Correspondance [ pv moi ]

Léa arriva à la volière son sac à l’épaule, elle entra essayant de ne pas glisser sur les fientes déposées au sol. Elle observa les hiboux un à un. Tous dormaient.

"Génial ! bon allez on va prendre celui-là, il est à ma portée… "

Léa se glissa près du hibou et le caressa doucement pour ne pas le brusquer. Une fois réveillé, elle attacha sa lettre et l’aida à prendre son envol au dehors. Elle se pencha à l’ouverture qui servait de fenêtre et observa le paysage. Malgré l’air frais, les rayons du soleil qui passait par les fenêtres chauffaient le sol. Elle repensa à sa lettre et espérait que sa cousine lui répondrait avec sincérité. Elle avait rédigé sa lettre la veille dans la bibliothèque, l’avait oublié dans son sac et s’était remémoré son existence le matin en l’ouvrant. La lettre contenait ceci :

A Laurène,
J’espère que tu te porte bien, toi ainsi que toute ta famille. J’espère également que tes études se déroulent bien et que ta vie en Russie te plait. Il s’est passé beaucoup de temps depuis que je t’ai écrit, je me suis dit que l’occasion était venue à nouveau de correspondre, la famille étant quelque chose d’important. Par ailleurs, j’espère que tu as réussi comme moi à surmonter ta tristesse éprouvée lors de la perte de notre grand-mère, Louisa. C’est à ce propos que je t’écris. Je sais que tu l'as connu mieux que moi et je me demandais si par hasard, tu ne connaîtrais pas le principe des bracelets de naissance, il me semble que ta sœur et toi en aviez eu aussi avec des émeraudes au lieu de l’améthyste. Le mien me joue des tours et je me disais qui mieux que toi pourrait me renseigner. D’autre part, je me demandais, si grand-mère n’avait pas connu une certaine Lys Marin ? J’en ai entendu parler vaguement, et je me suis demandé si par le plus grand des hasards tu ne la connaîtrais pas aussi. J’espère que tu passe une agréable semaine, je t’embrasse dans l’attente de ta réponse.
Léa

Elle avait un peu exagéré les termes de gentillesses, mais on n'attrapait pas des doxys avec du vinaigre. Elle se contrefichait totalement du bien-être de sa cousine et de celle de sa famille, mais en l’occurrence elle n’avait pas trop le choix. Elle quitta la volière, elle y reviendrai pour sa réponse un autre jour.

Deux jours plus tard Léa recevait une réponse, elle la lisait dans la volière, seule. La réponse de Laurène était aussi agaçante que Léa s’y était attendue. Contrairement à elle, la jeune Russe, ne s’était pas gênée pour exprimer son antipathie à travers toute sa lettre et bien sûr ne lui avait laissé que des réponses pas très utiles ou presque. Léa devrait examiner sa lettre avec attention et lire entre les lignes pour comprendre les propos de sa cousine.

A Léa,
Il est amusant de voir comment tu deviens sympathique à mon égard quand tu as besoin de moi. Oui il s’est passé pas mal de temps depuis qu’on s’est vu ou écrit la dernière fois. Si je calcule bien cela fait tiens !… Deux ans ! Cela coïncide avec la mort de grand-mère. Dans le fond, il n’y avait qu’elle qui maintenait le lien entre nous. Mais elle t’a toujours préféré à moi, tu étais la petite dernière et moi, je ne comptais pas autant. Le principe des bracelets ? Bien sûr que je le connais, c’est grand-mère qui les a fait réaliser à notre naissance. Nos noms sont gravés en dessous des pierres et ne peuvent pas être effacés. Je pensais pourtant que tu le savais. Tu n’as pas beaucoup de mémoire ! Le tiens te joue des tours ? Laisse moi deviner ! Ce n’est pas ton nom qui est écrit sur le bracelet, c’est cela ? Oui, je me doutais bien que ça arriverait un jour… au sujet de Lys Marin ? Peut-être… mais pourquoi ne pas te renseigner auprès de ta mère ? Je suis sûre qu’elle se ferait une joie de te répondre ! Moi j’espère que tu vas passer une affreuse semaine, mais pour ça je ne m’inquiète pas. Si tu fais appel à moi, c’est qu’elle ne doit pas être joyeuse !
Laurène

Léa soupira, ça ne s’arrangerait jamais entre elles. Les rivalités de l’enfance persistaient, elle ne pourrait pas lutter contre. Ce qui décevait Léa, c’est que les réponses qu’elle lui donnait, elle les connaissait déjà. Laurène profitait de sa position pour agacer Léa. Elle devrait faire avec. Pourtant Laurène avait pris la peine de lui répondre, Léa gardait espoir. Peut-être qu’elle en savait plus que ce qu’elle laissait supposer. Léa allait rédiger une autre lettre à son intention.

Léa entreprit donc de rédiger de son écriture fine, une nouvelle lettre. Oui ça devait surprendre, Léa n’avait jamais écrit autant à sa cousine, d’une part parce qu’elle se détestait, et d’autre part, parce que Léa avait horreur d’écrire du courrier. Elle passa les formules de politesse qu’elle avait mise dans sa première lettre pour en venir direct au sujet qui l’intéressait.

A Laurène,
Tu pourrais au moins faire l’effort de m’aider, même si nos rapports ont toujours été tendus. Bien sur que je connais le principe des bracelets, enfin globalement… je voulais juste savoir si les noms gravés pouvaient être modifiés, à un moment donné. Tu sembles savoir ce qui est arrivé à mon bracelet, tu pourrais peut-être m’expliquer ? Quand à mes parents, tu dois te douter tout de même qu’avant de te contacter j’ai fait appel à eux. Et donc, comme je n’ai pas eu de réponses de leur part à ce sujet, il a fallu que je t’écrive. Tu est la dernière personne à qui j’avais envie de demander des renseignements, mais en désespoir de cause je n’ai pas eu tellement le choix. Il va falloir mettre un peu ton ressentiment de côté toi aussi, cela pour m’aider un peu. Merci.
Léa

Elle avait été sèche dans sa lettre, mais c’était retour à l’envoyeur. Elle espérait que cette fois sa cousine ne tournerait pas autour du pot. A croire que c’était de famille ! Elle accrocha la lettre à la patte d’un hibou et l’envoya remplir sa mission, puis elle redescendit vers sa salle commune, finir d’éventuels travaux.

Deux jours plus tard à nouveau Léa recevait la réponse de Laurène. Les réponses arrivaient tellement vite que Léa se demandait si Laurène travaillait vraiment dans son école en Russie. Enfin elle n’allait pas s’en plaindre, au moins elle ne perdait pas de temps, quoique… à la lecture du contenu de la lettre, elle n’y gagnait pas en informations.

A Léa,
Je ne vois absolument pas ce qui m’oblige à t’aider, ce ne sont pas mes affaires. Débrouille-toi avec ton fichu bracelet, on t’a expliqué le fonctionnement auparavant, si tu n’es pas capable de t’en souvenir c’est tant pis pour toi ! Pour tes parents je m’en doutais. Il fallait de toute façon que cette vieille histoire refasse surface, les gens ne disparaissent pas comme ça. Ensuite tu n’es pas très clair dans la fin de ta lettre ! Je ne vois pas pourquoi je mettrais mon ressentiment de côté, ce n’est pas moi qui suis dans la bouse ! Maintenant tu vois la première raison qui me pousse à ne rien te dire, ce n’est pas mon ressentiment pour toi, je n’ai pas le droit de t’aider un point c’est tout ! Tu serais gentille à l’avenir de ne plus me poser de questions sur cette histoire !
Laurène

Léa pesta intérieurement.

" je t’en ficherai moi des réponses comme ça ! attends un peu d’avoir besoin de mon aide ! "

i elle avait eu Laurène en face d’elle, elle l’aurait étranglé. Enfin façon de parler, Laurène était plus âgée et plus grande qu’elle. Elle en avait assez des caprices de sa cousine, Laurène ne voulait plus qu’elle lui écrive, bien elle ne l’embêterait plus. Jusqu’à ce que dans deux ans à nouveau, elles éprouvent le besoin de s’écrire. Mais Léa oubliait que cette histoire ne s’arrêterait pas comme ça et que de nouveaux éléments l’obligerait malgré tout à reprendre contact avec sa cousine.