''La magie ne m'a jamais quitté non plus, et pour cause, nous sommes sorciers de naissance. Il n'y aurait pas vraiment de ''concours'' pour le devenir, c'est un don, et nous l'avons dignement accepté... Je regrette que vous n'ayiez pas votre baguette.'' dit-il posément, d'un air toutefois indécis.
Julian examinait le fin visage de l'élève qui lui faisait face, en recherche d'un moindre signe qui montrerait ses émotions, ses sentiments... Elle semblait avoir encore changé d'air, puisque son visage avait adopté un ton grimaçant.
''Je ne pense pas vraiment que l'on puisse supprimer la magie qui sommeille en chacun de nous. Certes, on peut l'altérer, mais pas la faire disparaître... La magie est une essence rare qui nous habite dès que l'on naît. Comme vous dîtes, nos émotions et nos sentiments ne peuvent pas être enlevés. Nous sommes tous des hommes, puis, des sorciers, cela va de paire pour vous et moi. On peut bien sûr altérer nos sentiments...'' répondit-il, en s'arrêtant sur ses derniers mots.
Julian avait failli mentionner le ''charme'' - dont il ne savait rien encore - à Mélusine. Il ne voulait pas qu'elle le prenne mal, après tout, il n'avait pas été lui-même mais, cela l'avait tout de même rapproché d'elle.
''Oui, on peut voler nos rêves... Mais... A trop voler près du soleil, on se brûle les ailes tel Icare, il faut savoir apprécier notre vie, qui est somme toute, le plus beau rêve que l'on pourrait avoir. Cela fait partie de la Sagesse. Bien sûr, n'est pas Sage qui veut.'' reprit-il, en sentant comme un malaise dans la voix de son interlocutrice.
Observant à son tour la nuit qui prenait le pas, il esquissa un léger sourire.
''Après tout, rêvez, amusez-vous, vous êtes encore si jeune. La magie ne vient pas qu'avec la magie. La magie de la vie, et puis, la magie des moments passés... Chaque étoile qui orne la couverture de l'univers est là, pour vous, pour moi, pour ceux qui les voient. Si un soir, vous avez froid, regardez le ciel, vous serez berçée, réchauffée. Je ne vous retiens pas plus longtemps, chère Mélusine... Au diable la raison, rêvez !''
Julian s'habilla de son grand manteau noir, esquissa un sourire plus franc encore que lorsqu'il était charmé par le thé. Après tout, le charme de l'élève l'avait fait rêver, durant une agréable journée. Oui, rêver. Il pouvait rêver. Il sourit. Il sortit.
- FIN -