[TêteSang] A la recherche du temps perdu [TM]

Flash-Back

Perdue dans son éternel ennui, Elinor avait passé tout le jeudi après-midi vautrée dans un fauteuil en cuir vert qu'elle affectionnait particulièrement dans sa salle commune. Elle était plongée dans un livre moldu qu'elle avait trouvé à la bibliothèque, un roman moldu français de Marcel Proust, qui était le premier de sept tomes, constituant le coeur de l'oeuvre de cet écrivain: "A la recherche du temps perdu".

Le premier tome "Du côté de chez Swann", était tout couvert de poussière lorsqu'elle le sortit de son étagère, preuve qu'il n'avait pas été ouvert depuis un bon moment. Eli avait été curieuse de lire les noms de ceux qui l'avaient empruntés. Ils étaient onze. Le premier l'avait emprunté en 1929, alors que le roman datait de 1913 pour sa première édition. Le dernier lecteur de cet ouvrage avait éffacé son nom. Eli ne savait absolument pas comment il l'avait fait, Pince fait son maximum pour que cette tâche soit impossible... Il ou elle l'avait emprunté le 9 janvier 1976, C'était un ou une Serpentard.

Vers 18h30, alors qu'elle finissait sa lecture, un petit bout de papier tomba d'entre deux pages. Légèrement enkylosée par la position qu'elle avait gardé ces quelques heures, Eli ressentit quelques douleurs musculaires en s'étirant pour ramasser le fameux papier. Il était jauni, quelques caractères au crayon.

* T'as pas fini de souffrir quand tu seras vieille ma grande. C'est quoi ce truc? Du grec? Qu'est-ce que c'est que ce bazar??*

Elle remercia mentalement son père de lui avoir fait étudier les langues mortes, et précisément le grec et le latin... Elle venait de se trouver une activité pour le week-end à venir.

Fin Flash-back

Eli avait longuement hésité avant de choisir sa robe de sorcière. Ce pub était assez louche d'après ce qu'elle en avait entendu dire, elle n'avait donc pas osé mettre des habits moldus qui auraient risqué d'attirer l'attention sur elle.

Pendant le trajet l'ayant menée de Poudlard jusqu'à Pré-Au-Lard, elle n'avait eu de cesse que de cogiter à propos de ce bout de papier. Pourquoi du grec? Pourquoi dans ce livre? Etait-il au dernier serpentard ayant emprunté le roman?

Ce qui lui donnait le plus de difficulté était le fait qu'un serpentard ait pu prendre ce bouquin. Surtout pendant cette sombre période, emprunter un livre moldu aurait pu coûter cher à cet individu quelqu'il soit. C'était peut-être pour cela qu'il avait réussi à effacer son nom. Quoi qu'il en soit, cette personne devait être cultivée pour connaître Proust et sa madeleine. Elle aurait bien aimé le rencontrer.

Pendant qu'elle réfléchissait, Eli déambulait dans les rues du village sorcier. A cette époque, il faisait encore bon dehors, et sa robe de sorcier la gênait dans ses mouvements. Elle arriva à proximité du fameux pub. Beaucoup de choses trottaient dans sa tête à propos du message en grec qu'elle avait décrypté. Pourquoi des gobelins? Un tonneau? Tant de questions sans réponses.

Soudain, son coeur s'accéléra. Elle n'était déjà pas très rassurée de se rendre dans cet endroit, alors lorsqu'elle aperçut une élève de serpentard, elle se sentit mal. Si elle lui demandait quelque chose? Si elle était curieuse?

Draconia promenait sa longue silhouette dans les rues de Pré-au-Lard, les mains dans les poches. Elle marchait d'un pas léger profitant de la douceur du temps et de l'absence de pluie, ce qui était plutôt rare dans cette partie de la Grande Bretagne mais très apprécié. La Serpentard avait donc profité de ce week end pour se rendre dans le village sorcier. Elle avait déjà fait quelques achats, surtout pour renouveler ses stocks de fournitures. Ses sachets avaient tous subi un sortilège de rétrécissement et étaient ainsi enfouis dans une poche de sa cape.

Draconia décida qu'il était inutile qu'elle se risque à mettre les pieds dans une autre boutique ou même aux Trois Balais puisque tous les établissements étaient pris d'assaut. De plus, l'inconvénient qu'il y avait à se trouver dans un petit village était qu'on avait vite fait d'en faire le tour. Ne voulant pas rentrer tout de suite au château, Draconia emprunta une rue secondaire. Cette dernière était beaucoup plus sale que l'artère principale mais au moins, la rue était beaucoup plus calme.

Elle aperçut au loin une silhouette féminine mais elle ne ralentit pas pour autant sa progression. En s'approchant, elle remarqua qu'il s'agissait d'une fille de sa maison et avec qui elle partageait quelques cours. Elle se trouvait à proximité d'un bar. La tête de Sanglier. Draconia grimaça légèrement en observant l'enseigne. Elle représentait une tête de sanglier dégoulinante de sang sur une nappe blanche. Elle n'y avait jamais mis les pieds et elle se surprit à se demander si sa camarade avait l'intention d'y entrer.

Arrivée à son niveau, Draconia la salua alors à l'aide d'un léger signe de tête.

"Salut."

Elle jeta un coup d'œil aux vitres sales avant de tourner la tête en direction de la Serpentard.

"Si tu comptes entrer là-dedans, j'espère pour toi que tu as apporté ton propre verre…" dit-elle avec une légère moue dégoûtée.

Elle avait entendu dire qu'il était fortement déconseillé de boire directement dans les bouteilles ou pire encore dans les verres tant tout était répugnant dans cet établissement.

Draconia venait d'engager la conversation. Comme à son habitude lorsqu'elle rencontrait quelqu'un ou qu'elle lui parlait directement pour la première fois, Elinor rassembla à la hâte dans sa tête toutes les informations qu'elle possedait sur son interlocutrice: Draconia Darkus, 7ème année, rédactrice en chef du journal de l'école.

* Zut, elle m'a remarquée, bien ma veine tiens. Voyons voyons, mises à part les infos d'usages, je ne sais pas grand chose sur elle. Nous suivons quelques cours en commun mais nous ne nous connaissons pas plus que ça. Voilà l'occasion de faire connaissance.
Mon propre verre? De quoi parle-t-elle?*

- J'ai entendu dire que ce pub était aussi mitux que crasseux, mais je n'étais pas au courant que cette saleté s'étendait aussi aux verres qu'il possedait.

Elinor lança un regard autour d'elles. Il n'y avait personne dans cette rue à part elles. Le temps semblait figé, drapé dans son ineluctable fuite en avant. Un seul bruit parvenait jusqu'à leurs oreilles, celui de l'enseigne du pub qui grinçait en se balançant à cause de l'air chaud expulsé par la cheminée de l'établissement, et qui venait la bousculer dans son travail de représentation.

* Et quand bien même cet endroit serait bondé de mangemorts, la curiosité est trop forte, j'ai vraiment envie de savoir ce qui se cache derrière ce bout de papier. Et si elle m'accompagnait?*

Draconia observa, quelque peu suspicieuse, sa camarade. Elle se demandait bien ce qu'elle pouvait faire là. Mais si elle s'était arrêtée devant ce bar, c'est qu'il devait y avoir une raison là-dessous. La Serpentard ne pensait pas qu'elle voulait simplement s'y désaltérer et échapper à la foule regroupée dans les Trois Balais. Enfin Draconia, elle, n'aurait jamais choisi cet endroit pour se rafraîchir.

"Et tu as sans doute entendu dire la vérité. Les verres, les assiettes, les tables, les chaises, tout doit être crasseux. Il n'y a qu'à regarder l'état des fenêtres. Je suis certaine qu'aucun rayon de soleil ne peut les traverser."

Elle désigna de la tête les vitres toutes incrustées de saleté avant de continuer plus bas.

"Et puis, il parait que l'on y rencontre tout un tas de personnalités… intéressantes dirons-nous, à l'image du bar, quoi… Enfin, c'est ce qu'on m'a dit. Après, je n'ai jamais été vérifier et très franchement, il faudrait avoir vraiment envie d'y aller pour entrer…"

Elle réprima un frisson de répulsion en imaginant ce qu'il se cachait derrière cette vieille porte en bois. Il devait s'agir du repère de tous les ivrognes et personnes peu voire pas fréquentables. Et elle ne pouvait imaginer que quelqu'un d'un peu moins louche veuille s'y rendre pour son bon plaisir.

"Tu comptes vraiment pénétrer à l'intérieur de ce vieux bar miteux ?" finit-elle par demander interloquée.




HJ: La Juge Lara ne devrait pas boire pendant les heures de service. Son abus de drogues lui a faire commettre l'irréparable (et ce n'est pas la première bourde énorme qu'elle fait ce mois-ci, demandez à Micka Harris ce qu'elle en pense ) Bref, j'ai effacé un message d'Elinor sans faire exprès XD.... Excuse-moi tout plein Elinor Elle a dû le réécrire et le voici:



* Ben oui, j’ai bien envie d’y rentrer, mais… seule, ça commence vraiment à m’inquiéter. En plus avec ce qu’elle me dit. Bon, réfléchissons, tu n’as pas réellement envie d’y aller seule n’est-ce pas ma fille ? Non, évidemment.*

Pendant qu’Einor réfléchissait à ce qu’elle pourrait dire à Draconia pour la faire venir avec elle, un étrange spectacle s’offrit à ses yeux. Deux clients, elle supposa qu’elle pouvait les appeler comme ça, sortirent du pub. Ils portaient une longue cape noire à capuche qui tombaient sur leurs chevilles. Leur tête était recouverte de l’épaisse capuche qui terminait la cape en hauteur. On aurait dit deux spectres flottant sur le sol. Son estomac se noua avec la peur que provoquèrent en elle ces individus.

* Définitivement, je ne peux pas y aller seule. Il faut que je trouve un moyen détourné pour la faire entrer dans la combine sans lui dévoiler le véritable but de cette visite. Voyons, il faudrait un peu de flatterie, et une pointe de défi. Par fierté purement serpentarde, elle n’osera pas refuser et n’avouera pas sa crainte de ce lieu sinistre…*

Elle tourna plusieurs fois son discours dans sa tête et entreprit de lui répondre après avoir longuement regardé les fenêtres crasseuses du pub, mesurant ainsi l’ampleur du défi que constituait cette recherche.

- Disons que je trouvais intéressante l’idée d’aller voir qui sont les clients de ce pub. Je suis sûre qu’on pourrait y faire une belle étude sociologique sur le sujet. En tant que rédactrice en chef de notre journal, je suppose que tu trouverais sans doute intéressant de surprendre quelque professeur en train de boire sans modération ou quelque élève modèle préparant un mauvais coup. Je suis sûre que ce pub est plein de scoops potentiels.

Elle espérait vivement avoir fait mouche avec sa remarque.

A peine Draconia eut-elle terminé de formuler une question que la porte du bar en question s’ouvrait. La Serpentard recula de quelques pas de façon à se trouver davantage éloignée de la porte. Ce n’était pas qu’elle avait particulièrement peur mais elle ne voulait tout simplement pas entrer en contact avec les deux misérables qui venaient de sortir.

Bien qu’ils se trouvaient à une distance suffisante de Draconia, une forte odeur de vapeur d’absinthe mélangée à elle ne savait trop quoi se dégageait des deux étrangers. Fort heureusement, ils ne leur prêtèrent pas la moindre attention. Enfin, ce n’était pas comme s’ils pouvaient voir quoi que ce soit avec leur capuche. Draconia les regarda s’éloigner, une légère moue écœurée sur les lèvres.

Ils venaient de confirmer l’avis qu’elle s’était fait sur les habitués de ce vieil établissement poisseux. Elle reporta son attention sur Elinor qui ne lui avait toujours pas répondue mais qui semblait plongée dans la contemplation des fenêtres encrassées.

Lorsqu’elle parla enfin, Draconia ne pouvait s’empêcher d’afficher un air septique. Elle n’avait pas répondu directement à sa question mais Draconia comprit que si elle désirait entrer à l’intérieur, elle ne voulait pas le faire seule.

La Serpentard prit le temps de réfléchir. Elle pourrait toujours décliner poliment l’invitation et invoquer une excuse. Mais Draconia avait ressenti comme une pointe de défi face à la suggestion de sa camarade. Et Draconia ne voulait surtout pas perdre la face devant Elinor et ainsi avouer ou laisser penser qu’elle était quelque peu craintive à l’idée de franchir cette porte.

« Mouais… » commença-t-elle en haussant les épaules, pas très convaincue. « Tu as sans doute raison. »

En y réfléchissant bien, cette idée n’était peut être pas si mauvaise. Et si elle se l’avouait à elle même, se rendre à la Tête de Sanglier avait quelque chose d’excitant. Il n’était pas interdit de s’y rendre mais il n’était pas fortement recommandé d’y aller non plus. Alors, pourquoi pas, se dit-elle. Et puis, on ne sait jamais qui on pourrait croiser…

« Très bien, je te suis. » lança-t-elle à sa camarade.

Elle rabattit sa capuche sur sa tête de façon à ce qu’une grande partie de son visage soit caché. Elle ne désirait pas spécialement qu’on la reconnaisse et de toute façon, elles se devaient de passer inaperçues. Inutile d’attirer l’attention de vieux ivrognes trop curieux. Et puis, il était possible que le fait d’entrer encapuchonnées était une coutume propre à ce pub…

« Inutile de briser les usages locaux… » expliqua-t-elle

Elle attendit donc qu’Elinor fasse le premier pas et ouvre la porte. Après tout, ce n’était pas Draconia qui avait eu pour idée d’effectuer « une étude sociologique. » … Il ne s’agissait en aucun cas d’un acte de couardise, bien sûr.

* Je pense qu'elle n'est pas sotte et qu'elle se doute bien que je ne demande pas à devenir la nouvelle Bourdieux . Mais bon, ça a marché, le plus dur reste à faire à présent. Trouver ce qu'il y a sous le tonneau... non rectification, trouver le tonneau. Allez un peu de courage.*

Elinor rabattit la capuche sur sa tête pensant elle aussi qu'il s'agissait d'une coutume. Son visage était à présent dans l'ombre de sa capuche. Elle regarda Draconia qui ressemblait à présent autant à un spectre que les deux clients qui étaient sortis du pub tout à l'heure.

* Parfait! *

- Allons-y, fit-elle laconique.

Lors des premiers pas, l'angoisse avait cédé la place à l'excitation et à la curiosité. A présent qu'elle n'était plus seule dans son entreprise, Eli se sentait regaillardie. Elle arriva finalement près de la porte, qui s'ouvrit seule. Eli sursauta et se fit bousculer par une espèce de grande chose quidevait mesurer presque deux mètres, la tête penchée en avant pour éviter l'encadrement de la porte. Cette même tête, certie d'yeux louchant et bêtes frôla celle de la jeune fille qui faillit défaillir. La "chose" la bouscula au passage sans s'excuser et continua ssa route dans la rue.

* Nom d'un chaudron de taille trois! C'était quoi ça?*

Eli n'avait pas regardé si Draconia suivait derrière, mais son instinct lui disait qu'elle était là. Elle ne voulait pas lui montrer le vent de panique qui avait soufflé sur ses entrailles après cette rencontre impromptue. Elle ne se retourna donc pas. Quand elle regagna un peu de sang froid, une chose lui sauta au nez: un odeur nauséabonde. Le plus sincèrement du monde, elle n'aurait su dire s'il s'agissait d'une odeur de bouc doré à poils longs, de sueur d'un troll des montagnes bulgares, ou smplement, l'addition des odeurs corporelles de tous les clients du pub.

Draconia approuva intérieurement le fait qu'Elinor ait également rabattis sa capuche. De cette façon, elles pourraient plus facilement se fondre dans la masse des clients. Au signal de sa camarade, Draconia prit une profonde inspiration. Elle ne pouvait plus reculer désormais.

Pourtant, la Serpentard recula de deux pas en voyant une espèce de Troll des cavernes sortir du pub. Elle tourna rapidement la tête sur le côté en attendant qu'il daigne s'éloigner. Cette irruption soudaine avait fait baisser d'un cran sa confiance en elle et augmenter son appréhension. Il y en avait encore combien de ce genre à l'intérieur ?

Constatant que sa camarade n'avait pas changé d'avis et ne semblait pas s'être laissée déstabilisée par l'apparition du… de la chose affreuse et effrayant qui était sortie du bar, Draconia se rasséréna du mieux qu'elle put et suivit Elinor à l'intérieur.

Elle retint une exclamation répugnée lorsque l'odeur ambiante parvint jusqu'à ses narines. Il devait s'agir d'un mélange de bouse de Dragon et d'œufs de Doxys pourris parce qu'elle n'avait senti quelque chose d'aussi infecte. Elle espérait que cette senteur épouvantable n'allait pas s'imprégner dans ses vêtements. Elle rapprocha discrètement sa cape de son corps.

Elle jeta rapidement un regard circulaire à l'ensemble de la salle étonnement petite. Quelques tables étaient occupées, beaucoup trop au goût de Draconia. Elle ne se prit pas le temps de dévisager les différents clients mais chercha une table libre où elles pourraient s'installer.

Elle sursauta légèrement en entendant la porte claquer violement le tout suivi d'un grognement incompréhensible. Un simple regard de biais lui confirma qu'un client s'était levé pour refermer la porte qu'elle avait laissée entrouverte, sans doute irrité par l'air frais et la luminosité qu'avait apportés leur arrivée... Alors, elle avança jusqu'à se trouver à côté d'Elinor parce qu'elles n'allaient tout de même pas rester debout au milieu de la salle.

"Tiens, on a qu'à s'installer à cette table là bas." Murmura-t-elle en lui désignant un emplacement situé à leur droite.

Le claquement de la porte scella leur avenir pour quelques dans ce triste endroit. Elinor se sentit rassurée par la présence de Draconia. Elle n'en menait pas large et se demada quelle sorte de fou avait pu découvrir ici un pasage secret en rapport avec les Gobelins sous le tonneau de bièraubeurre.

- Non, pas celle-là, elle est trop loin du bar. Prenons plutôt celle-ci si tu n'y vois pas d'inconvénients. Il suffit juste de passer entre ces deux... enfin, ces deux... femme? Si on peut dire, ce n'est pas loin, viens. Ecoute, j'ai besoin d'être installée près du bar, je t'expliquerai.

En face d'elles se tenaient deux choses bizarres, des femmes apparemment. Elles étaient difformes, portaient des robes rapiécées de partout, et extrêmement sales. L'une d'entre elles avaient des cheveux bleus argentés, ou peut-être gris mais enfouis sous une épaisse couche de produit bleu. Ils descendaient de sous un immense chapeau noir, qui avait l'air aussi vieux que le Choixpeau de poudlard.

* Un contemporain sans doute?* pensa-t-elle en souriant.

L'autre, assise en face d'elle, était aussi grosse que la première. Sans exagérer, leurs chaises n'en pouvaient plus de les porter, et le plancher sous elles semblait s'affaisser! De la seconde, le nez dépassait d'un petit chapeau beige, enfin, à l'époque où elle l'avait acheté, il avait dû être beige. Les deux morceaux paraissaient parler à un crâne posé sur leur table. De leurs verres remplis d'absythe se dégageait une vapeaur verdâtre.

* ça aurait été plus simple de prendre la table de droite!*

Eli attrapa la cape de draconia et la tira vers elle pour lui faire signe de la suivre.

-Non, pas celle-là, elle est trop loin du bar

*C’est justement pour cela que je l’ai proposée !* pensa-t-elle en lançant un regard incrédule à Elinor.

La Serpentard se demanda pourquoi elles devaient absolument s’installer si près du bar. Draconia, elle, voulait rester à l’écart de tous ces êtres bizarres et répugnants. D’ailleurs, assis sur un haut tabouret au bar, se tenait une espèce de momie tout droit sortie d’un tombeau. Elle ne le voyait que de dos mais son crâne était enroulé de bandages tâchés et à moitié défaits. Sa longue cape noire était d’ailleurs couverte d’une fine couche de poussières et de toiles d’araignées.

Et Elinor voulait s’asseoir à proximité de ça !

-Prenons plutôt celle-ci si tu n'y vois pas d'inconvénients.

*Un peu que ça me dérange !* songeait-elle alors qu’elle répondait d’un ton qui se voulait nonchalant :
« Non, pas du tout… »

Elle tourna la tête en direction des deux vieilles sorcières et grimaça une nouvelle fois. Elle trouvait que cette idée était de plus en plus mauvaise alors qu’elle observait les pattes des chaise qui semblaient plier sous le poids des deux… femmes.

« Tu as intérêt à avoir une bonne raison… » marmonna-t-elle à l’intention d’Elinor alors que cette dernière tirait sur sa cape.

*C’est bon, j’arrive…*

Elle déglutit difficilement en tentant d’adopter une démarche assurée. Bizarrement, elle ne parvenait pas à garder la tête haute. De plus, sa gorge la piquait à cause des vapeurs qui se dégageaient des verres des deux clientes. Si elles restaient trop longtemps dans ce bar, Draconia était sûre qu’elle en ressortirait légèrement éméchée tant les odeurs d’alcool étaient fortes.


La Serpentard suivit donc Elinor. La distance qui les séparaient de leur table n’était pas très importante mais Draconia avait l’impression qu’elles devraient parcourir des kilomètres. Elle avança en poussant doucement Elinor, invitation silencieuse à se dépêcher. En passant derrière la sorcière aux cheveux bleus, Draconia retint sa respiration mais elle aurait juré avoir entendu la chaise grincer… Elle n’y prêta pas davantage d’attention et continua sa progression.

Un fois cet obstacle de taille passé, la Serpentard laissa sa camarade décider de l’endroit où s’installer. Elle ne savait pas trop ce qu’elle prévoyait de faire et Draconia s’attendait au pire….

De bon gré ou par pure fierté, Draconia accepta. Elle avança vers une table située juste à côté du bar, de l'endroit où on y entrait plutôt. Les vapeurs d'absynthe diluèrent le dégoût que lui inspira l'homme-momie accoudé au bar. En apercevant la poussière et quelques araignées se reposant tranquilement dans les toiles qu'elles avaient tissées, Elinor se demanda:

* Peut-être qu'il est mort et que c'est ça qui pue?! Non, va, quand même! Quoi que, la rigidité de sa position... Arrête, t'es dégueulasse, t'as jamais intérêt à boire de ce truc vert toi! penses-y!*

Alors que les jeunes filles arrivèrent à leur table, les deux éléphantes se levèrent pour sortir. Chacun de leur pas fit trembler les verres entreposés sur des étagèrent aussi sales qu'eux. Eli enleva sa capuche et s'assit en assistant au spectacle. Lorsqu'elles claquèrent la porte, un nuage de poussière se souleva. Eli poussa un long soupir. Assise à la table qui collait à ses manches, elle sortit de sa poche intérieure le fameux bout de papier qui l'avait poussée à venir ici.

- Voilà la raison de ma mprésence ici. J'ai trouvé ce papier qui a été visiblement écrit par un serpentard en janvier 1976. Tiens, tu comprends le grec ancien? Il ou elle y fait état d'un passage secret et de gobelins. Ce passage se trouverait sous le tonneau de bièraubeurre. J'ai fortement envie de trouver ce passage et voir où il mène.

Elle lui tendit le papier et attendit patiemment qu'elle lui dise ce qu'elle en pensait.

La perspective de devoir boire quelque chose provenant de ce pub était loin d'être excitante pour Elinor. Cependant, elles ne pouvaient par rester les bras croiser à fureter du regard les tonneaux pour deviner sous lequel d'entre eux se tenait le passage. Alors oui...

- Hélas. Si nous ne consommons rien il risque au mieux de nous mettre à la porte, au pire de venir rôder près de nous pour en savoir davantage sur ce que nous faisons ici. En plus, ça fera couleur locale si on boit dans un verre de la maison.
On pourra toujours les nettoyer grâce à un sort.

Eli appela le barman en lui faisant un signe de la main. Le vieux bonhomme se déplaça vers les deux étudiantes en boitant. Rien que son regard n'était pas net.

* Il me file des verrues de dragon rien qu'en le regardant. Il vaut mieux cent fois regarder Rosemerta dans les yeux... Non mais c'est pas fini oui, concentre-toi maintenant! Je t'en foutrai moi, de penser à ça maintenant!*

Avant qu'il n'arrive jusqu'à elle, Elinor eut juste le temps de glisser quelques phrases à Draconia.

- D'après ce que j'ai cru comprendre, les Gobelins avaient le siège de leur organisation secrète ici. Certainement au bout d'un passage. Peut-être trouverons-nous cette salle?

Le pervers arriva droit sur les filles et leur demanda d'une voix étrange ce qu'elles voulaient. Décidément, tout était étrange dans ce pub.

- Une bièraubeurre s'il vous plaît.

* Beurk, beurk, beurk, beurk, beurk et ... BEURK !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! *

- Sans vouloir mettre en question mes talents de séduction, je ne préfère pas les exercer envers ce, enfin cette, ce vieux truc quoi. Non mais quelle idée!!!!

Le barman arrivait vers elles avec les deux verres pleins. Elinor faisait turbiner son cerveau au maximum, ce faisant, elle aperçut la porte des toilettes à côté du bar. Il fallait se servir de ça mais comment? Elle voulait bien se charger du vieux machin, mais encore fallait-il le garder assez de temps pour cela.

* Je me demande comment il a dû faire à l'époque... Etait-il seul? Connaissait-il le serveur? Oh, je crois que ça y est...*

Le viel homme arriva enfin à leur table. Il déposa les deux verres et leur tendit un morceau de parchemin avec l'addition. C'était l'occasion rêvée... Avant de tenter quoi que ce soit, Eli regarda attentivement les deux verres. Il allait falloir qu'elle ingurgite ça... A l'intérieur du verre, flottaient de drôles de petites choses noires, on aurait dit des insectes... Ils essayaient de se débattre dans la mousse. Les verres quant à eux, étaient opques de saleté. La réputation de l'établissement n'était pas surfaite.

- Je vais vous régler desuite, mon amie veut aller aux toilettes...

D'un mouvement de tête très disgracieux, il désigna l'endroit. Pendant ce temps, Elinor sortit sa bourse et se mit à chercher la monnaie, lentement, très lentement, en cherchant les plus petites pièces pour pouvoir régler...

Elinor venait tout juste de finir de vider les dernières mornilles de sa bourse. Elle avait posé sur la table tout un tas de petites pièces. Pour tenir l'attention du vieux dégoûtant sur elle, il lui avait fallu employer mille ruses, cependant, là, elle était à cours d'idées...

- ... Vous comprenez, je sais très bien que quand on est commerçant, on a toujours besoin de monnaie. Ma tante qui possédait une boutique sur le Chemin de traverse m'envoyait toujours chercher des rouleaux de monnaie chez Gringott's... Cent fois j'ai dû parcourir cette rue toujours bondée... Ah la la, tant de souvenirs...

Elle continua à déblatérer son discours en essayant de voir où en était Draconia. Sans faire de mouvement brusque, elle cherchait le meilleur angle de vue sans attirer l'attention sur sa camarade.

* Depuis quand j'ai une tante moi? Et marchande en plus... Pour vu qu'il ne me pose pas de questions sur ce soi-disant magasin! Et s'il s'imaginait que je le drague?! Non, tout mais pas ça!!*

Pendant son petit jeu, Eli aperçut quelqu’un taper sur l’épaule de Draconia qui était penchée… Elle commença à réfléchir à toute vitesse pour faire diversion. Malgré toute sa meilleure volonté, rien ne lui venait à l’esprit. Elle commençait à se résigner lorsqu’un client se fit entendre derrière elle. Il avançait apparemment à pas rapides, il ne lui en fallut pas plus. Elle mit opportunément son pied en travers de son passage et le fit tomber. La personne derrière Draconia rappliqua pour l’aider, le barman aussi, et Elinor se confondit en excuses devant un espèce de monstre. Un gros sorcier barbu, à la tignasse orange feu, il était répugnant par son odeur.

Eli fut prise par un vnt de panique quand l'homme se releva. Il avait deux têtes de plus qu'elle et semblait tremblant de rage.

La première chose qui vint à l'esprit de Draconia fut que la main posée sur son épaule n'appartenait pas à Elinor. Un rapide coup d'œil sur le côté lui confirma cette pensée à moins que sa camarade ait de très très gros doigts avec des ongles encore plus sales…

Mais avant que la Serpentard ait pu faire le moindre geste, elle entendit un grand fracas derrière elle. Aussitôt, le poids sur son épaule s'estompa à son plus grand soulagement. Elle n'avait aucune idée de ce que cet homme lui voulait mais elle n'était pas mécontente de ne pas le découvrir.

Elle tourna la tête en direction du raffut et écarquilla les yeux. Apparemment, Elinor était à l'origine de l'incident qui venait d'avoir eu lieu. Draconia y vit une manière d'effectuer une sorte de diversion et d'attirer l'attention sur une personne autre que la Serpentard. Le problème était que la 'victime' d'Elinor était une espèce d'orang-outan qui semblait passablement énervé.

Deux choix se présentaient à Draconia : soit elle allait aider sa camarade et faire ainsi preuve d'inconscience parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait faire. Soit elle profitait du fait que plus personne ne faisait attention à elle et continuait ce qu'elle avait commencé…

Cruel Dilemme…

Elle choisit de penser que si Elinor avait fait cela, c'était parce qu'elle avait sans doute une idée derrière la tête et qu'elle avait eu le temps de tout prévoir. Après tout, on ne risquait pas de provoquer un molosse six fois plus gros que vous sans envisager les conséquences d'un tel acte. Ce n'était pas comme si elle avait agit sous impulsion pour aider Draconia…

Sa décision prise, la Serpentard lança un dernier regard à Elinor avant de reprendre là où elle s'était arrêtée. Elle regarda le sol où une épaisse couche de poussière s'était accumulée et se dit que si elle désirait trouver une quelconque trappe, il lui faudrait se salir…

*Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire…* songea-t-elle en soupirant.

Se trouver à quatre sur un sol qui n'avait pas connu un seul coup de balai depuis des décennies était plutôt une situation embarrassante. Le point positif était que tout le monde serait trop occupé de côté d'Elinor pour se préoccuper d'elle. Elle avança donc lentement en tâtant le sol du bout des doigts.

Au bout d'un moment, la main de la jeune fille entra en contact avec un morceau de cordelette qui semblait rattaché à une planche du sol. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire triomphant. Elle ne tira pas dessus. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait mais elle préférait que ce soit Elinor qui s'en charge. Après tout, cela semblait tenir à cœur Elinor et elle méritait bien cela.

Le problème qui se posait à Elinor à ce moment précis était tout à fait nouveau pour elle: elle avait agi pour aider sa camarade, mais elle n'avait pas réfléchi aux conséquences! Elle qui était réputée pour être réfléchie se trouva fort dépourvue quand la chute fut venue.

* Quelle grandeur d'esprit! Et quelle stupidité aussi! Maintenant, j'en ai trois dont il faut que je me défasse. Aide ton prochain, aide ton prochain, voilà ce qui arrive après. Par la bave d'une chimère, il faut que je trouve quelque chose...*

Elle jeta un coup d'oeil, Draconia semblait avoir trouvé quelque chose par terre, il fallait dégager. Mais comment? Le gros truc orange proférait diverses insultes à son égard, et les deux autres n'avaient pas l'air plus commodes.

* Réflichissons, un Malabar, un vieux vicieux, et un illustre inconnu aux ongles sales. Qu'est-ce que je peux faire avec ça? ... Je crois que j'ai une idée. Je ne sais pas si elle est luminause, mais c'est la seule que j'ai en stock!*

- Je veux bien vous avoir fait du tort, mais je ne suis pas la seule responsable, dit-elle sans se démonter en croisant les bras.
Si cet endroit était un peu mieux tenu, l'honorable clientèle que nous sommes et qui fait l'honneur à ce vieux imbécile d'être à ses tables n'aurait pas à se déplacer comme un serpent entre les tables pour circuler.

Elle se leva pour appuyer sa démonstration. Son coeur battait à tout rompre et son sang se glaçait dans ses veines sous l'effet de la peur mêlée à l'excitation. Elle chercha et aperçut Draconia

- Regardez donc! Vous ne trouvez pas que j'ai raison?

Le vieux barman énervé voulut giffler la jeune fille qui se baissa et esquiva le coup. Il attérit sur la joue du molosse qui vira de l'orange ou rouge, et balança une droite au vieux endisant que la petite avait raison... Eli profita de l'orage pour filer vers Draconia en espérant qu'elle avait trouvé quelque chose. Le troisième homme, tentait à présent de séparer les deux premiers et oublia les deux étudiantes.

- Alors? chuchotta -t-elle.

Draconia, toujours accroupie sur le sol, releva la tête en direction d'Elinor qui venait de la rejoindre. Elle n'avait perçut que des bribes de conversation mais visiblement sa camarade avait su se dépêtrer de la situation plutôt délicate dans laquelle elle s'était mise.

"Bien joué !" lui murmura-t-elle en lui faisant signe de s'abaisser. Elle espérait intérieurement qu'Elinor ne lui en veuille pas de ne pas être intervenue.

Maintenant que les vieux vicieux étaient trop occupés à se battre comme de vulgaires moldus, elles pourraient atteindre leur but sans risquer de se faire prendre. Finalement, Elinor avait eu une excellente idée. Draconia qui avait été un peu septique quant à la technique choisie, n'avait désormais plus aucun doute et sa camarade méritait bien sa place dans la maison de Salazar.

Une fois qu'Elinor fut à ses côtés, Draconia lui désigna le morceau de corde qui dépassait du sol.

"Regarde ce que j'ai trouvé. Je pense que c'est ce que nous recherchons. Je te laisse l'honneur de tirer dessus."

Même si les vieux affreux ne faisaient pas attention à elles, Draconia préférait continuer à parler très bas. Maintenant qu'elles en étaient débarrassées, il n'y avait aucune raison pour qu'elles se fassent remarquer.

Draconia se décala légèrement afin de laisser suffisamment de place à sa comparse pour qu'elle puisse ouvrir cette fameuse trappe. Elle gardait les yeux rivés à cet endroit, une étincelle mêlée d'impatience et d'excitation les illuminant.

Encore secouée par la peur qui lui tiraillait les entrailles, elle se contenta de hocher la tête lorsque sa camarade lui fit un compliment. Elle avait l'impression de trembler de tous ses membres. Ses yeux brillaient du même éclat que ceux de draconia lorsqu'elle vit la ficelle. Il n'y avait pas de temps à perdre, les trois rigolos de derrière allaient bientôt s'apercevoir de l'absence des jeunes filles, il ne fallait pas traîner.

Elle ne se fit donc pas prier pour tirer dessus. Un grincement strident se fit entendre et un carré de parquet disparut par enchantement. On entendit un Schouf. Un nuage de poussière remonta à la surface, et se répendit au-desus du bar, ce qui attira les trois trolls.

- Dépêche!

Elle sauta dans le trou rempli d'obscurité en entendant les hommes se rapprocher. Elle fit une chute curieusement bien amortie. Elle était dans le noir total. A en juger par le petit puit de lumière qui se trouvait quatre mètres au-dessus d'elles, Elinor resta stupéfaite.

- Ce n'est pas possible que je ne me soit rien cassé! Je ne comprends pas. Draconia, saute!

En attendant sa camarade, elle essayait de regarder autour d'elle, mais bien que ses yeux se soient habitués à l'obscurité, elle n'y voyait toujours rien. Elle alluma sa baguette avec un Lumos et resta émerveillée par l'ingéniosité de ce qui avait amorti sa chute.

- Bigrement intelligent!