se nourrir que de solitude, elle était bien placée pour le savoir. Il fallait un juste équilibre entre les moments à soi et un peu de vie en société. On ne faisait que dépérir sans le contact de ses semblables.
C'est peut-être pour cette raison-là qu'elle finit par lui prendre la main, en toute amitié et de la presser doucement en signe de réconfort.

"Je... je me doute que ce n'est pas facile mais... si tu veux parler..."

A cet égard, il était sans doute comme elle, préférant enfermer les mots dans la prison de sa bouche mais, quelques fois, ils devenaient trop lourds à porter seul et finissaient par vous étouffer.
Ca n'était pourtant qu'une proposition et Sothis devait sans nul doute le sentir à son ton.

Sujet: Re: La vie, la mort? Jeu 26 Mar 2009 - 19:03

Sothis avait toujours eu du mal à exprimer ses sentiments. A la base, cela n'était pas vraiment par pudeur mais surtout parce qu'il n'avait jamais eu personne pour se confier et aussi parce qu'il n'avait jamais fait réellement confiance. Il n'était pas vraiment doué pour s'exprimer sans doute parce qu'il restait seul la plupart du temps. Au fil des années, il avait appris à encaisser les chocs, à garder pour lui ce qu'il ressentait. Ainsi, avec l'âge, il était parvenu à cacher tout signe extérieur de tristesse, douleur, joie... et autres signes d'émotions pour paraitre neutre en toutes circonstances. Même si son visage trahissait quelques fois ses pensées, jamais, au grand jamais, il n'avait montré ses larmes avant ce moment.

Sothis pleurait peu car il s'était endurci. Cependant, quand il était enfant, tout était bon pour verser quelques larmes: chutes douloureuses (ou plutôt grosses frayeurs), jouet perdu, fatigue... Il pleurait plus que la normale avant son entrée à Poudlard. Mais très tôt, il avait compris qu'il était nécessaire de devenir plus fort avec ses émotions. En fait, il n'avait pas vraiment eu le choix puisque dès la première année les autres élèves se moquaient de lui pour continuer jusqu'à la sixième année... C'était du passé maintenant, mais il en avait gardé quelques séquelles, dont un grand manque de confiance en lui.

"Tu.. es humain, après tout, non? C'est normal d'avoir besoin des autres... des fois."

"Tu as sûrement raison, c'est normal. Mais... malgré tout je ne pensais pas que ça pourrait m'arriver un jour d'avoir besoin des autres," avoua-t-il en esquissant un sourire triste.

Sothis se sentait maintenant soulagé. Sa tristesse était toujours là mais il avait comme l'impression d'avoir un poids en moins sur ses épaules. Est-ce cela qu'on ressentait après s'être confié? Cette impression que tout irait mieux pour la simple raison que quelqu'un autre "savait" ce qui se passait?

Le Serdaigle sentit une main se poser sur la sienne avant de la prendre. Sa première réaction fut de sursauter de surprise. Il se sentit un peu mal à l'aise car il n'était pas très habitué aux contacts humains. Cependant, il ne retira pas sa main, il se surprit même à penser que c'était plutôt agréable d'avoir une main dans la sienne.

"Je... je me doute que ce n'est pas facile mais... si tu veux parler..."

"Je crois que je suis incapable de le faire. Je n'arriverai pas à dire que...heu..."

*Mon père est mort...*

Sothis soupira avec consternation. Il en avait fini avec les larmes, il avait sûrement épuisé le petit stock qu'il possédait. Mais la tristesse et la frustration le torturaient.

"Tu n'as pas l'impression que dire les choses à voix haute les rendent plus réelles? C'est scroutt, mais je ne suis pas sûr de supporter la chose si je l'entends de ma propre voix," déclara Sothis en serrant instinctivement la main de Meghan.

Désolé du retard! En tout cas, n'hésite pas à me dire si tu as une idée, comme ça, j'éditerai.^^

Sujet: Re: La vie, la mort? Mar 31 Mar 2009 - 16:43

"Je crois que je suis un peu d'accord sur le principe."

'Dans certains cas.'

Pas sûre que de déclarer à voix haute "Shawn m'aime" changerait quoi que ce soit à la situation. Dommage, ça aurait été tellement facile.
Mais là n'était pas le sujet. Il ne s'agissait pas de créer une vérité à partir de quelques mots mais d'offrir sa consistance à une réalité en l'évoquant. la différence était criante.

"Et ça n'est pas bête. Je pense que j'aurais la même impression que toi si j'étais dans la même situation. Sauf que..."

Ca allait être maladroit.

"J'aurais sans doute du mal à articuler au milieu de mes hoquets sanglotants. Toi, tu restes digne."

Ca n'était pas vraiment un compliment, pas plus qu'un reproche ou étonnement. C'était plutôt de l'ordre de la constatation personnelle qui avait pour vocation de la dévaloriser elle-même, à ses propres yeux comme à ceux de Sothis. Mécanisme inconscient.

"Mais... je voulais dire que c'est... une bonne chose que tu te sois rendu compte que les autres avaient aussi leur importance dans ton monde... je crois. Enfin, si j'ai pu..."

Elle se perdait dans les explications confuses, voulant se taire et dire tout en même temps.

"Je suis désolée.. je..; c'est pas très clair. Je voulais juste dire... que... oh... en quelque sorte, c'est une bonne chose qu'on se soit rencontré."

Ca avait fini par sortir et Meghan n'en était pas gênée. Ce n'était pas le genre de déclaration qui pouvait susciter son embarras.
Maintenant...
Elle n'allait quand même pas le forcer à pleurer pour expulser ses émotions, même si cela lui aurait fait du bien. C'était bon, parfois, de tout laisser sortir sur une épaule amicale. Mais elle ne pouvait pas trop lui en demander. Elle avait tout de même cette impression étrange que, quelque part, Sothis avait fait un pas en avant.
Alors... même si ça n'était pas la meilleure option, elle pouvait essayer la diversion. D'avance, elle savait que cela allait rater.

"Tu sais... j'ai toujours eu peur de la mort... Alors, ma mère, quand j'étais petite, m'a parlé de la réincarnation. Elle est indienne, ma mère, et bouddhiste. Elle m'a expliqué qu'on avait une autre vie après la mort. Et une autre. Et une autre.
Et moi..."

La jeune fille eut un mince sourire.

"Moi, au lieu d'être rassurée, la nuit suivante je me suis réveillée en..."

'En hurlant.'

"...en pleurant. Je répétais et répétais: "je ne veux pas me réincarner en poireau. Je ne veux pas me réincarner en poireau. je..."... "

Il y avait vraiment des jours où elle aurait dû apprendre à se taire. D'habitude, elle se maîtrisait mieux que ça.