[St Val Sakura-Jörgen]Les liaisons dangereuses

Il était temps...

Sakura, marchait d'un pas nonchalant, prenant plaisir à plonger ses yeux dans tous les regards fuyants des élèves. Tous ne la fuyaient pas. Preuve il en est, ce soir elle allait rejoindre un homme.
Mais elle en intimidait un bon nombre, et c'était souvent avec un sourire un peu narquois qu'elle répondait à leur regard. Elle avait pris l'habitude de choisir ses victimes avec soin, et de tout prendre avec détachement. ''Ne pas s'impliquer'' telle était sa devise.

Enfin c'était avant de jeter son dévolu sur Bjorn, un poufsouffle au charme plus que certains. Et sans conteste aucune, il était encore plus impliqué qu'elle dans la chasse.
D'ailleurs dans son envie d'avoir le Jaune, elle s'était engagée à séduire quelqu'un. Rien de bien compliqué quand on connait la nature humaine.
Un mélange de charme et d'audace pouvait mettre n'importe quel homme à ses pieds. Et sa victime de la veille en avait fait les frais.

Pour l'occasion la Serdaigle avait revêtue sa robe noire en soie qui la moulait comme une seconde peau. Le tissu soyeux virevoltait autour de ses jambes fuselées, et le décolleté montrait subtilement le renflement de ses seins. Un simple cordon en tissu retenait le vêtement a l'arrière de son cou. Elle avait mis tous les atouts de son côté, puisque le poisson de ce soir allait être difficile à ferrer. Il se jouait d'elle la plupart du temps, et pour Sakura il était temps de passer à l'attaque.

Le pas de ses escarpins résonnait dans le long couloir. Elle voulait attirer son attention. Et elle espérait bien y arriver. Bjorn attendait impassiblement au croisement d'un couloir. Pile à l'heure.
Elle ne marcha pas plus vite pour autant. Les vingts mètres qui les séparaient était le début de la bataille, et elle comptait bien obtenir ce pourquoi elle était venue.

Se postant devant lui, le regardant droit dans les yeux, elle engagea le conversation sur deux simples mots mais qui signifiait beaucoup :

- Mission accomplie.

Puis elle s'adossa au mur près de lui, très à l'aise, attendant la suite des évènements avec un plaisir anticipé. Le combat serait rude, elle le savait mais pas question d'abandonner. Elle voulait Bjorn, et elle allait l'avoir.

Elle prit le temps de le regarder avec attention. Toujours cette once d'arrogance et d'autorité qui émanait de lui, indifférent de ce qui pouvait bien arriver autour de lui, à moins qu'il l'ai lui même provoqué.

*Bjorn=Jörgen.

Négligemment appuyé contre un pilier, chemise blanche, pantalon noir, Bjorn observait les allées et venues de chacun en quête de sa prochaine animation. Sept années à passer dans le même château, avec les mêmes têtes, les mêmes cours et les mêmes histoires pouvaient être d'un ennui. Le destin répondant rarement aux convocations, le jeune homme avait depuis longtemps décidé d'insérer son grain de sel dans ses rouages et de donner de lui-même son piquant aux intrigues quotidiennes.
Il attendait à ce moment même son agent très spéciale.

Elle approcha de sa démarche chaloupée qui avait fait quelques victimes étrangement consentantes.

Quand elle le voulait bien, Sakura pouvait être tout à fait potable. Non, vraiment. L'oeil bien exercé de Bjorn nota la façon dont le textile révélait son corps plus qu'il affectait de la cacher.

*Ouais. Pas mal. Elle a fait un effort.*

- Orphens et Chambers ont rompu?

Pas mal du tout.
Elle avait été encore plus rapide que pour convaincre Sanders de se jeter à son cou. Moins réticente aussi. Il savait très bien pourquoi. Le Mowana

Deux jours... Il avait cru le couple plus solide. Amour et jalousie étaient décidément un cocktail détonnant. Mais le jeune homme se garda bien de se montrer impressionné et se contenta d'un petit sourire satisfait, avant de lâcher d'un ton badin un quelque chose qui ressemblait à un:

- Alors, Chambers, dans le top ten des meilleurs coups, avant ou après Cullen le Vert?

Utilité des statistiques pour la postérité. Ou juste pour le fun, plus vraisemblablement.
Boaf, on s'amusait comme on pouvait.
Il se rapprocha sensiblement de Sakura, la fixant bien droit dans les yeux, son éternel sourire narquois au coin des lèvres, juste pour le plaisir de sa réaction. C'était toujours très flatteur. Tout le monde n'avait pas la chance d'être le centre du monde.

En s'approchant d'elle, il espérait sans doute la troubler. Il devait pourtant savoir qu'elle savait affecter tout le détachement possible en sa présence. Il était rare que la demoiselle laisse transparaitre ses émotions au travers de son joli minois au teint pâle.

Faisant mine de jouer avec un des boutons de sa chemise, Sakura répondit à la question l'air de rien :

– Chambers n'arrive pas à la cheville de Cullen. Mais un jour, toi aussi je pourrais te juger. Demanderas tu avec le même empressement la réponse ? Ton physique laisse à penser que tu pourrais détrôner le numéro un, mais je ne suis pas si sure que tu y arrives...

Le regardant droit dans les yeux, la jeune fille le scruta avec attention afin d'y déceler un once de réaction à ses paroles.
La jeune fille lançait exprès des provocations, chaque jour un peu plus précises. Sans succès jusqu'à présent. Il paraissait tellement indifférent à sa démarche, ou même à son corps, que Sakura pensait parfois qu'il était insensible à tous ses charmes.
C'était sans compter le jour où elle avait aperçut une flamme de désir qui dansait au fond de ses yeux verts. Émotion bien vite chassé de son regard, qui avait fait place à autant d'arrogance qu'auparavant.

– Prêt pour diner ?

Elle avait rempli sa part du marché, maintenant elle demandait le règlement immédiat de l'affaire. Pas question de se défiler ! Chambers contre un diner de Saint Valentin tel était le contrat. C'était d'ailleurs la raison de sa venue ce soir. Son rapport aurait pu attendre si aujourd'hui n'était pas un 14 février.

Un de ses ''amis'' avait préparé une des salles vides du sixième étage. Rien de gnangnan comme tout ce qui devait se faire ce soir. Les diners aux chandelles très peu pour elle.
En y entrant, ils n'y trouveraient que des coussins savamment installés dans le coin le plus sombre de la pièce, un plateau d'argent sur lequel des elfes de maison auraient disposé des petites mises en bouche. Fraises, chocolat, figues ou autre. Un repas plutôt léger, mais elle espérait bien que cela le mettrait en appétit.

Il ne lui restait plus qu'à y amener Bjorn, et la chasse pourrait commencer. Il repoussait depuis bien trop longtemps ses avances, et elle pensait bien profiter de l'occasion pour avoir ce qu'elle désirait.

Elle l'aurait à l'usure...

- Un défi? Il se pourrait que ça me plaise.

Le tout dit avec le ton de circonstance et ça ne faisait que passer comme une lettre à la poste. Habitués et blasés, ses mots avaient tout du réflexe, même s'ils étaient relevés par un peu de l'attention à laquelle toutes ne pouvaient pas prétendre.
Si, de ses yeux bleus qui, de l'avis général, étaient d'un troublant consommé, Sakura parvint à déceler une once d'amusement et d'arrogance, ce devait être à peu près tout. Il en fallait nettement plus pour le troubler ou le gêner. Chose qui ne le gênait pas fut de dévisager ouvertement le petit couple qui passa devant eux. La gamine rougit et trottina pour accélérer le pas. Son attention retournée à la Serdaigle, il se laissa le temps de répondre, histoire de voir si elle serait capable de dissimuler son impatience. Peut-être que oui, peut-être que non.

- Plus ou moins.

C'était une réponse qu'il affectionnait car elle n'engageait aucune parole. Des mots en l'air destinés à tomber dans l'oubli. Le jeune homme la laissa mijoter encore un instant avant de compléter:

- Sue est persuadée qu'elle va passer la soirée avec moi.

Sue était égal à petite jeune fille sans intérêt, sans charme et sans valeur qu'il s'était juré de détourner du chemin du célibat qu'elle semblait s'être tracé. Treize ans et déjà destinée à devenir vieille fille. Il fallait bien que quelqu'un lui enlevât ses illusions. Un homme, peut-être, rendrait grâce à Bjorn pour cela, plus tard.

- Je te serais... gré de m'en débarrasser.

Un sourire blasé.

- Je lui ai fait le coup des fleurs. Elle m'a dit qu'elle m'aimait. Elle commence à devenir sérieusement collante.

Une semaine avant de se lasser. C'était de moins en moins amusant.

- Tu me supprimes cet obstacle et je suis tout à toi.

C'était une façon de parler, bien entendu.