Couple 10: Sambre des Lys - Isis Kitlee

Après les indications que lui avait transmises Elliot, Sambre avait abandonné les péripéties avec son nœud de cravate pour rejoindre Isis Kitlee. Le morceau de tissu pendait pitoyablement autour de son cou. Il pourrait toujours s’en servir pour se pendre si l’élève, vexée, en venait à se moquer de lui. Il était encore échevelé et essoufflé. Un air penaud et un brin perdu luisait sur son visage.

Il découvrit sa cavalière près de l’entrée et, plutôt que de se confondre en excuses d’emblée, il esquissa un large sourire soulagé en se présentant à côté d’elle.

- Isis, dit-il calmement pour lui faire tourner la tête vers lui, bonsoir... Je m’excuse de vous avoir fait attendre. J’avais des dossiers à remplir et je...

Pour ne pas accentuer ce petit mensonge, il s’interrompit et reprit sur un ton plus jovial:

- Et je... rien. Je me suis lamentablement endormi dessus, avoua-t-il en se grattant la tête maladroitement.

Prof et Elève. Lui, ça ne lui posait aucun problème mais il savait qu’à leur âge, les étudiants étaient très sensibles à l’opinion de leurs pairs. Il lui faudrait le prendre en compte pour ne pas la mettre mal à l’aise.

Toutefois, considérant qu’il serait aussi déplacé de la complimenter sur sa tenue que de ne rien en dire, il opta pour le compliment. Quitte à être déplacé, au moins pouvait-il se montrer accort.

- Vous êtes resplendissante dans votre robe. Que diriez-vous d’aller piocher ces fameuses cartes Péché? Avec un peu de chance, je pourrais terminer de m’habiller, rit-il en soulevant un pan de sa cravate. On y va?

Joues rosies et sourire crispé recueilli le compliment. S’il était anodin, Isis le trouva quelque peu déplacée. Déplacé uniquement parce que Sambre était son professeur de botanique, son futur professeur référent de Poufsouffle et que William venait de la fusiller du regard et levant les yeux au ciel. En vérité, si le jeune français ne faisait pas parti du corps professoral... herm, n’y pensons pas.


Accompagné par son cavalier, ils se dirigèrent vers la coupe où le hasard les affublera d'un péché. Il y avait un peu d'attente car une charmante jeune fille minaudait pour savoir si elle prenait le petit papier plié en quatre ou celui qui ressemblait à un petit boursoufflet ou bien celui qui était tout au fond. Apres 5 minutes d'intense réflexion, elle choisit le petit bleu qui allait si bien avec sa robe. Isis aurait voulu l'avadavrer. Si pour la jeune blonde cela avait été un plaisir malsain de choisir un papier, pour la jeune Isis ça avait été un cauchemar de silence. Les joues roses, une boule au ventre, un sourire crispé et une envie de fuir ce silence avec son cavalier la certifiée que de rester était une très mauvaise idée. Sa timidité était revenue au galop, elle avait l'impression d'être une gourde affublée d'une gaucherie insupportable. Elle se serait bien avadavrer aussi.

Vint son tour, Des Lys avait l'impression d'être à son aise. Y en a qu'on de la chance. Elle fuit son regard quand trop concentré sur le visage de son prof elle espérait pouvoir y lire quelques pensées. Elle plongea une main en espérant ne pas tomber sur Luxure. Le pire cadeau qu'on aurait pu lui faire. Sauver, Paresse. On souffle, on respire, on se détend. On essaye même d'entamer une discussion.


- Vous invitez toujours vos étudiantes à des soirées en tête-à-tête ?

Son ton était indélicat, froid, dur, accusateur. Beaucoup trop accusateur. Beaucoup trop indélicat. Beaucoup trop... pas elle. Isis ne s'était pas reconnu dans cette phrase. Et par flemme d'expliquer son impair, car elle aurait eu pour toute la soirée, elle se tût et regarda ailleurs. Faisons comme ci on n'avait rien dit. Ca marche pour certains.

Oui ben en faite, ca marche pas des masses avec sa personnalité. Elle prit son courage à deux mains, mais rien. Rien ne sortit. Parce qu'elle avait trop peur de dire une autre bêtise qui pourrait le blessé ou être pire. Parlons pas de malheur. Alors, elle essaya un petit sourire et demanda tout discrètement,

- Si vous voulez, je peux essayer de vous nouer votre cravate.

N'attendant pas sa réponse, elle commença à torsader les deux pans de tissu pour former un nœud correct. Ses mains tremblotaient beaucoup trop pour qu'elle fasse un chef d'œuvre à la Jezabel. Elle pensait recevoir tous les regards moqueurs de ses camarades pour être ainsi pendu au coup du beau Des Lys. Et non, personne ne s’occupe de leur couple. Ils étaient bien trop occupés.

Les premiers couples étaient déjà passés sur la scène et partageaient leur ressentiment, d'autre dansaient et les derniers discutaient autour d'un verre. Et maintenant…

* Si j’invite qu... toujours qui? *

La remarque d’Isis rendit le français très perplexe. Il devait y avoir un malentendu ou il n’avait pas compris ce qu’elle venait de sous-entendre. Sambre n’avait invité personne. Le BDE avait organisé des couples et il ne s’était pas beaucoup penché sur le déroulement des opérations.

La seule fois où il avait invité de lui-même une cavalière, ce fut le professeur Joketier lors du bal de fin d’année de l’année dernière alors qu’il venait tout juste d’arriver dans l’établissement. En outre, il avait été le cavalier de la jeune Jezabel après qu’elle lui en eût fait la demande. Sambre avait cédé car la jeune fille s’était montré très convaincante et surtout très drôle.

En restait qu’on lui avait vendu sa participation à ce bal en prétextant le manque de jeunes hommes. Qu’allait donc penser Isis avec cette remarque?!

* Et pour quoi je passe, moi, maintenant?! * se crispa-t-il en dévisageant Isis.

Toujours est-il qu’il ne releva pas l’anomalie. Quelque part, s’il essayait de se justifier, il supposait que la jeune fille pouvait le prendre mal et qu’elle penserait qu’il était venu pour rendre service. Remplir les trous. Sans envie. Ce qui n’était pas vrai. Il recouvra son visage surpris par une expression souriante et ne répondit rien. Laissant flotter les points d’interrogations. Elle n’avait pas l’air d’être des plus heureuses que le sort l’ai mise avec un professeur et il pouvait le comprendre.

Des élèves entamaient la première épreuve. Il avait pioché une carte orgueil ce qui le fit sourire. Ce n’était pas lui mais l’expérience serait amusante.

Une fois assis en face de boissons et de canapés qu’ils étaient passés prendre près du somptueux buffet, Sambre reprit son sourire le plus doux:

- Isis, si vous n’avez pas envie d’être ici avec moi, je ne vais pas en mourir. C’est vôtre bal plus que le mien. Il faut que vous le passiez dans des conditions qui vous plaisent... et merci pour la cravate. Je suis un peu à côté de mes pompes mais maintenant ça va mieux.

Ca va mieux? Vraiment? Sans blague. Nom d’un chaudron! Un éclat de stupeur le fit instantanément blêmir cependant que ses yeux faisaient naufrages sur des couples dansant sur les chansons de leurs camarades montés sur scène:

* Qu’est-ce que je vais chanter? Dans quoi je me suis fourré... *

Le français conservait figure blême mais il fit de son mieux pour reporter son attention sur Isis afin d’entendre sa réaction à ce qu'il venait de dire. Si c’était pour rougir dès qu’il la complimentait ou pour rechigner à chacune de ses initiatives, lui non plus ne passerait pas un bal très joyeux et il avait la sensation de valoir mieux que ça... ouh, ces pensées c’était pas du des Lys, c'était du Sept Péchés.

* Ca promet... *

Absorbé par les bulles de son cocktail elle écouta vaguement ce que Sambre lui disait. Il allait mieux.
Elle ? Regarder des bulles multicolores valsaient dans son verre était une activité bien trop prenante pour réfléchir en même temps. Hum... ils avaient bien dit que l'effet du péché serait léger ?

Elle laissa tomber avec difficulté son passe temps et releva les yeux vers son enseignant.

- En toute franchise, il y a encore une heure je ne savais pas que vous étiez mon cavalier. Et quand je l'ai appris j'ai été très... désappointée. J'avouerai que je n'avais pas envie d'y aller avec vous. Vous êtes un professeur. Et j'avais assez peur du regard des autres vis à vis de notre couple insolite. Maintenant...


Elle en avait marre de se justifier, et surtout de parler, alors elle ne finit pas son monologue du pourquoi des choses. Elle soupira, cela remplaçait ses joues pourpres. Hailley et James, le duo de choc, venaient de descendre de la scène et l'on attendit Le professeur.

Quel était le plus tentant ? Rester avachie sur son couffin à grignoter des amuses gueules ou écouter passivement une chanson qui lui sera dédiée par Sambre et son noeud de cravate fait. Bien que de rester avachi étant tentant, elle n'était pas assez courageuse pour rester à écouter la mélodie, alors elle prit la place de son cavalier. N'en déplaise à son Orgueil.


Arrivée sur scène, elle se laissa tomber sur un tabouret, ma foi assez confortable. Elle attendit patiemment qu'on lui apporte le micro et que les musiciens daignent enfin arrêter de râler pour débuter. L'un d'eux ce plaint de sa nonchalance, un regard vers le ciel le laissa coi. Enfin les notes commençaient à couler des guitares.






- Si je reste
Je veux que le dimanche allongé
On paraisse
Près d'un feu
Si je reste
Je veux que tu t'épanches
Et voler ta détresse
Si je peux

Je veux voir ton visage défiguré
Par l'ivresse
Par toutes ces belles images
Qui soudain t'apparaissent

Si je reste
Promets moi de tenir tes promesses
Rien qu'un peu
Si je reste
Je veux la flamme, le flacon
Et l'ivresse
Tes grands yeux
Si je reste un peu...
Si je reste

Si je reste
Je veux les bords de Manche
Et le matin la presse
Le ciel bleu
Si je reste
Je tournerai la page et noierai
Ma tristesse
Dès qu'il pleut

Je veux de longs voyages que
presque rien ne presse
Je veux bien d'avantage qu'une
légère allégresse

Si je reste
Souviens toi de tenir tes promesses
Rien qu'un peu
Si je reste
Je veux des coups, des claques
et des caresses

Tes grands yeux
Si je reste un peu...
Si je reste un peu
On peut faire mieux...

Pas un regard au groupe, elle alla languissante sur son canapé, un simple sourire.

- Voilà, j'essayerai de faire une belle soirée, si vous m'aider un peu

Spoiler:

Changement de ton radical.

Il était très possible que suite à cette soirée, des Lys désire mettre fin à sa carrière dans l'enseignement. Du moins à Poudlard, chez les anglais. Ces gosses étaient parfois tellement insupportables. C'était à en devenir fou. Cependant, toujours prendre sur soi et se la fermer. Toujours afficher profil droit et souriant. Comprendre, comprendre, comprendre, être raisonnable, gommer sa personnalité à l'instar de ses goûts, verser dans la politesse et les civilités plutôt que de leur dire une bonne fois pour toute: "Allez vous faire foutre!"

Et avec cette carte Paresse dans le collimateur, Sambre commençait doucement à se crisper dans sa chaise, prédisant qu'il ne supporterait pas très longtemps ni cette situation, ni cette jeune fille languissante, morne et sans envie. Autant s'adresser à la foudre.

La politesse tomba la première. Il cessa de faire le moindre effort de discussion, piqué au vif dans le mil de son ego par l'étrange franchise d'Isis. Elle était déçue? 'Désappointée' parce qu'il était professeur? Non, il n'était pas professeur, il était un homme avant tout. Avec des émotions et son amour-propre. Certes, le regard des autres pouvait être paralysant, il s'y était attendu mais elle ne faisait aucun effort pour s'accoutumer ou rendre la situation plus vivable. Paresse? Non. Impolitesse. Dédain. Prétention. C'était ainsi que le français analysait le comportement de la jeune fille. Il lui devenait de plus en plus difficile de faire la part des choses entre ce que la carte insufflait en lui et ce qu'il ressentirait réellement en de pareilles circonstances.

En attendant leur tour de chant, il prétexta deux ou trois fois l'envie de se resservir un verre, lui demanda ce qu'elle désirait boire afin de se donner une bonne raison de souffler et de la quitter un peu. Près du buffet, il prenait son temps, discutait avec des élèves que cela gênaient moins qu'Isis de le voir parmi eux. Il revenait, à chaque fois les yeux un petit peu plus pétillants, ne se rendant même pas compte que l'ivresse creusait son sillon au-dedans de ses inhibitions. Pas assez, toutefois, pour oser l'inviter à danser.

A jeun, il s'était inquiété de ne pas trouver de chansons à chanter, légèrement enivré, il en était presque à un album d'idées. Le couple numéro neuf venait de terminer. Sambre se leva mais Isis lui coupa l'herbe sous le pied et monta sur la scène avant lui.

* Elle en a des manières... * sourit-il en se sentant troll. Il n'avait plus élan pour ces choses-là.

La cravate. Cette cravate, c'était toute une histoire ce soir... Il la desserra et se rassit sans protester. De toute manière, lui laissait-elle le choix?

Il venait de poser son choix pour la chanson. Parmi eux*.

Isis chanta.

Hun?

Il repoussa son verre.

Derechef, le choix qu'il avait fait s'éventa dans la brume de ses pensées.
Il sourit.

Comme la chanson touchait à sa fin et que sa paresseuse descendait de la scène le devoir accompli, il vint lui barrer la route.

- Pop, pop, pop... pas si vite, mademoiselle, dit-il avec son accent mal barré.

Oublié 'Parmi eux'*.

Il lui tendit la main pour qu'elle se relève. Orgueil et Paresse seraient leurs obstacles tant qu'ils le prenaient pour une fatalité. Pour passer une bonne soirée, il faudrait se surveiller l'un et l'autre. Il l'empêcherait de se noyer dans sa langueur et elle...

- Debout, sourit-il amusé. Empêchez-moi de me montrer trop orgueilleux.

Et la chanson de commencer:

- D'abord, je vous fais une réponse... introduisit-il. Il n'est pas si tard tu sais,
On pourrait encore trouver
Un petit rien d'humanité
Je reste pour essayer
Je reste pour sauver ce qui reste
De tout ce qu'on a été
* Et jusque là, ce n'était pas terrible... *
Je prendrai tout le temps qu'il me reste
Au moins pour essayer.

On va pas se coucher sur ce qu'on a fait
* Oh, non... car ce n'était pas terrible du tout et je peux mieux faire. *
On va pas se lâcher sans recommencer
* Car toi aussi tu peux mieux faire. *
Tout reste à relever.

Sambre, sur la scène, sentait que l'alcool l'avait beaucoup aidé à assumer la chanson. Néanmoins, il regardait sa jeune cavalière qu'il avait souhaité voir près de la scène, mi-amusé et mi-étonné.

Je sais qu'ici c'est le désert
Le désert et l'hiver
Qu'on à bu trop de derniers verres
Mais reprenons de l'air
Et tout remballer pour se barrer
C'est pas vraiment lutter
Je ne suis pas du genre à m'arrêter
Je reste pour continuer

On va pas se coucher sur ce qu'on a fait
On va pas se lâcher sans recommencer
Tout reste à relever

On crée le vide quand on le fuit
On nourrit l'ennemi
Je suis pas du genre à l'oublier
Je reste pour y penser
Tout reste à relever

- Car...

Découvrez Thomas Fersen!

Je devrais être heureux comme un pape
J'ai un nœud pap', j'suis invité
Moi qui aime traîner la savate
Les belles cravates et l'oisiveté
Et discuter du grand amour
Cravate de velours pour toute la vie
même si la vie ca fait beaucoup
Cravate au cou, à mon avis.
Je suis sapé comme un notaire
Cravate, blazer, et nous dansons
Hélas, il commence à m'en cuire
Cravate de cuir, et je me morfonds.

Cravate à pois, cravate de soie. Cravate à pois, cravate de soie.

J'en ai ras-le-bol, à la Coupole°
Cravate au col, de boire du thé
Quand je préfère aller jouer
Cravate dénouée, ma chance aux dés
Le mariage n'est plus à la mode
Cravate en solde, en cette saison
Et jamais je ne moisirai
Cravate à raies, dans une prison.
Alors, au lieu de morfondre
Cravate de Londres, je file à l'anglaise
Avec ça j'emporte vos ronds
Cravate marron, pour être à l'aise.

Cravate à pois, cravate de soie. Cravate à pois, cravate de soie.

D'abord vous vous laisserez abattre
Cravate verdâtre, vous me regretterez
Et puis vous serez écarlate
Comme ma cravate quand vous pigerez
Mais moi j'aurai pris les devants
Cravate au vent, ainsi que le soin
Dans votre Triumph décapotée
Cravate mouchetée, de changer de coin.
Avant que la colère ne darde
Cravate moutarde, son aiguillon
Et que l'on songe à m'arrêter
Me cravater au portillon.

Cravate à pois, cravate de soie. Cravate à pois, cravate de soie.

Il fit un clin d'œil enfantin à la jeune fille puis se tourna vers les musiciens des sept animateurs pour les remercier d'un hochement de tête.

- On avouera que notre situation n'est pas des plus évidentes, dit Sambre à Isis en retournant vers la foule, c'est un peu dur mais il faudra bien oublier que je suis professeur et que vous êtes élève. En tout cas pour un soir.

Spoiler:

- Alors si on oublie que vos êtes mon professeur et qu’il ne reste plus que votre avis pour valider mon inscription en cours de botanique renforcée l'année prochaine, je tiens à vous faire-part que vous êtes extrêmement sensuel quand vous chantez.

Sourire amusé sur le visage, elle rayonnait d'envie. Tant qu'on ne la pressait pas cela irait, elle ferait un effort. Elle lui avait susurré sur des accords de guitare. Guitares qui accompagnaient dorénavant Aaron.



- M'accorderiez vous cette danse ?

Non conventionnelle. Si cela blessait l'ego de son cavalier, elle en faisait fi. La paresse lui avait retiré toute vitalité mais certainement pas son goût pour l'indiscipline*. Les règles, elle s'en arrangeait* et ce n'était certainement pas une Paresse qui la mettrait sur le droit chemin.

Leur couple devait être amusant à voir. Si la chanson était quelque peu rythmée, Isis menait une danse d'une lenteur apaisante. Un autre tempo trottait dans sa tête, loin du tumulte et des rires que procurait la chanson MacAaron. Une mélodie douce à mille lieux de Poudlard.

Voyant que son partenaire ne semblait plus savoir sur quel pied danser - il s'était fait imposer une allure dont il n'avait conscience de sa présence - elle lui murmura sa chanson, d'une voix fluette, pour qu’il puisse se mouvoir sur la cadence traînante.




A contre rythme de tout le monde, un jeune couple vint buter contre eux, un regard noir les accueillis mais bien trop fatiguée pour réprimander, elle les laissa passer sans grabuges.

Lasse, elle posa sa tête sur l'épaule bienveillante de l'homme qui la chaperonnée. Elle s'amusa à examiner les lumières changeantes sur le sol, s'était rempli de couleur enivrante et de jeu d’ombre passionnante. Blasée au bout de quelques minutes, une moue adorable sur le visage, elle murmura à l'oreille de Sambre.

- Je m'ennuie...

Spoiler:

Comment mettre la pression à un homme? Lui dire qu'il vous ennuie. C'est simple et efficace. Il n'y a pas mieux pour écrabouiller le peu de virilité que les femmes veulent bien leur laisser.

Ainsi font font font, les petites marionnettes... Dansez trois petits tours et puis s'en vont les belles résolutions.

* Elle s'ennuie. *

Le soupir de Sambre lui échappa comme un aveu secret de son impuissance. Quelques minutes auparavant, il pensait ce qu'il disait à Isis lorsqu'il lui proposait d'oublier leurs statuts respectifs. Mais dans les faits, dans la tête et dans les yeux, cela ne changeait pas réalité. Elle était une élève. Avec n'importe qu'elle compagne, cavalière, amie, collègue ou "femme" – aux yeux de Sambre, Isis n'était même pas encore le projet d'une femme – il aurait réagi instantanément à la requête dissimulée derrière cette confession. Je m'ennuie. Oui. Il aurait trouvé n'importe qu'elle subtilité pour la divertir et le choix aurait été étendu. Qu'il connût ou pas son rendez-vous, sa préférence aurait été évidemment à des formes de séduction ou de jeux de mots y menant. Il est même probable que jamais sa partenaire n'aurait ressenti la moindre lassitude. D'un naturel plutôt imaginatif et bon vivant, le français n'aurait reculé devant aucun divertissement, aucune invention, ni la plus extravagante, ni la plus ingénieuse, afin de se jouer de ce genre de situation...

Mais là... panne sèche. Cette danse à contretemps l'avait pourtant fait sortir de lui mieux que n'importe quel subterfuge. Il n'avait pas ressenti de gêne et même la proximité ou l'intimité de l'échange avec Isis l'avaient rasséréné. Un sourire séduit avait répondu à la remarque d'Isis sur son tour de chant et il ne s'était pas fait prié pour lui retourner un joyeux 'vous n'êtes pas mal non plus dans votre genre!'

Mais la réalité court vite et attrape au vol tous les rêveurs. Cela serait parfois tellement plus simple d'être quelqu'un d'autre.

* Quelqu'un d'autre? *

L'idée n'était pas mauvaise, considéra-t-il en souriant tout soudainement.

- Très bien...

S'il y avait quelque chose que Sambre savait très bien faire après la salade niçoise et... et... Mmm... et d'autres choses, c'était bien de faire l'enfant.

- Inversons les rôles.

Or, si son don lui était bien utile à quelque chose, c'était bien à faire le zouave. Et puis, peut-être que la Poufsouffle comprendrait mieux la barrière qu'il ressentait vis-à-vis d'elle si les rôles étaient inversés. Cela ne l'ennuyait pas au début, mais plus la soirée passait, plus Sambre en avait pris conscience. Malgré toute la bonne volonté qu'il y mettait.

- Vous serez l'adulte et je serai l'adolescent... je ne peux faire durer l'illusion qu'un temps imparti...

Sambre raconta le don dont il était pourvu et qui consistait à générer des illusions autour de lui en influençant les perceptions sensorielles de son entourage. Il pouvait en outre s'immiscer dans la tête des personnes afin de les enchanter pour provoquer des rêves plus vrais que nature. Il avait ainsi pu faire voyager, sans bouger le bout de sa baguette et pendant des mois entiers alors que la réalité n'avait fait passer qu'une petite heure, ses petites copines de Beauxbâtons. Mais ce soir, il n'aurait pas besoin de rêve. Le jeu serait tout autre. Juste une illusion. Divertir.

D'un mouvement de la main, le professeur tira un fil imaginaire qui semblait pendre du plafond entre Isis et lui, puis il abaissa son bras. Le geste fut suivi d'une fine traînée argentée qui mourut quand sa main fut baissée. Le mouvement fut à peine terminé que face à lui se tenait une jeune femme d'une trentaine d'années tandis que cette jeune femme devait se trouver face à un adolescent de 17 ans.

Sambre passa sa main sur son menton. Imberbe. Il sourit.

- En réalité, nous ne sommes que nous mais nos sens et ceux de toutes les personnes de cette salle pensent que nous sommes Isis quelques années plus tard et Sambre, quelques années plus tôt... Et encore, le pensent-ils s'ils nous reconnaissent.

Généralement, des Lys ne ressentait aucune fierté particulière pour ce don qu'il utilisait très rarement depuis qu'il ne courait plus les filles de Beauxbâtons mais, ce soir, la carte orgueil s'occupait pour lui de remplir son cœur d'une jubilation et d'une fierté presque enfantine.

- Et je ne vous raconte pas comme, ado, j'ai toujours rêvé d'être pendu aux bras d'une belle trentenaire. La chose est faite... Dès que vous voudrez effacer l'illusion, vous n'aurez qu'à me le dire, prévint-il en tendant son bras à Isis. Mais pour le moment, je compte bien en profiter.

Il l'amena à une table où des cadavres de bièraubeurre gisaient un peu partout. Un coup de baguette et le tout disparu pour laisser place nette. Il lui tira la chaise et la fit asseoir. Ils discutèrent en écoutant les derniers couples passer, puis:

- Si tout était possible, qu'est-ce que vous feriez? Demanda-t-il soudainement. La question était ouverte et Isis pouvait y répondre comme elle voulait. "Qu'est-ce que vous feriez maintenant?", "qu'est-ce que vous feriez, en général?", "qu'est-ce vous feriez à 30 ans?", "qu'est-ce vous feriez à court terme?", qu'est-ce vous feriez à long ou moyen terme?", "qu'est-ce vous feriez. si tout était possible..?"

La discussion filait jusqu'à cette question qui la bloqua quelque peu. Elle désira prendre son temps pour y répondre. Paresse toujours mais enfin captivée et intriguée, elle se laissa moins submerger par le coté trop néfaste de son péché. Plus de mauvaise volonté, elle se l'était promis. Devenir un trentenaire lui procurait un désir de maturité malgré l'absence de changement fondamental en elle, son apparence n'avait en rien changé son esprit et ses envies.
Un aspect de l'illusion la frappa toutefois. Sambre, adolescent, était un tombeur. Il avait du être l’acteur de nombreux songes coquins à Beauxbâtons.


La jeune femme s'amusait avec une mèche de cheveux, lutant contre une légère somnolence. Elle n'avait pas encore franchit le seuil des rêves qu'Aëschma la ramenant sur la terre ferme en prenant la parole dans le seul but de continuer les épreuves. Un bal sans contrainte serait une douce utopie à Poudlard.

Soupir de désespoir. Ce n'était pas de la mauvaise volonté qu'elle ne répondit pas à Sambre, c'est de la Paresse mêlée au désir de ne pas dire plein de sornettes comme elle si bien le faire. Elle l'avait assez prouvé au cours de cette soirée. Ne la rendons pas plus cauchemardesque qu’elle ne l’est déjà.


D'une langueur monotone elle écouta regarda le plafond et la nuque de son adolescent de cavalier, et suivit distraitement ses comparses quand les jeunes femmes et hommes furent séparés. Elle ne comprit absolument pas ce qu'il fallait faire et patienta distraitement en épiant le boursoufflet de la Laroche Elda sœurette à sa gauche. C'est mignon comme bestiole et puis ca permet de ne pas pioncer sur son trône. Elle esquissa même un petit gloussement joyeux quand l'espèce de boule s'aplatit lamentablement sur le sol. Elle le plaignit, remettant son cotonneux coussin correctement derrière ses reins.

Demelza finit de parler, au tour d’Isis. Retour à la réalité, elle réussit tout de même à effleurer les bons carrés magiques à chaque fois malgrés l'irrésistible besoin de se plonger dans ses rêveries languissantes.
Les tours passaient très lentement, il fallait dire qu’Isis prenait un temps considérable à donner une réponse à chacune des questions. Ne sachant absolument pas la réponse qu’aurait pu donner son double de la soirée, elle prenait un soin particulier à choisir la formule qui lui semblait la plus douce à ses oreilles. Et elle prit son temps pour établir ses choix définitifs. Ses, car oui, le miracle se fit et à travers ses divagations qui l’emmenaient loin d’ici, elle arriva à saisir qu’il fallait également chercher les réponses à messire De Lansley, Narcisse en tout point et en tout lieu. Quand estce que le collége sera libérer de ce bonhomme ?



Alors voici le résumée de ses réponses, en version rapide. Je vous fait grâce des bâillements et autres soupires qui l’aida à prendre ses décisions.

Citation :

La question Luxure :
Qu'est-ce qui vous fait succomber à la luxure ?

Réponse supposée de De Lansley : L’interdit, celui qui pousse à la tentation.
Réponse supposée de Sambre : Une caresse et un mot tendre.


La question Avarice était:
Vous n'avez que trois gallions en poche pour lui offrir un cadeau, que lui achetez-vous ?

La réponse supposée de De Lansley : Rien. Je n'achète jamais rien aux filles.
* Pense : j’aurai au moins une réponse de juste dans ce questionnaire, je vais pouvoir dormir tranquille.*
La réponse supposée de Sambre : Un flacon d'encre auto-correctrice.


La question Envie était:
Avec quelle autre fille du bal n'aimerait-elle pas vous vous voir fricoter ?

La réponse supposée de De Lansley : Toutes.


La question Gloutonnerie était:
Un dîner à deux, quel est le menu ?

La réponse supposée de De Lansley : Qu'importe pourvu que je sois son dessert


La question Orgueil était:
Que ne lui pardonneriez-vous pas ?

La réponse supposée de De Lansley : De me contraindre


La question Paresse était:
D'un côté, un important dossier à rendre à la première heure le lendemain et vous n'avez pas terminé, d'un autre côté, une soirée tranquille dans les bras de votre compagne. Que choisissez-vous ?

Réponse supposée de De Lansley : La soirée câlins.
Réponse supposée de Sambre : Elle, sans hésiter.


La question Colère était:
Que pourrait-elle faire qui vous mette hors de vous ?

Réponse supposée de De Lansley : Me demander de lui ôter la vie...
Réponse supposée de Sambre : Pas grand chose... si ce n'est me prendre pour un élève.

On attend frétillante les réponses au questions et les plus joueuses le score atteint. Isis, quant à elle, avait juste une hâte, partir se rassoire à sa table, en compagnie de son adolescent de cavalier pour répondre à sa question. Elle l'avait enfin trouvé, mais voilà. Quand elle ne s'ennuyait plus, une estrade et 4 autres séries de réponses les séparaient.

Une voilure énigmatique vint se poser sur la conversation que Sambre l'adolescent avait avec Isis l’adulte. Elle remit à plus tard sa réponse et pour la première fois depuis leur début de soirée, Sambre ne s’offusqua pas de la paresse lancinante de la jeune femme. Les maîtres du jeu annonçaient la suite et, de toute manière, il préférait entendre la réponse au calme.

Alors, il sourit. Il suivit le mouvement des jeunes hommes et monta sur la scène avec eux sous le regard abasourdi de quelques 'camarades' qui le scrutèrent intensément. "Qui c’est? Il me rappelle quelqu’un," disaient les regards. Des Lys en avait presque oublié sa nouvelle apparence. Toutefois, la tête haute et fière, il monta sur la scène comme si de rien n’était et s’assit.



Sa cavalière ne trouva guère beaucoup de réponses justes le concernant mais qui s’en étonnerait? Ils ne se connaissaient pas. Des fois qu’entre eux, les discussions vinssent à mourir, Sambre venait de s’inventer un wagon entier de questions pour apprendre à mieux connaître celle qui l’accompagnait. Cela ne ferait pas défaut.

Frustré de remporter si peu de points parce qu’une certaine carte le lui ordonnait, dans le fond, c’était le genre de chose qui lui passait au-dessus. Perdre ou gagner, il faut jouer. Ils jouaient. Cela l’amusait.

- Pour la première question "Qu'est-ce qui vous fait succomber à la luxure ?", bien que l'interdit soit toujours très tentant, la sensualité et l'audace d'une femme me font plus vite craquer. A celles qui osent. Vous... euh, tu n'as donc pas trouvé.

Hésitation du français quant à garder le vouvoiement. Il fronça les sourcils et les détendit en regardant sa cavalière. Un regard d'excuse pendu aux yeux pétillants. Sambre était toujours enivré. Etait-ce vraiment le bon moment pour n'avoir plus les idées claires?

- Après, la question avarice, rit Sambre, lequel se voyait très mal offrir à une jeune fille un cadeau qu'il jugea enfantin.

* Que lui est-il passé par la tête? Et pourquoi pas un clou, aussi? *

Il secoua finalement la sienne, de tête, et reprit:

- Noooon, mais un flacon d'encre? S'extasia-t-il exagérément avec sa voix d'ado. Pas question! Je préfère encore ne rien acheter... j'ai répondu: une boîte vide où glisser des idées à multiplier toute une semaine. Après. Question paresse...

Sambre se figea dans son siège. Voilà un péché qui allait longtemps l'écœurer:

- "Une soirée tranquille..." dans ses bras. Tu as bon mais la citation n'est pas la mienne. Et pour finir, la question colère. Tu as vu juste. Me prendre pour ce que je ne suis plus...

* Sauf peut-être maintenant... *

- ...me chatouillerais, euphémisa-t-il en abaissant sa tablette.

Isis avait deux réponses de justes sur quatre, ce qui leur faisait 60 étoiles grâce au bonus de de Lansley... c'est vrai ça... quand cesserons-nous d'entendre parler de ce type. Pour une fois qu'il ne demandait rien à personne, le voilà dans un love quizz.

Pendant le moment de battement où les cavalières et cavaliers échangèrent de place et que les animateurs annoncent le second round, le jeune Sambre descendit de scène et rejoignit Isis:

- Je ne suis pas certain de faire mieux que vous pour la deuxième partie. Nous nous connaissons très mal... Moi, c'est plutôt "Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.

C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.

Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! Les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.

L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi ! Ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! Ciel ! Oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !"

Victor Hugo (1802-1885)

Si jusqu'ici Isis ne lui était pas tombé dans les bras – de fatigue – après cette longue satire, cela serait chose faite, malgré tout le charme et la malice qu'il mit dans la récitation qui lui rappelait ses plus jeunes années.

- Je serais de ceux-là si vous y ajoutez une touche d'Oscar Wilde. Vous connaissez certainement Wilde. Mais ce poème est de Victor Hugo. Un français...



Contrainte orgueil: réciter à sa cavalière un poème qui nous décrit le mieux.

Un sourire. Isis était-elle à l'écoute? Pour ne pas faire de mauvaise esprit, l'adolescent lui rendit son sourire sans que celui-ci veuille vraiment dire quelque chose. C'était de la politesse et surtout, il devait faire bonne figure. Il savait que l'attention s'était déplacée sur lui pour la bonne raison que c'était au tour d'Isis de confirmer les réponses qu'il lui avait prêté.

Il simula une profonde inspiration qui lui donnait l'air de réfléchir à ce qu'il allait faire tandis qu'on le regardait. Il s'inventa une position confortable alors qu'il ne l'était pas. Ses deux bras étaient posés sur ceux du fauteuil, son dos était profondément enfoncé dans celui-ci et ses jambes étaient croisées. Détente simulée.

Sur ses genoux, la tablette magique sur laquelle il avait écrit ses réponses scintillait sous le feu des projecteurs. Il ne s'attendait pas à trop de miracle concernant son succès. Même avec la plus grande intuition, il n'aurait pu répondre justement à tout. Cela le contrariait. Mais au-dessus de cette fine couche de contrariété, Sambre en appliqua une qui se nommait pondération. Vigilance face à l'influence de la carte.

La première question le mit dans tous ses états et s'il n'avait pas été sous la coupelle de l'Orgueil, il n'aurait jamais pu y écrire son propre prénom. Non seulement, il n'avait aucune idée quant à ce que sa cavalière aurait pu répondre mais, en plus, il n'en avait profondément rien à faire.

La question Avarice était:
D'après-vous, quel est le meilleur coup du bal ?
Sambre des Lys...

La question Avarice était:
Vous êtes plutôt économe ou dépensière ?
Econome.

La question Envie était:
Si l'épreuve suivante était qu'il embrasse une des filles du bal, laquelle ne voudriez-vous surtout pas qu'il embrasse ?
Toutes. Il est au bal avec moi alors je ne vois pas pourquoi il irait en embrasser une autre.

La question Gloutonnerie était:
Vous mourrez de faim comme jamais. Que préférez-vous ? Un dîné raté mais préparé par lui ou un bon restaurant gastronomique ?
Un dîné râté.

La question Orgueil était:
Par orgueil que ne feriez-vous jamais ?
Me mettre en avant parce que je suis avec lui, à son détriment. Et si je ne me suis pas trompé, il faudra lui dire que je suis ravi de passer cette soirée avec elle. J'aimerais m'être trompé et avoir répondu quelque chose comme "Flatter un égo masculin"


La question Paresse était:
Qui est le plus paresseux des deux selon-vous ? Lui ou vous ?
Elle...

La question Colère était:
Vous êtes en colère contre votre cavalier. Comment s'exprime-t-elle ?
e) vous le plantez sans rien dire et allez décompresser ailleurs.

La question d'orgueil avait causé un grave conflit interne en Sambre. Son ego le poussait vers des réponses telles que "Lui dire que je me suis trompée, je n'aurai pas eu un meilleur cavalier." ou "Admettre mon infériorité." mais intuitivement, quitte à avoir complètement faux, il aurait plutôt vu Isis répondre quelque chose comme "M'excuser." ou "M'abaisser à être sympa avec les gens qui ne le sont pas."

Ses yeux allèrent de ses réponses désormais transférées sur l'immense tableau à fond bleu suspendu au-dessus de la ligne de fille, à sa cavalière sur le point de parler.

Sambre se sentait plutôt pitoyable et frustré quand il se rendit compe que ce jeu en apprenait autant sur la façon de penser de celui qui répondait que celui qui devait deviner. C'était terrible.

Isis était stupéfaite par les réponses. Elle avait l'impression d'être quelqu'un d'autre dans cette bouche. Les mots sculptaient une apparence loin de ce qu'elle pensait être.
En même temps, lassé par ce jeu, elle n'avait pas répondu sincèrement à toutes les questions. A y réfléchir ce n'était pas par Paresse mais car elle était Elle. Une jeune fille qui ne prend la peine d'offrir tout ce que son cœur recèle uniquement à celui qui le possède. Et jusqu'à présent, un seul avait ce privilège, Jonathan Mateo.


- Vous êtes l'un des professeurs les plus séduisants de Poudlard, forcément en tant que BECASSEs... sinon je suis la plus paresseuse de notre couple. Ce sont les deux seuls péchés que vous avez exact.

Isis se redressa un peu sur sa chaise. Elle croisa les jambes et laissa enfin sa tête se détacher du creux de sa main. Enfin droite, elle se concentra pour être totalement maître de ses envies, et la seule en ce moment était de répondre sans paraître ennuyée à Sambre.


- Je suis plutôt dépensière dans le sens où je n'ai pas la notion de l'argent. Tant que je peux offrir tout ce qui fera plaisir à ceux que j'aime m'est possible, je le ferais sans me soucier de l'argent. En conséquence, je préfère un bon repas gastronomique mais vous pourrez garder vos sou en poche sans aucun problème.

pense : De toute manière, Jonathan il cuisine vachement trop bien, c'est de la gastronomie même quand c'est lui qui fait le repas.


Une petit moue apparue sur son visage. Elle en était à la question Colère, elle gardait les questions qui l'avaient la plus désapointée pour la fin.

- Je boude... Enfin, en réalité, je boude, je crie, je le gifle puis je pars en pleure. Apres, je lui fais la tête jusqu'à ce qu'il soit venu s'excuser même si c'est moi qui ai tord et on finit la réconciliation... hum sinon, j'ai dis que je boudais, c'est ce que je fais de mieux, bouder... avec paresser pour cette soirée.


Isis attendit quelque instant. Elle réfléchissait à la meilleure façon de répondre aux deux derniers péchés. Elle ne voyait pas comment les aborder, alors comme d'habitude, elle arrêta de se prendre la tête et les donna de façon brute de décoffrage.

- Pour l'envie, j'ai mis Leonhart, car orgueilleuse je n'ai pas voulu me mettre en avant. Non, en faite, je n'ai pas voulu blesser votre carte. La seule et unique personne que je ne veux pas que vous embrassiez s'est moi. Et...

Changement de position, les coudes sur les accoudoirs, les jambes se décroisent puis se recroisent, la tête penche doucement et les yeux cherchent un souffleur inexistant.

- Pour l'orgueil, je m'en fiche de me mettre en avant par rapport à vous. Et j'ai déjà fait par de ma... on dira de ma gène d'être avec vous à mon grand détriment et donc au votre.


Terminé.
Isis fit un sourire à James pour qu'il débute son épreuve. Le boursoufflet était pressé de connaître les réponses vu à la hauteur qu'il sautait sur l'épaule d'Hailley. Mais voilà, James ne commençait pas. Quelque chose cloche ?Oui à première vue.
Il se trouvait qu'Isis n'avait pas donner une réponse. Ah bon ? Vous êtes sure ? Ca à l'air... bon, c'était fait exprès. L'orgueil...

- Sinon, par orgueil, je ne vous aurai jamais avoué que j'aurai pas eu un meilleur cavalier. Et comme vous l'avez écrit, je suis aussi ravie de passer une soirée avec vous.

Les joues avaient rosi, la voix était rempli de tremolo, le cœur cognait et les yeux brillaient de sincérité. Elle commençait doucement à mater son vice. Une très bonne chose, elle n'avait jamais était aussi morne que durant cette soirée. Redevenir soi, un bonheur.

Sambre écoutait les réponses d’Isis. Au début, en tout cas. Car par plus les réponses arrivaient entourées de leur 'faux', 'faux', 'faux' et encore 'faux', plus le français avait du mal à se concentrer. Il n'entendait qu'une seule chose: 'tu as faux. Tout faux.'

Il se tourna sur son siège à la fin de ce calvaire insupportable pour jeter un coup d'œil aux listes d'étoiles et notamment à la leur. Un nombre si faible. Parfaitement ridicule. Inadmissible. Faux. Tout faux. Il était obsédé par ses erreurs.

Il fulminait intérieurement. Il fulminait de ne pas être le premier. Ne pas gagner. Depuis quand gagner était une de ses priorités? Il ne le savait pas mais la sensation de défaite l'accabla si fort, pesa si lourdement sur ses épaules avec ses quatre lettres railleuses, F.A.U.X., qu'il bouda. Oui. Des Lys boudait.

Assis sur son siège comme un roi déchu sur le trône auquel il s'accroche contre toute raison, Sambre affichait une moue aussi incrédule que puérile tout en essayant de garder la tête haute. L'effort ne dura que cinq minutes avant qu'il se sente de nouveau abattu. Jamais les traits de son visage n'avaient été plus en accord avec son âge qu'en cet instant. Un gamin.

Il s'accouda au siège et posa son menton sur sa main. Il ne regardait plus Isis mais un lointain néant dont sa vision floutait les contours. Il devait affronter l'échec personnel et se replier bourru sur lui-même était la seule chose qui était à portée de lui. Sambre refusait de se secourir en s'attachant aux deux réponses qu'il avait pu trouver. Il aurait pu se dire: 'Au moins, j'en ai deux de bonnes, ce qui est un bon score attendu que je ne la connais pas.' Il aurait aussi pu mieux tendre l'oreille et s'enorgueillir de ce qu'Isis disait qu'elle était contente d'être sa cavalière. Mais non. Il ronchonnait de son air maussade en attendant que ce foutu jeu cesse enfin.

* Jeu de bouse! Aucune imagination ces animateurs! Pourquoi je suis là! Je suis plus un gosse, à quoi je joue! Non mais cinq erreurs! C'est impossible, il doit y avoir un problème. Ils ont triché! Quand même, ce n'est pas possible!! *

Et bla bla bla... jusqu'à la fin de ce tour de jeu.

N'attendant pas la suite des évènements, quand le dernier eut parlé, Sambre se leva avec lassitude et rejoignit Isis. Avec le temps écoulé, il s'était fait une raison, mais lui restait dans l'œil quelque chose d'enflammé qui l'animait encore. Il était toujours aussi dégoûté.

- Je suis dégoûté, partagea-t-il avec Isis quand il arriva vers elle, pensant qu'en déchargeant ce qu'il avait en tête cela lui causerait moins de souci. Que dalle. Il poursuivit son chemin, lui passa devant pour gagner le buffet et leur servir deux boissons. Il revint vers Isis, lui tendit son verre avec nervosité et but d'un trait le sien. Toujours sans adresser un regard à sa cavalière dont il n'osait pas croiser les yeux.

- Ben maintenant, je veux redevenir adulte, dit-il comme un caprice. Il pensait qu'en recourant son apparence, la sagesse suivrait peut-être. Et en plus, vous n'avez toujours pas répondu à ma question.

- Parce qu'elle vous intéresse ? A votre air, j'aurai plutôt penser que seul le fait de ne pas avoir été le meilleur vous importait.

Isis avala, amer, une gorgée de jus de rose. Un sourire en coin se dessina sur son visage. Il était dégoûté d'avoir eu faux. Elle était dégoûtée qu'il soit aussi acariâtre. Lui aussi oubliait les promesses faites. Fini les jolies paroles, les belles propositions, les questions faussement intéressées.

- Non. Je ne veux pas redevenir adolescente. Et je ne compte surtout pas passer ma soirée avec un adulte boudeur, le minet m'ennuie suffisamment.

Son regard glacial cherchait à accaparer les yeux fuyant du mauvais perdant. Isis n'appréciait pas cette colère. Elle se sentait l'objet de cet excès d'indignation. Susceptible comme jamais, elle comptait bien lui faire payer.

Les organisateurs reprirent leur manège. Encore un truc à écrire. Comme si on avait que ca à faire. Plume, parchemin et tablette. Un regard noir à son cavalier, elle désigna Adnae et Géraldine, les mini pouffys comme juge. De toute manière, Sambre venait de ronchonner un truc comme quoi elle pouvait choisir qui elle voulait. Tant mieux, elle ne comptait pas lui demander son avis.


Lasse, elle mit du temps à arriver sur la scène ou elle devait débiter son expression libre. Elle venait à peine de le finir. L'avantage quand on se retrouve au milieu d'une liste c'est qu'on a du temps de rab' pour finir son épreuve. Elle avait allégrement dépasser les 30 minutes pour son écrit. Elle était mauvaise, mais ca ne la rendait pas plus pressée.


- Si tout était possible, je voguerai à travers le temps.
Rectifier les erreurs du Destin. Améliorer les vies qui m'importent. Modifier les donnes... surtout les mauvaises.

Si tout était possible, je ne serais pas ici.
Attroupée dans des énièmes épreuves. Eloignée de celui que j'aime. Flanquer d'un cavalier égoïste.

Si tout était possible, je bouleverserai le hasard.
Paresse m'ennuie. Orgueil me blesse.

Si tout était possible, je n'aurai rien dit.
Mon orgueil m'avait alerté. Avouer ma joie d'être votre cavalière m'a coûté. Un peu. Beaucoup plus que je le pensais. Apprécier votre compagnie m'étonne, me démunie. La nouveauté me fait peur. Nue devant l'inconnue, je me suis confiée.
Une erreur. La seule chose qui vous importe c'est votre score minable. Et rien d'autre.

SI tout était possible, j'essayerai un jour de savoir qui se cache vraiment derrière le minet ennuyeux qui me tiens compagnie.


Isis avait fini, elle descendit de scène et rejoignit son cher cavalier.

- Si tout est possible, vous aurez pu peut être connaître une infime partie de ce que je suis... et peut-être su répondre correctement à ses fichues questions.


Elle fit la moue, elle était en colère. Douce colère, un péché qui avait beaucoup de bienfait. Comme le fait d'éviter d'étêté son cavalier d'un soir.

Vous pouvez reprendre votre apparence. D'ailleurs faite ce que vous voulez, je m'en fiche.

Blessé comme jamais, elle s'était réfugiée dans son verre sans alcool.
Si elle avait pu paraître impétueuse au début pour son cavalier, ce n'était pas exact. Elle était terrifiée de partager une soirée avec un inconnu. Elle se sentait inférieur, pas à sa place, le vilain petit gnome du couple.
Blessé comme jamais, elle avait pris la déception de Sambre pour elle. A ses yeux, il lui reprochait d'avoir etait déchu de son trône. Responsable de ce désastre, elle prit la mouche. La colère comme doux refuge où ses craintes sont rassurée.

Spoiler:

Des Lys était à deux doigts d’aller vers le Choixpeau Magique pour faire des confettis de lui et ses maudites cartes. Mentalement, il supportait de moins en moins l’influence déplorable que le sortilège avait sur lui. Le pire étant qu’il ne pouvait rien y faire. Confusion, Quarantaine spirituelle, Frustration et Désarroi. CQFD foutait le bordel dans son comportement et il blessait la petite... la petite grande.

Trop orgueilleux pour aller avouer qu’elle avait raison de se plaindre, trop conscient de savoir qu’il n’irait pas s’excuser à cause de la carte, trop malin pour se laisser faire sans même essayer de lutter un peu, il profita de cette épreuve pour contourner le problème de leur enchantement.

Toujours adolescent, il se leva. Pas de réponse à la réaction d’Isis. Il ne voulait pas entrer dans son jeu des susceptibilités, cela ne l’intéressait pas. Les tu me blesses, je te blesse, très peu pour lui.

Sur scène.

- A celle qui croit me connaître et ne sait rien de plus sur moi qu’elle n’en sait sur elle-même.

Me croire aveugle et sourd quand je ne suis que sujet à un enchantement contrariant c’est démontrer combien, même derrière le visage d’une trentenaire, le cœur reste toujours enfant.

Tu n’as pas de réponses à mes questions car tu n’as pas pris la peine d’y penser. Peut-être as-tu vaguement cherché mais quelque chose t’a empêché de finir ce que tu avais commencé. Tu ne veux pas partager, trop cloîtrée dans une vie d’illusions sereines, enchaînée à tes résolutions, esclave de tes contrariétés refoulées. Tu ne veux pas me connaître car je te fais plus peur que je ne te repousse. La peur n'est pas mauvaise, elle est même plutôt touchante et douce. Peur de quoi? Je ne sais pas.

Te découvrir serait-il m’avouer quelques faiblesses? M’avouer quelques faiblesses serait-il être plus petite ou simplement plus humaine? Pour moi, tu aurais été plus simplement Toi.

Alors si tout ne se passe pas comme tu veux, tu joutes allègrement? Tu peux dire en 20 lignes plus que tes sentiments? Tu peux dire en 20 lignes tes vérités désabusées? Tu peux te croire et te dédire sans même en rougir?

Alors, je t’envie.

Je suis jaloux de la désinvolture avec laquelle tu abordes la vie. Jaloux de ta jeunesse qui te fait dire n’importe quoi et qui te pousse à y croire. Je suis jaloux aussi de ta susceptibilité, moi, j’en suis incapable... pourtant, des fois, j’aimerais. J’envie la facilité avec laquelle tu retournes les situations à ton avantage. Je me pâme devant ta colère, ta paresse et ta détresse car j’en suis incapable. Je souris aux ratures que tu fais sur mon être. Un trait tiré et des idées définitivement faites. Ta mauvaise foi. Tes efforts pour mieux éperonner ensuite. Ta compréhension et ta patience qui maintenant ne paraissent que fausseté... Je t’envie tout cela car si, à la vérité, je suis le plus mauvais orgueilleux que la Terre a porté, dans mon cœur, je dois être cependant, son plus grand jaloux. Car j’envie n’importe quoi, de la haine à l’amour, de la pauvreté aux richesses, des spleens aux moments d’allégresse.

Hors scène.

Sambre se dirigea vers Isis et comme il l’avait fait la première fois, il dressa son bras entre elle et lui. Un fin filé doré apparut. Elle reprit son apparence et lui la sienne.

- Tout ce que j’ai dit ce soir, je ne l’ai pas toujours pensé. Mais le pire est sans doute qu’il y a beaucoup de choses que j’ai pensé et que je n’ai pas osé dire. Maintenant, c’est presque fait.

Fin de l'a parte? Tu. Je. Vous. Nous.

- Avant de vous laisser rejoindre votre compagnon qui saura s’occuper de... toi et racheter à tes yeux cette très mauvaise soirée, une dernière fois je te le dis, moi, j’ai passé une bonne soirée. Etonnante et inattendue et je ne la regrette pas. Je suis très content d'être ton professeur référent l'année prochaine. C'est sincère.

Isis resta silencieuse. Le propos de son compagnon n'avait pas totalement adouci le goût amer que laissaient quelques-unes une des parcelles de cette soirée. Tête baissée, elle continuait de vider son verre dans une lenteur interminable.

Sincère. Elle ne le croyait qu'à moitié. Ne venaient-ils pas pour la énième fois se faire des reproches saupoudrés de "mais ça me fait plaisir de partager ce moment avec toi". Ce bal en de scie la tuait à petit feu.

- Il est partit visiter la Roumanie.

L'aveu enveloppé dans un murmure glissa des lèvres à l'oreille de l'adulte.

- On se rejoindra dans un petit bout de temps. Et puis... il est avec une amie et... enfin je m'en fiche de cette fille, c'est juste que...

Isis soupira, les yeux en l'air, elle chercha les réponses dans le plafond étoilé de la grande salle.

- Aujourd'hui, ca fait 2 ans qu'on est ensemble. A vrai dire, je ne me souviens plus de cette journée, quelques brides persistes toutefois...

Un rire cristallin se fraya un chemin parmi les regrets de la jeune fille. Le premier de la soirée. Tout n'était pas perdu.

- C'est lui qui aime fêter ce genre d'évènement, moi je les oublie tout le temps. Mais devoir partager cette soirée avec un autre qui en plus se trouve être... vous... m'a rendu plus prompt à refuser de jouer le jeu de ce bal. La carte paresse a juste accentuer cette rébellion silencieuse.

Isis affronta le regard de son professeur. Elle le préférait adolescent, elle se sentait mal à l'aise face à un adulte. Elle pensa invariablement qu'il devait penser qu'elle n'était qu'une - comment il avait dit déjà - enfant. Toutefois luttant contre ses gènes de lapin nain, elle se tâta à affronter Sambre d'une proposition qui n'en était pas une.

- Je ne vais pas promettre encore une fois de faire en sorte que cette soirée se passe bien. Ca n'a rien donner de bon jusqu'à présent. Par contre, je peux répondre à vos questions.

Remplit de sincérité, elle continua sur sa lancé.

- Les Lys de la nuit. Si tout était possible, j'irai les voir s'épanouir à la lumière de la nuit. Il y a un champ de ces fleurs dans la forêt interdite, je l'ai vu quand on est allé faire le cours là-bas. Elles s'ouvrent qu'en nuit noire, seul la lumière des étoiles ne les calfeutrent pas. J'aimerai voir ce spectacle... mais la forêt interdite m'en empêche. C'est simple comme envie, mais ca me tient à cœur.

C'est sincère.

Quelques autres couples passèrent chacun leur tour. Disséminés dans la Grande Salle. Une voix féminine partait de là, une autre plus rauque s'élevait de là-bas, puis cela revenait près d'eux, une voix douce qui, semblait-il à Sambre, susurrait de sa voix mélodique des propos orduriers à son cavalier. L'épreuve glissait derrière lui comme un décor mobile qui changeait de tonalité mais qui ne transformait rien de l'histoire. Il percevait les brides de paroles, les chansons, les poèmes, les rires mais n'en détachait pas le sens tant il était monopolisé par sa discussion avec Isis Kitlee.

Le monstrocarte Orgueil se ravitaillait complaisamment dans les propos de la jeune fille et Sambre dû se mordre l'intérieur des joues pour ne pas parler. Il aurait sorti une infamie du style "Ah! Ah! Je le savais! Tu es complètement cinglée dans ta petite tête d'ado!" La grande classe, voyez-vous. Il priva, bien heureusement, Isis de ses commentaires rigoureusement stupides et, là encore, ça en devenait complètement ridicule, Sambre se félicita, pour ne pas dire se glorifia, de savoir si bien fermer sa bouche quand cela était nécessaire. Grand bien fasse à Isis qu'elle ne fût pas Légilimens.

Il arbora alors un visage qui se voulait atteint d'une grande compassion et d'une belle compréhension. Puis, se rendant compte qu'il partait légèrement en queue de baguette, il se frotta les sinus, déconcerté par lui-même.

- Isis, il faut que je m'assoie. Je deviens dingue avec cette carte... excusez... excuse-moi, je vais te répondre... c'est juste que...

Il s'assit, fit venir à lui un verre d'eau, puis un second qu'il but d'une traite.

Le problème de cravate était de retour. Il la détacha et l'abandonna sur la table devant eux.

Fort heureusement, les animateurs eurent le bon goût de délivrer tout le monde de son enchantement. Pas à pas, le français recouvra un état d'esprit qui fut lavé de tout 'flattement' d'ego intempestif. Il ne se sentait plus supérieur à rien. Il se sentait même plutôt stupide au regard du nombre de fariboles qu'il avait pu débiter au cours de la soirée. Elle serait fière, sa mère! Ironisa-t-il. Le sentiment de ne voir en Isis qu'une enfant dénuée de toute expérience de la vie se dissipa aussi. Il voyait de nouveau en elle une charmante petite élève aux yeux pétillants, assidue en cours de Botanique et avec la tête bien sur les épaules.

Sambre sourit à Isis. Ses yeux s'illuminèrent. Il n'avait plus mal à la tête. Il se sentait bien et léger.

Elliot O'Malley enflamma les danseurs – et surtout les filles – en montant sur la scène pour danser et chanter. Les festivités redonnèrent de la vie à la Grande Salle. Quelques couples sortirent pour retrouver un peu de leur intimité, d'autres s'excitaient sur la piste de danse ou régurgitaient joyeusement les dizaines de petits fours que la carte Gloutonnerie leur avait ordonnée d'avaler.

* Dégueulasse! On dirait moi à mon bal de Noël en quatrième année. * Explosa-t-il de rire en détournant les yeux.

Son rire était aussi bien libérateur. Il avait envie de rire, de s'exprimer pour de vrai et sans faux semblant.

Le français se leva, s'étira en vocalise et gestes larges, comme s'il venait de se réveiller.

- Tu sais quoi? J'ai une très grosse envie d'aller à la recherche de ces fleurs nocturnes...

Il l'observa d'un sourire critique et enjoué:

- Mm... en robe de soirée-talons aiguilles, tu vas faire fureur chez les Uruks à Frange de la Forêt. Partante pour une virée sponsorisée par le comité du 'Non-Je-Ne-Suis-Pas-Un-Prof-Irresponsable-J'ai-Juste-Envie-De-M'aérer-Utile'? Mais il faudrait laisser tomber la robe... et te rhabiller ensuite bien sûr. Un jean ferait l'affaire.

Haletante et légèrement trempée, elle venait de le rejoindre sur le perron du château.


Tout allait très vite depuis que la proposition se fit.
Elle se dépêcha de sortir pour se changer, bousculant au passage Géraldine et ratant de très peu de peindre la robe de Mélusine en jus de citrouille pour cause de "Masque de boursouflet". Elle faillit aussi dégringoler les escaliers sur les fesses si Sambre ne l'avait pas retenu de justesse. On va éviter de courir en talon aiguille. Soyons plus adulte, on ôte les chaussures. Pour ne pas avoir été assez prompt à éviter miss Teigne, elle traversa le baron sanglant - désagréable - et échappa de justesse à des munitions de peinture de Peeves. Par contre, elle ne réussit pas cette prouesse au retour et fut tremper par un ballon d’eau salé de l’esprit frappeur.




- Quand vous avez dit Uruks à Frange, vous rigoliez, n'est ce pas ?

Un regard à son professeur lui donna la réponse. Toute son excitation commençait à doucement s'enliser dans ses craintes. Ils venaient d'arrivée à l'orée de la forêt interdite quand elle posa son anodine question. Le danger n’était pas ce qui l’attirait le plus. Elle était plutôt souris qui fuit qu’hyppogriffe qui lutte. La tranquillité était bien plus belle que les affrontements. Sûrement parce qu’à ses yeux, dans sa toute jeune vie, elle trouvait qu’elle avait assez souffert des dangers.


Cela lui avait fait tellement de bien d'être libérée de sa Paresse qu'elle se serait jetée de la tour d'astronomie si on lui avait demandé. Enfin, aller dans la forêt interdite ne différait pas vraiment. C'est elle qui l'avait demandé en même temps, elle n'allait pas reculer. Certes, elle en était capable - malgré le professionnalisme de son sponsor - cependant un petit groupe de Sombral adulte volait doucement au-dessus de leur tête. Depuis sa tentative de suicide, ces créatures lui donnaient beaucoup de courage.

- Je serais trouver le chemin du champ des lys à partir de la clairière où on a campé... mais cette clairière je ne sais pas la localiser.

Sourire à son professeur avant de la suivre dans les méandres du bois.

- Alors je m'occupe de nous y amener et ensuite tu prendras la relève pour se rendre au bosquet, proposa Sambre.

Isis était devenue plus énergique. Des Lys s'était préparé à devoir l'attendre une petite heure. Trente minutes car il la pensait lente de nature mais il s'apercevait maintenant que tout était venu de la carte Paresse et trente minutes règlementaires car elle était une fille et ça elle ne pouvait rien faire contre. Finalement, elle n'utilisa qu'une vingtaine de minutes. Sa précipitation et son enthousiasme firent sourire Sambre qui la rattrapa de justesse quand elle faillit terminer de descendre les marches sur le nez. Acrobatique et dangereux.

- Tu es trempée... qu'est-ce qui t'es arrivé?

Quelques rapides explications et un sortilège de Séchage plus loin, Isis n'était plus une poule mouillée... quoique. Elle présenta des symptômes amusants de craintes et une anxiété soudaine à se rendre dans la forêt. Sambre ne la rassura pas tout de suite. Il y avait bel et bien quelques créatures magiques avec lesquelles il n'était pas bon faire commerce de son temps, néanmoins, dans l'ensemble, la forêt restait une forêt. Elle avait sa faune, sa flore et ses mystères. Pas plus risquée qu'une autre forêt magique. Uruks à Franges, Centaures psychopathes et Loups-Garous sociopathes en sus.

- Une des élèves de l'école, dit-il plus tard alors qu'ils s'enfonçaient dans la forêt, a été attaquée par un Uruk. Mais, ils sont très rares. Ils ne vivent pas en meute... elle a dit l'avoir fait tomber dans une profonde crevasse donc je suppose que nous sommes à l'abri d'une attaque inopinée. Quant aux autres créatures, en général, elles essayent de se tenir le plus éloignée possible des sorciers... je crois qu'à part quelques maladresses ou un sanglier, il ne peut rien nous arriver de très grave. Ca va? Pas trop inquiète?...

Pris d'un rire:

- Tu veux que je rende la forêt moins sinistre?

La proposition paraissait sérieuse. Sambre s'en sentait capable. Il lui suffirait d'en créer l'illusion le temps d'arriver à l'emplacement du dernier cours. Lui, marchant dans la forêt à son état réel, se tiendrait sur ses gardes pendant qu'Isis la courageuse marcherait dans la forêt de pins qu'il avait visité lorsqu'il était sur la côte Ouest française.

Il leva sa baguette, traça une ligne verticale et le panorama se fendit en deux, comme si la forêt était absorbée par un trou noir. Petit à petit, les arbres devinrent moins tortueux. Ils se transformèrent en immenses pins à l'écorce rugueuse et épaisse. L'odeur des lieux avait aussi changée. La nuit passa d'un parfum terreux et humide à un parfum plus épicé mélange de cèdre et de pin. Les trouées laissaient filtrer plus de lumière lunaire entre les branches épineuses qui se balançaient doucement au gré de la brise. Les bruits étaient moins angoissants car ils n'étaient provoqués que par des écureuils couche-tard près desquels batifolaient les papillons de nuit.

Ils marchèrent ainsi jusqu'à l'aire d'entraînement du dernier cours. Une fois arrivés, Sambre dû rendre à la forêt son aspect originel pour qu'Isis puisse retrouver le bon chemin.

- C'est à toi maintenant, lui dit-il lorsqu'ils stationnèrent au niveau de l'endroit où la tente des professeurs avait été dressée autrefois.

L’illusion finit, Isis la regretta aussi. S’enfoncer sur un sentier boueux où la pénombre avait élu domicile n’était en rien rassurant. Guettant tout mouvement de buisson suspect elle resta sur ses gardes. Elle ne se rappelait que trop bien cette fin de soirée de cours ou ils durent échapper à un sanglier furieux à travers la nuit. Si beaucoup avait réussi à s’échapper, Isis elle avait fini sa nuit électrocutée par Andrew qui voulait lui rendre sa mobilité après l’avoir stupéfier. Un ratage total, c’est Merwick qui l’avait libérer au matin. Il avait du tellement rigoler d’eux qu’il ne leur avait pas fait perdre de point.

Trop concentrée sur ses souvenirs, Isis loupa la bifurcation vers la droite qu’ils auraient du prendre il y avait déjà 10 minutes. Rouge de honte, elle bredouilla des excuses à peine audibles sur le chemin qu’ils durent rebrousser. Elle se perdit encore deux fois.
La première était qu’elle se souvenait plus si c’était le chemin vers le Nord ou celui vers le sud qu’ils devaient prendre. Elle choisit le mauvais et s’en rendis compte quand une magnifique toile d’araignée les mettait en garde. Ils s’approchaient un peu trop près de la caverne des acromantule.
La seconde était dut à l’imagination grandissante d’Isis. Trop concentrée à affronter le Uruks de Sambre. Elle imaginait déjà la bestiole les prendre en chasse pour réparer l’affront qu’il avait subi par une des élèves de Poudlard. Isis commençait à mettre au point un plan pour le faire payer à cette fameuse fille cause de toutes ses futures souffrances imaginaires et oublia accessoirement de prendre à gauche.


Enfin arrivée à la sommière près du champs des Lys de la nuit, Isis entendit des sabots grattant le sol. Demi-tour toute, elle se prit le torse de Sambre. Elle ne comptait pas affronter un groupe de Centaure aujourd’hui ni jamais. Elle préférait la fuite et elle l’assumait parfaitement. Sambre se décolla quelques peu d’elle, mais ne semblait pas être menacé. Un hennissement perça le silence.

Pense : un centaure ca henni pas, ca profère des menaces.

Très bonne nouvelle, ils n’étaient pas encercler par des demi-humain sanguinaire et haineux mais par le troupeau de Sombral de Poudlard. Le hennissement venait de Godric, le dernier-né du troupeau. Il venait de manger pour la première fois de la viande et cela le rendait plutôt fière. Isis le félicita à haute voix et caressa la maman. C’était elle qui l’avait repêcher dans le lac à sa tentative de suicide. Puis elle prit le bras de Sambre elle l’emmena vers le champs. Elle ne profita de se plaindre qu’Hagrid ne savait pas donner des noms au animaux « Godric pour un Sombral… et pourquoi pas Salazar ! ! »


Une dernière branche à pousser pour constater le merveilleux spectacle.

A travers les hautes herbes se dressait fièrement les lys de la nuit. Fleur phosphorescente de toutes les couleurs, Isis avait une certaine préférence pour les orangés. Un grand sourire illumina son visage éraflé par une branche de houx qu’elle avait oublier de mentionner plus haut. Le souffle court, elle commença à marcher dans la plaine champêtre en prenant soin de ne pas abîmer ces rares et précieuse plante. Allongée, elle humait leur parfum qui rendait l’endroit bien moins dangereux. Elles avaient le pouvoir d’apaiser les maux dans les potions, mais dans leur vie naturelle également.

- Vous entendez quelle mélodie, Sambre ? Moi cela ressemble à des clochettes mais je ne reconnais pas l’air. Je crois qu’il n'y en a pas vraiment.


Ces fleurs en plus de leur propriété médicinale et de leur rareté avaient comme capacité de chanter. Chaque oreille pouvait percevoir leur son de manière totalement différente. Dans les 1001 plantes du professeur Tubulure, il expliquait que l’un de ses assistants attendait clairement un morceau moldus qui se nommait "pomme pomme pomme pomme" tandis que lui-même écoutait la valse des sorcières d’Anatole DesNotes, célèbres compositeur du 17ème siècle.