Etreinte [PV Dan Solveig]

Ernest rentre en fracas dans la pièce, leur pièce, celle que Dan « Antimoine » Solveig avait ensorcelé pour repousser les curieux. Il songea un instant qu’il faudrait donner un autre nom à la pièce que simplement « la pièce ». Cette idée s’envola très vite loin de son esprit, comme un moineau effrayé par un bruit fort et soudain.

Ce bruit fort et soudain était la douleur dans le bras d’Ernest. Il avait retrouvé toute sa mobilité mais c’était comme si des tiges d’acier le traversaient, en passant bien entre chaque fibre musculaire.

La rencontre de Jo dans le parc avait été trop longue, maintenant il devait faire vite. Il fallait préparer sa potion. C’est pour cela qu’il avait besoin de la corne de Strangulot, un Strangulot vivant, et qu’il le soit toujours lorsque la Potion était ingurgitée, celle qu’il avait prit quelques instants auparavant.

La pièce était la même où une Gryffondor l’avait dérangé, le soir du Bal où il laissa Hermione en plan. C’était une ancienne salle de cours désaffecté, était-ce plutôt un bureau ?, assez petite. Il y avait un fauteuil en cuir ancien et confortable, ainsi qu’une armoire et une table basse. Ernest, son associé et Dan avait aussi emmené une grande table avec plusieurs tabourets, pour la préparation des Potions, et un coin pour les hiboux qui apportaient leurs marchandises. Sur la table à Potion, tout un nécessaire à Potion en cuivre magnifiquement ouvragé. Le cadeau de bienvenue de Dan. Il avait été coûteux mais la qualité des Potions s’en faisait ressentir, positivement. Il y avait aussi quelques livres, empilé sur le sol, dans un coin, à défaut de bibliothèque et un tableau, représentant un comédien portant dans une main un masque qui sourit, dans l’autre un masque qui pleure.

Ernest claqua la porte et tituba dans la pièce. Il ôta immédiatement ses vêtements détrempés, pour se retrouver simplement en pantalon d’uniforme, pieds nus, son serpent entièrement découvert, si ce n’est sa tête, car le gant était toujours là.

Le bras fut agité de spasmes, comme ayant sa propre volonté. Le Serpentard avait chaud, il brûlait même, alors que les pierres froides et la pluie extérieur n’était pas des plus estivale.

Il grogna, retroussant ses lèvres, tomba au sol d’un coup, se redressa, retomba. C’était pire que la dernière fois. Il fallait faire cette potion.

La douleur traversait son corps, des doigts de sa main gauche, remontant le long du bras, sous son serpent, passait dans son dos et irradiait dans sa tête.

A quatre pattes, il sembla se rappeler de quelque chose, retrouva son tas de vêtements mouillés et sortit la corne de Strangulot d’une de ses poches.

Tant bien que mal, il se leva et voulut s’installer aux instruments de Potion, mais quelqu’un était déjà là.

«...Dan..»

Dan, les yeux écarquillés, en train de préparer la potion habituelle pour le commerce.

-Il faut…il faut…

La voix d’Ernest était une sorte de grognement peu agréable à entendre comme à exprimer.

Depuis que Dan avait Rencontré Ernest et son "petit commerce", la vie du gryffondor au sein de Poudlard avait considérablement changé. Toujours aussi secret et introverti en général, il était devenu encore plus invisible qu'auparavant pusqu'il passait le plus clair de son temps libre dans "la pièce." Avant, pour s'entrainer aux potions, il devait faire preuve d'ingéniosité pour se dénicher un coin sombre et pour emprunter le matériel adéquat mais aujourd'hui, il avait sa propre salle. La première chose qu'il y avait préparé était un philtre de répulsion pour la porte d'entrée. Les sorts de ce genre ne fonctionnaient pas dans Poudlard mais les potions oui... et Dan était tout à fait capable de préparer un phitre de répulsion.

Quand il était entré pour la première fois dans la pièce, accompagné d'Ernest, il avait eu pour la première fois de sa scolarité un sourire aussi large que sincère. La salle était parfaite, le serpentard avait pensé à tout.
Le gryffondor manqua même s'écrouler d'émotion en voyant le nécessaire à potion, tout en cuivre, qui trônait devant lui. Même s'il savait que ce cadeau était intéressé, sa gratitude muette pour Ernest fut immense. Avec un tel matériel, il ferait des merveilles.

Les jours étaient passés et Dan aimait les longues heures solitaires qu'il passait dans la pièce. Il avait déjà fini quelques flacons de la potion que lui avait commandé Ernest et aimait tester de nouvelles formules dans son nécessaire tout neuf. Le gryffondor avait déjà expérimenté la plupart des potions enseignées en septième année et son habileté en la matière était chaque jour plus grande.
Enfermé dans sa pièce, Dan ne voyait pas le temps passer.

Le Gryffondor était donc une fois de plus penché au dessus de son chaudron. Il avait laissé tomber sa tenue académique pour un vieux tee shirt beaucoup trop grand pour lui et une paire de jeans conortables. Comme ça, il pouvait se tacher à loisir.

La potion dans le chaudron bouillonnait gaiement et un vieux gramophone emplissait la pièce d'une musique aux accords mélodiques et électriques. Dan hochait la tête en rythme, le nez à motié dans son chaudron.
Il n'entendit donc pas immédiatement Ernest entrer dans la pièce.

Plus que deux gouttes de...

Soudain un bruit mat le fit lever le nez de son chaudron. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur. Ernest était dans la pièce, à moitié dévêtu et trempé des pieds à la tête, un masque d'atroce souffrance sur le visage.

Une seconde tétanisé, il vit le serpentard s'écrouler puis se relever difficilement, titubant sur ses jambes.

Le Gryffondor se précipita sur le gramophone et l'éteignit juste à temps pour entendre Ernest essayer de lui dire quelque chose. Le serpentard n'avait vraiment pas l'air d'aller bien, même son regard d'habitude clair et acéré était étrangement voilé.

Dan accourut vers lui et, séance tenante, l'attrappa sous les aisselles avant de l'emmener vers le gros fauteuil de cuir. Le gryffondor était plus petit mais l'urgence lui donnait les forces qui lui manquaient habituellement.

Il le fit s'assoire et remarqua avec inquiétude que la peau du serpentard sous ses doigts était brûlante.
Posant ses mains sur ses épaules, le regard qu'il lui tendit était franchement inquiet.

"Ernest! Tu es brûlant! Qu'est ce que tu fous ici? Tu aurais du aller à l'infirmerie...et tu es trempé."

Dan sortit sa baguette, la pointa vers le sol et pratiqua un sort d'apparition. Une couverture apparut. Il la prit, la déplia et la posa sur le jeune homme.

La première pensée qui lui vint était qu'il fallait amener Ernest à l'infirmerie. Sa température était vaiment préoccupante mais pour commencer à connaitre un peu le serpentard, il savait que celui ci n'apprécierait pas de ne pas être mis au courant avant.

"Ernest! Tu veux que j'appelle l'infirmière?"

Etrangement, Dan avait l'impression que le serpentard ne voudrait pas de l'aide de l'infirmière et déjà, le jeune homme essayait de se remémorer la formule exacte de philtres d'apaisement et de guérison.

Ernest et lui n'étaient pas vraiment proches tous les deux mais pour le gryffondor solitaire, il était la personne qui se rapprochait le plus d'un ami ici. Il lui avait donné un peu confiance en lui et en ses capacités et l'adolescent lui en était intimement reconnaissant.
Le visage de Dan était franchement inquiet tandis qu'il attendait une réponse du serpentard.

-Non…non, pas l’infirmerie…

Sa voix était rauque, raclante. Malgré que son corps le brûlait atrocement, il eût un frisson glacial, de la peur. Ça ne lui était arrivé qu’une fois et cette fois c’était pire encore. Il croyait mourir.

Allait-il mourir ? Cette pensée le terrifiait.

Sa main fiévreuse chercha fébrilement dans sa poche un parchemin épais plié en quatre.

C’était la solution.

Il le tendit à Dan ou plutôt il tendit son bras en l’air, allongé sur une couverture, au hasard, ne voyait pas où était le Gryffondor. Son dos transpirait sur la laine de la couette, comme le reste de son corps. Quiconque aurait vu son visage à présent, aurait vu une face d’un blanc cadavérique, couvert de sueur, d’horribles cernes violets se creusaient presque à vue d’œil.

Le papier quitta ses doigts pincés, visiblement « Antimoine » l’avait saisi. Il fallait qu’il le lise, qu’il s’active, c’était la recette d’une potion, une feuille arrachée d’un livre de la Bibliothèque, une sale manie que prenait Ernest, mutiler les livres. Le parchemin était légèrement tâché, sentait le moisi, la potion n’avait pas de nom mais le Serpentard avait écrit au crayon au dessus de la liste des ingrédients : « Contre-Deuil ».

Les ingrédients étaient plutôt commun et le processus peut difficile à suivre et assez rapide, la seul difficulté était le dernier ingrédient, une corne de Strangulot, dont l’individu était encore en vie.

Cette corne était faiblement tenue entre les doigts d’Ernest à présent. Il n’était plus agité de convulsion mais sa respiration était difficile, il avait froid maintenant et avait vainement tenté de se couvrir avec l’apparition de couverture.

Il délirait, gelé.

-Et que votre voix tombe sur moi comme les cendres sur l’ombre du matin…Mr Beckett…Mowana…

Il eût un hoquet et vomit un peu, acide sur la pierre.

C'était à Dan d'agir, vite.

Pas l'infirmerie...Dan s'en doutait un peu. La fièvre dErnest était étrange, trop intense pour être le fruit d'un unique rhume...c'était même plutôt terrifiant mais le Gryffondor était un habitué de la maladie et de la souffrance. Les hopitaux et les soins en tout genre, il connaissait et il ne se laissa pas gagner par la panique.

Ernest lui tendit en tremblant une feuille pliée en quatre et Dan la déplia prestement. Une potion de "contre deuil". Il ne savait pas ce que c'était mais en parcourant le manuscrit, il vit que ce n'était guère difficile à faire et qu'il avait tout sous la main...à part la corne de Strangulot. Mais le serpentard semblait avoir réponse à tout car dans sa main moite de sueur se trouvait la chose en question.

Dan s'en empara et jeta un regard pénétrant au jeune homme qui après avoir dit des choses incohérentes vomissait de la bile à me^me le sol de pierre.

Le Gryfondor l'emmitoufla le plus étroitement dans la couverture et posa une main rassurante sur sa joue brûlante de fièvre.

"Tiens bon, Ok? Je vais te sortir de là."

Sa voix était assurée, si différente de sa voix habituelle. Dan, dans l'urgence se révélait d'une efficacité remarquable.

Il se dirigea vers le chaudron, en fit disparaitre le contenu et commença à rassembler autour de lui tout ce dont il aurait besoin. Il fit bouillr de l'eau grace à un sort de rechauffement et commença la préparation de la formule tout en gardant un oeuil sur Ernest qui semblait aller de plus en plus mal.

La potion fut rapidement finie et Dan en préleva un gobelet, ne faisant pas attention à la chaleur de la mixture et se brulant le bout des doigts au passage...brûlure qui passa complètement inaperçu pour le jeune homme qui voyait son camarade respirer de plus en plus difficilement.

Il se précipita à son chevet et le souleva tant bien que mal pour le mettre en position assise, le gobelet fumant près des lèvres.

"Ernest! J'ai fini!" Lui dit il en essayant d'attirer vers lui son regard vitreux.

Le coeur du gryffondor cognait douloureusement dans sa poitrine et il respira un grand coup, essayant d'en calmer le rythme. Il ne fallait pas qu'il se sente mal maintenant, Ernest avait besoin de lui.

Pendant que Dan préparait la potion, Ernest vivait quelque chose d’horrible, hors du temps, un préambule de l’enfer. La préparation ne devait pas durée plus de quinze minutes mais pour le Serpentard cela semblait des heures entières.

Son bras gauche le brûlait, chacune des fibres musculaires tendues, agrippé violemment à la couverture alors que le reste de son corps était mou, inerte, froid. (Mort).

Les méandres de son esprit se resserraient sous les assauts de la souffrance, comme le Serpent gravé dans sa peau, lové dans son cerveau. Les crochets poignardaient. Le venin se faufilait.

Derrière ses paupières, closes maintenant, les yeux du garçon tournaient dans tous les sens. Il voyait Mr. Beckett, le père de Mowana, le Défunt. Il revoyait la cérémonie, ainsi que la jeune fille, et lui, Maudit.

Il n’aurait jamais dû remplacer Alexiel.

La main ganté s’ouvrait et se refermait, délaissant la couverture. Le poing couvert de cuir se mit à frapper la pierre, indépendamment de la volonté d’Ernest.

« …Car la Mort ne frappe que les vivants
Que le Nouvel Asmodée rampant,
S’insinue en toi, Serpent …»

Ses mots se répétaient sa tête, l’imprégnait.

Dan avait fini la potion et sa voix, curieusement fut plus forte que celle dans la tête d’Ernest. Elle était lointaine mais claire.

Le jeune homme ouvrit les yeux. Retrouva la possession de la partie de son corps inanimé, tendit un bras à la recherche du récipient contenant la potion.

Antimoine l’aida à le porter à ses lèvres. Ernest but sept gorgées, la main derrière la nuque de Dan, qui le soutenait, puis se relâcha, et tomba endormi pendant plus de deux heures.

A son réveil, il avait mal à la tête, un goût de sang dans le fond de la bouche mais n’avait plus de douleur dû à sa marque, et avait reprit le contrôle de son corps, malgré une sensation d’épuisement intense.

Dan aida Ernest à boire la potion brûlante et la chaleur du breuvage n'empêcha pas le serpentard de l'avaler, se cramponnant au gryffondor.

A peine eut il fini, ses yeux roulèrent dans ses orbites et il s'écroula. Le coeur de Dan manqua s'arrêter de battre...il l'avait tué!!!!!
Immobile comme une statue, le corps inanimé d'Ernest dans les bras, Dan avait même cessé de respirer. Mais les battements du coeur du serpentard contre sa propre poitrine le firent soupirer de soulagement. Il ne faisait que dormir.

Dan posa le gobelet presque vide sur le sol et installa le plus doucement possible Ernest dans le gors fauteuil. Il passa la main sur son front dont la température était redevenue normale. Même son teint semblait moins pâle.

Il reposa la couverture sur lui, alla prendre un tabouret et revint s'assoire près de lui. Pris d'un vertige, il ferma les yeux et prit plusieurs grandes inspirations. Maintenant que l'urgence était passé, ses nerfs se relachaient un peu et il devait s'avouer qu'il avait eu la frousse de sa vie. D'habitude c'était lui qui était malade et que l'on assistait et pour la première fois aujourd'hui il avait été de l'autre côté de la barrière. Dan n'avait pas peur de sa propre mort mais pour Ernest, il avait été terrifié, bien plus que si ça avait été lu qui avait eu cet étrange malaise...était ce parce que pour la première fois il devenait spectacteur de la mort d'un autre?

Le visage du serpentard était de nouveau paisible et Dan s'autorisa un maigre sourire.

Deux longues heures passèrent et Dan somnolait à présent sur son tabouret, les cudes sur les genoux, la tête dans les mains. Il venait de louper le cours de métamorphose mais c'était le cadet de ses soucis. tant qu'rnets ne serait pas debout, il ne bougerait pas...à croire que le gryffondor en lui n'était pas aussi caché qu'il le croyait.

Le bruit du frottement de la couverture le sortit de sa léthargie et il leva vers le serpentard un regard un opeu vaseux. Enest était réveillé et malgré quelques cernes sous les yeux, il avait bien meilleure mine que lorsqu'il était arrivé.
Dan lui offrit un petit sourire crispé.

" Bienvenue parmi nous..."

Puis sur un ton plus sombre il laissa echapper

"Tu m'as fichu la frousse de ma vie."

Quelques questions se bousculaient dans sa tête mais pour ménager le jeune homme, il les laissa de côté.

Les yeux du Serpentard s’ouvrir faiblement, sa tête s’inclina légèrement vers la voix.

" Bienvenue parmi nous..."

C’était Dan, assit sur un tabouret, l’air soulagé mais usé, comme s’il avait vécu une peur intense. Ernest se rendit compte qu’il était dans le fauteuil de la pièce, couvert.

"Tu m'as fichu la frousse de ma vie."

Ernest se rappela de tout instantanément, la douleur, la marque, la potion. Dan lui avait sauvé la vie. Ce Gryffondor lui avait sauvé la vie. Il resta un moment à la fixer, sans rien dire, avec l’air un peu hébété des gens qui ont été soudainement, à regarder Dan.

Le Strangulot devait encore être vivant car la potion avait marché efficacement. Sans mot dire, le jeune homme essaya de se relever, y arriva l’instant que sa couverture glisse et qu’il s’aperçoive qu’il était à moitié nu, et il retomba dans le confortable siège en cuir.

Ernest ne savait pas quoi dire, surpris du geste de Dan. Un autre élève aurait paniqué et l’aurait probablement envoyé à l’infirmerie. Mais le Gryffondor, lui, avait fait confiance à un Serpentard délirant et agonisant et accepté de faire une potion à base de Strangulot non-mort, ce qui était des plus obscures, surtout pour un génie de la Potion comme Dan.

-Tu peux me passer mon sac là-bas ?

Ce fut les paroles incongrues d’Ernest, les yeux de Solveig s’écarquillèrent mais il s’exécuta. Une fois encore. Ernest sortit du chocolat destinée à leur commerce noir et croqua à même la tablette, sans prendre la peine d’en casser un morceau avant, puis son bras retomba mollement sur celui du fauteuil.

-Je crois que je vais devoir t’expliquer quelques petites choses à mon sujet, j’ai assez confiance en toi maintenant Dan.

Il lui adressa un bref sourire. Il ne l’avait pas encore remercié, mais il n’en pensait pas moins. Ernest réussit enfin à se lever, il devait faire quelques pas, pour se dénouer les jambes, se dirigea vers la fenêtre pour respirer un peu d’air de l’extérieur.

Quand Ernest avait enfin ouvert les yeux, Dan s'était senti soulag comme rarement il l'avait été...mais maintenant le serpentard avait l'air d'aller bien, mise à part qu'il avait toujours un teint gris.

Les premiers mots d'Ernest furent pour demander son sac à Dan qui s'éxéuta sans même chercher à comprendre. Commençant à connaître le garçon, il avait l'habitude de ses manières un peu brusques.

Il le regarda manger son chocolat...se guérir à coup de chocolat semblait être un point commun qu'ils avaient tous les deux, cet aliment étant l'une des rares choses que Dan arrivait à avaler quand il était malade.

Puis Ernest reprit la parole. Il voulait lui donner des explications...ça tombait bien car Dan avait très envie d'en avoir. La potion qu'il avait confectionnée était d'un usage totalement interdit à Poudlard et bien que Dan ne la connaissait pas avant de l'avoir confectionnée, il savait de par ses composants qu'elle appartenait plus à la magie noire qu'à la blanche.
Pourtant il l'avait faite et il avait agit en toute connaissance de cause pour le serpentard.

Il fronça les sourcils en le voyant e lever puis il se frappa mentalement : voilà qu'il agissait comme sa mère et Ernest était un grand garçon qui n'avait pas besoin qu'on lui dise de rester couché.

Le serpentard ouvrit la fenêtre et un peu d'air frais entra dans la pièce.

"Ernest...c'était quoi cette crise tout à l'heure? Je ne pense pas me tromper en disant que ça n'avait rien de naturel, non?" lui demanda t'il au bout d'un moment, toujours assis sur son tabouret, levant un regard interrogatif vers le serpentard.

Ernest s’accouda sur le rebord de la fenêtre, ouverte, et posa son menton entre ses mains. L’air était plutôt frais, sur sa peau nue, car leur salle était dans les étages supérieurs de Poudlard, ceux dont les élèves sont trop paresseux pour les atteindre, uniquement pour vaquer, préférant les endroits plus accessibles.

Le jeune homme n’avait plus beaucoup de force mais tenait à être debout, peut être pour se prouver à lui-même qu’il avait vaincu sa marque…avec l’aide de Dan.

Le Serpentard avait le regard fixé sur la pelouse, loin en contrebas, lorsqu’il commença son explication à Dan, lui tournant le dos. Sa voix était claire et forte.

-L’an passé, alors que j’étais en cinquième année, comme toi maintenant, j’ai fait une rencontre. Une rencontre avec quelqu’un d’exceptionnel, d’une qualité rare vois-tu.
Avant, j’étais un peu comme toi, renfermé, seul, me complaisant dans mon indépendance vis-à-vis de tout et de tous.

Ernest tourna sa tête, offrant son profil à Dan, lui jetant un coup d’œil bref, à lui, le Gryffondor sur tabouret.

-C’est d’ailleurs pour cela que tu m’as tellement plût, immédiatement. Je t’ai tout de suite ciblé car je t’avais déjà vu. Dans mon propre miroir pendant mes cinq premières années à Poudlard.

Le Serpentard regarda à nouveau à l’extérieur, plongeant son regard dans l’émeraude du sol.

-Je disais donc que j’ai fait une rencontre des plus radicales pour ma vie. Celle d’une Serpentard de deux ans mon ainée. J’avais entendu parler d’elle et sa réputation était qu’elle tirait plus de sortilèges de sa baguette qu’elle ne prenait la peine d’écouter les autres et de se faire des amis.

Le jeune homme quitte la fenêtre, ne pouvant s’empêcher de se promener dans une pièce lorsqu’il racontait quelque chose. Sans s’en rendre lui-même compte, il enfilait à nouveau sa chemise.

-Dans un désir soudain de vouloir m’affirmer, d’une manière totalement rustre en fait, je l’ai attendu au coin d’un couloir près à en découdre verbalement. J’étais très agressif, cherchant la moindre pique à lui lancer, puis soudain, je me suis trouvé d’une répugnance sans nom et j’ai ôté ce masque d’hostilité, revenant au moi pitoyable de cette époque.

Tout en parlant, il reboutonna sa chemise, se plaça derrière Dan, qui ne quittait pas son tabouret. L’esprit d’Ernest était à présent totalement remit de la crise. Il observait Dan, comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises, sans qu’il le voie, essayant toujours d’en savoir plus, points forts, points faibles.

-A première vue, je fus récompensé par cette honnêteté d’attitude. Elle me choisit, à mon grand désarroi, pour honoré son père qui est mort, comme chaque année. Elle le faisait avec son frère mais il avait quitté Poudlard et avait fini ses études ici.
Je devais juste tenir quelques accessoires et être présent, c’était le plus important pour elle. Sur le moment, j’improvisai un poème en hommage à la mémoire de son père. Il se passa alors quelque chose.

Ménageant son suspense, sans vraiment s’en apercevoir, Ernest cessa d’observer le garçon pour aller chercher sa cravate verte et argent, revint vers lui, alors que le nœud se rétractait autour de son cou.

-De la fumée, ou plutôt une vapeur est apparue de nulle part, se matérialisant sous les traits du père de la Serpentard. Moi et elle avons été frappés de sa marque. Je ne te dirais pas ce que c’est exactement. Tu peux le deviner cependant, car elle ne touchait que ma main avant, d’où la présence de ce gant.

Il lui montra.

-A présent, on peut voir ma marque sur tout mon bras.

Ernest était de nouveau derrière Dan, qui écoutait sagement, l’enlaça de ses bras, plongea sa tête entre son cou et son épaule. L’étreinte. Il avait remarqué qu’il faisait ça avec plusieurs personnes, à chaque fois qu’il devait se montrer un peu persuasif ou menaçant. Son bras marqué, nu car la manche était retroussé, laissait clairement apparaître son Serpent, sa voix était un chuchotement, évasif, presque rêveur.

-Depuis ce jour, ma vie a changé. J’ai d’abord eut des cauchemars, souvent atroce. Puis un matin, mon bras ne répondait plus, flasque. Puis j’ai eu ma première crise et ma marque c’est étendu pour prendre tout mon bras.

Il soupira.

-Je n’ai pas trouvé d’autre façon de survivre que cette potion.

Il y eût un silence où personne ne dit rien, Ernest était à l’aise, entourant Dan. Puis il se remit à parler.

-Ce que je viens de te dire est quelque chose uniquement connu de moi et la Serpentard, et maintenant toi. C’est un secret et tu devras le garder. Je ne tolérais pas que ça se sache. Même notre associé n’en sait rien. J’estime que tu méritais de le savoir.

Nouvelle pause.

-Tu m’as sauvé la vie Dan, merci.

Il relâcha son étreinte et retourna dans le fauteuil de cuir noir.

Dan, toujours sur son tabouret, tendit l'oreille pour entendre les premiers mots d'Ernest, dos à lui, penché à la fenêtre.
Alors comme ça, il rapellllait au serpentard ce qu'il avait été avant.. Ils n'avaient pourtant pas une si grande différence d'âge mais Dan avait toujours trouvé Ernest beaucoup plus mûre que lui. Dès leur rencontre, il avait apprécié -admiré même- l'assurance qui se dégageait de lui et qui lui faisait défaut à lui. Le serpentard lui avait donné des responsabilités et depuis, Dan était moins craintif, plus confiant en ses propres capacités. Un jour, il ressemblerait peut être un peu à Ernest...

Le récit que commença à lui narrer le serpentard le captiva rapidement.. Ernest et la fille dont il parlait avaient, par il ne savait quel obscur moyen, ramené l'esprit du père défunt de celle ci et cette sorte de fantôme leur avait à tous deux aposé une marque...une sorte de malédiction...

Au fur et à mesure qu'Ernest parlait, il marchait dans la pièce, se rhabillant peu à peu et Dan le suivait des yeux, avide de connaitre la suite.

Le Gryffondor regarda la main gantée du jeune homme et remonta des yeux son bras tatoué...ce serpent...était ce cette marque? Dan pâlit légèrement. Quand une marque était aposée à même la peau, c'était que le sort où la malediction qui avait été lancée était très puissante, presque impossible à éxorcisér.

L'adolescent voulut commenter les propos du serpentard mais celui ci fit une chose à laquelle le jeune homme ne s'attendait pas du tout : de derrière lui, il l'enlaça de ses bras, posant son visage dans son cou.

Un ange passa...

Le gryffondor ne comprenait pas du tout la situation mais il se sentait étrangement groggy dans cette étreinte inattendue.
Il se rendit compte qu'il avait complètement cessé de respirer au moment où Ernest le lâcha pour rejoindre le fauteuil et s'y assoir de nouveau.

Dan piqua immédiatement un fard aussi stupide que malvenu et il baissa la tête, pretextant un instant de reflexion intense, priant pour ne pas avoir lair encore plus débile qu'il ne l'était. Ernest lui racontait quelque chose de terrible et lui réagissait comme une gamine amoureuse...tout simplement ridicule.

Dan était heureusement doué pour se remettre rapidement et il écarta vivement de son esprit ce qui venait de se produire pour se concentrer sur les paroles d'Ernest.

"Faut croire que mes instincts gryffondors ne sont pas aussi refoulés que ça..." répondit il, un petit sourire pas très convaincant au coin des lèvres. Les remerciements l'avaient toujours mis mal à l'aise.

Puis son regard devint soudain grave.
"Je n'en parlerai à personne, n'ai pas à t'inquiéter là dessus...mais ce que tu viens de me dire, c'est grave, tu sais? Je ne suis pas une espert dans ce domaine, mais cette marque...ce défunt qui est apparu...tes malaises et tes cauchemars, c'est plutôt dangeureux. Ca a failli te tuer tout à l'heure et en plus tu me dis que c'est de pire en pire. On dirait une sorte de malédiction...ou de possession...en tout cas, il faut te débarasser de cette marque."

Au fur et à mesure qu'il parlait, Dan se sentait mieux. Les idées se bousculaient dans son cerveau déjà à la recherche de solutions.

"Tout d'abord, cette fille...est ce qu'elle a les mêmes symptomes que toi? Et tes cauchemars, comment se manifestent-ils? ...si la potion que tu m'as donnée à faire ralentit la progression de cette marque, il doit bien exister un antidote ou un contre sort quelconque...magie noire ou blanche qu'importe, il faut..."

Il s'arrêta soudain et se passa une main sur le visage, gêné.
"Excuse moi. J'imagine que tu as déjà pensé à tout ça... je t'ai dit que je n'en parlerai à personne et je ne trahirai pas ma promesse, par contre, il est hors de question que je ne fasse rien et que j'attende une de tes nouvelles crises. Je suis sûr qu'on peut trouver un antidote."

Son regard fut des plus sérieux quand il se leva, amena le tabouret près du fauteuil d'Ernest et s'assit face à lui.

"Enlève ton gant et montre moi le reste de ta marque. Si je dois faire des recherches, je dois savoir exactement à quoi ça ressemble."

Tendant la main vers Ernest, il attendit. Pour la première fois epuis des années, le doute avait complètement disparu des prunelles sombres du Gryffondor. Il allait aider Ernest, que ça lui plaise ou non.

Bien installé à présent dans le fauteuil en cuir, sa main gantée posée sur l’accoudoir, l’autre relevée, appuyé sur le coude pour une raison obscure, Ernest ne semblait plus du tout avoir été victime d’une crise. La potion avait mieux fonctionné que d’habitude, sûrement grâce à Dan, plus habile pour la préparation des Potions. Le Strangulot écorné devait lui aussi se porter bien.
Le Serpentard eût un léger haussement de sourcil, mais réussit à sourire à Dan, brièvement. Son visage s’assombrit aussitôt le sourire disparut.

-Crois-tu vraiment qu’on puisse se débarrasser de la marque des Morts ? Ce n’est pas de la magie ordinaire Dan. Il n’y a aucun moyen de s’en délivrer à moins d’acquérir un certain pourvoir en Magie Noire, et ce n’est pas mon intention.

Dudikoff fit une pause et pensa à Mowana, cette jeune femme qui l’avait traité comme son frère. Ernest n’oublierait jamais. Il se rappela son baiser, si doux mais presque incestueux. Au fond de lui, malgré la Marque et le Deuil, il l’aimait comme sa propre sœur. Qu’en était-il de Dan ?

-Cette fille, la Serpentard, a quitté Poudlard l’an passé, pour avoir fini ses études. Elle s’est mariée. Je n’ai encore jamais essayé de la contacter, malgré ses lettres et quelques beuglantes.

Ernest rit, aussi déplacé qu’un rire peut être dans ce genre de conversation. Les beuglantes étaient exactement du style de sa « sœur ».

-Je ne connais pas ses séquelles mais de ce que je sais, elle faisait aussi des rêves et des cauchemars étranges. Je ne pense pas qu’elle soit touchée de la même façon que moi. C’était moi l’intrus, l’imposteur qui a remplacé son frère. Elle a juste été marquée par son père pour qu’elle n’oublie jamais son erreur je pense.

Quant à ma marque, je ne te la montrerais pas, je l’ai dit, et je prends en compte maintenant que c’est dit une fois pour toute. Je refuse qu’on la voit, fusse-t-on mes propres parents.

Ernest ne savait pas vraiment l’heure qu’il était mais il avait faim et le chocolat ne suffirait bientôt plus. Il saisit sa baguette et appela.

-Elfe de Maison !

Il était maintenant depuis six ans à Poudlard, ce qui lui avait permit d’apprendre de nombreuses choses sur le monde magique, sur ses créatures et leurs comportements ainsi que sur Poudlard. Il n’éprouvait aucun malaise à se servir de ses connaissances de temps en temps.

Il y avait plus d'une centaine d'elfes de maison à Poudlard. Ils allument les feux, les lampes, s'occupent de la blanchisserie et exécutent beaucoup d'autres tâches. Les elfes de maison étaient également les cuisiniers du château et confectionnaient de merveilleux festins dans les immenses cuisines.

Il y eût un craquement sonore et un petit être vêtu d’un torchon estampé par la marque de l’école apparu. Celui-là semblait assez jeune, bien qu’Ernest ne sache pas vraiment estimer l’âge d’un elfe de maison. Il était grassouillet avec des joues bien roses, des yeux énormes et bleu et des oreilles pointues mais plutôt courtes. Il ressemblait à un enfant en bas âge plutôt répugnant.

-Monsieur, me voilà Monsieur.

Sa voix était rapide et essoufflée. Il regardait un peu partout autour de lui, fixant Dan et Ernest alternativement. Visiblement il ne connaissait pas sa raison d’être ici. Ernest ne le fit pas attendre.

-Je me nomme Astate, et voici Antimoine. Quel est ton nom, elfe ?

L’elfe se tourna vers Ernest. Et répondit nerveusement, ne sachant pas s’il avait affaire avec des élèves voulant lui faire une farce.

-Krimbolt monsieur, Krimbolt.

-Serait-il possible Krimbolt que tu nous cherches à manger ? Moi et mon ami avons du travail et nous ne pouvons pas allé au repas de ce soir. Rapporte-nous ce que tu trouves, n’importe quoi.

Ernest lui parlait avec indulgence, comme à un enfant.

-Sûrement, Astate Monsieur !

Et il disparut dans un autre craquement sonore.

-Ce n’est qu’un elfe de maison et sûrement qu’il ne racontera jamais ça à personne, mais je préfère éviter de donner nos vrais noms, surtout aux personnes qui pourraient parler de quelques façons que ce soit aux autorités du château. J’espère que ton surnom ne te déplaît pas. Il vient de ta potion de Repousse-Sorciers appliqué sur cette porte.

Et de rajouter.

-J’espère que tu as faim.

Ernest ne voulait pas lui montrer sa marque et dans le fond Dan s'en doutait bien...
Les explications du serpentard laissèrent pourtant le jeune homme perplexe car il se dégageait de ses propos une étrange fatalité qui était inconnu au gryffondor. En effet, malade depuis toujours, Dan ne baissait jamais les bras et selon certains, c'était ce qui le maintenait encore en vie.
Ce qui étonnait aussi Dan était le fait qu'Ernest n'ait jamais contacté la jeune fille. Ils auraient sûrement pu s'entraider...

Ernest clotura la conversation en appellant soudain un elfe de maison, chose qui surprit de nouveau Dan qui n'avait jamais songé à le faire de toute sa scolarité.

Un petit être d'allure grotesque apparut;

Le gryffondor était toujours un peu mal à l'aise face à ces créatures. Avant d'entrer à Poudlard, il ne connaissait même pas l'existence de ses êtres et l'abnégation sans faille et humiliante qui leur était propre lui était plutôt incomprehensible.

Les surnoms qu'Ernest leur donna fit hausser les sourcils à Dan. Antimoine...drôle de surnom pour le qualifier. Et Astate... la matière la plus rare sur la planète, une matière radioactive qui, ma foi, allait bien au mystérieux et troublant Serpentard.

Une fois l'elfe évanoui dans les airs, Ernest fournit quelques explications à Dan qui lui sourit en retour

"Antimoine...ça me va, même si je doute que l'elfe aille raconter quoi que ce soit à quelqu'un. Le pauvre se couperait la langue plutôt..."

Les derniers évènements lui avaient un peu coupé l'appetit mais il répondit tout de même à Ernest :
"Bonne idée."

Dan était toujours perturbé par ce qui venait de se passer. Ernest semblait tout à fait remis mais il avait compris que ce n'était que partie remise...et si c'était de pire en pire? Si la marque progressait encore? Si elle atteignait le coeur? Tout cela paniquait le gryffondor. Ils ne pouvaient pas attendre qu'Ernest ait une nouvelle crise, c'était trop dangeureux...la vie était trop précieuse pour ne pas lutter, il en savait quelque chose.

Dan eut soudain la certitude qu'il devait parler à Ernest, et que le serpentard ne le regarderait pas comme une pauvre petite chose en sursis.

Le regard soudain grave, c'est d'une voix hésitante qu'il parla :

"Tu m'as fait confiance et tu m'as dait partager ton secret...moi aussi j'en ai un...et j'ai envie de te le confier..."

Il se leva et tel le serpentard quelques instants plus tôt, s'accouda à la fenêtre.