Pendant un instant, James, bêtement, se surprit à espérer que le "Accio bonheur" marche. Personne ne lui connaissait de succès mais peut-être que personne n'avait jamais essayé. Peut-être.
Peut-être que... une pensée le traversa. Une idée à laquelle il n'avait pas songé et qui pourrait apaiser, un tant soit peu, ses frères. L'an passé, ils avaient tous étudier les sortilèges d'allégresse... Quand le manque se ferait trop grand, trop dur, trop lourd. Ca vaudrait le coup d'essayer.
Les mots de Toni conclurent le cours sur une note qu'il aurait jadis jugé de pessimiste et qu'il se devait maintenant de considérer comme réaliste.
Quant au temps qu'il faudrait pour "apaiser", il n'y avait pas non plus de formule pour le faire passer plus vite. Ils étaient tous plus ou moins condamnés à la morosité pour un bon moment. Certains s'en relèveraient plus vite que d'autres, tout dépendait de la profondeur de leurs blessures et de leur capacité à cicatriser. James, en ce moment, n'avait pas particulièrement envie de cicatriser. Il lui semblait que ce serait là une insulte à la mémoire de Gern.
Pas tout à fait certain que cette discussion ait été d'une utilité renversante (il ne sentait ni mieux, ni pire, juste des questions sans réponse), le jeune homme saisit l'opportunité offerte par la Rouge pour s'esquiver plus rapidement, comme c'était devenu son habitude. Ne pas s'attarder.
"Je l'accompagne, professeur."
Même s'il ne savait absolument pas quoi lui raconter.
Parfois, les gens avaient juste besoin de présence.
Elle.
Ou peut-être lui.
Il glissa un bras autour de son épaule et s'enferma dans le silence.
Jörgen comprendrait.