Sperare...[Eneas]

Sujet: Sperare...[Eneas] Mer 26 Mar 2008 - 13:41

Le terrain de Quidditch en cette fin d’après midi ressemblait à s’y méprendre à une grande surface un dimanche après midi. Vide. Désert. Sans vie.

Parfait.

Juste ce qu’il lui fallait. Pas de témoins. Du calme. De la concentration.

Et puis ce qui n’ôtait rien au charme des lieux, c’est qu’il s’agissait là, de l’un de ses endroits préféré de Poudlard.
Elle avait de bons souvenirs ici, et ça, c’était important.

Le temps était plutôt agréable. Cela changeait des derniers jours qui n’avaient été que pluie vents et brouillard. Toute le Royaume Uni avait été plongé dans une sorte de purée de pois à manger à la louche. Ou à découper au couteau. Ça dépendait des ustensiles que l’on affectionnait par-dessus tout.
Le temps gris entraînait l’humeur grise de la pluparts des habitants du château et la période n’avait pas été des plus agréables. En salle commune les filles s’asticotaient pour un oui ou un non, pour une couleur de vernis à ongle ou encore le simple fait qu’un représentant de la gente masculine ait adressé la parole à l’une plutôt qu’à l’autre.

Eden fuyait ces chipotages qui l’avaient souvent fait rire. Au début c’est assez amusant de voir à quel point les plus douces peuvent être des harpies lorsqu’on aborde le sujet du sexe fort. A la longue cela devenait lassant de supporter leur cri de chouettes effrayées de pie au timbre aigu et perçant. Elle fuyait donc les lieux communs ces derniers temps, passant son temps à flâner, respirer, observer et sentir ce qui l’entourait.

Aujourd’hui cependant, interdiction formelle de chômer. Du pain sur la planche, et pas qu’une tranche. Une boulangerie sur la planche pour être plus exacte.

Il fallait qu’elle s’entraine au sortilège du Patronus. L’objectif ? Le réussir à tout les coups…et qu’il soit corporel. Pas uniquement une simple volute argentée. Du concret, du solide, du rassurant, du vindicatif même !
Pour cela… trouver des souvenirs heureux. Le terrain était donc le lieu propice. La demoiselle sentait son cœur battre au rythme des matchs de quidditch. Elle avait ça dans le sang, réellement. Qu’elle voit le match ou le joue, elle se sentait des ailes, au sens propre comme littéraire.

La petite Irlandaise avait opté pour une tenue qui lui permettrait de s’asseoir dans l’herbe. Peut être était-elle encore humide étant données les dernières températures. Un jean était donc plus de mise qu’une jupette. Ses petites bottes à talons remontées sur le pantalon la protégeaient de l’humidité ambiante et lui faisait gagner quelques centimètres non négligeables ! Pour parachever la tenue, une petite tunique ajustée qui lui tombait sur les hanches et soulignait la finesse de la taille.
Cette fois ci, elle avait pris sa cape. Fini le temps où elle se faisait surprendre par la tombée du soir et sa fraîcheur surprenante. Elle était préventive, équipée et maintenant il ne restait plus qu’à se mettre au travail.

La demoiselle traversa prestement le terrain et choisit de s’installer prés des buts, pas trop proche du sable non plus, en cas de coup de vent, gare aux yeux !
Elle jeta plus qu’elle ne posa son sac sur l’herbe. La délicatesse ne faisait pas partie des qualités innées d’Eden. Elle pouvait l’être certes, mais là, sans public et pour une telle besogne, inutile de faire de la dentelle. La cape vint rapidement rejoindre le sac, et la demoiselle s’assit en tailleur à leurs côtés.
Elle rejeta ses longs cheveux dorés en arrière et dégagea son visage. Fermant les yeux à la recherche DU souvenir parfait, elle laissa les images qui lui trottaient dans la tête envahir son esprit et s’emparer d’elle.

Son arrivée à Poudlard, les connaissances heureuses qu’elle y avait faites… elle sourit. Un petit bout de parchemin s’agitait dans sa mémoire. « Je t’interdis de vanille… » Eden rouvrit les yeux. Un rayon de soleil jouait dans ses cheveux. Elle leva le nez vers le ciel… Il était finalement assez facile de trouver de beaux souvenirs. Bien qu’elle en eut toute une panoplie de tristes également. Eden chassa les nuages qui menaçaient de prendre son cœur d’assaut et fouilla à nouveau dans son esprit pour mettre la main sur celui qui ferait l’affaire pour cette journée.

Lorsqu’il passa, ombre imperceptible dans un flot de sourire et d’images douce, elle le saisit, s’empara de lui et le laissa l’envelopper comme on laisse une flamme réchauffer chaque partie de nos cœurs et corps en une soirée d’hiver.
Elle s’y agrippa de toutes ses forces, comme on s’accroche désespérément à une bouée de sauvetage. Refusant tout simplement de caresser l’éventualité de le laisser s’enfuir.
Elle se lança.

- Spero Patronum !

La voix était profonde, confiante, un peu voilée… Particulière, et vraiment pas désagréable à l’oreille. Elle semblait faire partie intégrante d’Eden. Elle allait de paire avec les charmes de la demoiselle, séduisante et sure d’elle, laissant peu de place aux doutes et à la faiblesse.

De la fine baguette que tenaient fermement les longs doigts s’échappa un filament argenté qui se transforma rapidement en une longue forme éthérée et translucide…

Eden ouvrit les yeux. Le félin leva la tête au ciel, semblant pousser un cri de triomphe qui résonna dans le cœur d’Eden, gonflé d’orgueil. Joli coup celui là. Elle se releva légèrement et, à genou, s’assit sur ses bottes pour contempler le puissant félin qui arrivait vers elle d’une démarche chaloupée.
La panthère se rapprochait, semblant fixer de son regard argenté les yeux gris qui la contemplaient avec fierté.

Sujet: Re: Sperare...[Eneas] Ven 28 Mar 2008 - 3:14

Décrire les passions n'est rien; il suffit de naître un peu chacal, un peu vautour, un peu panthère.
[Lautréamont]

Le soleil n'était guère encore levé que déjà un élève de Serpentard se tenait debout près d'une fenêtre d'un dortoir. Le lieu où il se trouvait, étant obscur, il put observer les nombreuses étoiles scintillantes dans le ciel en espérant une réponse à ses questions. Mais celles ci n'annoncèrent que la beauté d'un temps futur. Pourtant, l'esprit du jeune homme s'intéressait peu aux prévisions de la météo. Celui ci était tiraillé par un rêve curieux à la signification plus qu'étrange. Le sixième année était un des rares êtres humains à ne pas rêver librement. Il ne connaissait guère le sens véritable de ce verbe, lui qui avait l'habitude de dormir sans illusions ou alors qui ne rêvait que des faits allant se produire. Or il fallait savoir que ce dernier phénomène s'était produit il y a de cela, plusieurs mois déjà.

Ce fut pour cette raison que ce félin tant apprécié par le jeune homme vint accaparer toutes les pensées de celui ci. Son image lumineuse à la posture prépondérante et charismatique l'amena à se demander pourquoi il avait rêvé.

Un Dimanche après-midi au mois d'Avril

La journée fut longue bien qu'agréable par le temps. Or, les élèves de Poudlard n'étaient pas là pour servir de décor en profitant du soleil du Royaume-Uni, à défaut de la Californie. Ils étaient jeunes et insouciants donc en bonne santé pour faire leurs travaux théoriques et manuels. Autant les laisser se plaindre d'esclavage auprès de la BRIME, le Ministère faisait la sourde oreille. Merlin retournerait dans sa tombe s'il voyait, ô combien, les talentueux apprentis sorciers étaient mal traités.

Mais ne nous éloignons pas trop du sujet.

Eneas fut à son tour, convié à potasser ses différentes matières. Notamment la Métamorphose et les Défenses contre les forces du mal. N'ayant pas suivi son intuition en faisant ses devoirs à l'avance, il dut se contraindre à rester à l'intérieur alors que le soleil avait décidé de faire son grand retour. Le seul jour où tous semblaient indisponibles.

Ce fut en fin d'après-midi qu'il se sentit libéré de toutes responsabilités. Il était temps de récompenser "Travail forcé" par "Récompense bien méritée" Et pour satisfaire cela, il n'y avait qu'un moyen pour faire vibrer le jeune Serpentard. Le Vol. Mais non pas le vol à la définition "s'approprier ce qui appartient à autrui"! Mais plutôt à "se déplacer dans les airs"... Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas servi de son Nimbus 2000. En plus de cela, les entrainements de Quidditch n'avaient pas encore commencé. Il eut donc l'intention d'emprunter le terrain de Quidditch vide à cette heure ci pour profiter de la brise par un temps agréable.

Le balai à la main, une démarche plutôt assurée, Eneas s'en alla rejoindre le calme et un goût de liberté pour une heure ou deux environ. Mais ce qu'il attendit non loin de lui fut loin d'être ce qu'il espérait. Une voix légèrement voilée s'éleva et une lumière argentée en direction du terrain, vint interroger sa curiosité. Celle ci disparut bien vite ou s'était équilibrée. Le jeune homme fronça les sourcils et s'approcha alors, entrant ainsi dans l'enceinte de ce fabuleux stade de jeu. Ce fut à cet instant que son souffle s'arrêta.

Cette lumière dotée d'une image angélique, cette ambiance ésotérique, ce félin si élégant... Tous ces éléments le ramenèrent à la nuit précédente. N'était-ce pas ce qu'il avait vu? Juste, ce qui différenciait de ce qu'il avait révé, était qu'il était témoin d'une scène de complicité. Or, cette fameuse nuit, il était le complice de la panthère. Mais il comprit qu'il n'avait été que dans la peau d'une personne. D'une jeune demoiselle.

Eneas ne semblait connaître l'élève assise à genoux sur l'herbe. Pourtant, un visage élégant éclairé par la fierté et la sûreté n'aurait pu être oublié. Ses cheveux fins châtains tombaient en cascade entourant ainsi son visage délicat. Une lueur de noblesse se dégageait par sa prestance. Mais que faisait-elle? Eneas se rappela avoir entendu la formule du Patronus avant d'arriver à destination.

Se pourrait-il qu'elle ait le même?

Peut-être ainsi avait-il découvert la signification de son rêve? Voulait-on lui avertir une rencontre fortuite? Ou bien destinée? Qu'importe où ses pas l'emmenèrent, il les suivrait... S'appuyant sur son balai près d'une des entrées d'un gradin, il regarda avec attention et d'un air captivé l'évènement extraordinaire qui se produisait devant ses yeux. Il n'avait pas l'intention d'interrompre cette intimité.

Eden ne parvenait à détacher son regard de ce qu’elle aurait certainement nommé son "œuvre" si on lui avait demandé à cet instant.
Pour un premier coup c’était plutôt une réussite. Certes, ce n’était pas sa première fois avec le sort du Patronus… mais pour un premier essai de la journée ça aurait mérité d’être applaudis. Si seulement il y avait eu des témoins.

Alors que lentement, la panthère disparaissait, Eden leva les yeux au ciel pour profiter de la chaleur des derniers rayons de la journée. Elle ferma les yeux et offrit son visage à la lumière du soleil.

Elle se sentait observée.

Pourtant la panthère s’était volatilisée. Se pouvait-il qu’un Patronus reste plus longtemps ? Peut être que cela dépendait de la puissance du sort … Auquel cas elle devrait encore progresser. Mais peu importait. Elle aimait travailler ce sort. Elle avait l’impression que l’animal à la démarche chaloupée était son compagnon de toujours.
Une sensation de quiétude et de régénération s’emparait d’elle lorsqu’elle l’invoquait. Elle se plaisait à utiliser ce mot. Invoquer son Patronus. On avait vraiment l’impression de posséder une part de l’âme de son compagnon. Ledit compagnon qui finalement n’est qu’une représentation de soi… mais on s’en fiche. En sa compagnie, on se sent bien.

*Qu’ai-je de la panthère ?*

Eden fronça les sourcils. La panthère c’est un symbole de quoi ?

On dit qu’elle représente l’inconnu, les ténèbres. Lieux de prédilection pour trouver des réponses, la lumière cachée de la vérité.
On dit aussi que la panthère et le guide pour la visite de territoires inconnus. Dans quelle exploration était elle vouée à se lancer ?

Elle sentait toujours un regard posé sur elle… Impression persistante des yeux de la panthère qui quelques instant auparavant, semblaient lire dans les siens.

Un Patronus pouvait-il guider ?

Eden se rassit plus confortablement dans l’herbe, arrêtant ses doigts sur un trèfle qui dépassait de la pelouse bien entretenue du stade.
S’il avait quatre feuilles, elle parviendrait à ses fins. Sinon… elle verrait.
Eden dégagea délicatement la petite plante du reste de l’herbe, sans l’arracher, et en compta les feuilles. Une, deux….et trois. Un petit trèfle tout ce qu’il y a de plus normal. Elle haussa les épaules. Elle parviendrait tout de même à ses fins. Elle y parvenait toujours. Aucune raison que cela ne change.

Sur sa nuque.

Le regard était braqué sur sa nuque, elle en était persuadée maintenant.

La demoiselle se retourna vivement. Elle n’était pas seule. Et ce n’était pas la panthère qui l’observait. Il se tenait à l’entrée du stade, un balai à la main. Silhouette qui paraissait aussi solitaire que ce qu’elle-même devait lui sembler. Elle le dévisagea effrontément. Elle aurait du se lever, dire quelque chose de … semi-intelligent ? Lui sourire peut être ?

Depuis combien de temps était-il là ? Que faisait-il tout seul un dimanche après midi ??

*Et toi, tu es bien toute seule aussi un dimanche après midi….et ici !*

Elle le reconnu. Il faisait partie de l’équipe des Green Evil, et bien qu’elle n’ait jamais eu l’occasion de lui parler personnellement, elle l’avait déjà vu voler. Il était batteur et elle n’aimerait pas être en face de l’un de ses cognards !

La petite Irlandaise se leva lentement, avec grâce. Inutile de paraître encore plus petite en restant assise. Elle épousseta légèrement ses vêtements, s’agenouiller dans l’herbe, c’est sur, ce n’était pas très classe. En revanche, s’il avait entrevue la magnificence de ce Patronus, il ne pouvait nier que c’était efficace !
Un sourire daigna poindre sur ses lèvres. Un peu timide peut être, mais la demoiselle n’avait pas quitté le calme procuré par cette invocation féline. Alors un sourire dépourvu d’ironie pour une fois, ça ferait l’affaire. Elle doutait qu’il vienne ici pour l’ennuyer. Sinon il l’aurait probablement déjà fait.
Eden inclina légèrement la tête, invitation à l’inconnu pour faire quelques pas vers elle… A moins qu’il ne désire passer son chemin ?

« Qu’ai-je de la panthère ? »

Cette question, je me l’étais posée des centaines de fois lorsque j’avais découvert un an plus tôt, que mon patronus représentait cet animal si énigmatique. Cela avait chamboulé toutes mes certitudes. En ce temps là, je n’aurai jamais cru pouvoir trouver un sentiment de bonheur aussi puissant pour réussir à le faire apparaître.

Dénué de tout, la signification de cet être éphémère avait hanté mes pensées. Me convenait-il vraiment ? Etait-il réellement le reflet de mon être ?

On disait certes que la panthère représentait les ténèbres. Elle était aussi un guide si l’on voulait franchir les frontières de l’inconnu. Comme si à elle seule, elle pouvait devenir la seule lumière scintillante ayant le devoir de montrer le chemin de la sûreté. Mais n’était-elle pas reconnue pour être un animal rusé, sauvage et résistant ?

Les significations auraient pu être nombreuses. Mais je n’avais pas l’intention de faire l’analyse psychologique de mon âme avec pour comparaison ce félin fascinant. Au fond, j’étais convaincu d’une certaine ressemblance.

Qui aurait pu croire qu’une autre élève à Poudlard et de la même génération puisse avoir le même patronus que le mien ? Car je n’avais cette fois ci pas rêvé. Je l’avais vu de mes propres yeux. Devais-je apprendre quelque chose de cette coïncidence ? Je n’allais pas tarder à le savoir pourtant rien ne me prédisposait à connaitre cette personne. Ne venais-je pas ici pour m’entrainer ? Je pourrais tout aussi bien passer mon chemin et faire comme un troll qui fairait semblant de n’avoir rien vu. Un patronus, en soi, ce n’était pas aussi extraordinaire. Pourtant...

Pourquoi devrais-je suivre mes rêves alors que ceux là commençaient à me laisser tomber peu à peu ?

Car cette situation m’intriguait. Si le patronus de cette demoiselle avait échappé à la malédiction que l’on m’imposait et m’était apparu dans un rêve, je voulais en connaître les raisons. Il n’y avait rien de plus grisant que de découvrir le sens caché de certaines circonstances n’est ce pas ?

A-elle remarqué ma présence, maintenant que tout phénomène fantastique avait disparu ? L’avait-elle au moins senti ? Mon regard posé sur sa silhouette concentrée ? Discernait-elle mon étude et mes questionnements la concernant alors que je venais à peine de l’apercevoir ?

Je vis ses épaules se raidir. Si jamais elle prenait conscience qu’une autre personne était en ce lieu, j’aurai la certitude que ce Dimanche serait riche en connaissance. Elle tourna légèrement son visage délicat en ma direction, ses yeux rencontrèrent les miens et je fus surpris de reconnaitre seulement ses traits fins à l’instant.

Ne faisait-elle pas partie des Gadflies ? Une élève de Gryffondor. J’eus l’impression que mon cœur se serra. Je n’avais pas l’habitude d’accorder facilement ma sympathie envers ces élèves de cette maison, mais pour des raisons bien différentes que l’éventuel conflit qui régnait entre nos deux maisons respectives.

~ Pourtant, mon grand... N’est-ce pas toi qui entretiens en secret, une relation amoureuse avec l’une d’entre eux ? ~

Mes préjugés semblaient faussés. Je devais l’avouer. Peut-être aurais-je encore l’occasion de me le rappeler en compagnie de cette inconnue ? Puisque notre premier point commun s’était déjà révélé. Mais la vraie question était : me laissera-t-elle l’approcher ? Après tout, je venais de la déstabiliser dans sa concentration. Et puis, je venais de voir son œuvre... Bien surprenante.

Elle se leva avec une telle grâce que cela me rendit perplexe. Cette demoiselle possédait en elle, toute une attitude qui commandait respect et indulgence. Elle me gratifia d’un sourire poli comme si par cet acte, elle m’accordait une attention particulière. J’arquai mes sourcils avant de lentement la rejoindre à l’extrême gauche de ce terrain sans vie.

-

Très belle prestation que tu m’as offerte là. La panthère est un animal noble, tu dois être fière de l’avoir comme patronus.

Dis-je simplement après être arrivé près d’elle. Mon balai toujours à la main, je me tournai vers le milieu du terrain vide avec un sourire satisfait. Quelques minutes de réflexion me firent perdre toute politesse. Je tendis ma main vers elle... Je ne voulais pas paraître insolent et mal élevé.

-

J’espère que je n’interromps rien. Je ne crois pas que nous nous sommes déjà rencontrés bien que tu fasses partie de l’équipe de Quidditch. Je suis Eneas Penn de Serpentard.

« Quel effet cela fait de se montrer aussi cordial envers la maison que tu méprises tant ? »

Je perdis mon sourire. Cette question m’était revenue comme un coup de fouet dans mon cerveau. J’aurai sûrement été différent si les choses avaient dégénéré. Mais jamais, ô non jamais, je n’avais perdu le respect d’une personne. Je ne jugeais habituellement pas une personne envers sa maison. Malgré toutes les raisons auxquelles je pouvais m’y résoudre. D’ailleurs, sans cette sagesse d’esprit, je n’aurais jamais apprécié Althéa ...

Eden sourit.
Les compliments lui plaisaient bien. D’autant plus qu’elle était réellement fière de ce Patronus. Il avait été particulièrement réussi. La façon dont Eneas parlait de ce noble animal provoqua l’écho d’un doute dans l’esprit de la petite irlandaise.

Se pouvait-il qu’il ait le même ?

La demoiselle inclina légèrement la tête sur la droite pour détailler le nouveau venu. Eneas avait un certain succès chez les demoiselles. La plupart des garçons de Serpentard à dire vrai. Cullen, Evans, Lui, De Lansley, Falcon… A croire que le vert s’accordait bien avec leurs yeux.
D’un œil malicieux, Eden s’excusa de cette intrusion. Détailler les gens les mettait souvent mal à l’aise. Mais la gamine n’en faisait qu’à sa tête. On apprenait beaucoup d’une personne en l’observant attentivement. Ses petites manies, les gestes qui trahissent sa nervosité, s’il ment, parfois même ce qu’il pense de vous ou encore ce qu’il a ait l’instant d’avant.
Le petit Prince en l’occurrence, ne laissait passer que peu de chose. Si ce n’est qu’Eden avait l’étrange impression qu’il était en proie à un doute gênant.
Elle haussa les épaules, il avait brusquement cessé de sourire. Elle en profita pour glisser quelques mots.

- Tu es fière de ta panthère à toi ?

Ou comment résumer deux questions en une: Ton Patronus est –il une panthère ? Tu en es fier ?
Quoi qu’elle en aurait volontiers ajouté une troisième qui si elle avait été formulée aurait eu la forme suivante :
Ça signifie quoi la panthère ?

Perdu dans ses pensées Eneas Penn de Serpentard… Bien loin de ce terrain. Mais où ? Il avait cependant la main tendue, en signe de politesse.
La demoiselle s’en saisit avant de la serrer brièvement mais de façon énergique.

Il parait que la première impression est déterminante pour une rencontre et une éventuelle future relation. La poignée de main serait, selon certains, assez symbolique pour permettre de mettre un caractère sur l’homme. Loin d’en être sure, Eden préférait cependant s’assurer qu’on ne la prendrait pas pour une mauviette dés la première poignée de main. Elle s’assurait donc d’y mettre une main tonique et prévenante.
On ne sait jamais.

- Non en effet, on ne se connaît que de nom. Moi c’est Eden. Enchantée de te rencontrer officiellement Eneas Penn de Serpentard.

Elle gratifia son camarade d’un petit sourire malicieux.

- Tu n’interromps rien. Je m’entrainais juste à produire mon Patronus. Celui-ci n’avait pas l’air mal du tout.

Elle hésita un instant puis haussa à nouveau les épaules.

- En fait, pour dire vrai, il était absolument superbe !

Eden plongea ses yeux gris dans ceux d’Eneas. N’était-il pas le cousin de Charlotte ? Il semblait avoir les mêmes yeux perçants. Hallucinants. Son regard argenté se posa un instant sur le balai que le jeune homme tenait à la main.

Et elle, avait-elle empêchée quelque chose ?
Les personnes qui venaient sur le terrain sans coéquipiers pour renvoyer la balle avaient souvent bien des choses à exorciser. Elle ne voulait pas le gêner. Ceci dit, le terrain serait certainement bien assez grand pour eux deux.

- Tu venais t’entraîner ?

Chaque regard que vous portez sur une personne ou un objet est différent.

Ils peuvent tous dévoiler un élément de votre personnalité. Si vous êtes curieux, fiers, peureux ou encore doux.

La généralité des personnes ne se rendent pas compte à quel point ils peuvent être à découverts devant une autre plus ou moins observatrice et consciente de ce fait.

Il est si facile de découvrir les différentes caractéristiques qui font de vous ce que vous êtes.

Les regards ont toujours été très importants pour moi car j’avais appris à lire en eux.

Plus jeune, j’étais loin d’être un garçon bavard et sociable. Je passais le plus clair de mon temps à observer les gens qui m’entouraient. J’aurai pu aussi bien donner un trait de caractère à un inconnu que j’observais pour la première fois.

Le temps avait légèrement changé. Je m’étais ouvert un peu plus et j’eus également de nombreuses surprises à ma disposition.

Certains possédaient un don évident pour le mensonge.

Une année avant celle-ci, j’aurai pu déceler cette étincelle hésitante ou peu sûre. Aujourd’hui, j’avais perdu cette habitude, par manque d’exercice sûrement.

Le fait d’être sorti de ma bulle et d’avoir une vie beaucoup plus sociale, m’avait obligé à choisir. J’ai délaissé ma solitude pour acquérir une réputation auprès des autres. Je devenais plus accessible mais restait constamment sur mes gardes.

Pourtant, j’aimais détailler du regard les yeux de mon interlocuteur, ou de mon interlocutrice. Je possédais une forte croyance qui contait que « Les yeux représentaient l’âme d’un être ». Si c’était vrai, alors l’âme d’Eden Sanders était translucide. Opalescente mais impossible à déceler... comme ses yeux gris en amande que je pouvais à présent, contempler avec attention.

Elle m’observait à son tour, étudiant mes traits familiers du visage, mon sourire qui brusquement s’était éteint.

Elle m’analysait.

Je pouvais lire en elle, un être réfléchi et peu incrédule. La sincérité devait être une de ses principales qualités.

Alors qu’Eden continuait son examen sur ma personne, je me surpris à vouloir connaître le fond de ses pensées, les différents renseignements que mon allure pouvait lui donner.

A en croire la question qui tomba dés cette analyse, Eden avait su lire bien plus facilement en moi que je ne l’aurai pensé. Même plus profondément, puisqu’elle y avait aperçu le secret de mon patronus. Mon visage, d’habitude impassible, se déforma en un air surpris. Sourcils froncés, bouche entrouverte et un regard assombri par le questionnement...

~ Comment le sait-elle ? ~

Je n’acceptai pas d’être déstabilisé à ce point. Je me repris donc très vite.

Un sourire hermétique vint se dessiner sur mes lèvres, lui laissant apparaitre la réponse endormie qu’elle attendait. Mais je ne voulus en dire plus. Il n’était pas encore l’heure des échanges confidentiels. On en était encore très loin...

Or, donner un sentiment à propos d’un être qu’il soit réel ou féerique dés les premières minutes d’une rencontre me montrerait vulnérable aux yeux de celui ou celle qui écouterait. J’entends « vulnérable » au sens, dévoilé. Les paroles définissant les émotions, semblaient plus dangereuses qu’une simple attitude.

Eden serra ma main de manière ferme et énergique. Si son but était de me lancer un message qui la concernait, j’en avais bien reçu le sens.

- Il en est de même pour moi Eden.

Je la laissai s’exprimer sur l’œuvre qu’elle venait d’accomplir en acquiesçant de la tête comme pour approuver ses propos.

- C’est vrai, tu m’as donné là une image plus que satisfaisante de la panthère noire.
Etait-ce la première fois que tu t’entrainais à produire un patronus ?

Pour arriver à un tel résultat, la jeune gryffondor avait sûrement réussi à trouver un souvenir heureux qui méritait d’être exploité. Il était rare d’en trouver un d’un seul coup. Et silencieusement, je ne pouvais que la féliciter.

Je m’avançai légèrement sur le terrain pour arriver au milieu. Comme celui-ci pouvait paraître gigantesque quand personne ne s’y trouvait pour acclamer deux des quatre équipes de Quidditch ! On avait l’impression d’être des fourmis, hébétées par la longueur et la largeur du terrain. Tout simplement impressionnant.

- Comment pourrais-je m’entraîner seul ? De plus étant batteur, il me faut une batte et un cognard afin que je puisse m’entrainer ne penses-tu pas ?

Lui répondis-je avec amusement. Il n’y avait rien de sarcastique ou de mesquin dans mes propos, je répondais tout simplement comme si l’on taquinait une personne de bon gré. Haussant les épaules, je posai mon balai sur l’herbe humide et croisai les bras. Me voici à quelques mètres d’elle à présent, mais cela ne m’empêcha guère de lui parler avec engouement.

- Le temps est sublime aujourd’hui et ayant une soudaine envie de vitesse, de liberté, j’ai pensé que voler me ferait un grand bien.
Mais dis moi Eden, j’ai une question qui me vient en tête...

Intéressé par quelques coutumes moldues, son prénom m’avait fait replonger dans ce livre religieux ayant une importance considérable dans leur monde. J’étais alors curieux d’en apprendre un peu sur celui-ci, et si justement ce prénom correspondait bien à la personne qui se trouvait devant moi.

- Eden... Cela ne provient-il pas du Jardin d’Eden ? Soit disant le Jardin des Délices, ou encore le Paradis terrestre ?
Dis-moi, te connaître permet-il aux gens qui essayent, de gouter à ce paradis ? Ton Paradis peut-être ?

Le Paradis. Tous avions une idée du paradis, même chez les sorciers. Mais le Jardin d’Eden était bien inconnu de notre monde... De quoi était-il fait ? Quels fruits exquis s’y trouvaient ? Mes yeux brillèrent d’une lueur indescriptible. Un fin sourire s’était incrusté sur mes lèvres depuis le début de ces interrogations. J’aurai aimé connaître l’étendu de son esprit, et j’étais impatient d’en connaitre les réponses. Les doutes s’étaient envolées, elle m’avait intrigué

Il semblait se détendre un peu.
Et il posait plein de questions.
Un peu comme elle en fait.

Elle tourna son regard à l’endroit où s’était tenue la panthère quelques minutes auparavant, comme si le souvenir subsistant pouvait la faire réapparaître. Son premier ? Non. Certes elle n’en avait pas produit beaucoup et celui là était de loin le meilleur. Question de souvenirs. Il fallait qu’il soit puissant. Elle en avait trouvé un efficace.

Non j’en ai déjà produit quelques uns, mais rien d’aussi chouette.

Une nuance de fierté restait dans la voix grave de la jeune fille. Même avec toute la bonne volonté du monde elle aurait eu du mal à la faire disparaître. Alors sans volonté…

Eden suivit le jeune homme qui s’avançait sur le terrain. Sous leurs pieds, l’herbe paraissait aussi douce que la caresse délicate du vent.
Ce lieu était décidément son endroit préféré. Avec peut être une forte concurrence de la part du…

Comment pourrais-je m’entraîner seul ? De plus étant batteur, il me faut une batte est un cognard afin que je puisse m’entrainer ne penses-tu pas

Se moquait-il d’elle ?

Déjà il reprenait à propos d’un autre sujet. Son prénom.

Eden jeta un œil malicieux à Eneas et s’arrêta tout net. Le jeune homme avait pris de l’avance et se trouvait désormais quelques mètres devant elle.
La demoiselle croisa les bras et arqua un sourcil avant de répondre sur le même ton amusé.

J’imagine que pour un sorcier de sixième année il est extrêmement difficile de faire venir une batte et un cognard jusqu’à lui avant de l’ensorceler pour parvenir à s’entraîner seul.

Mordante la petite.
Mordillante plutôt, parce qu’elle jugeait Eneas suffisamment empreint d’humour pour comprendre qu’elle répondait gentiment à sa taquinerie. Lui aussi avait croisé les bras. La jeune femme le toisait de haut en bas. Dommage qu’elle ne lui ait pas parlé avant. Elle aimait que les gens aient de l’humour. Elle ne manquait pas de répartie et se délectait d’adversaires qui repoussaient ses assauts avec humour.

Elle franchit les quelques mètres qui les séparaient un petit sourire tranquille aux lèvres et se retourna pour réaliser qu’elle avait laissé son sac un peu plus loin. Tant pis.

Eden ça veut dire « délices » en hébreu. Commença-t-elle.Je ne sais pas si j’entraine ceux qui me connaissent sur les rives d’un paradis terrestre mais il me semble que c’est un mot qu’on peut aimer tout aussi bien que s’en méfier. Il me fait l’effet d’une quête improbable. Beaucoup cherchent mais personne ne peut affirmer avoir trouvé. L’Eden c’est magnifique, la dernière quête, le paradis. Mais chacun de nous peut encore se demander s’il est réel. Ceci dit moi je suis bien réel et pas tout à fait un paradis, ajouta-t-elle en un clin d’œil. La perfection d'un paradis me parait ennuyeuse... qu'en penses-tu?

Avec ses cheveux dorés encadrant son visage aux traits doux, Eden aurait tout eu de l’ange en cet instant, si ces yeux ne pétillaient pas d’une lueur malicieuse qu’on trouve plutôt chez ceux qui n’ont pas accès à ce jardin délicieux.

Et son prénom à lui?

Cette jeune gryffondor me semblait faite d’étonnement. De surprises à délecter à chaque instant. Les doutes qui m’avaient au début rendu méfiant et distant paraissaient s’éloigner très loin, loin de mes pensées.

Il est vrai que je me sentais plus détendu et je devais peut-être avoir honte de l’avouer mais c’était agréable d’être en compagnie d’Eden Sanders. J’aimais les personnes qui avaient du répondant sans pour autant posséder une once d’agressivité dans la voix.

Elle avait tout à fait l’air de comprendre mon raisonnement et le jeu des paroles auquel je l’invitais à prendre part. En aucun cas elle n’aurait évité cette invitation puisque son côté mordant, que dis-je « piquant » était empreint dans son caractère. Elle était telle que je l’avais imaginée. Du moins pour le moment.

Et d’ailleurs, ce bout de personnalité aurait pu très bien se complaire au sein de la maison des Serpentards. Mais Eden possédait sans doute des atouts qui auraient également fait défauts à cette maison. Le courage peut-être...

Mais à quoi pouvait-elle bien s’affronter pour surpasser sa peur et sa faiblesse ?

C’était une de ces demoiselles qui possédaient un sens de la répartie fort aiguisé et avec qui il fallait se méfier des mots qu’on employait, si l’on ne voulait pas se retrouver avec un sens différent.
Eden aurait pu se révéler comme étant une adversaire redoutable si la taquinerie ne s’était pas installée entre nous deux. Je la voyais fort bien réagir à une attaque verbale, déstabilisant son agresseur.

Elle avait répondu à ma question d’une façon qui portait à croire que c’était ma personne qui se retrouvait dans l’erreur et non elle. Elle me donnait en quelque sorte le rôle du sorcier incapable et peu vif d’esprit.
J’en souriais et ne pus même m’empêcher d’émettre un léger rire d’amusement. Mon regard réjoui la toisa mais ne répondit pas. Pas pour le moment...

Un homme devait être galant envers une demoiselle alors je tenais à lui laisser le temps dont elle disposait afin de me répondre à mes prochaines questions. Le sujet n’était autre que son prénom, n’était ce pas une magnifique conversation sur la découverte d’une personne ?

Alors que j’attendais patiemment comment elle allait se débrouiller, sa réponse me satisfit au plus haut point. Elle avait pour but d’être réfléchie et étudiée avec attention. Je discernais une étincelle de sincérité dans ses paroles. Comme si elle avait également cherché le sens de son prénom, les mystères que comportait ce dernier. Tout ce que j’aimais voir en somme chez quelqu’un.

Par la même occasion, Eden s’était rapprochée. Elle était venue me rejoindre au milieu du terrain et je pouvais ainsi détailler une nouvelle fois son doux visage. Il est vrai qu’elle possédait le profil d’un ange tombé du ciel. Cette jeune fille, qui ressemblait plus à une jeune femme angélique, disposait de bien des avantages qui auraient pu faire fondre n’importe quel être humain, sison air malicieux ne cachait pas des profondeurs plus obscures.

Digne d’une panthère... Magnifique à priori mais qui pouvait se révéler dangereuse.

- Ce que j’en pense ?

La questionnais-je de mon regard enflammé par le feu bleu encerclant mes pupilles

- Le paradis ne sera sûrement jamais mon lieu de repos. Si jamais ce lieu existe... Je m’ennuierai trop souvent... Il me semble que je préfère me complaire dans mon déchirement plutôt qu’être en paix avec moi-même. Mais peut-être certains veulent croire à cette perfection, comme pour garder l’espoir d’être un jour racheté de leurs erreurs? Peut-être n’est ce qu’un pays imaginaire comme on le prétend à présent pour l’Eldorado ?

Finis-je par dire avant de marquer une pause et de reprendre

- Mais après réflexion, nous sommes tous les deux dans un monde où même les moldus n’en connaissent le fond. Ils imaginent sans savoir qu’il existe véritablement... Alors qui sait ce qui est de notre ressort ou non ?

Mes yeux se reposèrent sur Eden avec une brève étude sur sa personne. Elle était plus petite que moi mais cela ne dérangeait en aucun cas.

- En tout cas, je trouve qu’ « Eden » est paradoxal. Si cela signifie « Délices », ne serait-ce pas un moyen de pousser à la tentation ? Or la tentation...

~ Nous avons là une connotation légère du fruit défendu ~

Un sourire équivoque se dessina au coin de mes lèvres au lieu de continuer ma phrase. Mais je ne laissais pas le temps à Eden de répondre que déjà je pris ma baguette et lui proposai de rallonger notre rencontre encore pour quelques minutes, si ce n’est quelques heures. A voir... Si elle acceptait.

- J’aurai le plaisir de te montrer ce qu’un sorcier de sixième année a la possibilité de faire dans un domaine où il excelle si tu m’accordes ta présence et ton jeu. Je ne prends jamais plaisir à m’entrainer seul...

Un peu de vanité ne peut faire aucun mal pour l'égo. De toute manière, nous restions dans le domaine de la taquinerie non?

"Le seul moyen de se délivrer d’une tentation, c’est d’y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu’elle s’interdit."

Pourquoi en cet instant Oscar Wilde se faisait si présent dans son esprit ?

Eneas avait dit tentation. C’était un mot qui lui convenait à merveille. Cet homme là avait le visage du diable. Eden avait une image du diable beau comme un ange. Aussi paradoxal que cela soit. Un physique captivant dans un esprit empreint de malice. Eneas avait cette prestance et cette attirance. Un côté dangereux qui faisait de lui et la plupart des garçons de Serpentard, la coqueluche de ces dames.
Elle lui sourit.
Il y avait quelque chose en lui qui lui échappait.
Il savait.

Mais que savait-il ?
Elle ne mettait pas le doigt dessus.

Sa façon de s’exprimer, les mots qu’il prononçait, démontraient clairement qu’Eneas Penn n’était pas qu’un bel homme. Eneas était aussi quelqu’un de réfléchi, de cultivé, raffiné peut être.

Ta vision du paradis me laisse à penser que la panthère a un côté marginal. La plupart des gens devraient aimer un monde parfait. Nous sommes deux ici à le trouver ennuyeux. Chuchota-t-elle, comme par peur d’être démasquée.

Il faudra que nous dissertions sur ton prénom. Eneas ne me dit rien. Celui d’Aeneas en revanche te conviendrait à merveille.

Tu parles. Fils d’Aphrodite, rien que ça.

Lorsqu’il répondit à ses taquineries, la demoiselle esquissa un léger sourire. En voila un qui ne se démontait pas. Habituellement, elle avait le don de vexer ceux qui faisaient les frais de son ironie. Elle n’était pas méchante, loin de là. Elle aimait à faire des commentaires, se plaisait à avoir le dernier mot. Certains étaient blessés par ses dires, à son grand regret. Mais ironie et fierté ne faisant pas bon ménage, Eden ne prenait pas le temps d’expliquer son caractère particulier. Beaucoup prenaient alors un autre chemin. Peu importe. Ceux qui restaient en valaient la peine.
Largement.

Elle reconnu dans la vanité du jeune homme sa propre vanité à annoncer ses talents. Il devait être sincèrement bon dans ce domaine. Elle aimait que les gens sachent le dire.
La fausse modestie étant fille d’hypocrisie, elle l’insupportait au plus haut point.

Elle ne comptait pas pour autant faciliter la tâche au Vert. Plus l’adversaire s’annonçait intéressant, plus on en repoussait les limites.
Sans se départir de son pétillant sourire, Eden reprit.

Je serai ravie de voir tes prouesses Eneas. souffla-t-elle admirative.
Dois-je appeler mon balai ou le domaine de tes compétences est-il tout autre que le quidditch ?

Les yeux gris démentaient cette innocence feinte, empreints d’une ironie qui allait de paire avec la sympathie qu’elle ressentait pour le jeune homme.

-

Aurait-on trouvé une ressemblance ? Je ne crois pas que nous soyons seuls à trouver cela ennuyeux mais il est rare de tomber aussi facilement sur une personne ayant la même conviction qui la réclame haut et fort. Maintenant les raisons qui poussent à avoir cet avis, ne regardent que nous seuls n’est ce pas ?

Dis-je pour peut-être la rassurer, comme pour me protéger. Eden avait des secrets et disserter sur cette conversation abordait également des sujets sensibles. En posant cette dernière question, je confirmais cette peur de dévoiler quelque chose.

- Je te remercie pour ce compliment. Aeneas est issu de deux personnes bien différentes. Un mortel et une Déesse. Qui plus est la Déesse de l’amour, des plaisirs et de la beauté... Ce serait trop me vanter que de me comparer à Aeneas. Mais tu as bien vu la ressemblance avec mon prénom. Ma mère m’a ainsi nommé car elle était sensible à la mythologie.

~ Enée l’avait charmée. Et son fils avait fait de même, dés son premier cri. Ainsi je fus nommé Eneas ~

- Est-ce pour autant un sujet à disserter ?

Continuais-je avec un sourire rempli de sous-entendu.

Miss Sanders savait y faire pour remettre en question mes intentions. Sa question s’annonçait double tranchante. Qu’exigeait-elle de plus concret ? Je percevais de la malice dans son regard, mais aussi une légère sollicitude à mon égard. Un mélange qui s’accordait plutôt bien avec sa personne et que je me surpris à apprécier, si ce n’est à aimer.

Une fois de plus, je me devais de dépasser les limites de l’incompétence. Pas que j’avais déjà épuisé toutes mes ressources de surprise ou de répartie, si l’on pensait que j’en avais... Mais je ne voulais pas enlever cette atmosphère où chacun évaluait les compétences de l’autre. C’était bien ce qui s’établissait entre nous non ? La Gryffondor cherchait toujours plus loin dans ses paroles, quitte peut-être à observer des failles. Je n’en savais trop rien. De toute évidence, les mots semblaient être nos alliés à tout les deux. Elle les maniait comme elle le souhaitait et je lui rendais la pareille.

S’attendait-elle à ce que je lui montre autre que mes compétences au Quidditch ? Certes... Nous étions en train de parler « Magie » et le fait de faire parvenir une batte et un cognard révélait d’une aptitude d’un élève de première année. Mais je crus comprendre qu’il était temps que j’éclaircisse une chose. Elle venait d’ailleurs, y faire allusion. Une nouvelle fois.

Sans répondre à sa dernière question, je me retournai, dos à elle et face à un espace assez large pour faire apparaître ce qu’il était temps de faire d’apparaitre. Ma baguette tenu par ma main droite, je la tenais fermement. J’avais toujours eu beaucoup de mal à trouver un souvenir qui était de taille avec le sentiment de bien-être, de grand bonheur. Le patronus devait être produit à l’aide de pensées positives telles que l’espoir, la joie ou encore le désir de vivre. Et peu de moments avaient réussi à atteindre le sommet de ma satisfaction. Pourtant j’avais déjà produit mon propre patronus dans le passé.

Mais à présent, ce que la vie m’avait donné dernièrement avait dépassé mes espérances. J’avais le choix entre deux moments forts de mon existence.

Je fermai alors mes yeux et dirigeai ma baguette à l’aveuglette, vers un objectif inexistant. Des images choisies encombrèrent un peu trop ma tête. Un sourire à la fois ravi et tendre vint se dessiner sur mon visage. Puis d’une voix douce mais assurée, je formulai :

- Spero Patronum !

Alors une lumière argentée sortit de ma baguette pour dessiner devant elle, les formes d’une panthère. A peu près semblable à celle d’Eden, aussi imposante que majestueuse. Aussi élégante que noble. Mis à part une légère différence qui était facile à discerner. Celle-ci, malgré cette couleur argentée, possédait de nombreuses taches sombres sur tout son pelage.

La panthère se retourna pour paraître devant Eden et moi. Son regard qui semblait au début méfiant, fut par la suite doux. Ce qui donnait un aspect sécurisant, protecteur. C’était bien la première fois que je ressentis ce sentiment d’accomplissement. Je crus sentir mon corps vibrer à chaque pas qu’effectuait la panthère, en notre direction. L’atmosphère qui s’était installée à sa venue, se trouvait tout simplement chaleureuse. Puis, après quelques secondes, cette silhouette disparut pour ne laisser qu’un seul spectacle, un terrain vert et vide.

Après un mince silence, je soupirai en abordant enfin une question qui m’avait trotté dans la tête depuis le début de cette rencontre.

- Je voulais d’abord te montrer... Mais comment as-tu su ?

Je me retournai pour refaire face à Eden sur qui, j’eus l’impression de capter toute l’attention à présent.

- Au début, avant que tu ne te présentes. Tu m’as demandé « Tu es fier de ta panthère à toi ? »... Et ensuite une allusion à leur côté marginal ...

Comment as-tu deviné ?

C’est parce que tu as dit « tu dois »…

Le rose lui monta soudainement aux joues. Elle avait pour habitude d’évaluer, décortiquer, analyser les paroles des gens pour ne jamais se laisser surprendre. Peu étaient ceux qui s’en rendaient compte.

Je veux dire…continua-t-elle d’un ton plus assuré, je pense que tu aurais dit « tu peux en être fier » si tu n’avais pas possédé le même. L’obligation m’a laissé supposé qu’un jour en d’autre lieux et d’autres moments on t’a dit ça à toi aussi…

Ses yeux contemplaient encore l’endroit où quelques instant auparavant s’était tenu la majestueuse panthère d’Eneas. Si semblable à la sienne et pourtant si différente. Elle tenait du léopard en ce que son corps était couvert de taches sombres. Sa panthère à elle si elle avait été colorée eut été aussi noire qu’une nuit sans lune.
Le patronus d’Eneas était particulièrement réussi. Si Eden avait été de cette trempe là, elle aurait avoué que la panthère l’avait impressionée. Mais, d’aucuns savent bien qu’elle ne le fera pas. Au contraire, elle s’appliquait à paraître complètement décontractée, maîtresse de la situation. Une manie qui ne lui passerait pas de sitôt.

La petite irlandaise planta ses yeux gris dans ceux d’Eneas, avant de détourner brusquement la tête pour suivre le vol d’un oiseau.

J’ai moi aussi une question pour toi…lança-t-elle soudainement. Tu as déjà eu l’occasion d’être fier de ton patronus ?

Elle ferma les yeux un instant.

Comment formuler ça ?

Puis soupira avant d’ouvrir à nouveau la bouche.

Non pas que tu n’aies aucune raison de l’être. D’après ce que j’ai pu en voir il est magnifique. Non, j’entends par là, est ce que ton patronus t’a déjà été utile ?

Elle se posait la question de leur utilité depuis quelques temps déjà. Elle avait bien peu de chances de croiser un détraqueur dans les couloirs de Poudlard et avait donc renoncée à se faire un jour sauver par sa panthère des griffes putréfiées de ces créatures.
En revanche, elle avait entendu dire que certains sorciers l’utilisaient parfois pour délivrer des messages. Et en ce point, l’idée d’un patronus puissant et noble l’intéressait particulièrement.

Curieuse de savoir si oui ou non il lui apporterait la réponse attendue, elle continuait à le fixer de ses beaux yeux. Détaillant le visage du jeune homme tout en jouant avec une mèche de sa chevelure dorée.

Spoiler:

Dernière édition par Eneas Penn le Mar 14 Oct 2008 - 20:35, édité 1 fois

L’Attention. Une qualité qui se faisait de plus en plus rare de nos jours et Eden montrait à quel point elle était attentive à tout ce qui se présentait à elle. Avec son sens du jugement prononcé, elle me surprenait agréablement.

Encore une fois.

Je souris, satisfait de découvrir un point qui la concernait. J’avais bien raison... Il fallait se méfier d’Eden Sanders si certains osaient lui cacher des choses. Elle était bien trop perspicace pour se laisser duper. Je n’avais jamais rencontré une personne aussi attentive sur les mots. Même si au fond, je trouvais qu’elle devait faire plus attention aux observations qu’elle se donnait.

Certaines pouvaient se révéler fausses.

Me concernant, ses propos s’étaient révélés vrais. D’ailleurs, la situation n’était pas si différente de maintenant. Des souvenirs revinrent à moi et je me trouvais dans un lieu non trop différent du Quidditch à une heure assez tardive. Ce fut une élève de Septième année qui m’avait aperçu. A cette époque, mon patronus était léger et comportait de nombreux défauts. Pourtant, je me rappellerai toujours des mots qu’elle avait prononcés.

« La panthère des neiges est un prédateur étonnant et qui disparait de plus en plus. Il faut que tu en sois digne pour que ton patronus te doive reconnaissance. »

A ce moment de notre rencontre avec cette inconnue, mon état était bien misérable et pourtant, avoir foi en mon patronus m’avait aidé. Une simple chose pourtant...

Mais ce n’était pas nécessaire d’en parler. Je revins vite à la réalité sans dire tout haut mes pensées secrètes, alors que la voix d’Eden qui me devenait peu à peu familière, me rappela à l’ordre. Elle avait une question à me poser ? Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils, curieux de connaître la suite. Alors que sa question tomba, je restai muet et pensif pendant quelques secondes.

- Merci pour ce compliment déguisé Miss Sanders mais je dois te l’avoue r franchement. Non ... Jamais. Il faut dire qu’on rencontre peu de Détraqueurs dans le coin.

Je me mordis la lèvre. Il y avait bien une autre façon de se servir d’un patronus. J’avais entendu certains grands sorciers formuler que le patronus pouvait servir de messager. Enfin, jamais personne ne l’avait réellement vérifié. Etait-ce donc vraiment possible ?

En regardant Eden, j’eus l’impression que la réponse qu’elle attendait concernait également cette dernière vision des choses.

- Toi aussi tu as entendu dire une différente caractéristique concernant les patronus n’est ce pas ? Penses-tu que c’est vraiment possible ? Il est vrai que cela m’étonne que l’on nous apprenne encore les patronus si ceux là ne servent quasiment à rien.

Enfin... Tu me comprends en disant cela j’espère.

Plongé dans ses souvenirs Eneas. Loin d’elle et de ce terrain, vers d’autres contrées en d’autres temps…
Eden profita de son absence momentanée pour finir de l’observer plus finement.
Elle aurait volontiers classé Eneas Penn dans le lot de ceux qui ont des secrets. Il paraissait bien plus complexe que ce que certaines filles en disaient. Beau garçon certes, sympathique aussi, mais avec des secrets aussi épais qu’une peau de dragons.
Elle choisit de ne pas interrompre cet instant de remémoration. Non seulement c’était déplacé, mais elle avait appris à son insu que l’interruption de souvenirs enfoui pouvait empêcher la découverte de bien des choses. La mémoire est une fonction complexe qu’il ne faut pas parasiter, sous peine de voir se perdre d’importantes données ensevelies dans les méandres des souvenirs les plus banaux.
Elle attendit patiemment qu’Eneas repose les pieds à terre et récupère le temps présent. Ce qu’il fit rapidement.

L’expression du compliment déguisé lui arracha un sourire. Il l’avait peut être bien cerné après tout. Il est bien plus difficile de complimenter que de reprocher. Quand l’un franchi les portes de votre bouche avec une aisance toute particulière, le second nécessite un arrachement à vous qui est parfois des plus douloureux. Il est bien plus facile de s’auto complimenter.Mais la franchise étant son crédo, dusse-t-elle s’arracher la langue chaque jour, elle ne pouvait s’empêcher de formuler tout haut ses jugements, fussent-ils bons ou pas.

La petite Irlandaise baissa ses yeux curieux lorsqu’elle sentit l’inquisition dans le regard d’Eneas. Il savait qu’elle n’attendait pas seulement une réponse concernant les détraqueurs. Un instant elle se demanda s’il n’en savait pas bien plus que ce qu’il ne voulait laisser paraître. Elle se ravisa bien vite, Eneas, bien que son blason fut vert et argent, n’avait pas l’air de ceux qui manipulent les autres à tout va
Les détraqueurs…
Elle n’en avait jamais vu de ces bêtes là. Beaucoup de témoignages parlaient de l’horreur qu’ils procurent, des sentiments de joie ou de bonheur qui vous filaient entre les doigts à leur venue, et s’écoulaient de chacune des parcelles de votre peau, pour ne laisser que le vide et le désespoir.
Eden réprima un frisson de dégoût. Avec ses choses là, pas beaucoup de portes d’échappatoire. L’attaque physique ne servirait à rien, la fuite était quasiment impossible, seule le maniement agile de la baguette laisser entrevoir une sortie moins dramatique.
A dire vrai, elle n’était pas réellement tentée pour en croiser.
Mieux valait cependant être équipée au cas où.

Eden releva la tête lorsqu’Eneas en parla lui aussi. Son visage pris un air des plus sérieux alors qu’elle plantait ses prunelles grises dans celles du jeune homme. Elle aurait donné n’importe quoi pour qu’on lui enseigne ce sort là. Voila un système qui éviterait bien des maux et serait un atout incomparable dans certaines situations.

J’ai entendu dire qu’on pouvait se servir des Patronus comme messagers.

Brut de pommes.
A quoi servait de prendre des chemins détournés quand ils savaient tout deux de quoi l’autre voulait parler ?

J’aimerai bien savoir faire ça. Avoua-t-elle un peu déçue d’aborder ce qu’elle était incapable de faire.
Je suppose qu’il existe des ouvrages là-dessus, mais je n’en ai pas encore trouvé. Il paraît que les Aurors les utilisent pour communiquer. Tu imagines les possibilités que ça laisse entrevoir ? Tu serais capable de parler avec quelqu’un où qu’il soit !

Elle marqua un temps de pause, fronçant légèrement les sourcils avant de poursuivre.

A moins qu’il n’existe une limite physique à leur portée… Poursuivit-elle songeuse. Je ne sais pas. Et de reprendre avec malice et une pointe d’ironie : Je dois dire que je comptais un peu sur toi, sixième année à Serpentard pour m’expliquer.

Elle lui accorda un sourire signifiant la plaisanterie, avant de se laisser tomber dans l’herbe, assise, aux pieds d’Eneas. Le soleil se couchait sur le terrain de Quidditch et laissait courir ses derniers rayons dorés sur le tapis vert du terrain. Eden offrit son visage à leurs dernières morsures et ferma les yeux un instant avant de murmurer.

C’est l’un des moments de la journée que je préfère… On dirait que le terrain est recouvert d’or. Un peu comme la poussière de fée dans Peter Pan.

Il était fort probable qu’Eneas n’ait pas la chance de connaître les Enfants Perdus. Un conte moldu que les enfants de sorciers n’avaient pas dû souvent entendre.