Jus de citrouille contre balai de course (PV: Alhambra)

C'était mieux, beaucoup mieux. Ce sourire redonna un peu baume au coeur de James qui sentait peu à peu ses propres sentiments prendre le dessus.

Se sentir amoureux, voilà un état des plus extraordinaire qu'il soit donné à l'homme de vivre. Du moins quand ses sentiments sont partagés. or en l'occurence, ce n'était pas le cas. Plus il essayait de la mettre en confiance plus il sentait s'ouvrir en lui une déchirure.

Fissure.

- De rien. Je suis persuadé qu'ici même, au château, plusieurs garçons seraient prêts à se battre pour obtenir vos faveurs.

"Moi le premier" pensa-t-il en détournant son regard vers la cabane d'hagrid. Plus il le pensait, plus il avait envie de le crier, de le lui confesser. Mais il s'y refusa, se trouvant vicieux et pervers de s'être aussi vite amouraché d'une gamine qui n'avait que faire de ce type de vieux dégueulasse.

Plaie béante.

Boum-Boum. Boum-Boum. Boum-Boum.

Le silence de sa réflexion ne lui laissait entendre que le battement nerveux de son coeur. Un fou. Il n'était qu'un fou, un maso. Voilà ce qu'il décida.

- Il doit bien y avoir un galantin qui a su capter votre attention. Non?

Hemorragie. Attente du coup de grâce, du nom.

James Alhambra se savait sensible et romantique sous sa carapace, il ne se serait pas su capable d'autant de travail sur soi et d'abnégation pour aider une jeune fille en fleur à trouver le bonheur.

Il était incapable de dire si c'était une bonne chose ou non qu'elle n'ait personne en vue.
Personne. Déjà, cela signifiat qu'aucun étudiant ne s'était manifesté auprès d'elle, et ça, c'était un point qui était positif pour lui. Au moins, il n'avait pas de quoi avoir mal.

Mais là où elle se fourrait la baguette dans l'oeil, c'était sur ses intentions. Il ne lui avait pas demandé ça pour savoir si oui ou non elle avait quelqu'un en vue, et surtout si lui était compris dans ce quelqu'un. La seule qu'il souhait vraiment en posant cette question, c'était peut-être de l'aider auprès dudit garçon. Ils avaient là un malentendu, compréhensible certes, mais malentendu quand même. Vous me direz, ce n'est pas la première fois que ça leur arrivait. C'était même une habitude.

Et puis elle enchaîna sur sa question à elle.

"Et... Euh... Et vous...? Une galantine à Poudlard? La professeur Joketier...?"

"..." Traduction en termes zyniens: "Gné?" Pourquoi elle lui posait cette question? Et pourquoi Joketier? " Peut-être à cause de ce que j'avais dit en cours. Jolie professeur ou un truc du genre..." Plusieurs questions germaient dans son esprit tordu.

- Pourquoi cette curiosité sur sa vie privée? " Bon d'accord, c'est moi qui ai commencé, mais c'était pour l'aider."

- jalouse de Joketier? " Oh..."

- Tu lui réponds pas? " Ah si, zut!"

Il prit le temps de la réflexion avant de pouvoir formuler quelque chose de cohérent. Les mots ne voulaient pas sortir aussi facilement. C'était dur. sa nature lui commandait d'agir plutôt que de parler. Agir. Bouger. La...

- Non, du tout. J'ai quelques petites relations de rien du tout. Rien de sérieux.


" Précise idiot!"

- Le professeur Joketier est une belle femme qui plaît énormément au Professeur Weltz, pas à moi. J'ai quelque inclination pour une jeune femme, mais ce n'est même pas la peine d'y penser... J'ai trop peur de lui faire du mal. Et puis, rien ne me dit que ce sentiment est réciproque.
S'il ne s'agissait que d'une relation physique, je ne prendrai pas tant de précautions, mais là, beaucoup trop de choses sont en jeu.

D'un point de vue extérieur, se retrouver coincé avec la personne qu'on aime sans pouvoir rien lui dire et qu'en plus elle clame que vous êtes un homme à femmes, c'est risible. Mais quand on est acteur de la même scène, c'est autrement plus difficile à vivre.

Il ne pouvait pas lui dire qu'elle se mêlait de quelque chose qui ne la regardait pas parce que c'était lui qui amené le sujet sur la table en commençant le premier. Il ne pouvait pas non plus lui dire qu'elle n'y connaissait rien parce que même si c'était vrai en pratique, en théorie, sa proposition était des plus éclairées.

"Et maintenant, que vais-je faire? Que sera ma vie? De tous ces gens, qui m'indiffèrent, maintenant, que tu es partie..." Cette impression était horrible pour lui qui ne doutait jamais. Il était persuadé qu'il ne devait toujours rien lui dire, la raison tenait toujours le cap face à ses sentiments. Pour combien de temps? Telle était la question...

" Si elle savait à quel point elle est concernée. " Non seulement elle n'en savait rien, mais en plus il était persuadé en lui-même qu'elle serait bien heureuse et reconnaissante qu'il ne lui en dise rien. " C'est plus sage. C'est toi le plus adulte des deux, alors, tiens bon."

- C'est vrai que mon image ne joue pas en ma faveur... Je le concède volontier.

Mais encore?

- Mais vous avez absolument raison. Je devrais lui parler.

Lui dire que pour elle je volerai jusqu'à la lune pour lui décrocher les plus belles étoiles. Mais qu'aucune d'entre elles n'aurait l'éclat de ses yeux, et que si elles avaient quelconque pudeur, elles se voileraient pour la laisser rayonner seule...

Il secoua la tête négativement, triste. Discrètement et sans avoir l'air d'y toucher, il venait de se déclarer, en partie du moins. Il aurait cette satisfaction là quand elle aura trouvé son bonheur.

- Je ne pense vraiment pas pouvoir l'atteindre. Et surtout, je ne veux pas lui causer de soucis.

Il finit par regarder le sol et triturer ses mains. Cette expérience aurait au moins eu le mérite de le mettre devant le fait accompli, et de le voir se débrouiller avec honnêteté avec une femme.

Maintenant, ce qu'elle allait en penser...

- Je ne peux pas, dit-il sans faire plus de cérémonie.

Qu'aurait-elle dit si elle avait su que dans sa tête, James souhait faire d'elle la suivante et la dernière sur la liste? " J'ai dit ça moi?" Non, il ne l'avait pas dit. Mais son coeur le pensait tellement fort que son murmure était sans doute parvenu jusqu'à son cerveau.

Il n'en pouvait plus. Cette proximité, cette amitié nouvelle l'étouffaient. L'air du parc était redevenu irrespirable. Trop de canelle... James se leva et tourna sur lui-même comme un animal blessé. Il fallait qu'il parte ou il allait se trahir et tout lui dire.

Rêve

- Je dois y aller, j'ai des choses à faire.

Il la regarda une dernière fois, un éclat de tristesse dans le regard. Finalement, il souffrait moins lorsqu'ils passaient leur temps à se chamailler comme deux collégiens.

C'est avec une grosse boule au ventre que James tourna les talons et partit. En chemin, il donna un grand coup de pied dans une pierre en espérant laisser partir avec elle sa frustration.

Il n'en fut rien... Elle le tenait toujours et ne partirait pas de si tôt.

Quelques mètres plus loin, il décida de faire demi-tour et de retourner la voir. La colère le prit, colère contre lui, contre son statut, contre Dumbledore, contre tous les professeurs, contre les élèves, contre le Ministère, contre les journalistes, contre le monde entier. C'est tout penaud qu'il revint vers elle...

- J'allais retomber dans mes travers. Je ne veux plus.



- Croyez-vous que je sois fou?