Ersatz [PV Loevi]

Sujet: Re: Ersatz [PV Loevi] Mar 2 Sep 2008 - 22:07

* Loevi lui enserrant le bras était la seule chose qu'elle percevait. Loelys leur parlait de ses malheurs tellement normalement que ça ne pouvait être normal. Cuan avait gardé un visage impassible mais Lanah, bizarrement, voyait très bien qu'il se retenait de couper Loelys dans son élan. La manière qu'avait l'acolyte de raconter tout ça ne devait pas lui plaire.

Il tourna la tête vers elle et Lanah soutint son regard. Tout se passa dans cet échange. Tout ce qu’elle avait cru percevoir – son dégoût, son envie difficilement répressible de faire taire l'acolyte –, et cela fit ciller la Serdaigle qui ne comprit pas comment elle arrivait à cela – capter la moindre de ses émotions. Ce fut elle cette fois qui baissa le regard et détourna la tête pour faire cesser cette bizarrerie. Cuan se leva de son siège, et chose rare, entoura de ses bras les frêles épaules de Loelys qui, reconnaissante ou simplement parce qu’elle avait compris le message caché dans ce geste, se tut et ne pipa plus mots. *

- Assez pour cette fois. Maintenant que vous savez la vérité, nous allons poursuivre et vous montrer la face cachée, ce que vous n’étiez pas sensé voir avant un moment… Suivez-moi.

* Il se releva, suivit par les deux filles. Loelys, dépassée ou vidée de toute force après son épanchement, resta assise, les bras ballants et le regard vitreux. Après un dernier regard en sa direction – cela ne lui disait rien de la laissait ainsi seule – Lanah suivit Cuan avec Loevi à l’extérieur.

Un moyen de locomotion tiré par deux cheveux – d’une couleur assez étrange : rougeâtre – se tenait prêt à les emmener vers ce lieu de mort dont leur avait parlé Cuan. Pouvait-on faire pire encore que ce qu’elles avaient déjà vu précédemment ? Rien n’était moins sûr dans l’esprit de la Serdaigle mais elle était pourtant à mille lieux de l’horreur de ce qui allait se cacher derrière une forteresse imprenable. *

* Les hautes murailles cachées magnifiquement bien les bâtiments intérieurs, plus imposant et surtout plus neufs que tous ceux qu’elles avaient déjà bien pu voir. Ils n’avaient en rien la splendeur de la grande salle du Temple, avec ses immenses vitraux colorés, mais on sentait tous les efforts qui avaient été fait pour garantir aux mourants un dernier voyage le plus paisible possible. Mais pourquoi de tels efforts n’avaient-ils pas été fait pour tous les malades ? Certains avaient-ils plus de droit que d’autres ? La réponse était tout autre en fin de compte : *

- Ici sont logés les personnes dont la maladie a atteint le dernier stade et pour lesquelles nos maigres connaissances du mal qui les ronge ne font rien. Toutes ces personnes sont condamnées…

* Un frisson désagréable parcourut l’échine de la Serdaigle et encore une fois, il ressentit avec une puissance affolante les sentiments passionnés de Cuan envers tous ses malades : de la colère pour ne rien pouvoir faire, une insondable détresse, le sentiment d’être inutile. Et Lanah se retrouva profondément bouleversée par ses sentiments qui n’étaient pas les siens mais qu’elle arrivait à comprendre et qui la plongeait à son tour dans une tristesse sans nom.

Sans savoir comment elle faisait, elle tendit son esprit vers cette boule d’accablement, passant affectueusement une main consolatrice sur le cœur meurtri de leur guide. Le contact profond les rassembla plus encore que maintenant, tissant un nouveau fil invisible entre elle et ce que Cuan représentait et qu’elle ne connaissait pas encore.

Le lien se rompit en douceur quand Cuan reprit l’ascendant sur ses sentiments. Après un regard de remerciement en sa direction, il reprit pour une dernière mise en garde. *

- Ce que vous allez voir risque fort de vous choquez ou de vous retournez le cœur. Si vous ne vous en sentez pas capable, il serait peut-être préférable d’attendre avant de voir ce qui se trouve derrière cette porte.

* Une telle considération pour leurs sentiments était assez inhabituelle chez lui mais Lanah considéra en silence Loevi.

Le choix lui appartenait. *