Le lendemain matin, quand Ginny et Sutham descendirent dans la petite cuisine, Remus Lupin était arrivé. Hermione leur sourit et leur proposa de s’installer à côté d’elle pour le petit déjeuner. Ron en bout de table finit très vite ses céréales et monta chercher « quelque chose. » Il ne revint qu’une heure plus tard. Lupin, quant à lui, avait bien repris quelque couleur depuis qu’il vivait pleinement sa relation avec Tonks, cependant son teint restait opalin. Souvent Tonks se jetait dans ses bras mais ses marques d’affection le mettait mal à l’aise. Quand il pensait que personne ne les regardait, il aventurait quelque fois ses lèvres près du cou de la Métamorphomage aux cheveux, ce matin, jaune tournesol. Mais il ne s’avisait jamais de l’embrasser en public.
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La journée passa. Au cours du déjeuner, Ginny surpris un drôle de regard entre Hermione et Ron lorsqu’ils étaient assis l’un à côté de l’autre. Elle ne connaissait pas ce genre de regard. Quel secret cachaient-ils ?
Ron était en train d’écrire une lettre assis à la table du jardin. Il appela Coquecigrue qui vint s’écraser quelques mètres plus loin dans la Moutiflore de Mrs Weasley. Ron le sauva des plantes qui avaient commencées à ouvrir leurs gueules.
- Coq, si tu pouvais arrêter un jour de me foutre la honte j’apprécierais. Beaucoup. Tiens. Maintenant apporte ça à Harry. Tu sais où il se trouve, alors vas-y vite et rapporte-moi la réponse d’ici demain pour prévenir maman.
- Tu écris à Harry ? demanda sèchement Ginny.
- Oui, lui jeta Ron en rabattant son regard un peu plus loin dans le jardin sur Sutham qui était en grande discussion avec Mrs Weasley au sujet des différentes possibilités d’extermination des gnomes de jardin. Au grand étonnement de Ron, Sutham semblait réellement intéressé.
- Tu lui dis quoi ?
- Ca ne te regarde pas.
- Tiens, tiens, nous y voilà.
- Je lui écris de venir dans la semaine.
- Pour quoi faire ?
- Depuis quand Harry doit-il avoir quelque chose à faire pour venir chez nous ?
- Je suis certaine que tu veux qu’il vienne, comme ça tous les deux vous vous moquerez bien de Sutham !
- Tout ne tourne pas autour de toi ! Je ne vois pas pourquoi je me moquerais de Sutham ! Ils sont rares les garçons qui séduisent la mère de leur copine en leur parlant de gnomes de jardin !
- Comment oses-tu ? Espèce de Gobelin des montagnes !
- Ne recommencez pas tous les deux. Ginny, je vais finir par être jalouse de toi si tu te disputes avec Ron plus souvent que moi. Tu ne me laisses pas beaucoup de créneaux libres pour mes propres disputes depuis que tu es arrivée !
Ginny éclata de rire. Il était assez rare que Hermione fasse de l’autodérision et en plus, tout cela pour préserver la fraternité Weasley. Son amie était devenue plus détendue que dans ses souvenirs, plus féminine aussi. Elle portait une robe légère et vaporeuse de couleur claire et des chaussures moldue à talons. Son teint était rose et un sourire presque imperceptible s’était logé au coin de ses lèvres depuis qu’elles s’étaient retrouvées la veille au soir.
- Tu es amoureuse Hermione ? Demanda soudain Ginny.
- Non, répondit-elle de tac au tac.
Ron grogna. Il était à présent caché derrière un nouveau magazine de Quidditch : Le Quidditch Canons Mag, très à la mode depuis que l’équipe des Canons de Chudley avaient miraculeusement remporté leur premier match depuis 1892 lors du championnat de cette année.
- Ah bon ? Alors pourquoi viens-tu de te transformer en purée de fraise soudainement ?
- Parce qu’il fait chaud.
- Qui c’est ?
- Je…
- C’est moi, coupa tout simplement Ron en posant son magazine.
Ginny se mit à rire de bonheur. Elle serra Hermione dans ses bras :
- C’est génial ! Qui est au courant ?
- Tout le monde, je crois, répondit timidement Hermione.
- Tout le monde ? Et moi ? Vous attendiez que les Trolls deviennent intelligents pour me mettre au courant ?
- J’ai essayé hier, ce matin aussi mais avec vos disputes…
- Ah ! Ok ! s’exclama Ginny qui venait de réaliser quelque chose, c’est pour ça que tu n’as pas dormi dans ma chambre cette nuit !
Ron tomba du banc, en se relevant, il jeta un regard rapide sur sa mère qui à présent s’était lancée avec Sutham dans la construction d’une machine à faucher des gnomes.
- CHUUUUUUUT !!! s’époumonèrent-ils tous les deux en même temps.
- Quoi ? s’étonna Ginny.
- Maman ne doit pas savoir ! Déjà qu’elle a fait une histoire pas possible à Fleur et Bill alors qu’ils sont mariés !
- Donc Hermione était sensée dormir dans ma chambre… mais ce matin, elle n’y était pas…
- Oui, je, j’étais… La jeune fille semblait avoir envie de se cacher derrière sa propre tignasse de cheveux tellement elle avait honte.
- Mais tu as dormi où finalement, il n’y a plus qu’un lit dans la chambre de Ron… la taquina Ginny qui venait de comprendre.
Ron se mit en colère :
- Ginny ! qu’est-ce que tu es lourde !
La jeune fille s’en alla en riant de plus belle. Elle comprenait mieux le regard étrange et nouveau qu’Hermione avait jeté à Ron cet après-midi. Alors c’était comme ça au Terrier à présent : tout le monde aimait quelqu’un.
Maintenant qu’elle savait que Harry viendrait, elle regrettait d’avoir proposé à Sutham d’être venu. Elle n’aurait pas beaucoup d’occasion de parler seule à seule avec Harry. De toute façon, comme elle le pensait désormais, si Harry se présentait au Terrier avec une petite fiancée sortie de son chapeau, elle n’aurait pas forcément envie de partager quoique ce soit avec lui. Même pas un sourire. Elle chassa encore difficilement ses pensées de sa tête et rejoignit Sutham et sa mère pour la construction de l’Exterminagnome de Sutham.
« Demain. J’y penserai demain selon qu’il vient ou pas au Terrier. Quand te reverrai-je ? Comment te reverrai-je ? Demain, j’ai dit ! Barrez-vous de là mes pensées ! »
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Lorsque Ginny se leva le lendemain, Hermione était dans son lit. Elle dormait encore. Elle sortit de la chambre sans faire de bruit et se glissa dans la salle de bain pour prendre sa toilette. La maison était étrangement calme. Elle descendit dans la cuisine et fut étonnée de se rendre compte que sa mère n’avait rien préparer à manger. Pourtant, même avant de partir travailler, elle laissait toujours le petit déjeuner prêt sur la table. Ginny regarda l’horloge de la maison, cette horloge magique qui indiquait où se trouvait chaque membre de la famille. Ginny fut étonnée de se rendre compte que sa mère était bel et bien à la maison, en train de dormir, ainsi que son père et toute la maisonnée. Elle tira les rideaux. Le ciel était à l’aurore. Elle s’était levée d’excitation. Pour quelle raison ? Elle le savait : la lettre d’Harry arriverait aujourd’hui.
Elle prépara le repas. Quand sa mère descendit, elle fut étonnée mais contente de n’avoir aucune autre tâche particulière à faire :
- Merci, ma chérie. C’est gentil ! La dernière fois que je n’ai pas eu à préparer le petit déjeuner, Charlie devait avoir deux ans…
Le soleil étendait peu à peu ses rayons à l’intérieur de la cuisine et au bout d’une heure tout le monde était levé.
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La journée était déjà bien entamée quand Coquecigrue apporta la lettre de Harry. Ron détacha le petit bout de parchemin de la patte de son hibou et la lut à Hermione et Ginny :
« Salut Ron,
J’aimerais beaucoup vous voir ce week-end mais j’ai vraiment une montagne de travail. Je ne pourrais venir que le week-end prochain si tout va bien. En général au début du mois de juillet, la vie devient plus calme ici… mais va savoir.
Par contre, vous pouvez toujours passer à Square Grimmaurd dans la semaine quand vous rentrerez à Londres (le soir de préférence).
De toute façon, je te tiens au courant pour le premier week-end de juillet.
Passe le bonjour à Hermione et embrasse ta famille et le petit Marcus pour moi.
A bientôt,
Harry »Ron et Hermione étaient déçus mais ce n’était rien comparé à la rancœur que ressentie Ginny à ce moment-là. Cela aurait été une bonne opportunité de le voir. Elle n’avait pas eu à faire le premier pas pour qu’ils se revoient puisque Ron était à l’initiative de cette invitation. Elle craignait à présent que ce soit sa présence qui le retienne ainsi à Londres et non pas forcément le travail. Il ne voulait pas la croiser.
- Vous vous êtes souvent vu, non, depuis que vous avez terminé Pourdlard ? Demanda t-elle.
- Oui, on se voit assez régulièrement, répondit Hermione.
- Mais ça fait longtemps qu’on ne s’est pas tous réunit pour des vacances, grogna Ron, il exagère !
- Il a beaucoup de travail, Ron, c’est pas de sa faute. Par contre, ce qui est chiant c’est que lorsqu’il viendra moi, je reprendrai le travail.
- Tu lui as dit quoi dans ta lettre ? demanda Ginny.
Ron parut exaspéré par la question :
- Tu me l’as pas déjà demandé cinq fois depuis ce matin ?
- Oui et tu ne m’as pas répondu alors, dis-moi !
- D’accord, d’accord, d’accord. Pas de dispute. Je lui disais que tout le monde était au Terrier et que cela lui ferait du bien de venir passer le week-end ici…
- Tu lui as dit que Sutham était là ?
Ginny savait que ce n’était pas la question exacte qu’elle aurait voulu poser mais la réponse donnerait les mêmes indices. La vraie question était « Lui as-tu dis que j’étais là ? » mais ce mettre ainsi à découvert ne lui disait rien.
- Non, je n’ai pas énoncé Sutham, il ne serait pas venu sinon ! répondit Ron.
- Pourquoi il ne serait pas venu ? Il n’est pas aussi sectaire que toi j’espère.
- Je ne suis pas sectaire, je suis réaliste. Sutham et toi c’est n’importe quoi !
- Tu avoueras qu’il est sympa quand-même, ajouta Hermione pour défendre la jeune fille.
- Je m’en fous qu’il soit sympa, il est Serpentard. Tu as vu ce qui est arrivé à tous les Serpentard de notre année ? Ca n’est pas pour rien…
- Dans votre année il y avait peut-être que des tordus, dans la mienne ça allait. Je t’ai prévenu, Ron, laisse-moi tranquille à ce sujet-là.
- C’est vrai, tu devrais la laisser tranquille, c’est plus une gamine, conclut Hermione.
- Très bien puisque vous êtes toutes les deux de cet avis. Mais le jour où j’aurais raison, j’aimerais assez que vous me le disiez à haute voix et avec vos plus plates excuses… par écrit et signé. Je vous pardonnerez.
Donc le tout était à présent d’attendre que ces dix jours s’écoulent avant de voir Harry. « Dix jours c’est long, pensa Ginny, il va falloir que je m’occupe… »
Alors elle s’occupa. Elle se leva tous les matins aux aurores quand le sommeil ne la protégeait plus de ses rêves pour préparer le petit déjeuner, elle assista Sutham à la désintégration des gnomes de jardin, elle gardait Marcus quand Fleur et Bill allaient travailler à Gringotts ou sortaient le soir, elle classa les dossiers d’Hermione, joua au Quidditch avec Ron, prenant un malin plaisir à l’écraser au score, elle rangea, elle fit, défit pour refaire, elle fabriqua, effectua, réalisa, créa, produit, accomplit… Rien n’y faisait, le temps ne passait pas plus vite. Harry n’avait toujours pas confirmé sa venue. Il restait quatre jours avant que le week-end arrive. Elle décida de se rendre au 12, Square Grimmaurd sans rien dire aux autres. L’idée qu’elle le fasse fuir lui était insupportable et l’empêchait à présent de vivre une relation équilibrée avec Sutham. Depuis qu’ils étaient rentrés, ce dernier cherchait un poste de constructeur chez Faber Modus, le créateur d’objets pour sorciers à la mode. Il ne se rendait pas compte de l’accablement dans lequel Ginny se trouvait depuis une semaine.
Elle attendit que le dîner s’achève, que tout le monde aille dormir et que Sutham lui fasse son traditionnel petit baiser avant d’aller se coucher. Par chance, ce soir-là, Hermione avait décidé de se glisser dans la chambre de Ron. Donc personne ne s’aperçut de son absence quand elle transplana devant la porte du 12 Square Grimmaurd.
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Elle se trouvait devant la vieille porte à la peinture élimée. Depuis que Dumbledore avait succombé, le sortilège de Fidélitas ne tenait plus. Harry devait penser qu’il ne servait plus à rien d’user d’une telle protection maintenant que les temps étaient plus calmes car Ginny pu s’avancer près de la porte et tourner la poignée sans qu’un sort ne lui soit jeté. Elle entra dans le hall d’entrée. Harry avait recollé un nouveau papier peint plus clair, la peinture avait été rafraîchit… l’endroit était plus lumineux mais toujours aussi lugubre. Les candélabres en forme de serpent, le porte-parapluie en forme de jambe de troll, les portraits noircis par le temps, les tapis… rien n’avait bougé à part les murs et les tapisseries. Elle n’osait pas crier de peur que le portrait de la mère de Sirius ne se mette à crier.
Elle alla directement vers la salon. Les marches grinçaient toujours. Arrivée à la dernière marche, elle entendit derrière elle une voix :
- Ginny ? C’est toi ?
Son cœur explosa et éclaboussa tous ses souvenirs : sa voix stimula instantanément le moindre petit carré de peau de son corps... Elle se retourna vivement et vit Harry qui la regardait interloqué en bas de l’escalier. Son cœur et ses milles tambours battaient à toute vitesse. Une vague de chaleur envahit le creux de son ventre, déferlant sa puissance le long de son corps :
- Harry…
Chapitre 2 : Nos retrouvailles[Suite prochainement...]