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| Une nouvelle mélodie [PV] | |
| Auteur | Message |
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Eleanor Moon Personnage Inactif
Nombre de messages : 55 Maison : Serpentard Année : 6ème année Gain de Gallions : 18972 Date d'inscription : 05/08/2007
| Sujet: Une nouvelle mélodie [PV] Ven 18 Jan 2008 - 21:30 | |
| Il y avait plusieurs jours déjà que les vacances de Noël s'étaient terminées, plusieurs jours qu'Eleanor était revenue au château. Porteuse, une fois encore, d'un nouveau secret. L'une de ces terribles vérités, plus destructrices que la Mort elle-même, plus insoutenable qu'une terrible blessure. Plusieurs jours durant lesquels la jeune fille s'était vue, avec une inégalable placidité, tenir le rôle si délicat de l'ignorante, de l'inchangée. Et, cette fois encore, personne n'avait perçu les cris derrière le masque d'absence.
Elle criait, oui. Si fort qu'il lui semblait se briser tel du verre sous la puissance des vibrations. Mais ses hurlements, jamais, n'atteignaient d'autre oreille que les siennes. La lueur à jamais perdue de ses iris d'argent ne reflétaient plus que la pâleur d'une lune oubliée des rayons de l'astre solaire. Mais nul ne saisissait l'infime différence.
Les couloirs, si souvent parcourus, lui semblaient à présent étroits, oppressants. Hostiles. Tels les épais barreaux d'une prison qu'elle s'était elle-même forgée. Les regards, qui toujours l'évitaient, lui paraissaient peser sur sa peau comme autant de lames prêtes à la transpercer de part en part. Les rires, les chuchotements, tout autant que les silences, résonnaient à ses oreilles comme d'indéchiffrables accusations portées à son encontre.
Ils savaient. Tous, ils savaient. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ne pas voir l'ombre de la culpabilité dans l'éclat terne de ses yeux ? Comment ignorer la couleur du péché sur le blanc de ses mains ?
La nuit s'étendait devant ses pas, dissimulant dans les ténèbres les moindres preuves que le soleil se targuait de mettre à nu. Dans l'obscurité, le corridor semblait n'avoir pas de fin. Etriqué, mais infini. Oppressée, solitaire, la jeune fille hésitait. Son instinct, primaire, la poussait à avancer sur ce chemin de frayeur, mais un part d'elle, grandissante, gémissante, refusait le premier pas. Le corps jeune, pâle et frêle tache de blancheur sur la noirceur de la nuit, tremblait.
Un pied, puis le second. Pas après pas, comme redécouvrant l'art de la marche, elle arpenta, en douceur, le sol de pierre, qui l'appelait, la repoussait tout à la fois. Les fenêtres, les portes, escaliers et passages insoupçonnés, tapisseries et tableaux endormis, défilaient à la lisière de son regard. Sans jamais attirer son attention, retenue ailleurs.
Elle ne s'immobilisa pas, reconnaissant le panneau de bois. Quelque chose, une voix irréelle, imaginaire, semblait vouloir l'y guider. Echo d'un souvenir, d'un désir ? Les questions comptaient moins que l'ultime réponse. La finalité d'une nuit de perdition.
Elle ne cherchait rien, n'attendait rien de cette errance à toutes les autres semblable. Elle n'espérait rien. Pourtant, poussant la petite porte, un profond soulagement la saisit. Frémissement. Esquisse d'un rare sourire. Il était là. Soldat d'une bataille qui, elle le savait à présent, jamais n'avait eu lieu, le musicien était là, à nouveau, comme prêt à recevoir, ou donner, une nouvelle mélodie.
Ce soir, il n'y aurait pas de lutte. Car ce soir, elle s'apprêtait à lui offrir ce qu'il attendait d'elle.
¤ Je suis venue chanter. ¤ |
| | | Elliot O'Malley Administrateur
Nombre de messages : 271 Maison : Ancien Serdaigle Année : Aucune Gain de Gallions : 18818 Date d'inscription : 11/10/2007
| Sujet: Re: Une nouvelle mélodie [PV] Mar 22 Jan 2008 - 18:24 | |
| Ma guitare a un hoquet. Elle laisse s’échapper une note inélégante tant je suis surpris par le filet de voix qui vient me chatouiller les tympans. Je tourne la tête vers la fille de la lune, je reste un instant rigide comme un grimoire entre deux presses livres.
♠ Il y a des jours qui se sont écoulés depuis la dernière fois. ♠
J’avais oublié cette fille et quand elle se présente dans l’encadrement de la porte comme si le temps n’était pas passé, je suis presque prêt à lui rire au nez en lui demandant si elle a pas une araignée au plafond, ce qui lui prend.
Mais je suis pas le genre de gars qui rie au nez des filles quand d’après mes souvenirs elles m’adressent en une simple phrase trois fois plus de mots que lors de notre première rencontre. Ca me ramène invariablement à la même pensée: "qu’est-ce qu’il lui prend et quelle mouche l’a piquée?"
Je me tourne complètement vers elle en posant l’instrument sur la table. Cette fois-ci, c’est moi qui ne bouscule pas le verbe pour m’adresser à elle. Je me sens.... pas. Peut-être faut-il que je prenne le temps de re-sentir.
Toujours assis et le dos enfoncé dans ma chaise en bois, je lève mes coudes et pose mes mains aux doigts croisés derrière mon crâne en m’étirant vaguement, je souris de par l’étonnement d’avoir été débusqué ici. Quoique je me dis que depuis quelques semaines, toute l’école doit savoir que je passe mon temps libre dans cette salle pour déranger personne, pour jouer en silence.
Je ferme les paupières et je réfléchis en soupirant, ça prend que quelques secondes de trop. Mais ça prend un peu de temps.
Ca se passe pas comme ça, je lui lâche.
J’ouvre les yeux, je baisse mes bras pour les ramener sur mes genoux, un peu penché, je la dévisage sans souci de la bienséance. Mon sourire a disparu. J’ai un souvenir d’elle assez mitigé.
Dans un rêve rémanent, je suis le soldat qui a déserté car la guerre n’en valait pas la peine. Quelle guerre en vaut vraiment la peine de toute façon? Je ne veux pas me batailler, je déteste quand j’ai à le faire, je déteste les concours de circonstance qui nous poussent à devoir tenir tête, je déteste être obligé de repousser l’envahisseur en dehors de mes frontières car quelque part, j’aime être envahi, je me suis toujours pris pour une sorte de Terre Sainte, un sol en trêve qui accueille ceux qui n’ont pas d'asile. Les territoires à conquérir ne méritent pas tous qu’on verse nos entrailles sur leur sol.
Je veux bien entrer dans ton monde, si tu fais l’effort de parler mon langage le temps 'que je m’habitue à tes manières étranges. Dans ma langue, il y a des bonjour, des salut, des comment tu vas.
Ca fait reproche comme ça? Non, non... C’est parce que c’est écrit. Dans ma voix, il n’y a pas un pet de reproche, c’est plutôt une invitation, une sollicitation. J’aimerais qu’elle cède et après, on verra si ça peut marcher comme ça, comme elle le veut.
C’est des basiques, tu vois... selon le degré d’intimité que tu as avec la personne, c’est des basiques non obligatoires... Mais la vraie base de tout, c’est l’identité... comment tu t’appelles? |
| | | Eleanor Moon Personnage Inactif
Nombre de messages : 55 Maison : Serpentard Année : 6ème année Gain de Gallions : 18972 Date d'inscription : 05/08/2007
| Sujet: Re: Une nouvelle mélodie [PV] Mer 13 Fév 2008 - 10:54 | |
| Une note discordante, aussi étrange que les vibrations d'un ressort tendu que l'on relâche brusquement. La mélodie qui allait se jouer ce soir dépareillait déjà de l'idée que s’en était forgée Eleanor. Sur le visage du jeune homme, nul sourire, nulle joie de revoir l’ombre de Serpentard. Il n’y avait, au fond de son regard, qu’une lueur de surprise, teintée de déception. Fallait-il s’en étonner ?
Cette fois encore, il semblait décidé à contrarier ses plans. Il s’était trouvé par hasard sur sa route, métamorphosant une errance ordinaire en furtif conte musical. Aujourd’hui, il refusait le chant qu’elle venait lui offrir, soucieux de respecter les codes qu’il avait, lui aussi, omis la fois précédente. Une politesse légitime qui n’avait pas alors effleuré leur pensée. Depuis quand avait-elle oublié les bonnes manières, si chères au cœur de sa tante ? Si attachée à la médiocrité des résidents de cette école, en était-elle arrivée à croire qu’ils ne méritaient pas l’étalage de la plus élémentaire marque de politesse ?
Son regard resta accroché à celui du jeune homme, un temps. Puis, elle se recula d’un pas et, saisissant avec délicatesse l’étoffe de sa robe, tête et yeux tournés vers le sol, lui offrit une élégante révérence. Sa voix s’éleva alors, douce, candide.
¤ Je me nomme Eleanor Moon. Je te prie de pardonner mon intrusion et t’adresse mes excuses pour le cas où je t’aurais dérangé. ¤
Quelques secondes d’immobilité, de silence, avant qu’elle ne se redresse. La bienséance voulait qu’elle quittât l’endroit sitôt la réponse obtenue. Mais… elle-même, souhaitait-elle partir ? Venir ici, lui adresser cette curieuse requête, lui avait demandé plus de volonté et de courage qu’elle ne l’aurait cru. Cela avait semblé si facile, alors… Devait-elle déjà abandonner ? Sans accomplir ce pourquoi elle était là ? Le laisserait-elle la congédier ?
La réponse, évidente, se trahit sur ses traits d’une détermination nouvelle. Quand bien même sa voix se verrait interdire un second chant, la jeune fille sentait, au fond d’elle-même, qu’il y avait, ici, avec lui, quelque chose à faire. Non une bataille, si vaine et dépourvue de sens, mais une alliance, peut-être. Aussi éphémère et fragile dut-elle s’avérer. Elle voulait… essayer. Tenter de comprendre ce qui lui échappait, encore et toujours. Comprendre les relations humaines. Dans l’angoisse sourde, entêtante, qui s’était depuis peu emparée d’elle.
Avant toute chose, se remémorer les enseignements de bienséance de Natacha. Aussi solitaire et rude cette femme pouvait-elle être, jamais elle n’y dérogeait. Le premier pas vers l’autre, semblait-il.
Elle s’avança d’un unique pas, deux peut-être, imposant sa présence dans la pièce. Un nouveau murmure ; une simple question.
¤ Quel est ton nom ? ¤ |
| | | Elliot O'Malley Administrateur
Nombre de messages : 271 Maison : Ancien Serdaigle Année : Aucune Gain de Gallions : 18818 Date d'inscription : 11/10/2007
| Sujet: Re: Une nouvelle mélodie [PV] Mer 13 Fév 2008 - 12:32 | |
| Elle a répondu, alors à mon tour je réponds avec un sourire moins compassé que ceux d’avant.
Je m’appelle Elliot O’Malley, dis-je, viens, approche.
Je lui tire une chaise en face de moi, puis je range ma baguette.
Je la détaille de haut en bas en étudiant sa peau diaphane, son regard hâve, ses cheveux blancs, ou gris, je sais pas, peut-être même qu’en vérité ils sont jaune pâle, je saurais pas définir la couleur de ses cheveux. En fait, la dernière fois que nous nous sommes vus, nous étions dans la pénombre et j’avais bien remarqué qu’elle était déjà palichonne mais à la lumière du jour, ça s’arrange pas. A présent, je vais cesser de la mater comme ça sinon elle va paniquer - pourtant, j’aimerais bien voir les rides, les sillons et rigoles que cause un sentiment aussi ostentatoire que la panique sur ce visage tellement si raide.
Je détourne pas mes yeux pour autant mais je sais mon regard moins insistant:
Tu as une peau si blanche.
Bon, alors vous allez me dire "ça va pas O’Malley? Qu’est-ce que tu racontes? Arrête de torturer les petites filles." Sauf que je suis comme ça, j’ai du mal à contenir mes remarques et mes interrogations. Or, ce que je viens de lâcher n’est qu’une constatation quasi émerveillée de voir une peau d’une telle blancheur et presque transparente. Un jour j’aimerais la toucher, mais ça va, quoi, je sais me retenir, je poserai pas un mon index curieux sur sa joue car c’est certain, autrement, elle va me prendre pour un corniaud.
Tu veux chanter quoi? lui dis-je pour finir en me sortant de mes réflexions, prenant la guitare à laquelle je vole une flopée de notes dans un las mouvement du poignet.
J’arrête, je la regarde, je lui souris, je dis une trollerie:
Du rock fusion?
Non, je me moque pas d’elle - un peu seulement - mais un truc est certain, va falloir que j’humanise ce visage dépourvu de vie bien que les envies soient là, bien profondément enfermées quelque part en elle que je connais pas mais que je trouverai. |
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| Sujet: Re: Une nouvelle mélodie [PV] | |
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