Mon étoile était à la Grande Ourse...

Je n'ai pas envie de faire de belles phrases car aucune ne sera à la hauteur pour narrer l'inégalable sensation qui m'anime en ce moment même. Pour expliquer cette félicité, il me faut remonter deux jours en arrière à la même heure.

Vendredi 22 juin – 22h30

Pas âme qui vive. Je me suis enrobé d'un long mais léger manteau noir. Pantalon noir. Chemise noire. Pas de cravate. J'avais coupé mes cheveux il y a un mois mais ils repoussent. Déjà long. Cheveux entourés dans une sorte de bandeau fin qui en retient les mèches.

J'ai attendu que tout le monde soit couché, tapi sous les draps du lit de mon dortoir qui n'a connu l'empreinte de mon corps qu'une poignée de nuits cette année. Il ne me manquera pas ce lit à baldaquin où d'autres générations de Serpentard viendront coucher leurs rêves de grandeur après moi.

La nuit est lourde et de chaleur et d'étoiles et de cette lune traîtresse qui s'amuse à calquer mon ombre sur les murs devant lesquels je passe. On est au sous sol. Pourquoi donc sont-ils allés construire des fenêtres donnant sur le Lac Noir? Stupides architectes des temps jadis.

Je remonte les escaliers du dortoir des filles. C'est interdit. Des sortilèges protègent l'entrée, je me suis donc prémuni: Polynectar et un ongle de ma chère Elinor. Don de grâce. Arrivé devant le couloir, certainement ensorcelé, je bois la potion. Une gorgée. L'effet ne doit pas durer plus de quinze minutes. Je sens que mon corps prend la forme de Manou. Je considère mes mains pour être certain, passe une dextre amusée sur ma poitrine: "Hum... ça va, elle cache bien son jeu, Elinor."

Je pénètre dans le couloir. Avance jusqu'à une porte. Mince laquelle? La première m'ouvre le monde des premières années. Oulà, vite, tirons-nous. Je referme. L'autre mur, autre porte. Je reconnais Hailley qui dort à poings fermés. Les deuxièmes années. Par soustraction, j'imagine qu'un mur est dévolu aux années paires et l'autre aux années impaires. Comme pour les garçons... j'avance alors jusqu'à la dernière porte, celle qui correspond chez les garçons au dortoir des sixièmes années. Bingo.

Maintenant, la trouver parmi ces corps endormis... sans bruit, je marche en ouvrant grand mes narines. Le parfum de Charlotte, je le reconnaîtrais entre mille. Je me prends une paire de pantoufles et une malle dans les pattes mais encaisse la douleur au genou en étouffant mon cri. Mimoune, sans blague, tu ne pouvais pas être dans le premier lit? Non. Dans le fond. Au pied de sa couche, sa malle, sur la malle, une longue cape noire à capuchon. Je la prends puis vais vers ma belle endormie. Elle est magnifique. Avant de la réveiller, je caresse ses cheveux puis me baisse doucement vers son oreille. Un, deux, trois. La suite va très vite.

Je pose ma main sur sa bouche, très fort. Faut pas qu'elle crie. La rassure. Elle voit Elinor qui l'étouffe, elle doit flipper. Chut Mimoune, c'est moi. Sacha. Fais pas de bruit, on sort de là. Emprisonnant toujours sa bouche, je la lève comme elle est... aaah... ne pas céder devant la chemise de nuit. Elle n'est pas tarée de dormir avec des choses aussi jolies? Je mords ma lève inférieure. Nom d'une Goule, t'es trop belle Mim', je murmure, en attrapant sa baguette et les premiers escarpins venus. Elle les mettra dehors. Je dépose sa cape sur ses épaules, lui prends la main, on file à l'anglaise par le couloir.

Sortir de la salle commune. Courir. Trouver le passage secret... la statue. Alors qu'on court, je sens que je reprends ma forme initiale. Un grand Sacha.

Une fois à l'abri, dans le tunnel que nous devons traverser pour aller jusqu'à Pré-au-Lard, je lui explique. Rogue OK. Bla bla bla, je suis couvert, il s'en fout... Besoin d'une assistante... nananablabla... Faire semblant de faire des achats à Londres... blabla... pour les cours de Botanique... une trollerie... rentrer dès lundi matin discrétement... bla bla bla... Cain je m'en tape aussi... bla bla bla.

Puis, je cesse de marcher.

Nous avons gagné un week-end, quoiqu'il en coûte, j'entends en profiter.

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Vingt-trois heures dix. Arrivée à la Grande Ourse. Fin du chemin en transplanant avec Charlotte. Pauvre Mimoune en chemise de nuit dans le hall de l'auberge! Trop belle j'vous dis. Quand je lui aurais enfin laissé le temps de parler, elle va me démolir. M'en fous, c'est trop tard. Voilà Miss Dollyway qui nous accueille et nous montre cette fameuse chambre quatre baguettes en nous confiant qu'un des plus beaux restaurants nous attend à un kilomètres pour un repas tardif en amoureux. Elle laisse la clé sur une commode. Je ferme la porte derrière elle. Retire mon manteau. Me retourne vers ma belle... M'adosse à l'entrée...

"Charlotte, imprime-toi dans ma mémoire."

Voilà...

~†~ Charlotte s'était avancée de quelques pas dans la pièce, observant la décoration. Très jolie. Eh, c'était la première fois qu'elle dormait dans une chambre quatre baguettes, car ses parents, bien qu'aisés, étaient restés très simples.

Elle entendit la porte se refermer et puis... "Voilà". Elle se retourna, pour faire face à Sacha, et resta quelques secondes immobile et silencieuse, avant de prendre la parole, d'une voix mi-taquine mi-sérieuse. ~†~

" Tu aurais au moins pu me laisser prendre quelques vêtements...
Je vais pas aller au restaurant comme ça... "

~†~ Elle entrouvrit sa cape, sous laquelle elle était... bah en chemise de nuit. C'était pas une tenue pour aller dans un restaurant ça... ~†~

" Et j'ai froid maintenant... "

Je m’avance vers elle plutôt rassuré de n’avoir pas à affronter des reproches ou des quolibets mais qu’un simple soucis d'ordre vestimentaire. Personnellement, je la préfère ainsi: pas encore nue mais à deviner. D’ailleurs, j’ai tellement accumulé et remisé mon désir pour elle pendant ces dernières semaines que ni elle ni moi risquons de revoir la lumière du jour ce week-end si elle ne referme pas tout de suite les pans de sa cape.

Mon étoile était à la Grande Ourse... 710

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Je reste pourtant sage. M’avance vers elle. Tout près - car la volonté d'être près d'elle, je ne peux pas la contrôler. Frôlant ses mains pour refermer la cape doucement, je lui murmure à l’oreille :

Pas de soucis… on arrache les rideaux et je te fais une robe de soirée temporaire.

Les cours de métamorphose, c’est ça aussi.

Je recule sensiblement en remettant une mèche imaginaire derrière son oreille et mes bras autour d'elle pour parer le froid... non, je dis n'importe quoi. Pour l'avoir contre moi, qu’elle ait froid ou pas.

Ou, on peut aussi ne pas aller dîner…

C’était ma dernière suggestion.

~†~ Un petit sourire vint se dessiner au coin de ses lèvres, amusé et tenté. Elle releva son visage vers le jeune homme, faisant mine de réfléchir, tandis que ses mains remontaient le long du col de sa chemise sombre. Ne pas aller dîner... Oui, c'était très tentant... D'autant plus qu'ils ne s'étaient pas vus depuis... Combien de temps déjà ? Bientôt deux mois. Merlin ce qu'il lui avait manqué... Elle aurait aimé lui chuchoter doucement "Tu m'as manqué", mais elle ne pouvait pas... Bon. Première grande décision du week-end : elle ne penserait pas à Cain. Ca, c'était fait... Elle haussa alors doucement les épaules, se serrant un peu plus contre lui. ~†~

" On pourrait... Mais ça ne serait pas raisonnable.
Tu imagines ? Il y a certainement des gens qui n'attendent que nous, pour qu'ils puissent nous servir, et pour pouvoir rentrer chez eux après.

Non, ce ne serait pas raisonnable... "

Presque indigné:

On peut savoir depuis quand je suis raisonnable? Le Dwi

Je l’accueille, tout en restant droit encore. Sans bouger. Un peu rigide. Je sais pas… peut-être que j’essaye de me défier moi-même en me faisant croire que je vais pouvoir tenir contre Charlotte sans oser un geste. J’imagine quelques secondes le personnel du restaurant en train de tourner autour de notre table vide et se demandant s'il peut la céder à un autre client. La pensée ne m'angoisse pas. Tout mon intérêt, bien que largement refoulé derrière un mur de sagesse sadique qui me ressemble peu, est dirigé vers elle.

D’après Miss Dollyway, l'établissement où nous devons nous rendre est un 24h/24h mais notre table y est réservée. Cas de conscience?

" Je ne sais pas, tu aurais très bien pu le devenir... "

~†~ La jeune brune leva doucement les yeux au ciel, ne croyant qu'à moitié ce qu'elle disait. Eh, après tout, ce n'était pas impossible ! Moui, mais bon... Hum... En fait... ~†~

" Mais heureusement, non. "

~†~ Murmure, avant de se surélever quelque peu. Juste assez pour que ses lèvres puissent venir effleurer celles du Serpentard. Frissons... Non, Sacha restait Sacha. Et c'était tant mieux... Juste un frôlement. S'il voulait plus, il pouvait toujours venir chercher... Elle esquissa un petit sourire avant de s’éloigner de Sacha, s’avançant vers une table présente dans la pièce, et de glisser une main sur celle-ci. ~†~

" Alors ? Que faisons-nous ? Dîner ou... Ou pas ?
Je te suis. "

Je sais pourquoi je suis un Serpentard.

Un jour June m’a dit que le monde ne me suffisait pas. Elle n’a pas tord. Je veux tout. Le monde et les enfers. La bieraubeurre et l’argent de la bieraubeurre. La charrue et ses bœufs. La Lune et le ciel. Mimoune nue sur moi et le restaurant, plus tard.

D’abord, l’effleurement de ses lèvres est l’étincelle qui m’allume. Sa nuisette était la paille, son regard était l’air qui manquait à la magie du feu. C’est mon coeur et mes sens qu’elle enflamme.

Mes yeux suivent silencieusement le geste de sa main sur la table. Je la laisse partir de mes bras, passe une main paresseuse dans ma chevelure indomptable, rapatrie mes yeux sur sa nuque. Je finis par m’approcher d’elle, par glisser une main sur son cou, une autre sur son ventre et mon visage dans ses cheveux. Impitoyable désir qui surprend les chemins que l’on croyait tracés.

Une de mes mains - je ne sais plus laquelle - fait tomber sur le sol la cape de noire étoffe pendant que ma bouche cherche la sienne… un instant éperdue. Paumée dans son champ de coton et ses lèvres ont la douceur d’une bulle de savon.

Est-ce que mon corps lui donne une réponse suffisamment claire… ?
Je n’en doute pas.

~†~ Dîner ou pas dîner ? D'un côté, elle aurait bien aimé aller voir ce que donnait ce restaurant. Mais d'un autre.... Résumons la situation. Il y avait donc d'un côté le restaurant. Et de l'autre... Sacha. Forcément, il ne faisait pas le poids. Qui ? Mais le restaurant... Alors, au fond d'elle, elle espérait qu'ils allaient rester ici un peu. Tant pis pour les serveurs...

Juste devant une table du mobilier, la main posée sur celle-ci, elle attendit la réponse de Sacha. Qui ne tarda pas à se faire connaître... Effectivement, quelques secondes plus tard, voilà une Mimoune qui était prisonnière de l'étreinte du jeune homme. Et ses lèvres, elles, étaient prises en otage. Doux supplice... Mais plus encore, un sentiment de libération, de plénitude, de satisfaction... Etre dans les bras de Sacha, ses lèvres contant douceur et amour aux siennes... Deux mois... ~†~

* D'accord, j'ai compris, pas de dîner... *

~†~ ...... Merlin sait beaucoup de choses, non ? Oui, nous vous l'avions déjà fait remarquer. Et bien lui seul sait comment Sacha et Charlotte se retrouvèrent par la suite sur ce lit plus que confortable, avec pour seul vêtement un drap... Quoiqu'il en soit, un léger sourire... heureux ? Oui, heureux, était visible sur le visage de la jeune fille. Allongée sur Sacha, le visage tout proche du sien, ses doigts s'amusaient doucement avec les cheveux du jeune homme. ~†~

" Finalement... Je suis bien contente que tu ne sois pas raisonnable... "

Son silence est une adhésion.

La suite c’est des gestes parcellaires répandus sur son corps. C’est ouvrer chaque caresse comme une pierre précieuse pour qu’elle soit l’unique lien attachant ma tendresse à ses frissons. Je n’ai plus de corps quand je pense au sien.

Je ne suis qu’un amas de nerfs sensibles réagissant à sa moindre commande… une oreille, une bouche, un nez, une main guidés par son rythme cardiaque qui fait vibrer mes cellules répandues dans l’infini de cette pièce soudainement plus vaste que l’espace. J’ai cette sensation unique avec elle et faire l’amour n’est plus une exploration curieuse ou une discipline mais bel et bien un… ah? Cette phrase, je ne sais pas la finir car je ne sais pas définir mieux ce que cela me fait d’être dans le corps de Charlotte. Dans son corps, je suis bien dans le mien.

...

Elle salue mon manque de raison. J'inverse nos positions et roule doucement sur elle, m’appuie sur mes coudes pour ne pas trop appuyer sur son ventre et lui souris:

Quand je serai grand, je serai raisonnable.
Pour l’instant, je ne vois aucune raison de l’être si ce n’est vieillir trop vite.

Tu avais déjà transplané avant ce soir?

~†~ Que voilà une bonne raison à la non-raison... Ne pas vieillir. Il était vrai... Il était vrai qu'être encore un enfant était plutôt plaisant. Ne se soucier de rien. Mais, plus que des enfants, ils étaient des adolescents. Et, déjà, les ennuis arrivaient. Peut-être même Sacha était-il déjà un adulte au vue du monde sorcier. Avait-il déjà 17 ans ? Elle ne savait pas. Mais probablement. Il faudrait qu'elle lui demande la date de son anniversaire un jour... Alors, s'ils pouvaient ne pas grandir trop vite, autant en profiter. C'était lui qui avait raison... Elle sourit doucement, à présent sous lui. Si elle avait déjà transplané ? Elle hocha doucement la tête. ~†~

" Oui, une ou deux fois. Mon père m'a déjà montré comment faire.
Je dois passer l'examen cet été, pour avoir le permis. Pour tout dire... "

~†~ Elle eut un petit sourire malicieux, prenant un air conspirateur, alors qu'elle venait murmurer au creux de son oreille. ~†~

" Mr de Lansley, vous m'avez entraînée dans l'illégalité... "

… Hum… pour aller au restaurant, nous devrons le refaire… c’est juste que je sais que cela n’est pas très agréable.

Des fois, je n’arrive pas à m’en empêcher. Je viens juste de capter une pensée en 'croisant' le regard de Charlotte. Elle voudrait connaître mon âge. Ca me terrorise. Des choses aussi légères que celles-ci lui sont inconnues alors que d’autres, comme ce qui la fait murmurer plus fort que d’habitude ou l’endroit le plus sensible de mon anatomie, ne sont plus un secret.

Il va nous falloir travailler à ces connaissances rudimentaires. Pour l’instant, je n’en dis rien. Je ne veux pas l’effrayer en lui laissant comprendre que je peux lire dans ses pensées, bien que je me doute vaguement qu’elle le sache.

Je lui réponds dans le même murmur après qu’elle me dise avoir déjà transplané avant cette soirée:

L’illégalité… ? C’est probable.
Mais là, non. C’est en toute légalité que nous sommes ici, Mademoiselle Leonhart. … Mmm…?
Mais de quoi tu parlais exactement? Finis-je dans le doute d'avoir réellement compris à quoi elle faisait référence.

~†~ Charlotte fronça doucement les sourcils à sa dernière phrase. Oui, elle aurait des rides. Et ce serait de sa faute. Les garçons ne comprennent jamais rien à ce que racontent les filles... Et la théorie se vérifiait encore puisqu'il n'avait pas compris ce qu'elle avait dit... ~†~

" Ce n'est pas le fait d'être ici qui est illégal. "

~†~ Elle le repoussa, souriante, lui murmurant au passage un petit " Je t'aime. ", avant de se relever, et d'attraper sa nuisette, l'observant, l'air pensive. ~†~

" Non, ce n'est pas ça qui est illégal, c'est que tu m'aies amenée ici en transplanant.
Je n'en ai pas encore le droit, puisque je n'ai pas le permis...

Il va falloir que tu me fasses une robe, si on va au restaurant...
A moins que je me promène en nuisette... "

~†~ Un petit rire, léger, s'échappa de ses lèvres, alors qu'elle levait les yeux au ciel. Sa nuisette toujours en main, elle réfléchit l'espace de deux secondes, avant de la lui envoyer à la figure en souriant. Finalement, elle avait froid... Alors, elle retourna sous les draps, se cachant complètement sous ceux-ci. ~†~

Tu as le droit de transplaner si tu es accompagnée d’une personne ayant son permis. Je l’ai. Je l’ai passé dès que j’ai eu mes dix sept ans… ça va faire plus d’un an maintenant.

"Mon âge approximatif est casé…"

Charlotte se lève, sort du lit et attrape sa nuisette. J’affiche une légère moue déçue en cherchant dans la chambre un matériau qui pourrait servir de base à la métamorphose d’une robe sans que j’en vienne à ruiner les rideaux de la chambre quatre baguettes. Je ne vois que sa cape… noire. Cela pourrait faire une robe très sexy. Un sourire m’échappe.

Je suis mademoiselle du regard en décomposant sans gêne ses attributs, de ses cheveux bruns qui retombent dans son dos, à ses pieds qui reviennent vers le lit. Elle se love à nouveau sous les draps. Je laisse glisser la nuisette qu’elle m’a envoyé au visage, sur le sol à côté du baldaquin, et hausse un sourcil tout en ouvrant mes bras pour l’accueillir.

A cette minute, je n’ai aucune envie de sortir de là, de cette chambre, de ces murs qui effacent les empruntes du monde extérieur.

Est-ce que cela serait une aberration de demander à Miss Dollyway de décommander le restaurant pour que nous y allions plutôt demain midi? Lui fais-je en entreprenant déjà de… hum. En entreprenant sans décrire plus avant ce que j’entreprends.

~†~ Ah ? Ca, elle ne le savait pas, que l'on pouvait transplaner avec des personnes qui avaient déjà le permis. Comme quoi, à 16 ans, on a encore beaucoup à apprendre... Ainsi, il avait son permis depuis plus d'un an. Donc il avait 17 ans depuis plus d'un an, soit presque 18 ans, si elle ne se trompait pas dans ses calculs. Charlotte aurait bientôt ses 17 ans. Chose somme toute logique puisqu'ils avaient une année d'écart... Hum... Stop les calculs là, elle avait plus intéressant à faire.

Une année d'écart... Elle retint un petit soupir. C'était la dernière année de Sacha à Poudlard. Et après ? Au revoir ? Elle se mordilla doucement la lèvre inférieure, à présent dans ses bras, tandis qu'il lui demandait s'il serait correct de repousser le dîner à demain. Hum... Oui, enfin, il faisait plus que cela. En vérité, il lui faisait clairement comprendre, par ses gestes surtout, qu'il n'avait pas envie de sortir de cette chambre. ~†~

" Une aberration... Ca oui... Ce serait aberrant... "

~†~ Ces quelques mots s'étaient échappés de ses lèvres, saccadés. Son esprit était ailleurs. Ou plutôt, il n'était pas au sens des mots. Ca non, forcément, Sacha était en train de la distraire... C'était plutôt... plaisant d'ailleurs. Mais il n'en restait pas moins qu'il détournait son esprit pour lui faire dire ce qu'il voulait... Non. Ca ne se passerait pas comme cela.

A nouveau, elle le repoussa, se glissant à califourchon sur lui, un air farouche sur le visage. ~†~

" Ca ne va pas, tu te sers de mes faiblesses... "

~†~ Un baiser sur ses lèvres, furtif, avant de glisser doucement vers son cou. ~†~

" Tu vas faire quoi, après Poudlard ? "

~†~ N'attendant pas sa réponse, elle glissa sa langue sur la peau du jeune homme, avant de souffler délicatement dessus. Elle, ça la faisait frissonner. Et lui ? ~†~

Charlotte s’assoit sur moi en prétextant sans le dire, mais en le laissant filtrer à travers ses gestes, qu’elle n’entend pas les choses de cette oreille. Elle désire reprendre le contrôle. Je le lui laisse.

Ensuite, ça ne va pas du tout.

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Elle me pose une question. Question que je prends d’abord pour moindre que ce qu’elle n’y parait parce que pour l’instant tout mon esprit est centré sur ce que fait la bouche de Charlotte sur ma peau. Comment veut-elle ma réponse si elle en trouble l’élocution?

Puis un éclair me traverse. Une sorte de flash back où il y a Elinor dans un parc et ma tête sur ses genoux alors qu’elle me demande si nous nous reverrons l’année prochaine. Elle angoissait à l’idée que nous soyons séparés. Une nouvelle fois on me met face à mes aspirations… Cette question me fait doucement penser qu’on a tendance à considérer Poudlard comme une prison quand ceux qu’on a envie de voir quotidiennement se trouvent à l’extérieur. Ses remparts ne sont plus seulement des protections ou des empêcheurs de fuguer en rond… ce sont les frontières vers les Autres et les guets sont revêches à nos libertés.

Est-ce que Charlotte serait en train de penser que la frontière sera infranchissable? Qu’il nous faudra trouver de nouveaux passeports et de nouvelles feintes pour nous revoir? Tenir encore…? Hum. L’avenir. Il me fait tellement penser à un tableau inachevé. On le devine mais on a encore du mal à en voir la beauté tant il semble si loin d’être accompli.

Cette fois-ci, c’est moi qui repousse Charlotte. Je me redresse en position assise, en la gardant comme elle est à califourchon. Face à moi. Une légère pression de ma main sur son dos la fait pencher contre mon buste. Je veux savoir le changement des battements de son coeur quand elle entendra ce que je vais lui demander. Si elle me croira. Je veux son sein contre moi pour être traversé par la même sensation. Oui, il faut qu’elle me croie et qu’elle me réponde franchement.

Mon regard est sérieux mais pas grave, car ma bouche qui l’embrasse lui sourit avant de lui dire:

Dis-moi ce que tu veux que je fasse, je le ferai, Charlotte.

Sait-elle que non seulement, quoi qu’elle me dise, je le ferai, mais qu’en plus, c’est la première fois de ma vie que je me positionne en soumis attentif? Alors qu'elle ose me demander ce qu'elle désire.

~†~ ........ Ce qu'elle voulait qu'il fasse ? Il le ferait ? La jeune anglaise, à présent contre Sacha, droite, ne sut d'abord pas trop comment réagir, ni ne sut vraiment quoi répondre... Elle sentait, là, dans sa poitrine, le rythme de son coeur s'accélérer, oh juste un peu. Celui-ci restait tout de même paisible. Il le ferait. Bien...

Elle inspira silencieusement, venant poser son regard dans celui du jeune homme, tandis qu'elle s'humidifiait les lèvres, avant de se les mordre doucement. Ce qu'elle voulait qu'il fasse... De longues secondes s'écoulèrent. Malgré le sourire qu'arborait Sacha, le visage de Charlotte, lui, avait retrouvé ses traits inexpressifs. Ce n'était pas d'un simple dîner qu'ils parlaient là... Mais bien... De l'année prochaine. L'avenir. Leur avenir ? Elle ne savait pas. C'était plutôt mal parti avec ce... Ah oui. Elle ne devait pas y penser. Encore une fois, elle inspira doucement, avant de finalement prendre la parole. ~†~

" Je veux... Je veux que tu avances. Sans te retourner. Je veux que tu fasses ce que tu as envie de faire, pour tes études, ou peut-être un métier, déjà ?
Je veux que tu évolues, sans te soucier de rien. En laissant derrière-toi Poudlard... Moi.
Et je v... j'aimerais... que tu ne m'oublies pas... "

* S'il y a bien une chose que je ne veux pas être, c'est un fardeau pour quelqu'un. *

~†~ Oui, voilà ce qu'elle voulait. A peu près. Non, elle ne disait pas cela pour l'éloigner, pour lui dire de tirer un trait ou quoi que ce soit d'autre. Juste, elle ne voulait pas que les choix, la vie de quelqu'un, dépendent d'elle. C'était ainsi... Bien sûr, s'il lui disait que, non, il n'en avait pas assez d'elle, ... alors pourquoi pas ? Ils pourraient peut-être faire encore un bout de chemin ensemble. Peut-être. Mais elle ne s'imposerait pas... ~†~

Pendant qu’elle réfléchit, mes yeux se baladent sur les contours de son visage. J’ai senti la petite détonation plus forte que les autres. Cela me suffit à comprendre qu’elle réalisait que je ne blaguais pas. Commande. J’obéis. Prends tout de moi, je n’ai rien à te cacher. C’est le renoncement à la vie borgne que je mène mais plus encore, c’est le but qui me permettra de surpasser ce que je pressens de l’avenir qui se profile. Cain.

Puis elle parle et la réponse ne me satisfait pas. Parce que j’aurais voulu qu’elle me dise reste avec moi. Mais elle ne le dit pas.

Je lui souris sans expliquer ce sourire.

Je t’aime, souris-je en collant mon front contre le sien.
T’es qu’un troll aux réactions Poufsouffle quand tu aimes, mais je t’aime.

En gros, ce que je comprends, c’est que je voudrais que tu me dises de faire tout ce que je peux pour rester pas loin de toi quoi qu’il arrive, et toi… tu voudrais que ça vienne de moi… que je te dise que je resterai et que mon chemin, c’est celui où tu marches.

Parce que je ne crois pas à ces sornettes 'vis ta vie comme tu l’aimes et ne m’oublie pas'. Ma vie, je ne l’aime pas si elle n’est pas comme ce soir.

" Alors tu l'aimeras... "

~†~ La jeune anglaise sourit doucement, un petit sourire rassurant et confiant, alors qu'elle venait glisser ses mains autour du cou de Sacha. Et bien, puisqu'il voulait bien d'elle encore... Elle vint poser ses lèvres sur les siennes. Doux baiser. Pieux baiser. Mais plus chaste pour très longtemps... Car bien vite remplacé par une petite vague passionnée... amoureuse... Elle laissa son front contre le sien, gardant encore un peu les yeux fermés, souriante. ~†~

" Tu l'aimeras... Sauf si tu me compares encore à une Poufsouffle...

On y va, à ce dîner ? Ou tu préfères rester ici ? "

Ce sont des jeux d'enfants, qui me vont parfaitement bien. Dans cette pièce, il n'y a que de l'insouciance qui badine contre mon ventre en m'offrant les promesses d'un demain bien meilleur. Je souris en clignant des yeux, l'air ahuri:

C'est une menace... ai-je le temps de glisser avant qu'elle me relance pour le dîner.

Je ne réfléchis pas très longtemps. Ma décision est quasi faite.

Non. Pour être franc, je préfère profiter de toi, ce soir. Ne voir personne. Grignoter dans la panière de fruits et de sucreries qu'on nous a laissé sur la commode, si on a faim... tirer ce matelas jusque sur le balcon pour dormir dehors, car là j'étouffe...

J'espère qu'elle ne le prend pas pour elle. Elle sait que je ne peux pas rester trop longtemps enfermé à l'intérieur. Claustrophobique. Et cela empire de mois en mois.

... t'aimer une fois, deux fois... trois fois. Je ne sais pas si je tiendrai. Et aussi, essayer ce truc-à-bul’ en bas de la chambre. Tu as vu ça?

--- et demain midi, aller manger dans le restaurant, en faisant comme si de rien n'était. Ne pas chercher à nous excuser pour ce soir, car je t'avoue que je ne suis désolé de rien.

~†~ Une menace... ? Hum... Et bien... Plutôt... Un avertissement. Elle préférait ce terme. Oui, enfin non, même pas.... Que ferait-elle s'il la comparait à nouveau à une Poufsouffle ? Rien. Elle lui dirait d'arrêter, le taquinerait sûrement, mais cela s'arrêterait là... On pardonne à ceux qu'on aime, non ? Ouais.. Mais faudrait pas qu'il pousse Dumby dans les orties non plus... Bref...

Puis elle l'écouta parler, lui énoncer le programme qu'il souhaiterait, pour cette fin de soirée. Pas de dîner, mais la panière. Le matelas dehors. S'aimer... plein de fois. Mouais, ça s'était bien. Un truc à bul ? Ah non, elle n'avait pas vu... Mais, pourquoi pas ? Cela risquait d'être très... instructif. Et d'aller manger le lendemain. Elle sourit, amusée, et hocha doucement la tête. ~†~

" Eh bien, voilà un programme plus qu'intéressant...
Mais, si on met le matelas dehors, faudra que tu me réchauffes... Je ne dors jamais dehors...
Pour les bulles, je te suis. Je ne l'ai pas vu, mais ça peut être amusant.
Et pour ce qui est du restaurant demain... On pourra toujours prétexter qu'on avait mal compris... Je crois que je ne serais pas désolée non plus... "

~†~ Elle rit doucement, levant les yeux au ciel. Non, pas désolée. Pourquoi le serait-elle avec la soirée qu'ils avaient passée ? Et elle aurait encore moins de raison de l'être avec ce qui s'annonçait... Elle pencha légèrement la tête sur le côté, sur la gauche, un petit sourire angélique sur les lèvres. ~†~

" On commence par quoi ? Le truc à bulles ou le matelas dehors ? "

Mon étoile était à la Grande Ourse... 2_jacu10

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