Couple 10: Sambre des Lys - Isis Kitlee

Des Lys s'assit par terre à côté d'Isis, dans l'herbe grasse et parfumée. Il entendait une mélodie qui lui rappelait Elsa, de septième année.

Pourquoi n'avait-il pas gardé le contact avec elle? Il avait bien aimé Elsa. Elle n'était pas la plus jolie de Beauxbâtons mais elle était une des plus douées de sa maison. Omniarose. Maison qui ne trouvait pas d'équivalent à Poudlard.

La jeune fille, qui s'était prise d'affection pour l'élève d'Audacens de deux ans son cadet, apaisait souvent les élans tapageurs de Sambre après qu'il se fût fait punir si souvent pour ses prouesses en matière de métamorphose – à l'époque, Sambre aimait beaucoup métamorphoser les chevaux de Beauxbâtons en kangourous bleus ou transformer les robes de sorciers des filles en filet du diable. Malgré tout, il trouvait toujours ses punitions injustes. Après tout, ne démontrait-il pas d'un intérêt et de capacités particulières pour la magie des métamorphoses?

La majorité du temps lui et son groupe d'amis avaient pour punitions des week-ends entiers de grands nettoyages des salles de cours d'Omniarose. Il s'agissait de la maison des créatifs. Peinture, sculpture, sport, menuiserie... donc le rangement était synonyme de copeaux de bois et de pierre, tâches de gouaches et encres magiques ineffaçables, épreuves de photos à classer, serviettes des vestiaires à lessiver. Sambre essayait toujours d'avoir la responsabilité du ménage de la salle de divertissements. Il savait qu'il y trouverait Elsa assise derrière son piano, en train de créer de nouvelles mélodies. Passer la serpillère en écoutant Elsa jouer était devenu sa punition favorite.

Avec le temps la jeune fille avait compris que Sambre se débrouillait toujours pour s'occuper de cette salle durant ses heures de colle. Elle trouva cela adorable et lui apprit à jouer. Plus tard, ils se retrouvèrent même lorsqu'il n'était pas puni. Il en tomba évidement amoureux mais, le trouvant bien trop jeune et dissipé pour elle, la jeune fille repoussa ses avances. Le jeune français avait fini par éviter Omniarose et tout ce qui fut rattaché au piano d'Elsa. Cependant, même s'il n'entendit plus jamais la jeune fille jouer et chanter, il n'oublia jamais les airs qui lui plaisaient. Parfois, quand il écoutait telle ou telle musique, il lui semblait qu'Elsa avait glissé quelques notes à elle dans les mélodies. Aussi, Sambre se souvenait d'elle et regrettait amèrement le comportement qu'il avait eu avec elle quand elle l'avait repoussé.

Ce soir, avec Isis, la musique que les Lys chantaient ne ressemblait pas à la mélodie d'Elsa... C'était la mélodie d'Elsa. En tout cas pour lui. Vu la particularité de ces plantes, il se doutait que son élève entendait un tout autre air.

Quelque chose lui manqua soudain.

Il s'allongea dans l'herbe et ferma les yeux pour se laisser envahir par les effluves des fleurs et leur musique.

Il manquait quelque chose. Ou quelque chose était de trop.

- En France, narra-t-il en rouvrant ses yeux pour découvrir le ciel, j'ai une situation familiale assez particulière. On ne peut pas dire que j'ai grandi dans une famille joyeuse. Mon père est cracmol et ma mère métamorphomage. Ils ont passé la moitié de leurs années de mariage à se tirer dans les pattes en prenant mes frères et moi pour arbitres. Un de mes frères s'est expatrié en Chine, l'autre nie complètement mon père et ma mère... je ne sais pas ce qu'elle peut faire. Toujours est-il que la pression m'a fait venir jusqu'ici, en Angleterre, dans l'intime espoir de construire ma propre famille loin d'eux. Et vous savez ce que je fais depuis que je suis arrivé dans ce pays? Je ne pense qu'à eux. Sentiment de culpabilité et blablabla. Ils ne m'ont jamais autant manqué. Je ne sais pas trop pourquoi je raconte tout ça... Je me disais qu'il manquait quelque chose à cette soirée...

Sambre tourna sa tête vers Isis et avec un grand sourire lui dit:

- Ca manque d'un peu de nous.

Isis accueillit le sourire de son prof pensive. Elle hésita à donner un peu d'elle. Réservée, elle se livrait à très peu de personnes. Les autres ne connaissaient que des choses impersonnelles connus de tous.

- Les miens me manquent terriblement. Ils sont aux fonds des océans depuis près de deux ans maintenant. J'espère que les Etres de l'eau les ont guider sur le chemin de Sidh. Une légende sorcière raconte que ses Etres ayant pitié de ses âmes perdues, les aider à rejoindre l'au-delà sorcier. C'est bête, mais cette histoire m'a aider à ne plus culpabiliser.

Isis s'assit et prit ses genoux dans ses bras et y logea sa tête. Elle ne savait pas comment d'y prendre, alors elle continua avec maladresse.

- Je m'en suis voulue d'être vivante. Ca m'a détruit à petit feu. Ma culpabilité m'a consumée... maintenant je cherche par tous les moyens de trouver une raison de ne pas retomber en dépression.

Elle sortit sa baguette et dans un informulé créa un magnifique Sombral fait de joie.

- Mon plus grand secret... mon patronus. Personne ne sait que je suis capable de le faire. Enfin, mon thérapeute vu que c'est lui qui me l'a enseigné. Il se trouve qu'il pensait que de travailler ce sort me permettrait d'arrêter de broyer du noir. Ca n'a pas marché, mais il m'a permis de savoir utiliser un patronus dans toutes les conditions.

Elle pouffa légèrement de rire. Puis se rallongea tranquillement dans l'herbe.

- Je ne sais pas ce que je vous pensez en disant "un peu de nous", alors je vous délivre un peu de moi. Je suis comme les sombral, l'animal le plus doux de la terre dont le destin s'amuse à placer la mort sur son chemin.

Isis aussi bizarrement que cela puisse paraître souris. A coup sur, il trouvera que c'est une ado pas nette du tout dans sa petite cervelle. Pas grave, elle en avait l'habitude.

- La Dame du lac, c'est ce que j'entends. La musique au clochette... c'est ce que mon père me jouer au xylophone. Maintenant, je m'en souviens. Le seul morceau qu’il connaissait, c’est la femme qui l’aime qui lui avait appris.

Ebahi, elle profita de ses souvenirs pas encore détruits. Mais elle fut vite tracassée par un fait, elle ne se rappelait aucunement que sa mère avait un jour toucher à cet instrument de musique.

Le professeur de Botanique était incapable de voir les Sombrals car, de toute sa vie, il n’avait encore jamais vu personne mourir parmi ses proches et moins proches. Cela ne lui manquait pas le moins du monde. Ces créatures hippiques mettaient Sambre très mal à l’aise pour ce qu’elles signifiaient.

Lorsqu’ils étaient venus par la forêt avec Isis, Sambre avait mis un certain temps avant de comprendre ce que la jeune fille regardait dans le vide. Semblant craindre quelque chose, elle lui était d’abord rentrée dedans – gêné, il avait vite fait de s’écarter d’elle en prétextant une stature sur le qui vive pour deviner ce qui lui avait donné l’alerte. Il n’avait rien vu mais elle, s’était rassérénée en apercevant les Sombrals que Des Lys ne voyait pas.

A présent, il l’écoutait en regardant le Patronus de Sombral qu’il pouvait bel et bien voir. A part dans les livres illustrés, c’était la première fois qu’il en voyait en trois dimensions. Ses yeux restaient rivés sur la forme argentée, un air pensif et compatissant pour celle qui lui confiait avoir perdu ses parents. Il aurait bien aimé entendre l’air qu’elle percevait. La mélodie semblait la ramener à des souvenirs plus paisibles.

Malgré la tristesse que cela impliquait, Des Lys n’était pas insatisfait d’avoir engagé la conversation sur ce chemin. Sur eux. Sur leurs vies et leurs attentes. Il connaissait très peu de ses élèves. Parfois, à la fin d’un cours, certains venaient naturellement lui parler. Curieux, ils posaient des questions sur le cours pour mieux dévier sur Des Lys lui-même. Sambre répondait toujours de bon cœur, dans la limite de ce qu’il pouvait confier. En échange, ils s’ouvraient un peu et il était plus facile de savoir comment leur enseigner en ayant la porte ouverte sur leur caractère et leur vécu.

Mais la plus grande majorité de ses élèves restaient repliés sur eux-mêmes. Indifférent. Il était le prof. L’être sans passé. Celui qui n’a pas d’histoire ou duquel on ne veut connaître l’histoire. L’énigmatique adulte empêcheur de tourner en rond et représentant la contrainte. L’ennemi. Et c’était bien ainsi.

Sambre ne préférait ni l’une ni l’autre de ces deux versions. C’était les lois naturelles d’un établissement scolaire. Toutefois, il avait parfois besoin d’en savoir plus sur certains et l’occasion faisait le larron. Ainsi ne regrettait-il pas l’escapade avec la Poufsouffle. Il pouvait affiner son identité. Donner autant de dimensions et de brillance à son être qu’il en voyait désormais pour le Sombral magique. Et cela, tout en creusant de nouveaux mystères.

Ils finirent par se relever et rejoindre la Grande Salle où les résultats du roi et de la reine allaient être donnés. Sambre renouvela sa joie d’avoir passé la soirée avec elle. Il la questionna sur ce qu’elle comptait faire durant les vacances d’été et si elle avait des vues sur l’avenir. Les études. Ils dialoguèrent encore un peu jusqu’à ce que le professeur sente qu’il était l’heure. L’heure de partir.

La salle se vidait. Quelques couples étaient chaleureusement en train de fêter la fin de l’année en s’échangeant des promesses mouillées du bout de la langue. Des Lys détourna les yeux pour ne pas leur voler leur intimité… quoi qu’ils pourraient franchement aller se galocher dans des endroits moins fréquentés. Le château n’en manquait pas.

- Isis… je vais y aller, suggéra-t-il en souriant.

HJ: Peux-tu conclure?

- Bien entendu... passer une bonne fin de soirée.

Isis resta un instant droite comme une Jezabel effrayait par un enfant de 5 ans ne sachant que faire. Elle fit le tour de la salle d'un regard, admira les étoiles du plafond magiques, puis trouvant la table vraiment dégeu après le passage des Gourmands affamés et... retour à son professeur.

Je... à l'année prochaine.

Et Isis s'enfuit - sans courir - de la salle. Qu'elle cruche elle faisait avec son départ (le plus mauvais jamais vu à ce jour). D'ailleurs l'une des Iscarioth lui fit agréablement remarquer. Elle la soupesa d'un regard "va y continue, je suis sur qu'Adel il va être ravi d'apprendre avec qui tu fricotes en salle commune" qui avait eu son petit effet.



Plus tard, dans le train qui la ramenait vers le loft Piterski elle pensa que la soirée n'avait pas été si mauvaise voir plutôt agréable.

* * * * *

Maintenant, elle se demandait si la soirée avait été si agréable que ça et si elle n'allait pas le regretter.

Elle tenait son tout nouvel insigne de préfet et la lettre qui lui annonçait que le professeur référent de Poufsouffle est bien Sambre des Lys.

Son angoisse disparut au fur et à mesure que le Poudlard express s'approchait aux portes de l'école. De toute manière à quoi bon, c'était sa dernière année. Elle n'allait pas la gâcher stupidement parce qu'elle s'inquiétait de ce que Des Lys pensait d'elle.