[Intrigue] Le mur du Souvenir

Vendredi 10 octobre, 16h.

Comme cela avait été annoncé durant les discours de rentrée des collégiens et des universitaires, ils étaient là.
La Rose et l'Ombre.
Tous les deux se tenaient à quelques pas du mur du Souvenir, sous un arbre aux feuilles encore plus ou moins vertes. Ils restaient immobiles, les yeux dirigés vers le château. Les portes du Grand Hall étaient grandes ouvertes et de nombreux élèves les avaient déjà passées, quittant les salles de classe pour se rendre dans le parc. Tous, ils empruntaient le même chemin. Un petit sentier qui menait dans un coin plutôt reculé du parc. Là se tenait un grand mur de marbre blanc sur lequel les photos de toutes les victimes de Poudlard étaient disposées.
Les élèves avançaient. Certains souriaient, heureux de retrouver des camarades maintenant à l'université. D'autres avaient le visage grave, connaissant personnellement l'un des élèves dont l'image était placardée, pour lui rendre honneur.
Rire, sourire ou éclat de rire, tous disparaissaient à l'approche de cet imposant mur qui inspirait le respect. Les Dyodes y étaient certainement pour quelque chose, car eux aussi insufflaient une certaine réserve, de l'humilité peut-être. Sans savoir pourquoi et alors qu'ils paraissaient plus jeunes que la plupart des universitaires, on se sentait tout petit, face à eux.

"Chers élèves de Poudlard et de Poudlard University,

Vous êtes réunis en cette après-midi afin que le mur du Souvenir vous soit présenté.
Certains d'entre vous l'auront sans doute déjà remarqué, d'autres peut-être pas. Ce mur fut érigé le 14 février dernier, à l'occasion de la commémoration de la mort de Juge Lara Impartial. Malheureusement, suite à quelques... problèmes dûs à un Filtre d'Amour, la cérémonie est passée inaperçue.
Nous avons décidé, avec le directeur Anatole Rosemont, de rendre une visite obligatoire à la rentrée. C'est aujourd'hui.

J'ai moi-même érigé ce mur et la date n'est pas innocente. Le 14 février 2007, Juge Lara Impartial nous a quitté. Cette grande Dame nous a laissé à tous un grand héritage : Poudlard University. C'est la troisième année consécutive que nous ouvrons nos portes aux étudiants qui ont terminé leurs cursus à Poudlard, ou qui viennent d'ailleurs. C'est une grande chance pour eux, et un grand atout pour nous.

Le mur du Souvenir est là pour rappeler à tous les drames qui ont eu lieu à Poudlard, afin que, nous l'espérons, ils ne se reproduisent plus."

La Rose fit une pause dans son discours et observa les élèves présents.

" Vous pouvez y voir les photos des victimes que Poudlard a fait.
Je parle ici de Cédric Diggory, mort durant le Tournoi des Trois Sorciers.
Je parle ici de de Deneb Kaïtos, décédée tragiquement lors d'un match de Quidditch.
Je parle ici d'Ethan Collins, qui a perdu la vie pendant une chasse à l'œuf de Focifère.
Et je parle également de Juge Lara Impartial et de tous les autres."

Nouvelle pause.

"J'invite maintenant tous ceux qui voudraient prendre la parole à le faire, pour nous parler de l'une des victimes ici représentées.
Afin que nous ne les oublions pas."

La Rose se recula de quelques pas, allant se placer aux côtés de l'Ombre, et laissa le premier élève avancer pour s'exprimer.

Spoiler:

Toni était avec tous les élèves dont elle ne connaissait qu’une petite moitié. Les autres, les plus vieux devaient être les universitaires. Contrairement aux élèves de Poudlard, ceux-ci ne portait pas de robes noires à blason mais ils avaient des blasons dont la signification intrigua Toni qui dévisageait chacun. Elle en dénombra cinq différents sans savoir à quoi ils se rapportaient. Les universitaires avaient des visages paisibles et souriants. Grand nombre, sur le chemin qui avait mené au Mur du Souvenir, était venu saluer d’anciens camarades toujours collégiens.

Marchant en solitaire sans réellement savoir si elle trouvait cette commémoration morbide ou sympa, Toni avançait sans parler. Elle se sentit plus calme et moins mal à l’aise à l’approche du mur. Comme si une force extraordinaire l’inclinait à se sentir fière et respectueuse et à oublier ses mauvaises sensations. Elle découvrit La Rose et L’Ombre qui attendaient tout le monde.

Elle écouta l’introduction de La Rose qui finit par inviter ceux qui voulaient parler pour un disparu à le faire.
La Gryffondor ne voulait pas prendre la parole, elle pensait ne connaitre personne figurant sur ce mur. C’est alors que ses yeux s’attardèrent sur le visage de Mimi Geignarde.

Elle, je la connais...



Mimi Geignarde faisait tellement partie intégrante des toilettes des filles du deuxième étage que Toni avait oublié sa tragique histoire. Tué par le basilic de Jedusor en 1943. Tout ça pour échapper à un garçon imbécile qui la malmenait. En tout cas, c'est ce qu'on racontait. Les garçons sont tellement stupides et moqueurs parfois !

Mimi Geignarde avait maintenant son prénom et son nom, Myrtle, gravés dans le marbre blanc de ce Mur. Toni sourit en se promettant de ne plus s’exaspérer à chaque fois qu’elle verrait Mimi et Peeves se disputer devant les toilettes des filles.

Bras croisés au fond, éloigné de toute personne censée, Antiochus observe le mur discrètement. Toute émotion se perd dans sa barbe. La froideur de son regard n'est pas faite pour attirer la sympathie non plus.
Il est très rare de voir ce personnage tomber le masque et afficher une quelconque émotion. Cela fait plus de vingt ans qu'il a refoulé tout "public display of emotion", ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer.

A l'arrière de la foule amassée pour l'occasion, Antiochus est silencieux, intéressé. Quelque part il ne peut s'empêcher de penser qu'il a sa part de responsabilité dans l'érection de ce mur, que son passé salit ces lieux. Il n'y aura jamais rien qu'il puisse faire pour être lavé des crimes qu'il avait commis auprès du Seigneur des ténèbres et il le sait.

Aujourd'hui, il se contente simplement de penser à Abigail Downing.






Abigail a été retrouvée morte dans une ruelle sombre de Pré-Au-Lard. C'était son premier crime pour le Dark Lord, et son premier sous imperium. Seul Voldemort savait qu'il était sous imperium; Il avait voulu lui ontrer que c'était lui qui décidait et que personne ne pouvait lui résister...

Le Seigneur des ténèbres s'est délecté de voir son plus jeune servant passer ce dernier test avec succès, et en plus sur une personne à laquelle il tenait.

Après ça, Antiochus a passé trois jours à vomir et à pleurer ce geste qu'il n'avait pu empêcher. mes ses condisciples n'eurent de cesse de lui répéter qu'il avait fait preuve d'une grande loyauté et d'un grand courage, qu'il était promis à un bel avenir...

Aujourd'hui, la nausée le reprit le nouveau professeur et il préféra s'éloigner pour ne pas souiller davantage le souvenir de ces disparus. une école n'avat plus à subir de telles atrocités, à présent, il en avait la conviction.

D'autres étudiants avaient pris la parole. Pendant leurs interventions, James jetait quelques regards sur leurs visages. Tous semblaient concernés par la chose, unis par une sorte de respect. Certains autres professeurs étaient là aussi, comme le nouveau Professeur de Défense. Un bien curieux personnage fonctionnant à l'économie de mots et d'expressions sur son visage. Personnellement, James aurait bien aimé qu'il arrive plus tôt, au tout début de l'année. Il était sûr qu'en tant qu'ancien Serpentard, c'est à lui qu'on aurait confié la Direction de cette maison.

Mais l'heure n'était pas à ce genre de considération. L'ancien champion se concentra sur le présent. Et lui aussi fut pris par cette vague de mélancolie. Parmi les photos des victimes se trouvait celle d'un ancien joueur de quidditch, lui aussi disparu en vol comme Deneb Kaïtos.



Jonas Longsdale. James jouait contre lui le jour où ce tragique accident se produisit. Sans cela, il aurait probablement été l'un des meilleurs batteurs du monde. Tout le monde craignait les cognards qu'il lançait. Le sort n'en avait juste pas décidé ainsi. Le monde du quidditch avait perdu un grand espoir. Immédiatement il pensa à Melusine. Que deviendrait-il si elle subissait le même sort?

Mélusine se souvenait du moment où le mur avait été érigé. Ou, plus exactement, elle se souvenait qu'elle n'était pas là. Gracieuseté de Mr BRIME qui avait jugé bon de leur offrir, à Althéa et elle, un petit congé sabbatique loin du château pour cause d'indiscipline et blablabla.
Et même si elle était à Poudlard le 14 février dernier, elle avait dû passer la journée à l'infirmerie, suite à l'ingestion d'un... euh... mélange hasardeux. Enfin, ... elle, a moins, avait le courage d'assumer la conséquence de ses actes.

Alors qu'elle parvenait au mur, juste avant le discours de la Rose, son regard tomba sur Boppy et elle eut un sourire de reconnaissance.
Boppy avait beau ne pas êre humain (et pour cause, c'était un peu un elfe de maison), il comptait parmi les victimes de Poudlard, au même titre que les autres. Zyn eut une pensée de remerciement pour la personne qui avait songé à le compter du nombre. A la droite d'Hermione, il aurait fait sa fierté. Zyn eut un petit pincement (un peu gros) au coeur à la vue de son ancienne amie. Un clignement de paupière la fit revenir à Boppy.

Boppy et son sourire édenté.
Boppy et sa voix zozotante.
Boppy et sa drôle de manière de courir quand il la voyait entrer dans les cuisines de Poudlard.

Beaucoup de se propres anecdotes culinaires cimptaient Boppy en personnage secondaire. C'était le premier elfe de maison que Mélusne eut rencontré (les McEwan d'Edimbourg n'étaient pas assez riches pour se payer les services de l'un d'entre eux. Oui, bon, on ne les payait pas, mais l'idée était là). Et, bien que l'amitié entre un elfe et une sorcière soit sas doute chose impossible, il y avait malgré tout un semblant de relation qui s'téait tissé entre eux.
Pour ses treize ans, Boppy lui avait préparé un gâteau à la citoruille, fourré au chocolat et à la menthe, avec un glaçage au fudge. C'était spécial. Mais génial. Mais spécial. Et la petite Mélusine de treize printemps avait gratifié l'elfe d'un bisou sur la joue, s'attirant la désapprobation de la communauté elfique.
Elle entendait encore son propre rire résonner dans les cuisines, rire auquel, elle l'aurait juré, s'était joint celui de l'elfe.

Boppy et sa seviablité.
Boppy, qu'un élève peu scrupuleux avait frcé à ingurgiter une mixture douteuse. Quand on faisait des mélanges bizarres et autres expériences culinaires hasardeuses, on était son propre cobaye. C'étaient les règles de l'art. Apparement, tout le monde n'avait pas un sens inné des responsabilités.
Mais Boppy avait bu, à peine grimacé.
Boppy avait viré au blanc. Avait sourcillé une dernière fois.
Boppy ne s'était jamais relevé.



'C'est bien qu'il soit là.'

Sans quitter le mur des yeux, genre "meuh non meuh quoi meuh pas du tout", Zyn fit quelques pas en direction de James.

Mains dans les poches. Yeux pochés. Fatigués.
Je n'ai pas dormi depuis trois nuits. Dormi au sens dormir plus de deux heures d'affilée sans se réveiller.

Nuit 1. Noah ne ferme pas les yeux. Larmes toutes les trois heures. Je demande à Manoue qui a eu l'autorisation express de passer certains week-ends à Londres près de son fils:
'Mais c'est du délire! Ca ne dort jamais ces petites choses? Comment un truc aussi minuscule peut-il faire autant de bruit? Il nous fabrique un dentier entier, j'imagine!'
'Ne dis pas d'âneries, gros bêta. C'est sa huitième dent. Il est juste inquiet. C'est tout.'
La période des premières dents avait vraiment été une période infernale. C'est sûr, je n'en ferai pas d'autres avant un bon bout de temps. Sauf si d'ici là, les enfants naissent directement avec leurs dents.

Nuit 2. Ma tutrice de stage a trouvé des plus amusants de me placer greffier sur l'affaire SANS CAS. Une énième plainte contre le Ministère et plus de huit cent mètres de parchemin à classer par client. Les parties plaignantes accusent les gens du Ministère d'ôter délibérément et de façon hasardeuse leurs pouvoirs à certains sorciers. Bien entendu, Domino pense qu'il s'agit d'un mouvement de mythomanes Cracmols qui ne cherchent que le dédommagement gracieux des pouvoirs institutionnels sorciers pour se la couler douce. Nous ne trouvons rien qui compromette le Ministère. Quoiqu'il en soit, j'ai une montagne de devoirs et écouter ces histoires de sorciers mal fichus m'insupporte. Dans les histoires de mythomanie, je préférais celle du type qui prétendait être le fils caché de Juge Lara Impartial. Au moins, il était distrayant.

Nuit 3. Poudlard University. Le Mur du Souvenir. Ai-je vraiment envie de me rappeler? Je n'en dors pas car, comme un fait exprès, des images d'Impartial me traversent toute la nuit. Mes ongles qui grattent le sol pour enterrer sa dépouille. Son fantôme qui me sourit en me sauvant la mise au tribunal. Lui rendre hommage quand je ne suis que son assassin. Serai-je un hypocrite en me rendant avec les autres au pied du monument aux morts?


Matin. J'y vais. C'est décidé. Nous verrons bien. Un mort est un mort.

'Au moins, je pourrai croiser Mim.'

Sortie de cours. Je l'aperçois. Jolie. Elle ne me voit pas encore. Je la bouscule exprès pour mieux la rattraper. Par les hanches, s'entend. Ah, ses hanches!

Je m'amuse des regards autour. Je n'ai rien à faire devant cette salle de classe et je m'en contrefous. Je salue Prof Ronchon au passage en lui adressant mon plus beau sourire:

- Ah! Comme je suis heureux de n'être plus un de vos élèves! Lui dis-je avec grand politesse.

Il rouspète un jargon incomestible pour mes sensibles oreilles. Je ne mange que de la poésie.

Un bye-bye par-dessus l'épaule et nous sommes partis. Purdey nous accompagne. Je la salue bien qu'il me semble l'avoir déjà fait ce matin au petit déjeuner. Ce même petit déjeuner durant lequel je me demandais encore si je n'allais pas planter Mimoune... appréhension.

'Pourvu qu'Impartial ne me fasse pas la blague de sortir de son rocher pour dire bonjour.'


Devant le Mur.

Les deux adolescents mythiques accueillent les graines de sorciers et leurs modèles les plus confirmés. Quelques professeurs aussi. Comme c'est indélicat de les avoir fait venir. Il n'y a rien de plus vulgaire qu'un professeur. Qu'ils sont laids ces professeurs. Ils sentent le renfermé. La vieille penderie qu'on n'ouvre que pour en sortir les effets à jeter aussitôt à la poubelle. Tellement laids. Laid comme une McEwan. Je la salue aussi. Il n'y a pas de raison. J'adore mon hypocrisie. Elle me sied à merveille quand les instants sont ombrageux.


Sur le Mur.
Juge Lara Impartial.

Mon cœur bat. Je ne bouge plus. Je tuerais un village entier pour que personne ne le sache. Ma paume devient moite... OK. Mimoune doit deviner comme je me sens à présent. Les réminiscences que je craignais refont surface. Ma nuit se poursuit de jour. Blême. Sombre. Choqué. Son portrait se penche en avant et elle fait jongler son maillet rose d'une main à l'autre avant de le frapper sur le rebord du cadre. Ca la fait rire. Elle rit et me fait un clin d'œil. Je souffle à peine. J'ai envie de lui dire que je suis désolé... mais non. Moi, je ne m'excuse pas.

Je serre la main de Charlotte un peu plus fort. Je l'embrasse dans les cheveux et lui murmure après seulement deux minutes:

- Allez, je me casse.
Tu me rejoins quand c'est fini. Je serai près du lac.

Talons tournés. Mais pas la page.