[Potions] Toni - Sakura

Dans les manuels d'Etudes des Potions pour tous:

Citation :

PHILTRE PENSINE

Historique:

Théolyste Phosphore est le créateur du Philtre Pensine. C'est en 1777 qu'il le met au point dans son laboratoire secret du centre de la France. L'alchimiste, sur les derniers jours de sa vie, cherchait à créer une façon de pouvoir raconter ses souvenirs à ses quatre petits enfants trop jeunes pour entrer dans une Pensine dont le temps ou le manque d'entretien corroderait les souvenirs qu'elle contenait.

Potion de Niveau I
Temps de préparation: 45 minutes.

Ingrédients:

- 250 ml d'eau,
- 5 aconits napel séchées,
- 2 racines de mandragore traitées,
- 1 scarabée vivant,
- De la poudre de pelage de demiguise,
- 1 Spirituum Magnesite.

Matériel:

- 1 chaudron standard,
- 1 balance et ses poids,
- 1 réchaud sur feu très doux,
- 1 Petit couteau en argent,
- 1 planche en bois,
- 1 grande passoire,
- 1 récipient vide en bronze ou en argent,
- 1 serviette ou un torchon.

Préparation:

Avant de commencer, lavez-vous les mains à l'eau et au savon.

1) Remplir un chaudron avec 250 ml d'eau claire.
2) Mettre le réchaud sur feu doux.
3) Pendant que l'eau commence à tiédir, détacher les fleurs séchées d'aconit de leur tige puis, quand l'eau commence à faire des petites bulles, ajouter les cinq aconits.
4) Dans l'ordre, toutes les cinq minutes ajouter ces ingrédients: la 1ère racine de mandragore, le scarabée vivant, la 2ème racine de mandragore.
5) Ne surtout pas mélanger! Laisser reposer sept minutes et pendant ce temps éplucher la tige de spirituum puis découper ce fruit en quatre morceaux inégaux.
6) Au bout des sept minutes d'attente de la potion, ajouter les quatre morceaux de spirituum puis immédiatement saupoudrer avec la poudre de pelage de demiguise.
7) Laisser reposer six minutes à feu doux, puis éteindre.
8) Passer le mélange à la passoire et recueillir le philtre liquide dans un récipient en bronze ou en argent.
9) Attendre environ trois minutes avant que le porteur du souvenir ne mélange avec sa main le philtre tiédi dans le récipient. Mélangez jusqu'à ce que la potion devienne totalement froide.
10) Partagez-le philtre avec autant de lecteurs du souvenir que vous le voulez en veillant à ce que le premier buveur soit le porteur du souvenir.

ATTENTION: les lecteurs du souvenir ne peuvent être plus de quatre à la fois.

Vocabulaire:

Porteur du souvenir: celui qui partage sa mémoire.
Lecteur du souvenir: celui qui voit le souvenir de l'autre.
Spirituum Magnesite: fruit crée par des botanistes sorciers. Il a un goût salé/sucré proche du pamplemousse et il est cultivé sur les rochers des îles incartables à la marée descendante. Présent dans diverses concoctions, il agit entre autre sur la mémoire. Pour plus d'information, voir 'La culture en terre incartables.'

Cependant que certains commençaient à feuilleter leur manuel, Sambre ajouta en allant se poser à une paillasse vide où l'attendaient quelques copies à corriger:

- Une dernière chose. Vous ne préparerez qu'une potion pour deux en doublant tous les éléments par deux et les temps de pause par un et demi.

Mais, pour que chacun puisse partager un souvenir avec son binôme, après avoir passé votre philtre à la passoire, vous tiendrez un récipient vide à disposition à côté du premier et vous séparerez le mélange en deux.

Chacun mélangera lui-même son philtre avec sa main propre.*

Si vous avez des questions, je suis à votre disposition.

* Ca, c'est juste pour que vous vous preniez bien la tête. C'est gratos. Il ne s'agirait tout de même pas d'effectuer bêtement un millième TP de Potions sans réfléchir.

HJ: le principe du TP - vous l'avez compris - n'est pas de réaliser la potion à la perfection même si je vous trouve très beau quand vous mélangez des scarabées avec de la bave de crapaud.

Il s'agit de faire partager à son binôme un souvenir vécu dans le forum ou inventé par votre personnage. Vos derniers messages seront dédiés aux deux souvenirs et aux réactions de vos personnages face à ce qu'ils ont vu.

Vous pouvez prétendre ne pas contrôler vos pensées au moment du transfert si vous désirez écrire des choses que vous ne partageriez pas forcément avec un élève que vous ne connaissez pas.
Comme vous pouvez totalement échouer dans la confection de votre potion si vous voyez que vous n'aurez pas le temps de terminer le TP et d'en écrire la fin.

Le moral était dans les talons à cause des terribles épreuves auxquelles Poudlard venait de survivre. Tous les matins, Toni s’obligeait à trouver quelque chose de positif pour avoir envie de se lever. C’était positif qu’elle ait échappé au pire. C’était positif qu’aucun de ses amis direct soient mort. C’était positif que ses parents ne lui interdisent pas de rester à Poudlard. C’était positif d’avoir tous ses membres et de pouvoir se lever le matin... c’était douloureux aussi. Mais il fallait sourire. La vie ne pouvait pas arrêter son déroulement quand on avait quatorze ans !

Ce matin, Toni s’était levée d’un cauchemar morbide où elle revoyait les scènes atroces de ce que désormais tout le monde nommait le Combat Blanc. Elle s’était douchée en silence. Toutes les filles dormaient encore. Il était cinq heures du matin. Puis elle avait rejoint la Grande Salle le plus vite possible en espérant qu’un petit déjeuner serait près. Les tables étaient vides mais elle s’assit quand même. Un bol de chocolat, une carafe de jus de citrouille et des tartines à la confiture rhubarbe apparurent quelques secondes plus tard devant elle. Elle sourit et se mit à manger, toute seule.

Le temps que l’école se réveille, elle avait encore au moins deux heures. La bibliothèque était fermée. Elle avait erré en repoussant plusieurs fois une envie qui la turlupinait. Elle y céda finalement et tourna les talons pour se rendre à l’infirmerie. Il n’y avait personne. Elle s’était simplement allongée sur un des lits en regardant le plafond encore abimé par des petits trous. Elle pleura en songeant à leur provenance et se tourna sur le côté en se recroquevillant comme un fœtus. Les visages effrayés, désemparés et parfois ensanglantés de ses camarades lui revenaient. Elle se tordit la main contre la poitrine et se frappa plusieurs fois au cœur, totalement déroutée. Elle avait fini par s’endormir dans cette position.

Monsieur Zagora la réveilla et lui demanda ce qu’elle faisait là. Elle bredouilla une sotte excuse et s’enfuit avec ses affaires vers la salle de son premier cours. Au contact des autres, elle oublia son chagrin. Elle se demandait si elle devait en parler à quelqu’un. Un psychomédicomage ou quelqu’un comme ça... il fallait qu’elle retrouve le sommeil et sa joie de vivre.

Pour le moment, en apparence et en public, elle tenait plutôt bien. Comme ce cours de Potion où elle souriait constamment sans raison. Ce qui était peut-être un indice qui révélait l'anomalie. Personne de normal ne souriait quand qu’on lui parlait de scarabée ou de poudre de demi guise.

A sa grande surprise, elle se vit apparier à Sakura. La Gryffondor n’était pas certaine d’apprécier la blague du destin mais pour le peu qu’elle savait d’elle, elle n’avait rien à reprocher à la Serdaigle. Elle était bonne vivante, toujours souriante et aimable et assez populaire. Ce qui n’était pas le cas de Toni qu’on découvrait encore dans les couloirs en pensant qu’elle était nouvelle: "Comment ça, je suis nouvelle moi, je vais t’en mettre plein la tête de la nouveauté tu vas voir !"

Assise à gauche de Sakura, elle n’avait fait qu’un petit signe de la tête pour la saluer et resta silencieusement et distante jusqu’au début du TP. Ca ne l’empêchait pas de garder son sourire de circonstance, sourire qui somme toute ne voulait rien dire et paraissait très certainement bizarre.

"J’aurais bien aimé que le cours dure plus longtemps" pensait-elle dans l’espoir vain de repousser éternellement le moment où elle allait travailler avec Sakura, lui parler, la regarder dans les yeux. Pour résumer la situation, et ça n’était pas difficile à réaliser pour Toni, elle était jalouse de Sakura.

Dès que le prof sonna le début du travail, Toni jaillit de sa chaise et s’enfuit vers le bureau pour récupérer tout le nécessaire :

- Je vais prendre ce qu’il nous manque, lança-t-elle déjà très loin.

Elle tarda à revenir, prit beaucoup de soin dans la sélection de chaque élément, salua les gens qu’elle n’avait pas eu le temps de saluer en entrant "salut Liam !", "coucou Derek !", "Hello Tupp' !" et recula le plus longtemps possible le moment de revenir à sa paillasse. Chemin faisant, elle finit par se résoudre :

"Elle va pas me bouffer ! "

Toni sourit à Sakura. Le premier vrai sourire de la journée. Elle avait les bras chargés et se tenait à côté de la table :

- Tu m’aides à me débarrasser ?

Sur la feuille que lui présentait Sakura avec les préparatifs, Toni rajouta :

« - 2 x 250 ml d’eau = 500 ml,
- Entre chaque ingrédient de l’étape 4, attendre 7 minutes 30. »

Il ne fallait pas oublier ! Elle reposa sa plume et lui dit sans critiquer en appuyant sa réplique d’un clin d’œil :

- Maintenant, c’est complet.

Sakura l’avait prévenu que si elle parlait, elle risquait de commettre des erreurs dans la préparation du philtre. La Gryffondor se figura que Sakura trouvait ici une bonne excuse pour ne pas lui parler. Toni ne se vexa pas, elle hocha seulement la tête un peu déçue que Sakura considère qu’elle n’était même pas digne qu’elle s’adresse à elle. En même temps, elle était confortée dans son idée première. Cela voudrait dire qu’elle n’aurait pas à se forcer à trouver des sujets de conversations qui pourraient mettre en péril la fragile et improbable entente qu’il pourrait y avoir entre elles.

Toni, qui avait donc compris de travers l’avertissement de Sakura, décida de ne pas mettre en danger la confection du filtre et son amitié avec Jörgen en acceptant d’éviter de parler à son binôme. C’était très bien ! Elle n’aborderait pas de conversations qui pourraient la desservir. Elle n'aborderait pas de conversations du tout. Le plus beau de l’histoire, c’était que la demande n’émanait même pas d’elle, donc on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas avoir fait l’effort.

Calmement, elle se mit à l’ouvrage. Laissant à Sakura le découpage des spirituums en huit morceaux de hui tailles différentes, elle mit de côté son propre chaudron, puisqu’un seul serait nécessaire, versa les 500ml d’eau claire dedans, mit le réchaud en position « feu doux », alla se laver les mains pour détacher les dix aconits séchées de leur tige, les mettre dans l’eau à peine frémissante et, pour finir, étaler les ingrédients à glisser toutes les sept minutes trente dans le mélange.

C’est ici, dans l’attente très longue, que l’avertissement de Sakura commençait à peser. Mais Toni ne disait pas un mot, elle regardait le philtre frissonner, ce qui était une vision très pénible car très ennuyante. Elle obéissait, autrement que pour faire plaisir à Sakura, à son indigent sens de la provocation et à son orgueil blessé.

Un peu chipie, Toni rêvait au souvenir qu’elle montrerait à Sakura. Son choix tomberait inévitablement sur ses vacances d’été où Jörgen et elle avaient été coincés dans la grotte de Siemens.

"Je me transforme en garce" se gronda-t-elle en soupirant déçue d’elle-même.

Elle regarda Sakura, après avoir mis les deux scarabées dans la potion et lui donna un sourire évoquant une piteuse quittance pour les pensées que la Serdaigle ne saurait jamais mais qu’elle venait d’avoir.

- C’est long, hein ? dit-elle amicalement pour briser l’accord qu’elle avait eu avec elle-même. Et encore 7 minutes 30 dans le collimateur !

Dans une extrême concentration, la jeune fille commenca à éplucher les deux spirituums. Petits bouts par petits bouts, elle enlevait la peau de l'ingrédient. Limite si elle ne tirait pas la langue en même temps, signe d'intense réflexion.
Cela aurait pu être comique, si le silence entre les deux jeunes filles n'était pas chargé de tension.

Elle n'allait pas forcer la Gryffondor à lui parler si cela la répugnait à ce point. Après tout depuis qu'elles étaient côte à côte, elles n'avaient réussi qu'à échanger des banalatités.
Et en guise de banalités, pas très bavardes...

Devait-elle faire le premier pas, au risque de se prendre un vent ?

Après tout, malgré leurs différences, Sakura savait au fond d'elle-même qu'elles pourraient devenir amies. Peut-être pas les meilleures amies du monde, mais au moins dépasser le stade de parler de la pluie et du beau temps juste pour combler un semblant de conversation.

Mais finalement, non. Pas besoin. Toni essayait de briser la glace de son propre chef. Ne pas laisser passer cette occasion !

- Ah ça oui, que c'est long. Moi qui suis pas patiente en plus ...

"Arrete de lui donner tous tes défauts Elle va croire que t'es la pire fille que Jörgen ait pu rencontrer..."

Bon de quoi, allaient-elle pouvoir parler. Après tout leur seul point commun c'était un beau blond ...

- Et sinon, tu connais Jörgen depuis lontemps ?

En attendant l'hypothétique réponse, la demoiselle continua ce à quoi elle aspirait le moins, finir d'éplucher ses Spirituums. Une fois fait, elle les coupa en huits morceaux de taille différentes, et les posa à côté des ingrédients que Toni avait méticuleusement rangés à côté du chaudron...

Il était vraiment difficile de lancer une conversation avec quelqu'in qu'on ne connait pas. Si elles s'étaient parlé la première fois au milieu d'un groupe, le résultat aurait été sans doute plus concluant...

Mais comme on dit, Qui n'essaye rien, n'a rien ...


Pas très long, mais j'ai du mal dans mon Cyberliegeois

HJ : te sens jamais obligée de répondre à lignes égales, j’en ai rien à faire. Je poste avec toi pas avec ton dictionnaire



"Ah ! Non ! S’il vous plaît Merlin ! Pas Jörgen ! "

Sujet de conversation poisseux en vue. Eviter le missile. Placer ses pions en E2.

"Eux deux versus toi toute seule ne te ramasse pas la figure sur ce genre de discussion frivole, se conseillait-elle. Ne pas chercher à exploser son navire... plutôt faire plouf que d’entrer en guerre."

Un sobre sourire épinglé aux lèvres, Toni garda tout son sang froid. Elle devait absolument détourner la manœuvre. Esquiver le projectile d’un beau revers du sourire. Elle était folle, Sakura, ou quoi ? Elle voulait vraiment qu’elles se détestent ?!

- Jörgen ? fit-elle mine de chercher dans sa mémoire comme s’il était un souvenir lointain ou comme si elle connaissait des tonnes de Jörgen, on s’est vu pendant les vacances, resta-t-elle vague.

Elle s’empressa de trouver autre chose à rajouter qui pourrait éventuellement rassurer la petite amie du Poufsouffle et éloigner son intérêt de sa propre relation avec Jörgen. Vraiment et sincèrement, il faisait partie de son intimité et c’était de lui tout ce qu’elle avait droit de posséder alors elle n’avait absolument aucune envie de donner ça aussi à la Serdaigle. Elle avait déjà tout le reste de Jörgen... pourquoi chercher aussi à lui prendre leur jardin secret ? Toni le protégerait jalousement, ce jardin. Non parce qu’il contenait des secrets ou des choses indicibles mais parce qu’en l’ouvrant aux autres, c’était vulgariser des instants entassés dedans et qui lui étaient chers. Chers sont les biens qu’on possède et qu’on ne peut pas montrer. Ce qu’on ne peut partager induit qu’il s’agit d’une ressource rare. Rare et précieuse lui est cette amitié.

- Par contre, son cousin Jörgen - tous les 4ème garçons de chaque génération s’appelle Jörgen chez eux, précisa-t-elle par mimétisme de ce qu’un jour il lui avait confié -, lui, j’aimerais bien le connaître un peu plus. Il est mignon !

C’était n’importe quoi mais il fallait sortir le plus vite possible de ce bourbier. Elle prit le pli de jouer celle qui s’était amourachée du norvégien : relation longue distance, impossibilité de communiquer autrement que par hibou, tristesse, regret... impliquent compassion de l’oreille attentive, blabla rassurant et amical... plus de Jörgen O'Brian ! Pif ! paf, l’affaire est close !

- Dommage qu’il soit aussi loin maintenant. Je projette peut-être de retourner là-bas aux prochaines vacances...

"Qu’est-ce qu’il ne fallait pas dire pour se couvrir "

Ce n’était pas un mensonge... c’était une vue de l’esprit... éventuellement, peut-être, c’était possible, qu’elle retourne un jour en Norvège pour revoir la famille de Jörgen qu’elle avait beaucoup apprécié. Elle entretenait toujours une relation épistolaire avec Ingrid et prenait des nouvelles de Stanislas et de J.S. Ingrid était devenue une sorte de journal intime pour elle. Elle lui confiait ce qu’il se passait ici. Elle lui avait parlé du Combat Blanc et de sa résolution de fermer ses sentiments. Bientôt, elle déciderait aussi de rompre avec ses sensations.


Toni ajouta les deux dernières racines de mandragores, rappela à sa camarade qu’il ne fallait surtout pas mélanger, et comme Sakura l’avait écrit, elles attendirent dix autres minutes et trente secondes que le mélange repose.

Une bonne occasion d’écarter encore plus de Jörgen et de la Norvège leur discussion :

- Tu viens d’où ? Ils sont naturels tes cheveux ou tu les teins ?

"Pour de vrai, je me suis toujours posée la question... je vais enfin avoir la réponse ! "

Questions neutres. La mode et les origines étaient des sujets à ressources inépuisables.

Grâce aux pseudos confidences sur J.S., Toni saurait aussi si elle pouvait avoir confiance en la discrétion de la Serdaigle. Quelle véritable copine irait confier à quelqu'un d'autre ou surtout à son petit copain - qui au demeurant était le cousin du soi-disant type qui nous avait fait flasher - que nous éprouvions de l'attirance pour lui ? Si ça lui revenait un jour aux oreilles, Toni saurait d'où ça vient. Mais, il était certain que Sakura n'était pas ce genre de personne. Elle en avait entendu trop de bien pour croire qu'elle commettrait une erreur pareille. Elle devait avoir dans ses principes celui qui prêtait aux confidences faites entre filles le sacré d'avoir la primeur et l'honneur d'en détenir le secret. Toni ne s'en faisait pas.

La potion toucha à sa fin, la Gryffondor se leva d'un bon, releva sa manche pour mélanger le philtre de Pensine comme indiqué. Le mélange était tiède. Elle frissonna à cause d'un relent de souvenir. Cette tiédeur était la même que celle qu'elle avait senti dans son dos... Gern. Ses souvenirs voilèrent furtivement son visage. Il fallait qu'elle se barricade, qu'elle trouve le moyen de ne plus se souvenir et de couper les pattes à tout ce qui lui rappelait de près ou de loin le combat blanc.

"Ce soir, dans mon dortoir, je me pencherai sur la question" se promit-elle. Elle trouverait mais elle ne savait pas encore que sa décision serait tragique.

- On va s'asseoir ? proposa-t-elle en portant son bol de bronze vers les coussins de la salle de divination disposé dans le fond de la pièce.

Quelques élèves étaient déjà là, les yeux fermés ou en train de se réveiller, en train de commenter les souvenirs et l'impression qu'ils avaient eu en vivant l'expérience.

Toni s'assit et but spontanément une première gorgée. Elle transmit son philtre à Sakura pour qu'elle boive la deuxième. Bien assises et tout confortablement, elles s'endormirent...

Elles arrivèrent en 2007, à Paris.


Il pleut sur la capitale française, pourtant c'est l'été. Chuchotant à l'oreille d'Alexandre, son ami d'enfance et cracmol de son état, Toni est assise à la table d'une terrasse couverte d'un petit café au charme parisien. La rue Tiquetonne est vide. Les passants courent s'abriter sous les devantures des magasins ouverts.

Avec les deux adolescents, leurs parents qui sirotent et discutent de la visite du Louvres qu'ils ont faite dans la matinée.

Soudain, Toni arrête de murmurer à l'oreille d'Alex qui acquiesce. Ils se lèvent tous les deux en même temps :

- On revient, on va voir la rue des Sorciers !
- Non ! Toni ! Tu vas être toute mouillée ! mugit sa mère.

Mais Toni et Alexandre sont déjà debout sous la pluie. Ils ont relevés leurs cols et mis leur capuche. Leurs yeux sont illuminés de provocation :
- Laisse, Jean, dit Croze, le père de Toni, la rue des Sorciers n'est pas dangereuse et ils y seront au sec, le marché est couvert.
- Vous ne vous en prendrez qu'à vous-mêmes si vous tombez malades en y allant, ajouta la mère d'Alex, plus détendue que celle de Toni.

Les deux papas riaient et les deux mamans faisaient un peu la tête. Ce n'était pas grave, les deux enfants étaient déjà loin. Ils traversèrent la rue Etienne Marcel et entèrent dans la bouche de métro. Ils se découvrirent et attendirent quelques instant devant une porte de service du métropolitain que plus personne ne passe. Alors, Toni sortit sa baguette et la tapota deux fois sur la serrure. Ils passèrent tous les deux en gloussant. La porte s'ouvrit sur une très longue rue commerçante où il ne pleuvait pas car un immense chapiteau la recouvrait :

- Les grands sont vraiment incompréhensibles ! Pourquoi ils restent où y'a la pluie ? demanda Alex en trottinant derrière Toni qui marchait d'un pas rapide vers une boutique d'antiquités.
- Parce que Paris, c'est beau ! Même sous la pluie ! lança-t-elle joyeuse. Ils pourront blablater des trucs débiles avec leurs amis sur le temps qu'il fait et que c'est joli et que le Louvres est grand et que les moldus français sont comme ci et comme ça ! Les adultes aiment les choses qui leur donnent des choses à dire pour compenser l'ennui des journées de travail où il ne se passe rien ! Allez, dépêche-toi ! Ca va bientôt fermer !

Alexandre pressa le pas. Ils entrèrent dans la boutique. Avec un français assez moyen Toni demanda au vendeur s'il avait des baguettes anciennes qui ne fonctionnaient plus. L'homme leur demanda de les suivre. Ils allèrent dans le fond de la boutique où il ouvrit cinq coffrets dans lesquels des baguettes de taille et de couleurs différentes étaient couchées sur leur écrin de velours. Avec un ton professionnel et connaisseur, il leur raconta l'histoire de chacune.

- Pourquoi vous voulez une baguette qui ne fonctionne plus, demanda-t-il ensuite curieux.

Alexandre rougit :

- Je suis cracmol... c'est juste pour jouer... en avoir une moi aussi, même si je peux pas l'utiliser.

Toni prit la main d'Alex dans un geste protecteur. Elle n'aimait pas les regards compatissant qu'on adressait à Alex quand il confiait qu'il était cracmol. Elle fronça les sourcils et attira Alex contre elle :

- D'abord, vous c'est pas vot' problème... il est pas malade, alors c'est pas besoin de le regarder comme ça ! On va prendre la baguette qui a appartenu à Sir Cornwell. Alexandre mérite la baguette d'un grand mage.

Le vendeur sourit confus et séduit par les deux petits êtres qu'il avait devant lui :

- C'est très cher, vous savez...
- Cher comment ?
- C'est un objet de collecti...
- Cher comment, demanda-t-elle derechef.
- Un peu plus cher qu'un Nimbus 2008.

Alexandre expira, déçu. Toni ne se laissa pas abattre :

- Et si je vous laisse quelque chose en dépôt ? C'est son anniversaire, alors je veux qu'il ait cette baguette, expliqua-t-elle dans un français aléatoire que le vendeur compris néanmoins.

Les yeux de l'homme descendirent sur le buste de Toni où se trouvait un pendentif en or représentant une étoile dont le cœur était en diamant. C'était son cadeau de baptème. Ca mère allait la tuer. Mais elle comprit ce que désirait le vendeur. Elle ôta la chaine qui valai deux fois le prix d'un Nimbus et la tendit au vendeur :

- Je reviendrai la chercher, dit-elle, et je vous l'échangerai contre des gallions. Ne la vendez pas, d'accord, je reviendrai un jour...

Le vendeur promit, prit la chaîne et tendit la boîte à Alexandre :

- Joyeux anniversaire, jeune homme.
- Joyeux anniversaire, Alex.

Alexandre était très ému. Il n'osait même pas toucher la baguette :

- Tu vas te faire gronder à cause de moi...
- Comme si c'était la première fois ! s'amusa-t-elle.


Le souvenir s'effaça. Sakura et Toni ouvrirent doucement les yeux sur la salle de potion. Elles ne s'étaient pas rendu compte que trente minutes s'étaient écoulées. Revivre cet instant lui avait ramené le sourire. Alex lui manquait. Elle n'avait jamais eu autant besoin d'un ami de qui s'occuper que maintenant.

- C'est mon meilleur ami, dit-il tout bas. Il me manque, à part lui, je n'ai pas d'ami sur qui compter, en qui avoir confiance ou à qui parler... quelqu'un qui s'occupe de nous et de qui on s'occupe comme un alter ego.

"Parce que j'ai bêtement perdu la seule autre personne qui répondait à ces caractéristiques..."