Suite Complaisamment incomplaisante... (2)

J'aime particulièrement me sentir envahi par de belles personnes, dis-je dans un sourire qui cache une pensée érotique. Je me reprends et poursuis plus raisonnable, Je n'ai pas ce problème pour dire vrai. Je sais me rendre suffisemment antipathique pour repousser les potentielles sangsues et je n'éprouve aucun remords à mal me comporter si cela est nécessaire.

D'une main maladroite, je pars à la conquête de ma baguette. Je sors de ma poche un tissu immaculé et l'imbbe d'eau. Tissu placé sur les yeux que le referme assez vite.

J'ai arrêté de marcher et pendant que j'apaise mes yeux, je poursuis à l'attention de Jo:


Pour Cain, je ne parlais pas de vous donner à lui... mais simplement de lui faire croire que la trève est posée et qu'il pourrait être un événetuel prétendant. Calmer ses ardeurs en les acceptant. Mais ne rien donner en échange que des promesses et des paroles que vous ne tiendrez pas.

Tiens ! Un étrange couple venait d'apparaître à l’angle du couloir que Sandwi occupait. Et oui ! Elle avait encore un fois entre aperçu l’ombre d’une ombre d’Enki (puisque l'ombre elle-même semblait avoir disparu) se glisser dans la salle que refermait la porte. Cette salle était occupée, la preuve en était sa serrure qui se transformait en meurtrière lumineuse au clair de lune. De ce fait, dans l’espoir de se trouver malencontreusement face au prince charmant de son cœur, et que ce dernier veuille bien montrer le bout de son pied.

Nonobstant, c’est une toute autre ombre qui vint à la lumière.



Le clarté de la lune, impassible, faisait miroiter les pierres des nuits humides du château . Une odeur s’en échappait, celle du commencement de la fine pluie de l’aube d’un jour d’été morne.

Tantôt elle fixait la lumière frémissante de cette serrure, tantôt elle posait son front sur la vitre glacée qui faisait face à la porte, là, elle plongeait dans le vide, sentait son corps démembrer être indubitablement attirer vers le sol jusqu’à ce qu’un frémissement le traverse et le face disparaître. C’est là qu’elle ouvrait les yeux, et se retrouvait le front posé sur cette fenêtre.

Au moment où gestes devenaient automatique à l’image des plus belles mécaniques, ce couple apparu.

Elle sait qu’elle n’a rien à faire là, alors se cache dans l’ombre sous la fenêtre.

Pensée 1: Oh oh !

Pensée 2: Vite, planques-toi!

Pensée 3: Sacha??!

Pensée 4: Qu’est-ce qu’il font ?

Pensée 5: Hé ! Hé ! Hé ! (*)

(*)ndlr: Là, pour les nouveaux, c’est le rire diabolique de Dwi qui illustre à chaque fois l’émergence d’une idée lumineuse.



Dans l’extrême clarté de ses pensées, à la fois brillantes et instantanées, sur ses pattes de velours, dans des mouvements aux ralentis imperceptibles elle se place sur un piédestal absent de ces étranges gardes statufiés qui ponctue l’allée de porte face à l’allée de fenêtre.

Fière, elle l’est. Sur son piédestal, elle incarne une des grotesques positions issus directement d’une peinture du couloir voisin.



Enfin, aboutissement de sa lumière, elle attend.

Pensée jubilatoire: Hé ! Hé ! Hé !

Mais la parfaite concentration de Dwi n'en fut pas pour autant interférée.



Lorsque les deux personnes sont justes à sont niveaux…
Elle bondit, hurlement, position du samouraï qui attaque, voix dans les fantomatiques basses aiguisées.


-wwWWWWOUahHHOOOaaarrrghhhhhh ….

-ahaha! arhrhrahaha! harhahah héhéhé!

La dingue est revenue.
Je sens sa présence non loin. Où? Je ne sais pas. J'ai besoin de mes yeux encore pour compléter les certitudes que les pouvoirs du Juge m'ont pourtant conféré.

Il ne faut pas trop de temps avant que la teigne sorte de son trou. Elle crie. Je sursaute. Crétine.

Bien que mes yeux soient fermés, barricadés derrière mon mouchoir imbibé d'eau, je me tourne vers elle sans hésiter:


Je ne vous souhaite pas le bonsoir, mademoiselle la Furie. Que faites-vous dans les parages? Vous n'avez pas un pauvre garçon à menacer? A moins que je sois celui-là.

Vers Jo, en retirant le mouchoir qui m'apaisait les yeux:


Jo, voici Sandwi... qui porte le même prénom que mon animal de compagnie. Elle fait un peu office de Cain qui ne se sait pas encore pour moi, lui dis-je en souriant narquoisement Sandwi, voici Jo Campbell, guide d'un soir.

Elle se saisit de la parole, pour reprendre elle-même les présentations de la manière dont elle l’entendait. Il n’y avait pas de raison que Madame le Guide ignore les véritables raisons des rapports qui liaient à jamais Dwi et Môssieur De Lansley. Ce jeune homme c’était lui-même affublé d’une sacrée « Furie ».

Elle prit une attitude posée, austère, et un ton rogue :
-Môssieur Sacha De Lansley, garant de mes songes, fiancé arrangé d'une fille évanouie, futur père de l'enfant que je porte, je ne vous souhaite rien du tout.

Elle jeta un regard hautain, sur celle qui osait conduire ce jeune homme seule, celle qui se permettait quelques messes basses avec Môssieur et dont les natures échappaient à Sandwi. Rageante frustration, Môssieur se permet donc tant de flânerie sur la plus belle création de Dieu.
Bien.
Qu’il en soit ainsi !

Elle s’approche de ce Sacha aveugle. Sur la pointe des pieds, elle posa sur son épaule droite sa tendre main et lui glissa dans un doux souffle à l’oreille gauche :
-Comment se porte Sandwi l’Infecte ?

Elle s’illustra dans un pseudo vacillement. C’est évident, Sandwi sur la pointe des pieds, elle restait toute petite à côté de lui. Elle se ratrappa sue De Lansley, en l’enlaçant.
C’était le moment calculé rêvé pour lui rendre son péché !

Jo s'arrêta en même temps que Sacha. Il était en train de soulager ses yeux avec un mouchoir mouillé. La Poufsouffle pensait que ça serait mieux d'aller à l'infirmerie tout de même, Baten aurait sûrement quelque chose pour soulager la douleur. Mais elle ne dit rien. Elle écoutait ce qu'il lui disait. Qu'elle joue la comédie avec Cain... franchement elle ne voulait même pas, même si c'était faux, que Cain puisse croire une seule seconde qu'elle s'intéressait à lui. Et puis ça l'énervait de parler de ça! Elle allait lui répondre quand un hurlement se fit entendre.

Jo cria de surprise ainsi que Sacha. Jo se retourna immédiatement pour voir ce que c'était son coeur était en train de battre si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. La jeune fille était tout essoufflée. Son coeur reprit un rythme rapide lorsqu'elle vit leur « agresseur ». C'était une fille, elle était très jolie d'ailleurs. Elle semblait plus vieille que Jo et cette dernière ne voyait pas de qui il s'agissait. En tout cas, si c'était une blague ce n'était pas drôle. N'importe qui aurait pu la prendre pour une psychopathe.

Sacha lui la connaissait. Il fit des présentations et la présenta comme son Cain à lui...

Pense : d'accord... je vois...

Jo voulu saluer Sandwi mais elle ne lui en laissa pas le temps car elle prit la parole.

Môssieur Sacha De Lansley, garant de mes songes, fiancé arrangé d'une fille évanouie, futur père de l'enfant que je porte

Pense : QWA?? Il l'a mise enceinte??

Jo regardait les deux protagonistes avec de grands yeux tout ronds. C'était une blague ou alors c'était vraiment vrai? Mais bon... après tout ça ne la regarde pas... mais tout de même... elle serait vraiment enceinte de lui???

Elle regarda Jo de haut et avec prétention. La Poufsouffle n'aimait absolument pas ce regard.

Pense : Quoi? ... J'ai rien fait moi! Pas la peine de prendre cet air là. Je fais que le raccompagner!

Puis Sandwi se rapprocha du Serpentard et l'enlassa...

Pense : elle fait quoi là? Roh mais c'est pas vrai, Jo est là tout de même, elle va pas contenter ses hormones devant elle.

Jo s'éclaircit la gorge et demanda timidement :

- Euh ... vous voulez que je vous laisse?

Attention, Sacha est fâché.
Mettez-moi deux filles dans les pattes.
Foncièrement opposées.
Que fais-je, si je ne veux séduire ni l'une, ni l'autre?
Je fuis?
Non…

Je m'exaspère gentiment, je profite un peu, puis je fuis.

Tableau.

La première: une vierge coincée dans sa morale de petite vie serrée, de petite fille gâtée, qui se plaint d'un boulet enchaîné à ses pieds tout en repoussant une à une, nonobstant une mièvre politesse, tous mes brises fers.

Mes propositions étaient sages et de bon sens, soit dit en passant. J'avais bien dix autres solutions à ses problèmes, toutes bien moins énonçables.

"Quand on ne veut pas se soigner, on ne se plaint pas des microbes."

La deuxième: une furieuse psychopathe qui se plaint – se plaindre est une infection féminine pour laquelle j'ai là aussi deux remèdes à proposer afin de l'éradiquer. Mais encore une fois, ces deux solutions sont inénarrables. Par modération. Quelle pitié la modération!

Où en étais-je? Oui. Donc, la seconde se plaint de porter un enfant de moi. Beaucoup en seraient heureuses, je ne vois pas pourquoi, elle geint.

Elle geint et se colle à moi.
J'en fais tomber mon mouchoir.
Les yeux fermés, je me sens plus que jamais vulnérable.
Là, c'est le moment...
Fuir, vite.
Je la repousse avec délicatesse… ça ne marche pas?
Je fais un pas en arrière et me dégageant plus franchement de l'étreinte de la jeune femme.

* * *

Ici, il faut que je cesse un moment la narration. L'instant est grave. Très grave.
Pour vous faire comprendre, il va me falloir répéter une phrase que j'ai dite et que je ne dis d'habitude que lorsque je suis particulièrement malade. Et encore. Une phrase que je dis seulement lorsque que je… non… décidément, ça aussi, il me faut le taire... Quelle pitié, la bienséance!

Je disais: Je fais un pas en arrière et me dégageant de l'étreinte de la jeune femme.

A comprendre: Sacha recule.
A comprendre: Sacha, celui qui écrivait des pamphlets sur la séduction de ces jeunes demoiselles, qui pourrait monter une tante ubuesque avec les tissus de tous les jupons qu'il a soulevé, recule.
A comprendre: Sacha, l'assoiffé de chair qui s'émoustille d'ordinaire pour une cheville découverte, un baiser, un mot bleu, recule.
A comprendre: Sacha ne souhaite ni profiter de la situation, ni jouer de la situation, ni perpétuer la situation. Sacha aimerait tout simplement que le pot de colle le lâche et cesse de déverser un courant de bêtises dans les oreilles de Vierge Joséphine. Il recule d'une femme. Non. D'une folle.

"Demain toute l'école criera "Sacha a mis enceinte la petite amie d'Enki". Bravo.
Enki va me détruire."


Le fin mot de l'histoire est là: Enki.

* * *

"Elles vont me rendre marteau avec leur bonté déconcertante, avec leur dépravation abondante. Il faut que je file d'ici à tout prix."


L'infecte va très bien. Elle m'est aussi belle que tu es trop prêt de moi... recule, je lui murmure, en essayant de me raccrocher à Jo qui menace de partir.

Les fantaisies de Sandwi… Jo a l'air d'y croire. Naïve ou stupide?


Joséphine, ne partez pas… dis-je en la rattrapant instinctivement par la main. Sandwi souffre de ce qu'on appelle le syndrome de Si, en avez-vous déjà entendu parler?
"Si j'avais été sage à l'école, j'aurais appris que mentir est très vilain. Si j'avais un petit ami qui me comblait, je ne serais pas collée à un inconnu. Si j'avais pris mes précautions, je ne porterai pas un enfant dont je n'accepte la fictive existence que pour étendre ma supercherie sur la nébuleuse de mon ennui mortel. Si j'avais des choses à faire, je ne serais pas dans les pattes de Sacha…" ce genre de "si", voyez-vous?

Je viens avec vous, dis-je avec détermination, déjà dos à Sandwi que je vois comme une sorte de pestiférée. De piège dans lequel je ne tomberai jamais.

C’est ça, part ! Abandonne-moi dans ce sordide couloir !

En grande simulatrice, sur un ton de reproche larmoyant et désespéré, elle hurla ces quelques mots à travers la ligne de statues résonnantes, qui agissaient comme des grosses caisses sur la douce voix de Dwi, en l’amplifiant terriblement. Enfin, c’est un ton qu’elle avait pris comme elle en a tant d’autre dans son armoire, et ce ton, elle le faisait vachement bien.

Mais elle n’avait pas calculé la durée sur laquelle ce son vivrait. Et à sa grande surprise, il avait trainé trop longtemps pour ne pas être repéré…

Pense : Oups !

Elle prit, naturellement, l’attitude d’une femme enceinte. Vous savez ces dames qui, une fois qu’elles sont au courant de leur nouveau statut de femme enceinte, devienne d’une attention extrême auprès de leur ventre. Comme si celui-ci prenait une importance majeure dans tout leurs faits et actes.

Elle tourna le dos au couple fuyant, et quitta, de son coté tout doucement le couloir.