Ils arrivèrent dans la gigantesque et fascinante ...

-Je te montre qui je suis!

fit-elle d'une voix cyniquement amusée!

Enki avait beau essayer de comprendre Sandwi des fois il était perdu. Il voyait sa vie, son frère ses parents adoptifs et des marionnettes. Comment les marionnettes pouvaient être sa vie? Il se demandait s'il devait chercher à comprendre ou s'il devait lui laisser ce mystère. Il voulait vraiment la comprendre. Après réflexion (pas très profonde, je l'avoue) il demanda:



Tu m'expliques ou tu me laisses planté comme un navet?


Il chercha autour de lui un endroit où s'asseoir car depuis le monde de willy wonka il se sentait un peu fébril. Il trouva comme par enchantement deux tabourets de style orientaux et en posa un pour Sandwi et un pour lui, près de la scène qu'ils voyaient.

*Elle regarda à droite puis à gauche, puis à droite, puis à gauche et recommença se mouvement 4 ou 5 fois.
Puis d'un coup elle se leva (faisant tomber son tabouret, mais elle ne s'en rend pas compte) puis se rassoit ...
et tombe...


Confuse, elle se relève, et tente tant bien que mal de retrouver son trône...

Quand elle fut enfin assise, face au grand enki dont le regard plongeant était transcendant:*

-Euh, je ne sais pas si tu vois, mais est ce que tu ressens?

Enki voit les yeux de Sandwi faire différents mouvements comme des billes de nacre sur un tapis de velours. Soudain, comme il ne voit plus les yeux mais entend un bruit de chute, instinctivement dans le noir, il tente de trouver le bras de Sandwi en riant (les chutes le font toujours rire et il ne s'en rend pas compte ) Il l'aide a se rasseoir, lui lâche le bras quand il est sur qu'elle est à la verticale et entend sa question.


Il ferme les yeux pour réfléchir... ou plutot pour sentir. Plus de traces d'Enki dans la salle noire. Ses yeux disparaissent de l'espace. On sent dans l'atmosphere qu'il fait des mouvements mais seul lui peut savoir lesquels. Ses deux lumières visuelles se rallument après un long moment de silence:


Je ressens beaucoup de choses mais pas forcément ce que tu voudrais que je ressente, Dwi.

- Tu ne trouves pas ...
*Elle jette un oeil à droite*
que c'est lourd presque étouffant, presque angoissant, presque inquiétant...

C'est comme ça dont je me souviens du plus lointain souvenir dont je possède. Mon Plus liontain souvenir est une impression, une sensation, étrange...


* Elle parlait d'une voix basse et ténébreuse et fixait étrangement les yeux auxquels elles étaient confronté*

Enki ferma les yeux pour disparaitre a ceux de Sandwi. Il le ressentait que le vide. Le rien. Le néant. Avant il ressentait un tas de choses: la curiosité, l'exaspération, l'étonnement, la hate. La il avait envie de plus rien d'autre que de rester les yeux fermés.
Il ne répondit pas à Sandwi et calma sa respiration. Il laissa le vide l'envahir sans l'inquietude et l'angoisse dont la serdaigle lui parlait. Il était serein. Plus serein que precedamment. Il vivait le néant.

Dwi se sentait pas bien. Pour elle vivre cette sensation à deux la rassurait. Alors que seule, et bien, c'était presque trop intime et trop opressant. Fur à mesure qu'il s'échappait et disparraissait, elle paniquait.


Son coeur s'accélerait, ses yeux gesticulaient frénétiquement dans ses orbites. Elle regardait devant elle, puis autour pour voir si par hasard il ne s'était pas déplacé.

Mais elle ne trouvait rien.

Elle répétait ses mouvements de tête que guidaient ses yeux comme un rituel obsessionnel.

Puis elle finit par crier, bien que le jeune soit juste à coté, au bout d'un instant qui lui avait paru une éternité:

-ENKI

Puis elle continua d'un mumure saccadé:

me fait pas ça Enki, me fait pas ça Enki, me fait pas ça Enki

Enki rouvrit les yeux au moment où il entendit Sandwi paniquer. Il ne savait pas si elle faisait exprès ou si elle avait vraiment peur et comme toujours il préférait se faire avoir plutôt que de tenter le diable et de ne pas rassurer ou aider quelqu'un qui en avait besoin.
Il n'était pas loin d'elle alors il ne comprenait pas pourquoi elle avait peur du noir. C'était son monde. Il s'était laissé entraîner dedans et elle avait peur de son propre chaos? Il ne chercha pas à comprendre et tendit la main vers elle doucement pour ne pas la surprendre.
Sa panique le faisait paniquer aussi mais il devait rester calme pour pouvoir la "ramener"


Quand il atteignit ce qu'il pensait être son bras, il l'attira vers lui doucement et fit un autre pas vers elle en murmurant aussi bas que les mouvements de son corps étaient faibles.


Dwi, excuse-moi, je ne voulais pas faire l'idiot. J'avais plus envie de rien. Juste du calme mais j'étais là. Sourit-il paisiblement calme-toi, va, je suis là je ne vais pas te laisser toute seule dans ce livre farfelu.


Il la prit dans ses bras comme il prenait la petite sœur de Kefv quand elle avait peur alors qu'ils jouaient dans la foret ou dans la maison abandonnée à cote de chez leurs parents. Dwi était toute fine, toute petite avec son mètre soixante-dix, ou peut-être plus, comparé à la taille d'Enki. Il avait l'impression de l'engloutir, de l'étouffer même. Il se recula d'elle et en gardant un regard rieur et rassurant il lui demanda encore une fois, la tenant par les épaules et en plongeant ses yeux dans les siens encore fermés dans l'obscurité:


Ca va Dwi ? T'es avec moi là?

Elle ouvrit brusquement de grands yeux affolés. Son visage restait face à celui de Enki, mais ces yeux roulaient en tous sens. Les pupilles dilatées, elle semblait dans un autre état.

Elle n'avait pas entendu les paroles rassurantes de Enki, ni même vu son regard bienveillant.

Elle était tout simplement ailleurs.
Elle-même ne savait pas où exactement.
Peut-être était-ce le moyen de se protéger, que de fuire ainsi son corps. A moins qu'elle ne devenait complétement folle!

Enki regardait Dwi depuis un bon moment déja. Le noir commençait à l'oppresser. Le néant n'était plus le néant si on était deux. Il revint vers Dwi avec les mêmes geste lents et la reprit dans ses bras. Il serra le petit bout de troll qu'il avait contre lui et ferma les yeux quand il fut assuré qu'elle était enfermé dans cette petite prison pas bien contraignante. Il pensa alors à un endroit vert, en endroit avec de l'eau, quelque part de confiné au creux de la nature.



Il n'avait pas eu besoin d'ouvrir les yeux pour savoir que ca avait marché. Il entendit autour d'eux les sons de l'eau d'une rivière qui n'était pas de chocolat et des oiseaux et une faune vivre. Il regarda autour, le paysage était sombre et malgré le bruit des animaux tout semblait dépeuplé. Une étrange tête taillée dans la pierre crachait de sa bouche une cascade d'eau douce.




Ouvre les yeux, lui dit -il.

Dwi ouvrit les yeux avec la lenteur d'un film au ralenti. Ceux-ci semblait beaucoup plus calme. Ils avaient retrouvé leur équilibre ainsi que leur éclat pétillant . Mais voilà que des larmes de pluies ruissèlent le long de ses joues au parfum de porcelaine.

Elle fixait droit dans les yeux de Enki jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle était enserré dans ses bras. Ce qui l'a mit terriblement mal à l'aise.

Elle rougit à vu d'oeil et s'échappe de son étreinte!

Enki comprit que ça la mettait mal à l'aise qu'il la touche en voyant son mouvement de fuite. Il ne voulait rien de mal, il voulait la rassurer. Il s'écarta vite d'elle et ne comprit d'abord pas si c'était la bruine ou les larmes qui coulaient sur ses joues. En effet de fines goutelettes d'argent tombèrent sur leurs épaules et ils durent aller se réfugier sous un roc.
Pas le temps de demander si ça va, Enki attrape Dwi par le poignet et l'entraine sous un renfoncement de la facade de pierre ou coule la cascade. Il la fait s'accroupir et regarde un instant ces étranges gouttes tomber. Le décor devient métallique et chromé autour d'eux. Enki ne sait plus quoi faire pour Dwi. Il ne sait jamais quoi faire de toute façon.


Dwi, tu veux quelque chose? lui demande t- il doucement. Regarde autour, comme c'est beau. C'est tes larmes qui font tomber la pluie...

Sandwi, regarda autour d'elle. Elle aimait voir la pluie tomber, elle aimait l'odeur que dégager la roche dans ces moments là, elle aimait sentir le ciel s'assombrir, elle aimait la couleur que prenait le paysage dans ces cas là.

Les ruisseaux de ses yeux cessèrent, puis elle sourit en prenant une profonde inspiration.

Elle se sentait mieux, comme libéré, comme renaissante, mais une paix interne s'était épris d'elle.

Elle se leva, et marcha sous la pluie pour se retrouver sur le ponton. Sur lequel elle tourna son visage vers le ciel pour s'émmouvoir de cet instant dans un brin de magie et de volupté, elle profita de ce moment .

Enki se laissait tomber contre la pierre et regardait le petit troll déambuler comme une feuille inconstante sour la pluie d'argent. On aurait dit une fée qui perdait ses paillettes. Il secoua la tête comme si ses pensées se remettraient dans l'ordre après ca.

Il ne se leva pas pour la rejoindre non pas à cause de la pluie mais pour la laisser gouter ce moment de liberté qu'elle prenait sans complexe. C'était quelque chose qu'il enviait à certaines personnes. Leur liberté dans leur geste, dans leur corps et dans leur esprit. C'était plus joli de la voir danser sous la pluie que de voir cents mondes merveilleux dans ce livre.

Il respira profondément et ferma ses yeux. Elle allait bien. Il allait bien. C'était tout ce qui comptait. Il posa sa tête contre la roche et écouta juste le bruit de l'eau, de la pluie et des petits pas de Dwi sur le ponton.

Après plusieurs ronds, demis-tour et autres gracieuses déambulations,Dwi, monta avec la même préciosité sur un pilotis du ponton. Comme pour s'approcher un peu plus du ciel, elle pointa son nez trés haut.

Une parure de perles d'eau ornèrent ses cheveux et goutèrent sur ses épaules.

Son attention fut attirée par les halots d'ondes qui rythmait la surface de l'eau comme des notes rythment une partition. Cette partition d'étang l'attirait, elle s'accroupi sur son pilotis et vit son reflet troublé par ses petites vagues en tous sens.

Elle se releva, puis se prépara à sauter dans cette mare de musique pour rendre visite aux algues.

Enki restait les yeux fermés contre la pierre. Il lui semblait qu'à écouter les mouvements de Dwi dans l'espace, il en apprenait plus sur elle qu'en la regardant. Il pensait que d'aventure, il lui faudrait parfois arrêter de réfléchir ou d'utiliser ses yeux.


Les mouvements de Sandwi se firent plus petits. Il la perdit presque au milieu des autres sons alors de peur il rouvrit les yeux.


pense: ou est- elle?


Elle se tenait sur un pilotis et regardait le divan d'eau depuis un moment. Elle ne bougeait plus. Si elle sautait, il l'engueulerait. On ne savait pas ce qu'il y avait dans cette eau là. Pour s'assurer qu'elle ne le ferait pas ou peut-être prévenir qu'elle le ferait, il se leva et avança doucement sous la pluie qui colora ses vêtements et ses cheveux. Il avança sans faire de bruit pour ne pas lui montrer son inquiétude. Il marcha sur le panton qui grinça. Il était forcément repéré mais n'arrêta pas de marcher. Les mains dans les poches. Il arriva à sa hauteur et resta silencieux en regardant leurs deux reflets déformés qui riaient et grimaçaient.

*Elle l'avait entendu s'approcher, et voyait son reflet monstrueux à coté du sien tout aussi laid.
Elle aurait aimer planger dans cet étrange liquide mais avait l'impression que ça inquiéterait son compagnon.D'instinct, elle préféra ne rien faire.

Elle écarta les mains de son corps pour sentir le liquide venu du ciel se répandre entre ses doigts. Dans cette posture de prophète elle inspira profondément une grande bouché d'air humide. Se mit à tousser. Devenir rouge. Tousser encore pour évacuer la goutte qui s'était égarée dans ça gorge. Sauta du pilotis sur le ponton pour ne pas risquer de tomber, celui-ci trembla sur son poids.

Ce saut libéra cette larme sauvage, elle reprit doucement ça respiration.

Avant que Enki ne lui pose la question,*

-Ca va

Elle finit par s'alloger sur le ponton. L'impression était bizare. C'est comme si elle était allonger audessus d'un vide frémissant.

Enki regardait Sandwi allongée sur le sol sans rien faire.
Elle lui ôtait ses répliques. Il était trop prévisible. C'est ce qu'elle lui disait en lui parlant ainsi. Tout était redevenu calme, le stress des cours parti...



On rentre ?

Plongée dans ses pensées, Sandwi entendit Enki lui parler.

-Hein?


euh..
oui


Sans bouger, et d'une volontée commune ils firent réapparaître l'environnement blanc et lumineux dans lequel se situait la porte.

Elle se leva enfin, l'air vaseux que lui avait donnée cette dernière expérience lui donna l'allure d'une endormie.
Elle fit un dernier sourire bienheureux et bienveillant à Enki.

Enki comprit qu'il suffisait de passer la porte pour sortir de ce monde.
Il marcha lentement mais se retourna une fois pour voir ce qu'il laissait. Il n'y avait rien. Rien que du blanc, rien de palpable, rien de visible dans cette boîte asceptisée. Aucune odeur, qui ne lui rappellait le monde des vivants, aucune fille qui danse sous la pluie, aucun fantôme venu du passé, pas de chocolat, pas de bruit de pas, pas de peur, de crainte à avoir. C'était le désespoir cette couleur blanche.

Sans regret il passa la porte et se retrouva dans la bibliothèque. Tout était à sa place comme si jamais ils n'étaient partis. Il sourit à Sandwi, en se disant que cette rencontre était loin d'être sans suite.