Corbeau ou corneille? [PV Kitlee]

Sujet Saint-Valentin 2009

Contrainte d'Isis: "Et si Isis Kitlee n’avait pas rencontré Jonathan Mateo ?"

Contrainte d'Ackroyd: "Et si quelqu'un menaçait Duncan d'Ancelac de dénoncer sa véritable identité ?"

La vie d'un adolescent d'aujourd'hui est aussi consternante que la vie des adolescents des années 70-80.

Voilà la conclusion que tirait Antiochus Ackroyd de ce premier mois passé dans la peau de Duncan d'Ancelac, un Gryffondor de septième année d'origine française venu passer sa dernière année à Poudlard suite au déménagement de ses parents en Angleterre.

Voilà la seule chose que tout un chacun devait savoir à son propos. Conformément aux conseils de Rosemont, il avait essayé de faire quelques efforts sur son côté taciturne. Il avait même réussi à se montrer sociable en de rares occasions, ce qui avait écarté quelques soupçons à son propos. Evidemment, après sa répartition, il avait intégré la Salle Commune de Gryffondor, les dortoirs de Gryffondor, les uniformes de Gryffondor, les gradins quidditchiens de Gryffondor... et là... il était au bord de la rupture.

Comme c'était prévisible, les gryffons l'avaient accueillis à bras ouverts, comme c'était prévisible les Serpentards parlèrent dans son dos, comme c'était prévisible les moineaux l'avaient pris de haut, et comme c'était prévisible, les blaireaux étaient toujours aussi blaireaux.

Dans ce corps rajeuni et pur, Ackroyd se sentait étouffer et bénissait chaque heure polynectarisée qui lui permettait de retrouver sa vieille carcasse et tous ses défauts pour les quelques heures de cours hebdomadaires à martyriser ceux qui le martyrisaient sans le savoir au quotidien.

Quoi qu'ait put en penser Rosemont, cette "petite aventure" selon ses mots ne permettait pas au professeur de DCFM de se rapprocher et de comprendre ses élèves. Il les haïssait encore plus maintenant qu'il les connaisait un peu plus personnellement.

Aujour'hui il ne supportait plus les arrogances conjuguées des Grypentards qu'ils mettaient dans le même sac d'imbécilité. Son seul et unique refuge était équidistant des salles communes de ces deux repères de "crétinitude congénitale", et équidistant du néant abyssal que lui inspiraient les deux autres maisons. Bref, la bibliothèque était le lieu parfait pour échapper à l'intérêt que pouvait susciter un nouvel élève. Mais encore plus en ce moment, elle était devenue le lieu idéal pour réfléchir au problème qui avait surgi sur sa route: quelqu'un avait découvert qui se cachait derrière Duncan d'Ancelac, et voulait le faire chanter.

Assis derrière un bureau éclairé par une lampe à pétrole, il tenait dans ses mains la lettre que ce corbeau en herbe lui avait envoyé et la faisait tourner dans ses mains en réfléchissant.

Qui? Pourquoi?

Certainement un jeune imbécile croyant pouvoir obtenir de meilleures notes en DCFM. Si c'était le cas, la tache serait ardue vu le niveau des élèves de Poudlard dans cette matière... Plongé dans ses réflexions, le jeune homme était imperméable à tout ce qui pouvait se passer autour de lui ou presque.

Course poursuite entre un livre à patte de lierre, et une Isis dépité. Lasse de devoir encore partir à la récupération du livre de botanique dont elle avait besoin pour son devoir, elle abandonna quand le petit bouquin farceur s’éclipsa entre les jambes d'un élève pensif.

Epuisé d'avoir coursé à travers 5 allées de la bibliothèque, elle s'accouda à l'étagère pour reprendre son souffle. Soupira et maudit intérieurement l'ouvrage qui avait choisit de prendre refuge derrière la jambe droite de Duncan. Le petit livre n'aimant pas être lu, se protéger en rendant ses potentiel lecteur dingue.

- Duncan... ça te dérangerai pas de me donner le bouquin qui s'est attaché à ta jambe. S'il te plait.

Grand sourire au septième année taciturne qui trônait là.
Duncan D'Ancelac. Nouveau, gryffondor, stéréotype même du serpentard, qui prend les autres maisons pour un vide abyssal. Il y avait bien des minettes qui trouvaient cet air absolument adorable. A choisir, Isis préférait être mariée à Chambers que d’essayer de comprendre ces bécasses.
Franchement, elle commençait doucement à détester ce bouquin capricieux. Facilement accueillante, elle avait eu beaucoup de mal à se retenir de ne pas l'envoyé voir chez les gobelins si ils étaient plus accueillant. En tant que préfète, elle compatissait au malheur d'Eden. Heureusement, qu'elle même n'avait pas une ouaille tel que lui dans sa maison des poussins jaunes.

- Mais autrement, ce n’est pas grave... continue de lire ta lettre et oublie que je t'ai dérangée, murmure-t-elle, pendant qu’elle contourne le bureau pour prendre par surprise l’intouchable référence botanique.

Plus là. Bouse de dragon.
A deux doigts de s’énerver, elle s’assit sur la chaise en face de Duncan et se pris le front dans la main, soucieuse. Elle en avait marre.

Kitlee.

Kit' lit? Alors ça! Il venait d'avoir la preuve que la demoiselle savait lire? Un petit pas pour Duncan, un grand pas pour Ackroyd. Quel dommage qu'il ne puisse pas le lui écraser en pleine figure! Ils auraient pu reprendre ainsi le cours de la relation qu'ils avaient en cours.

Mi-amusé mi-contrarié, Antiochus roula dans yeux et lança un informulé pour attraper le livre capricieux qui s'était carapaté dans un rayonnage. Ackroyd soupira en pensant qu'elle n'avait même pas pensé à un sort aussi simple. Pourtant, il lui était parvenu aux oreilles qu'elle avait été victime elle-même...

Pendant ce temps, le livre essayait par tous les moyens de s'accrocher comme il le pouvait à tout ce qu'il trouvait sur sa trajectoire de vol, ce qui relentit considérablement son arrivée: bareaux de chaises, livres qui tombèrent par terre. Ses petites pattes s'étirèrent, s'étirèrent, s'étirèrent jusqu'à finalement lâcher prise et atterrir dans les bras d'Ackroyd qui souriait sans s'en rendre compte devant cette petite victoire. Dans ses mains, le livre transi de peur joua les tortues et rentra ses fines pattes à l'intérieur de sa couverture pour revêtir l'apparence d'un livre ordinaire.

- Voilà, mademoiselle. dit-il en appuyant bien sur le mot frnçais qu'il avait employé.

C'était aussi une des nouvelles données de la vie de Duncan d'Ancelac. Etant donné qu'il avait la double nationalité, il se devait de parsemer ses phrases d'expressions en français. Cela ne lui posait pas de problème particulier puisqu'il était bilingue. De temps en temps, il prenait même un malin plaisir à à franciser certaines phrases, soit par l'accent, soit par les fautes de construction. Il fallait bien qu'il s'amuse un peu.
Mais en tout état de cause, il espérait tous les soirs que la potion concoctée par Zagora ferait bien effet et qu'il redeviendrait lui-même en juin.

- Et tu ne m'as pas dérangé.

... Tutoyer Kitlee...

En posant le livre devant elle, il espéra qu'elle filerait vite d'ici et qu'elle le laisserait seul avec sa lettre. Mais en voyant la façon dont elle se tenait, là, devant lui, il se doutait que c'était parti pour une séance de gérémiade interminable qui allait gâcher sa journée, le tout agrémenté de questions existentielles style: "Je déteste ma vie", ou encore: "Pourquoi Cullen ne veut pas sortir avec moi?", ou pour finir le pire: "Je suis trop grosse!"

Aujourd'hui c'était la Saint-Valentin et Ackroyd s'en fichait comme de sa première potion. Il ne connaissait pas la vie de Kitlee, il s'en moquait, ne voulait rien savoir à son sujet. Il voulait simplement la paix. Cependant, pour l'obtenir, il faudrait sans doute en passer par une séance d'écoute des problèmes féminins qu'elle était sur le point de lui débiter, en espérant qu'elle ne déborderait pas sur LES problèmes féminins qui lui donneraient envie de vomir. Alors...

- Quelque chose ne va pas?

S'il était elle, ce ne serait sûrement pas à lui qu'il s'épancherait. Peut-être se contenterait-elle de partir livre sous le bras?

- Oui quelque chose ne va pas. Tu n'imagine même pas à quel point, sale gosse.

Isis était française et n’avait même pas cette prétention d’avoir la double nationalité. Elle aurait dut aller à Beaux-Bâton, mais ce fut une lettre de Poudlard qui arriva chez elle il y avait sept ans. Et pour expliquer cette anomalie il n’y avait rien de plus simple, étant adoptée elle pensa que ses géniteurs devaient être anglais ou Ecossais… ou encore irlandais. Irlandais, elle aimerait bien. Explication erronée mais qui lui suffisait parfaitement.

- Tu crois vraiment que je suis aussi sotte pour ne pas avoir penser utiliser ma baguette. Triple goule. Maintenant, il ne va plus vouloir s'ouvrir, c'est foutu. Pour toi ce livre il a des pattes justes pour faire joli ? Ben figure-toi que ce n’est pas le cas. Le botaniste qui l'a écrit à intégrer une partie de son être dans ce bouquin - s'était sa façon de vivre éternellement - et cette conscience se manifeste avec les lierres qui former ses pattes. C’est sa forme matérialiser.

"Faut vraiment tout leur expliquer".

- Et comme tu as pu le constater, il aime prendre la tête aux gens et être courtisée. Et pas être sommairement pris dans les filets d’un abruti sans délicatesse qui se croit plus intelligent qu’un blaireau.

Isis croisa les bras sur la table, mauvaise. Elle n'aimait pas son air sur de lui, ni celui ou il se foutait ouvertement des autres quand lui prenait l'envie de parler en anglais franciser. Encore moins son irrespect envers sa maison. Elle avait mal digérer le fait qu’une première année s’était mise à pleurer parce qu’elle avait eu le malheur de contrarier Duncan et que son sarcasme la blessa. Pire qu’Ackroyd, fallait quand même le faire.

- Donc, oui quelque chose ne va pas. Toi et ton incompétence en matière de livre.

Isis récupéra le précieux bouquin qui ne lui servirait à rien avant au moins deux semaine, le temps que la crapule à l'intérieur se calme et redevienne compréhensible. Un coup de baguette et tous les dégâts son remis à leur place. Un coup de baguette de Mme Pince qui les menacent de les jeter sans sommation dans le couloir s’ils ne sont pas partis d’ici 5 minutes. Qu’ils n’avaient pas qu’à guerroyer avec les livres, et que ce délai gentiment accorder était pour ne pas leur gâcher leur saint valentin. S’ils voulaient se tripoter qu’il le fasse ailleurs que dans la bibliothèque.
Isis ne sut si c’est à cause de l’idée d’être tripoter par le troll en face d’elle ou par l’idée même qu’on puisse l’imaginer, mais elle se sentit soudainement très nauséeuse.

- Bravo... c'est malin. Félicitation. Maintenant tu m'expliques comment j'échappe aux roucoulements tape-nerfs de toutes les bécasses de ce château ? Enfin, laisse tomber.

Le problème s’est que le livre chahuteur avait subtiliser, on ne sait comment, la précieuse missive de Duncan et la cacha dans son antre. Antre qu’Isis venait de fourrer dans son sac. Sac qu’elle mettait sur son épaule, prête à chercher un autre refuge ou elle n’entendrait pas entre deux gloussements, « j’aimerai trop que Cullen m’invite » et un « Oh Liam est si charmant » .Oh mon dieu le cauchemar. En plus, même pas de O’Brian a martyriser.

"La saint valentin il n’y a rien de pire".

Mais elle ne dit pas ça parce qu’elle n’a pas d’homme dans sa vie. Enfin si… Elle déprimait d’être la seule de ces copines a ne pas avoir connu l’amour… ou du moins juste une relation avec un autre garçon ou fille.

L'intervention de la bibliothécaire avait tout fichu en l'air. Perdue la planque. Il remballa ses affaires en la laissant déblatérer sur son compte et en se jurant de le lui faire payer plus tard. En partant, il utilisa son pouvoir d'élémentaliste pour envoyer un souffle d'air assez puissant faire tomber la pile de vieux bouquins que la vieille femme gardait sur son bureau pour faire croire qu'elle travaillait. Une fois son forfait accompli, il se tourna satisfait, et sortit dans le couloir.

- Non, je laisse pas tomber. Donne-moi ce livre Kitlee.

Avant qu'elle n'obtempère, il lui prit son sac et en sortit le fameux livre qui cédait toujours à la politique de l'autruche. Il fit signe à Kitlee de le suivre dans un recoin un peu plus sombre pour se retrouver à l'abri des regards. Il avait parfaitement vu la petite pouce verte subtiliser sa lettre, et il ne fallait absolument pas qu'elle se retrouve entre les mains de Kitlee de cette inconséquente.

- Ce n'était pas la peine de me montrer que tu avais quelques notions en botanique, Blaireaux' Queen.

En sortant sa baguette, il murmura une incantation latine peu usitée car maléfique, et le livre s'ouvrit instantanément en gémissant. Il était au comble de l'extase littéraire. Le professeur lui avait lancé l'équivalent d'un sortilège de lèche-baguette. Comblé par ses effets, le livre aurait été prêt à tout pour rendre service à ces jeunes gens.

- Excusez-moi monsieur le livre mais ceci ne vous appartient pas.

Il fourra la lettre dans une large poche intérieure et tendit le bouquin à Kitlee.

- Maintenant si tu veux bien m'excuser, je me sauve. Je comprends que, contrairement à ce que tu m'as dit, ça doit être flatteur d'entendre des supputations sur l'éventualité d'un toi et moi, alors je te laisse en profiter. Mais moi, ça me permettra d'échapper à ces mêmes bécasses.

Il commença à partir lorsqu'il se rendit compte du côté retors de son comportement. Son aversion pour cette fille pourrait le conduire à compromettre sa couverture. Soucieux de ne pas en arriver là, il s'arrêta et retourna près d'elle.

Si elle était là à redouter les railleries des autres, c'est qu'elle devait se retrouver toute seule pour la Saint-Valentin. Dans ce cas... d'un côté ça le réjouissait de se dire qu'il tenait une vengeance contre Kitllee. Mais de l'autre, ce n'était pas drôle car elle ne pouvait pas en avoir conscience puisqu'elle ne savait pas qui il était réellement...

- Ce que j'ai dit était déplacé. C'était nul et indigne de ma maison. Tu ne devrais pas te faire de souci, ça m'étonnerait que quiconque pense que tu puisses vouloir me tripoter vu le caractère d'hypogriffe que j'ai.
Maintenant si tu veux, je peux t'inviter à boire quelque chose à Pré-Au-Lard.

Mi-sincère, mi-intéressé. Sa couverture serait préservée et elle ne serait pas toute seule pour ce jour qu'il trouvait stupide lui-aussi.

- Si ça te dit bien sûr.

Spoiler:

Elle passa par tout sorte d'expression faciale avant de vraiment d'être sur d'avoir bien entendu ce qu'elle avait bien entendu. Outre le fait que toute leur rencontre jusqu'à présent furent du même gabarit que celle-ci, elle resta perplexe au vu de la tournure que prenait leur mini conflit.
Duncan d'Ancelac essayait de devenir social. Bouse de dragon, l'impossible existe.

Si elle avait connu Jonathan, elle aurait connu William, serpentard aussi vindicatif que le faux Duncan, mais qu'elle avait eu pour amant. Mais voilà, pas de Jonathan alors pas d'amant. A la place elle est restée la petite fille sage, discrète, et incapable d'avoir une conversation avec un inconnu.

- Ca me dit.

Le démon en elle était toujours tenu en laisse.
Pas de Reine Kitlee et pas d’ego démesurés. Elle tenait à son rôle de préfète comme à la prunelle de ses yeux, ayant comme objectif de faire mieux qu'Enkinoë. Elle travaillait dur, et avait une vie sociale très importante. Toute fois pas de garçon, ni de fille.
Andrew Taylor comptant pour du beurre car il était envoûté et d'ailleurs à part lui foutre la honte de sa vie en lui parlant de sa petite culotte devant toute une assemblée, il n'avait pas eu de geste déplacée.

Sérieuse. Sage comme une image.
Elle possédait toutefois toujours son sale caractère de blaireaux en colère.
Pas encore intimidée. Si elle ne connaissait pas grand chose dans les relations intimes (= consiste à se faire des poutoux et se tenir la main), elle savait que si Duncan essayé un geste déplacé envers elle, il devra affronter des sorts pires que la mort (= au maximum, une chauve-souris, c'est le seul qu'elle arrivait à peu prés à effectuer correctement et encore...).

Après un petit moment d'hésitation, elle lui donna rendez-vous dans 10 minutes dans le grand hall. Elle devait passer ranger ses livres et chercher sa bourse avant de partir à Pré-au-Lard.

Pendant tout le temps ou elle était seule, elle essayait d'imaginer à quoi cette entrevue allez ressemblée. A part un mélodrame, elle n'imaginait rien d'autre. En même temps, elle avait appris que les apparences sont parfois trompeuses et si ça se trouve, il était un garçon vachement sympa.

Alors, elle arrêta de se fonder sur ses préjugés et alla vers lui, confiante.

- C'est quand tu veux.

C'était bien joli mais maintenant il lui fallait assurer.
Se retrouver coincé le jour de la Saint-Valentin avec Kitlee ne faisait pas partie de ses plans ni de ses derniers rêves quand il s'était levé ce matin là. A vrai dire c'était plutôt MacAdams qui lui tenait compagnie dans ses derniers instants de sommeils, commes dans ceux des derniers jours d'ailleurs. Les cours d'étude des moldus avaient du bon, il pouvait s'asseoir au premier rang et reluquer son joli derrière sans complexe. En tant que prof il ne pouvait pas...
Du coup, le matin, il était plutôt en forme.

Cette pensée le fit sourire quand il redescendit du septième étage. L'état d'adolescent n'avait peut-être pas que des mauvais côtés. Il dévala les marches en siflotant, imaginant ce que donnerait une confrontation autour d'un verre avec Kitlee. Là, il partait avec un galion en poche, largement de quoi tenir l'après-midi. mais de quoi allaient-ils bien pouvoir causer? Si elle lui posait des questions il faudrait qu'il brode. S'il lui en posait... il faudrait qu'il l'écoute, et ça, c'était vraiment barbant. "J'improviserai." pensa-t-il.

Il l'attendit assis sur les marches du Grand Hall en chantonnant une vieille chanson paillarde sorcière en français, ce qui retourner bon nombre d'étudiants qui ne comprenaient pas un mot à ce qu'il chantait.

- Ma grand-mère fait des potions,
à s'taper le cul par terre
quand on finit le chaudron.
Sa baguette...

Il ne s'arrêta qu'en la voyant arriver.

- C'est quand tu veux.

- Je veux. "Pas mais c'est pas grave" finit-il dans sa tête.

Ils sortirent et entamèrent le chemin silencieusement. C'était une journé d'hiver ordinaire habitée par le froid glacial écossais, mais la neige les avait épargnés. La nature vivait figée en attendant que le soleil printanier vienne la réchauffer.

En sortant du parc, Ackroyd prit la parole pour en finir avec le silence qui était devenu pesant.

- Ne compte pas sur moi pour aller dans le salon de thé tout rose, c'est pas du tout mon style.

C'est à ce moment qu'un hibou hulula en décrivant un immense cercle au-dessus de la tête du jeune homme qui arrêta sa marche et l'observa l'air énigmatique. L'oiseau rétrécit ses cercles et amorça sa descente pour venir se poser sur son épaule. Il n'avait pas de hibou. Et à voir l'air décati de l'animal, Ackroyd supposa justement qu'il appartenait à l'école.

Une lettre lui était adressée. Il la décrocha de la patte de l'animal et l'ouvrit rapidement. Il avait l'air toujours aussi flegmatique, mais intérieurement, cette missive accéléra son coeur, persuadé qu'il s'agissait de son corbeau.

" Cher Professeur Ackroyd,

Quel plaisir de vous voir partir avec Isis Kitlee. Voilà que vous apportez de l'eau à ma potion.
Quelle surprise, je vous croyais plus prudent, surtout vous sachant démasqué."

Antiochus lança un regard circulaire. On l'épiait et on le suivait. La sagesse voudrait qu'il fasse part de cette information à Rosemont. Malheureusement, il ne pouvait pas planter Kitlee comme ça. Il irait donc le voir en rentrant ce soir.

En attendant, il lui fallait baby-sitter Kitlee, et pourquoi pas lui fourrer un garçon bien niais dans les pattes pour qu'il s'en débarrasse. Il avait d'autres choses à faire de sa journée. Mais si on l'avait déjà vu avec Kitlee dehors, il pourrait faire croire qu'il était un garçon ordinaire, même si cet adjectif écorchait ses oreilles.

Lorsqu'ils arrivèrent à Pré-Au-Lard, les rues étaient envahies de couples transis de froid comme d'amour, se tenant par la main, se papouillant, ce qui révulsa Ackroyd. Antiochus lui, chercha du regard la porte des Trois Balais, le lieu idéal pour boire, se faire voir et faire plein d'autres choses en "oir".

- Viens.

Il la tira par le bras pour être sûr de ne pas la perdre, et poussa la porte du célèbre pub. Une fois installés, Rosemerta les protégea d'un sourire bienveillant et s'avança vers eux.

- Qu'est-ce que je peux vous servir mes chéris? Notre cocktail spécial Saint-Valentin?

- Je préfère une bièraubeurre.

Rosemerta partit avec la commande étonnée qu'un couple d'adolescent ne prenne pas son cocktail saint-vanlentin. Elle mit ça sur le compte d'une envie de se différencier.

Isis elle, mit ça sur le fait qu'ils n'étaient pas un couple – ça se voyait – et que leur début de sortit ressemblait plus à un remix de Silence dans le Poudlard Express. Cinémagic racontant l’histoire de deux adolescents pré-pubères submergeaient par un coup de foudre et qui n’arrivaient à se parler tellement ils étaient amoureux. S’était Joséphine qui l’avait obliger à aller voir ce truc gnangnan à souhait. Horrible.

Retour de Rosemerta avec les boissons qui juraient convenablement entre les cocktails roses fushia de son plateau.

- Voilà mes chéris.

Puis elle repartit à travers les dédales de ses tables où s’amoncelait une horde de jeune amoureux. Pire qu'être aller au salon de thé. Elle détestait ce salon de thé, ni était pas du tout à son l’aise ni dans son univers. Le rose à profusion l’écœurait, faiut véridique que son cavalier de la journée semblait ne pas croire. Pour lui, elle n’était que le stéréotype d’une fille qui aime roucouler, le rose et tous les trucs girly.

Elle sirota sa bierrabeurre, essayant de trouver un sujet de conversation digne de ce nom.

- Tu as l'air soucieux... c'est la lettre que tu as reçue qui en ait la cause ?

Malaise. Elle sentait qu’elle venait de s'engouffrer sur un terrain dangereux. Elle qui avait juste eu l’intention d’engager une conversation pour mettre fin au silence qui s’éternisait entre eux.

- Autrement, euh… hum… comment tu trouves Poudlard ?
Revenons au bon classique, intemporelle et complètement inintéressant. La valeur sûre par excellence. Il allait peut être même lui éviter une de ses remarques acerbes.

Pas de whisky-pur-feu ni de choses bien fortes pour supporter cette rencontre. Il fallait qu'il se rende à l'évidence. Rosemerta n'allait pas servir ce genre de choses à un gamin ayant trois poils sur le menton à peine. Alors il opta aussi pour une bièraubeurre et tapota la table des doigts en signe d'impatience.

De toute évidence, Antiochus Ackroyd ne serait jamais fait ni pour la contradiction (sauf si elle émanait de lui), ni pour l'attente.

Quand ils furent servis, les hostilités furent entamées. Kitlee dégaina la première.

- Ah ça... oui, c'est ma mère qui a quelques soucis de santé, mais ça va mieux maintenant.

Il finit sa phrase en avalant une gorgée du liquide sucré pour retenir un sarcasme qui avait failli s'échapper et plongea son regad bleu acier dans celui de Kitlee en laissant son sarcasme se noyer au creux de son estomac. Classe, presque détendu. Elève en net progrès, mais peut toujours mieux faire.

C'est à ce moment précis de réelle satisfaction du jeune homme qu'elle poursuivit en une seconde question. Si elle s'était mue en une mitraillette verbale, Ackroyd était obligé de se tenir droit devant le peloton d'exécution de ses prunelles, passant ainsi pour un martyr national de tous ceux qui ont vécu le martyre qu'il subissait depuis deux mois. Quand il pensa qu'il lui en restait encore quatre, il faillit piquer du nez dans son verre à moitié vide.

- Poudlard.Poudlard est un panier de crabes, comme Beauxbâtons du reste. Au milieu des ruines du château se lèvent de plus en plus de leaders de pacotilles qui auront tôt fait de se faire petit devant les échéances qui attendent notre monde.

Et ça, c'était sorti comme ça. L'adulte, et l'auror a fortiori, avait repris le dessus sur l'adolescent qu'il paraissait être. Il lui fallait trouver moyen de se rattraper s'il ne voulait pas passer pour ce qu'il n'était plus censé être.

- Désolé, je peux être casse-pied quand je m'y mets. Mon père me déteint dessus, ses pensées et ses propos aussi.
Il est diplomate à Londres, alors les discussions à la maison sont toujours d'un certain niveau.

Après avoir failli s'en sortir, il avait replongé dans ses travers. Pourtant, il ne voulait pas la prendre de haut.

- Casse pied est un doux euphémisme... tu peux rajouter imbue de lui-même et méprisant.

Isis leva les yeux au ciel et avait fini par mettre ses illusions de côtés. Les apparences sont parfois trompeuses et nos préjugées erronées : pas dans le cas présent. C'est un troll fini.

- les discussions sont toujours d'un certain niveau... donc je ne suis pas assez intelligente pour comprendre que tu viens de décrire tous les élèves sorciers, peu importe leur nationalité, d'être incapable de surmonter les épreuves que la vie mettra sur leurs chemins. Pour toi ce ne sont que des êtres faibles qui n'ont pour seul bagage l'illusion de pouvoir survivre à défaut d'avoir les compétences.

Susceptible. Têtue. Caractérielle.
S’il pensait qu'il pouvait la rabaisser comme si de rien n'était, il se mettait le doigt dans l'œil. Ce n'est pas parce qu'elle est une élève de Poudlard qu'elle est forcement un "leader de pacotilles qui auront tôt fait de se faire petit". Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas à serdaigle qu'elle est idiote et n'a rien compris à sa métaphore.

- Tu es un Ackroyd en plus jeune.

Sinistre vérité.
Demander à Isis ce qu’elle pense d’Ackroyd et vous obtiendrez un pamphlet à l’encontre de ce prof. Entre son apprentissage, ses cours, ses TP et son attitude, il n’y a que l’embarra du choix pour dénoncer l’obtention de ce poste à un ancien Auror passablement cinglé. Entre une musique aussi gai que du Weird – qui est connu pour faire gambader les licornes dans un pré ensoleillé fleurant bon le genévrier et la violette sauvage – et un inféri en guise d’illustration du cours, on se demandait vraiment comment Rosemont avait pu le recruter.
En tout cas, cela avait fait plaisir à une personne. Rogue. Ackroyd l’avait détrôner de son titre du professeur le plus craint de Poudlard. Et même là, Isis n’était pas sûre que Rogue appréciait.

- Quoi que même ce détraqué est moins insupportable. Encore une remarque acerbe ? Vas-y. Ne te gène pas, tu n’en es plus à ça prés.

- Je ne pensais pas que tu me ferais un compliment après ce que je viens de dire. Je n'imaginais pas non plus que tu t'en ferais un aussi, et d'une manière assez fine... Tu me surprends Kitlee.

Début prometteur. Ackroyd posa sa tête sur ses poignets et continua entama sa démonstration. Il avait encaissé ce qu'elle lui avait envoyé à la figure sans broncher. Voyons comment elle réagirait à la suite.

- Ackroyd a beau être Ackroyd, et je n'ai beau être là que depuis deux mois, je n'en ai pas moins eu le temps de comprendre qu'il s'agit d'un sorcier aussi puissant que choquant. Je prends donc ta comparaison pour un compliment.

Il vida son verre et ne la quitta plus du regard.

- Je ne te prends pas pour une sotte. D'ailleurs tu viens de prouver toi-même que tu n'en es pas une en assimilant ce que je venais de dire, en faisant une comparaison juste, et en te démarquant d'elle. C'était une remarque fine et justifiée.

... Et ça lui écorchait la bouche de dire de telles sottises.

- Bref, tu nous as complimentés à tous les deux. Si tu n'avais pas un fond d'admiration pour Ackroyd à qui tu me compares, tu n'aurais donc jamais accepté mon invitation.
Pour finir donc ton portrait, je dirais que tu as un sacré caractère, une inclinaison pour l'interdit et en même temps l'idéalisme, que tu es passionnée et curieuse, colérique et amoureuse.
J'ai bon madame? demanda-t-il avec le ton d'un premier de la classe.

... Il n'oublia pas non plus de se décrire aussi en prenant soin de mettre surtout en avant ses défauts:

- De mon côté, je suis bougon, solitaire, ambitieux, fanfaron, fourbe, renfermé, râleur et prétentieux, et je ne comprends pas pourquoi ce chapeau miteux m'a envoyé au septième étage de Poudlard, ce qui colle plutôt avec ce que tu penses de moi.

Un silence de cathédrale prit place pour quelques instants, avant qu'il ne lui vienne une idée en tête.

- Apparemment, tu n'es pas la seule à le penser. Lis ça.

De sa poche il sortit les deux lettres et les fit glisser devant elle. La première était l'acusation que l'on portait sur lui, et la seconde celle qu'il avait reçue tout à l'heure.

- C'est totalement aberrant. A croire que les gens de cette école n'ont que ces trolleries à penser!

Encaisser sans broncher. Elle en était incapable. Alors à chaque phrase qu'il sortait, elle essayait de glisser ses commentaires, qui finissaient tous par être mort-né. Duncan avait cette qualité de parler sans que personne ne puisse l'interrompre. Alors, elle se ridiculisa en émettant des onomatopées jusqu'à cette fameuse remarque que seul un Troll fini pouvait sortir

- Si tu n'avais pas un fond d'admiration pour Ackroyd...

Le reste était parti aux oubliettes.
Si elle n'avait pas un fond d'admiration pour Ackroyd. Son sang ne fit qu'un tour. De l'admiration pour Ackroyd. De l'admiration pour Ackroyd. Rosemerta avait mit du whisky pur feu dans la bièraubeurre ou quoi ? Avait-elle bien entendu ce qu'elle avait bien entendu ? De l'admiration pour Ackroyd !!!! Au nom de Merlin, il n'a pas osé dire ça.
S'en était trop pour cette jeune fille innocente. Trop c'est trop, et ce n'est toujours pas assez. On venait d'atteindre le point de non-retour.

- tu es passionnée et curieuse, colérique et amoureuse.

Toutes mes excuses, c'est ici qu'on venait réellement d'atteindre le point de non-retour. Il était perdu à jamais dans les abysses de la bêtise. Le pauvre, on ne pourrait jamais rien pour lui. Même les meilleur médicomage de Sainte-Mangouste diagnostiquerai un cas incurable.

Alors muette, la bouche légèrement entrouverte, elle reste éberlué par ce qu'elle entendait encore. Il se rendait compte des âneries qui sortait de sa bouche ?

" Cher Professeur Ackroyd,

Quel plaisir de vous voir partir avec Isis Kitlee. Voilà que vous apportez de l'eau à ma potion.
Quelle surprise, je vous croyais plus prudent, surtout vous sachant démasqué."

La réponse est : Non, vu que ce qu'il sortait de ses poches relevées encore plus du n'importe quoi.
Elle relut les deux lettres. Enfin, les deux mini missives.

- C'est une blague ? Tu les as écrit juste pour me prouver que Poudlard recèle un troll plus atteint que toi. A vrai dire je n'avais pas vraiment besoin de ça pour penser que bon nombre de mes camarades sont tordus.

Isis soupira et se rabattit contre le dossier de sa chaise .Elle joua un peu avec sa chope de bièraubeurre pour s'occuper les mains.

- Ce n'est pas parce que j'admire Ackroyd - ce qui est très loin d'être le cas - que j'ai accepté ton invitation. Je pensé naïvement que tu étais quelqu'un de complètement différent. Que ton attitude n'était qu'une illusion pour... je sais pas moi, cacher que t'es quelqu'un d'agréable et pas uniquement un petit con.

Elle but une gorgée avant de reprendre.

- C'est bien toi qui les a écrit ? Dis. On peut pas t’avoir fait du chantage. Pas à toi. Sans vouloir te vexer, t’es plutôt le genre à être le corbeau que la victime.

Un grand sourire s'empara du professeur, satisfait d'avoir marqué quelques points d'affilée. C'était si bon d'avoir raison... mais face à un élève, on n'a jamais trop de mal, alors ce sourire se fâna plus vite qu'une fleur de mimosa.

Oui. Kitlee était passionnée. Parce que dès qu'on touchait un point sensible, qui la touchait ou qui la tenait à coeur, elle s'emballait plus vite qu'un sombral affamé. Kitlee était curieuse. Parce que dès qu'on aiguise un peu sa curiosité, elle ne tient plus en place et elle est prête à s'avancer vers l'inconnu avec une profonde ingénuité. Kitlee est colérique. il n'y a pas à épiloguer sur ce point, c'est là la force de l'évidence. Kitlee est amoureuse. Non d'Ackroyd car eprsonne ne peut décemment aimer Ackroyd. Pour lui, elle fait partie de l'espèce de créatures qui bascule dans la folie de la passion dès que le pas amour est franchi. La passion guidera toujours sa vie de concert avec l'amour. Il en était persuadé.

- Je suis tout à fait d'accord avec toi. J'ai beaucoup du corbeau, mais en l'occurence, il existe bel et bien quelqu'un de plus frappé que moi dans cette école, qui est donc encore plus petit et con que moi.
Quand on le trouvera, il faudra l'empailler.

Il s'avança vers elle et fit semblant de chuchoter alors qu'il dit à vois haute.

- Et je suis sûr qu'il ou elle nous a suivi et nous observe. Il doit bien être assez con comme ça.

- Hé vous deux! Puisque vous ne faites pas partis des gentils couples amoureux qui s'amusent dans mon établissement, venez donc par ici.

La tête d'Ackroyd se tourna automatiquement vers l'aubergiste qui s'adressait manifestement à eux et il pesta. Maintenant que la conversation devenait intéressante!

- Oui, vous deux les fortes têtes!

Le jeune homme se leva sans faire d'histoire, fourra à nouveau ces lettres dans sa poche et alla voir Rosemerta passablement furieuse de voir des jeunes se disputer en ce jour.

- Que nous voulez-vous, nous vous avons payée, non? Le pourboire n'est pas suffisant? demanda Ackroyd de son ton le plus insolent.

- Effectivement. Je vous demanderai de bien vouloir me rendre un service pour vous faire pardonner votre grossièreté.

Ackroyd leva les yeux au ciel en se mordant les doigts d'avoir été aussi brutal.

- Veuillez descendre tous les deuxà la cave me chercher un fût de bièraubeurre s'il vous plaît.

Et du menton elle désigna une trappe qui semblait masquer l'entrée de ladite cave. Pourquoi tous les deux? Avec un simple sort... Il n'eut pas le temps de finir sa pensée lorsque...

- J'ai bien dit tous les deux.

Regard mauvais à la propriétaire. Isis avait bien tenter de prendre son air "mais qui me parle", malheureusement, cela n'avait pas marché.

- Tous les deux.

Soupire de capitulation. La préfète rejoignit Duncan bon gré mal gré et surtout en faisait la tête. La moue boudeuse, elle descendit derrière Duncan les quelques marches les séparant de leur table dans le brouhaha ambiant du café et de la cave sordide et sombre. Sursaut et cri étouffer quand la trappe se referma d'un coup sec.

- Hum... c'est rien. Juste était surprise... je... tu peux continuer.

Grand sourire qu'il ne put pas vraiment voir contrairement à la sensation des ongles enfoncés dans son épaule. Peureuse par excellence, elle ne lâcha pas son étreinte jusqu'à ce qu'ils soient devant le fût de bière.

- Duncan.... hum... j'étais en train de me dire, tu t'es pris le bec avec combien d'élève depuis que tu es arrivé à Poudlard ? Parce que... tu t'es forcement fait un tas d'ennemi. La question, c'est plutôt qui voudrait réellement ta peau ? Parce que te faire chanter en t'imaginant que tu es Ackroyd... soit c'est vraiment un veracrasse soit il t'en veut beaucoup.

Ils étaient maintenant arrivés dans la réserve. Isis osa lâcher son garde du corps du moment - quoi que le titre de garde du corps sera et restera la propriété de Seth Cullen le vampire-Lycan - et observa la cave. Un frisson la parcouru puis d'un ton très sérieux à la limite de la supplication.

- Quand on remontra, tu ne dis rien à Rosemerta. Avec tes remarques acerbes on risquerait de passer l'après-midi à devoir monter et redescendre des fût de tout ce que tu veux... oh... du schrub antillais. J'ai toujours voulu en goûter...

Trop enthousiasme pour lui faire croire que s'était une blague. Alors, elle fit comme ci elle n'avait rien dit et attendit sagement qu'il fasse léviter leur corvée jusqu'à là-haut. Ne pas lui donner des billes pour la massacrer. Il savait très bien s'y prendre sans aide.

Contrairement à ce qu'il pensait avant de se lancer dans les escaliers, la cave de l'établissement n'était ni froise, ni humide. Il y faisait pratiquement la même chaleur que là-haut. Ce qui le surprit le plus, c'était le silence qui y régnait et que quelques bougies étaient déjà allumées, comme si la pièce attendait quelqu'un.

Clac!

La trappe venait de se refermer et Kitlle planta ses griffes dans sur ses épaules. Ce geste anodin lui arracha une grimace lorsque, sans le savoir, elle toucha le point d'impact du mauvais sort qui l'avait frappé. Il allait lui envoyer une remarque bien sentie lorsque son aveu de peur l'en empêcha. Ils firent donc "le petit train" jusqu'au fût de bièraubeurre, et Antiochus se sentit ridicule avec cette pintade attachée dans son dos. Mais il n'en dit rien. Pourquoi? Il ne le savait pas lui-même.

Le fût avait beau être énorme, ce serait un jeu d'enfants de le faire léviter jusqu'au comptoir.

- Merci de m'avoir rendu la pleine jouissance de mes épaules. Oui, j'ai eu quelques accrochages avec quelques élèves. Mais rien de bien sérieux. Je dirai simplement que ce type est un détraqué jouant sur le fait qu'Ackroyd est souvent absent ces derniers temps. Ceci dit, ça ne me rassure pas tellement sur l'état mental de ce garçon...

Elle le coupa à nouveau pour finir par le "schrub antillais".

Antiochus farfouilla autour d'eux et reluqua chaque tonneau en se sentant enfin compris.

- Enfin je me sens compris, à croire que Merlin existe. fit-il en levant les yeux au plafond tapissé de toiles d'araignées de la cave. Il y a ici de quoi passer la meilleure des après-midi de contre - Saint-Valentin! Whisky-Pur-Feu, liqueur de coeur de dragon, vitriol de boutefeu, et même... il plongea sa main derrière un fût et en sortit quelques bouteilles de soda.

- Au diable le corbeau! Asseyez-vous mademoiselle, je vous sers.

Antiochus ramena vers elle un tonnelet, un tonneau un peu plus gros, et un autre de l'acabit du premier pour se faire un siège. Le temps d'un petit sourire à Kitlee, il se tourna, attrapa deux rats (on ne sait pas comment), en mit un dans sa poche et posa l'autre, effrayé, sur le plus grand tonneau qui servirait de table.
Il dirigea sa baguette vers lui...

- Vera verto.

Le pauvre rat s'étira vers le haut et peu à peu, sa fourure et chaque atome de son corps devint transparent. Nobre de ces filamments presque invisibles montèrent dans les airs, s'entrecoisèrent jusqu'à former un parfait verre de cristal.
Il prit l'autre rat qui remuait diablement dans sa poche et fit de même avec lui.

- J'ai toujours été bon en métamorphoses. dit-il d'un ton neutre.

Il s'en retourna vers le tonneau de chrub, ouvrit le robinet, et en servit une bonne rasde dans le rat de Kitlee. Quant à lui, il se servit une bonne liqueur.
Il posa le verre devant elle, et s'assit finalement. Cette précieuse découverte le mit de meilleure humeur. une bonne cuite lui ferait passer le temps, même s'il la prenait avec Kitlee, et deuxième effet de la cuite, ils ne se souviendraient plus d'avoir passé l'après-midi ensemble le lendemain. A bien y réfléchir, il trouva même un autre point positif à la situation: Rosemerta serait tenue pour responsable de ce dévergondage puisque c'était elle qui les avait envoyé dans ce lieu de perdition. "La vie est parfois bien faite" pensa-t-il.

- Alors Kitlee, dit-il avant de siroter une lampée de sa liqueur rouge rubis, comment ça se fait que tu sois toute seule aujourd'hui?

Assise sur son tonnelet, elle examina envieuse l'élixir tant désiré. Elle ne se connaissait pas ce vice, mais même dans un rat, elle avait une irrésistible de s'adonner à l'interdit.

- Alors Kitlee, comment ça se fait que tu sois toute seule aujourd'hui ?

Alors, qu'elle s'apprêtait à laper le précieux liquide, D'Ancelac eut la brillante et non moins merveilleuse idée de s'intéresser à sa vie sentimentale. Ce mec est une plaie. A choisir, elle préférait discuter sur l'éventualité d'un coup d'état à son encontre que de lui raconter sa vie.

Suspicieuse, elle le soupesa d'un regard qui ne lui appris pas grand chose. A part qu'il possédait de fascinant yeux bleus glacés, profond et troublant. Troublée par cette découverte, elle baissa la tête pour ne pas lui faire le plaisir de la présence de ses joues rosies et de sa gêne passagère.

- Je n'ai pas de petit ami.

Avec un peu moins de tremblement dans la voix, elle aurait pu passer cette réponse comme étant très naturel. Sentant bien qu'elle ne pouvait pas rester sur cette évidence sans avoir de remarque incessamment sous peu, elle l'essaya de l'emmener vers un terrain moins dangereux….

- Pour ton corbeau… en y réfléchissant bien, Ackroyd est assez malade pour, je ne sais pas trop. Imagine qu’il veut prouver à ses élèves que l’ennemi est partout – ce qui est à peu près l’impression qu'il me donne depuis le combat blanc – ca ne m’étonnerai pas qu’il se rajeunisse et infiltre une des maisons pour mieux attaquer de l’intérieur. Comme ça, il prouve encore une fois que c’est un détraqué qui n’a aucune pédagogie et en plus, cerise sur le gâteau, félicite tous les élèves de Poudlard pour leur incompétence. Je pense que c’est tout à fait le genre de chose qui lui plairait.

Isis avala une petit gorgée de schrub. Elle ne pensait pas que s’était si fort et ne put réprimer une toux. Elle avait soudainement très chaud.

- Si ca se trouve, ton corbeau fait partit des élèves traumatisés par ce détraqué et il essaye d’anticiper une éventuelle leçon d’Ackroyd. Et il trouve que tu colles parfaitement au profil : nouvel élève et forte tête, antisocial et avec un surplus de pudeur dissimulé par du cynisme.

Très chaud, trop chaud. Elle enleva son pull. Pas l’habitude de boire et surtout pas d'alcool fort. Juste deux gorgées et elle commençait déjà à ressentir les effets euphorisant de sa boisson.

Satisfait de la situation actuelle, il avala son verre de liqueur en l'écoutant parler. Un sourire incontrôlable le saisit quand elle se mit à tousser. Visiblement, elle n'avait jamais bu ni pris de cuite de toute sa vie, et quelque chose lui disait que ce serait aujourd'hui que ça arriverait.

Un bon professeur ne laisserait pas une telle chose arriver... assurément. Mais Duncan d'Ancelac n'était qu'un petit troll, Gryffondor de septième année, et personne mis à part Rosemont, Zagora, Kalten et ce fameux corbeau ne savait qui il était réellement. Alors Kitlle se prendrait une cuite terrible doublée d'une belle migraine pour le plus grand plaisir d'Ackroyd.

- Donc mon corbeau ne manquerait pas d'imagination. Mais je pense qu'Ackroyd serait beaucoup plus sournois et tordu que ça.

Et elle enleva son pull... et ... Kitlle était une femelle comme les autres... d'où le malaise de l'adolescent qui se trouvait en face d'elle.

- Je pense qu'il serait plutôt prêt à à faire chanter quelques étudiants plutôt débrouillard pour lui refiler les informations qu'il désirerait plutôt que de se coltiner les élèves 24 heures sur 24, ça il ne le supporterait certainement pas.

C'était un fait, il ne le supportait éffectivement pas. Changer de sujet... vite.

- Ce n'est pas normal que tu n'aies pas de petit-ami*. Tu n'es pas si repoussante que ça.

Comprenez compliment pour Ackroyd qui ne se rendait pas compte que son corps d'adolescent n'avait pas la même tolérance à l'alcool que son lui du futur.
Le regard de Kitlee le mit mal à l'aise. Du coup, il en profita pour s'éclipser et aller les resservir en espérant l'entendre parler français lors de ses prochaines phrases. Il aimait bien ce tout petit accent qu'elle avait inconsciemment. Quasiment indétectable pour toute oreille banale, mais pas pour les siennes, c'était certainement la seule chose qu'il aimait bien en Kitlee.

Depuis quand est-ce qu'il était censé aimer quelque chose en Kitlee? Et puis, s'il lui disait pourquoi il ne trouvait pas normal qu'elle n'ait personne, ça la mettrait dans une colère noire. Alors, comme il n'avait pas envie de l'entendre hurler et s'emporter pour une simple remarque myso, il préféra la boucler définitivement et prier Merlin pour qu'elle prenne aussi ça définitivement comme un compliment.

* Toujours: italique = français

- Pas si repoussante. Pas si repoussante.

Sourcils levés et bouche pincée. Froissée par sa remarque, elle le fusilla d'un regard noir. Vexée, elle ne réussit pas à riposter par une remarque acerbe. Juste sa moue trahissait la meurtrissure silencieuse que lui avait procuré ses quelques mots.

Pas si repoussante.

Elle avait eut du mal à finir son premier verre mais le second semblait plus facile à ingurgiter. Sa gorge n'éprouvait plus la brûlure des premières gorgées. Enivré par la première tournée, elle but la seconde d'une traite. Toujours boudeuse elle examina l'imbécile qui l'avait invité à cette partie de beuverie improvisée.

- Pas si repoussante. Ce n'est pas normal que tu n'aies pas de petit-ami. Parce qu'on ne peut pas être normal quand on n'a pas eu de petit copain. Parce qu'il faut forcement s'être bisouter ou bizuter... tripoter, c'est le mot que je cherchais, pour être quelqu'un de normal ! Parce que c'est si inhabituel qu'une fille n'aie pas eu de petit ami. Je suis tout à fait normal... d'ailleurs, je suis la seule normale. Moi, au moins je chiale pas comme une madeleine parce que mon mec a pas voulu se promener main dans la main autour du lac. Et je me mets pas à hurler sur tout ce qui bouge parce qu'il a eu le malheur de rigoler avec une autre. Et puis... c'est pas parce que j'ai jamais eu de petit copain que ca fait de moins quelqu'un d'inférieur. Parce que tout le monde à l'air de le penser. Hein, toutes celle qui sont soi-disant les copines qui me prennent la tête pour savoir pourquoi je sors pas avec quelqu'un... non mais, pour qui elles se prennent. J'veux pas être une... une... et puis... zut.

Isis avait les joues en feu et les yeux brillants. Elle commençait à se sentir nauséeuse et pas très stable. Enfin, non, elle était très stable c'est la pièce qui tournait autour d'elle.

- Même si cela peut te paraître étonnant et même si je suis pas si repoussante, je suis toute seule par... par... oula ca tangue. J'me sens pas bien.

Isis se retient au tonneau en face d’elle pour ne pas tomber de son siége. Par mégarde, elle renversa son verre de cristal qui tomba à terre, déversant le peu de liquide qu’il contenait.

- Et puis… de toute manière… même si je ne suis pas si repoussante, je vois pas qui voudrait de moi.

On n'imagine pas à quel point un compliment maladroit peut engendrer comme réaction négative chez une jeune fille. Maintenant, Antiochus pouvait en avoir une petite idée.

Spoiler:

C'était marrant!

- A mon avis, tu devrais cesser de te demander pourquoi tu es seule... Petit regard en coin satisfait. Tu assommerais n'importe quel éventuel prétendant avec ce débit ininterrompu. Regard appuyé sur la demoiselle. A moins de tomber sur un sourd, ce qui n'est pas totalement impossible... Quoique...

Ce n'était plus marrant d'être sarcastique, elle était malade après deux verres. Il la regarda sans esquisser le moindre geste. Puis, lorsqu'elle commença à vaciller, il se leva, et le verre de Kitlee tomba.

- Ce n'est pas juste! Maintenant qu'on commençait à s'amuser! râla-t-il de mauvaise fois.

Par pitié il s'avança et s'accroupit à côté d'elle quelques secondes. Par pitié, il sortit lentement sa baguette et soupira.

- Un rat ne mérite pas pareil traitement. dit-il jouissivement.

Il prenait un plaisir fou à s'amuser de la situation. Cela faisait approximativement deux mois qu'il ne s'était pas autant amusé! Ah non. Il y avait aussi la fois ou Sanders lui avait demandé d'intégrer l'équipe de quidditch de Gryffondor en tant que batteur et qu'il lui avait dit oui. La perspective de déquiller tous les parasites des autres maisons l'avait enchanté. Et si ce n'était, un accident était si vite arrivé... Cerise sur le gâteau, aucune règle ne lui interdisait de déquiller les membres de sa propre maison! La vie était définitivement bien faite!

Pendant ce temps de réflexion, sous l'effet du sort approprié, le rat avait regagné forme normale et était reparti en claudiquant se cacher derrière un tonneau en couinant.

- Allez Kitlee, je crois que tu as assez bu comme ça. Je pense que ce sera pas mal comme première cuite. dit-il en mettant sa main sur son épaule. Reste quelques minutes comme ça, je te promets de ne pas te casser les pieds.

Il se releva et la laissa tranquille en allant se servir un autre verre. La liqueur de ce tonneau était tout bonnement exquise, certainement pas celle que Rosemerta devait servir à ses clients lambda. Lorsque le liquide coula dans son verre, il se dit qu'il ne faisait par là que récupéré l'argent qu'il avait dépensé pour avaler de la bouse dans les pubs miteux qu'il avait écumé.

Il en but une rasade avant de revenir à leur table de fortune. Là, il s'assit sur son tonneau et laissa ses yeux traîner sur sa compagne de beuverie. Son regard fut attiré par son blason. Il n'avait pas changé.

Il avait beau se soulever à chaque respiration de sa propriétaire, il le trouvait identique à celui qu'elle avait à l'époque. Avec un peu peu moins d'alcool et un peu plus de romantisme dans le sang, il aurait pu entendre son rire rebondir gaiment sur les murs de la cave et sentir son parfum mille fois plus enivrant que celui de la meilleure liqueur.

Kitlee était bien loin de ses pensées. A sa place il revoyait Abby, comme elle était avant... Ses boucles blondes descendaient sur ses épaules comme autant de... L'adolescent prit peur. Elle ne pouvait pas être là. Elle était morte. Pourtant, ses yeux verts le regardaient. Ils le fixaient, lui envoyaient des tonnes de reproches sur sa conduite avec Kitlee. Pas besoin de mots. Ils s'étaient pratiquement compris sans se parler dès leurs premières rencontres.

Il secoua énergiquement la tête en fermant les yeux et tout redevint normal dans la pièce. Kitlee avait réapparu. Choqué par cette séquence, il se leva et retourna auprès de la jeune Poufsouffle.

- Hey Kitlee, ça va aller?

- No…

Non, elle n'allait pas bien.
Elle n'arrivait pas à se décider. Est Ce son tonnelet qui n'était pas stable ou elle qui basculait dessus, ou encore, la cave qui dansait une valse sous le bistrot ? Elle penchait pour la valse de la cave, plus romantique.

- Yes...

Oui, elle allait bien.
Elle allait étrangement bien. Le rire facile, le sourire constamment présent, l'œil brillant. Euphorique. Elle avait glousser à toutes les remarques sarcastiques de son amphitryon. Un vrai clown. Elle était à deux doigts de lui réclamer une des ses phrases directes qui n'avait pour seul et unique but de l'invectiver. Il prenait un air tellement sérieux, presque solennelle. Si amusant.

- ch'ais pas...

She did not know.
Elle ne savait vraiment pas si elle allait bien. Si on lui ôtait cette danse mais qu'on gardait juste la qualité cachée de Duncan en comique, elle dirait qu'elle irait bien.

- quoi que... il fait chaud....

Oh oui, elle avait chaud. Ses joues rouges reflétaient sa griserie. Elle suffoquait par moment. Quand elle fut prise d'une quinte de toux qui semblait l'étouffer, elle dénoua sa cravate et défie les deux premiers boutons de sa chemise. Beaucoup mieux.

- Tu vois, ca m'arrive de limiter mon temps de parole.

Grand éclat de rire. Plier en quatre, elle se marra jusqu'à en pleurer. Ecroulée, elle mit quelque temps avant de redevenir sérieuse. Ce qui ne dura que deux secondes montre en main. Fou rire et facétie. Après mainte essaye très peu infructueux elle arriva à articuler entre deux pouffements,

- elle était drôle ihihih... hein dis, elle était drôle uhuhuh, ma vanne.

A priori, cette merveilleuse boutade n'avait pas eu le même effet. Au moins ca la fit arrêter de rire. Alors, elle se calma, et le regarda boire son liquide rouge. Elle avait envie d'en goûter. Il l'avait privée de son verre et s'était trop nul. Elle aurait bien voulu lui demander de boire directement dans son bock de cristal, mais elle avait peur qu'il lui refuse. De ce fait, vu qu'elle est une fille maligne, dés qu'il reposa son breuvage tant envié, elle lui piqua le verre et le porta à ses lèvres.

- zut de flûte et de re zut.

Y en avait plus. Alors, elle grimaça et reposa bon gré mal gré le verre en face de son compagnon. Ne sachant que faire et avec une irrésistible envie de pas rester en place, elle se pencha vers lui.

- On croirait que tu as vu un fantôme.

Ok. Ca faisait 10 bonnes minutes qui l'avaient regarder avec des yeux remplis de douceur, de romantisme et de merlan frit. Un peu. S'était au moment ou il avait eu uen vision inconnue d'Isis.

- j'ai envie de danser. Duncan... tu veux danser avec moi ?

Sourire charmeur. Impossible qui lui dise non. Le seul problème qui restait serait donc le suivant : Comment Isis arriverait à tenir debout ?