Rencontre avec un épouvantard...

*Ambroisine était désabusée... Elle n'était pas satisfaite de sa vie...Elle aurait voulu être la meilleure élève de Poudlard, mais elle ne l'était pas. Elle aurait voulu être préfète, mais elle n'avait jamais été nommée à ce poste. Elle aurait voulu être entourée par un cercle important d'amis, mais les personnes qui avaient un lien d'amitié avec elle pouvaient se compter sur les doigts d'une main....

Par une matinée ensoleillée exempte de cours pour tous les élèves, elle se mit à errer dans les couloirs de Poudlard tout en sachant que les autres élèves profiteraient de cette journée pour ne pas s'enfermer. Elle était persuadée qu'ils devaient tous être en train de s'amuser. Pour en avoir le cœur net, elle s'approcha d'une fenêtre et regarda à travers. Elle avait raison: le parc avait été pris d'assaut. Cette vision lui fit un petit pincement au cœur.
Soudain, alors qu'elle avait repris sa longue errance dans les couloirs, un bruit se fit entendre. Il semblait provenir de l'unique salle du couloir qu'Ambroisine arpentait. Elle se dirigea vers la salle et colla son oreille à la porte. Le bruit se fit entendre une nouvelle fois.

Elle décida d'ouvrir la porte pour voir ce qu'il se passait. Une fois la porte ouverte, une salle de classe abandonnée se dessina devant ses yeux. La poussière semblait régner en maître en ces lieux et les rayons de soleil qui perçaient donnaient à ces fines particules un éclat particulier.

Ambroisine se dirigea vers le bureau qui avait du être anciennement occupé par les professeurs et s'assit. Elle se mit à rêver à un poste de professeur et imagina des élèves assidus devant elle. Mais le bruit se fit entendre à nouveau et la tira de sa rêverie. Il était beaucoup plus fort et provenait d'un tiroir du bureau. Ambroisine eut un léger sourire. Elle avait reconnu les manifestations d'un épouvantard...

Une tentation naquit en elle, la tentation de savoir qu'elle était sa peur la plus profonde. Sans réfléchir, elle ouvrit le tiroir et fut projetée en arrière.
Devant elle se trouvait sa copie conforme. Cependant son sosie avait les traits tirés et ne respirait pas la santé. Il titubait et portait une main au niveau de son cœur. Il se dirigeait clairement vers Ambroisine, encore sous le choc du coup qu’elle venait de recevoir.

Elle fut parcourue de frissons lorsqu'elle sentit ce qui allait se passer. Elle ne pouvait dire si ce qu'elle percevait se déroulait devant ses yeux où si c'était l'épouvantard qui voulait qu'elle l’imagine: une main griffue gantée de noir s'immisçait dans les entrailles de son sosie. Cette horrible main s'arrêta au niveau du cœur et l'enserra très fortement. A cette vue Ambroisine ressentit une douleur très forte dans la poitrine et se mit à suffoquer de la même façon que l'épouvantard qui avait pris sa forme.

Elle connaissait la formule pour s’en débarrasser mais elle se sentait incapable de faire le moindre mouvement tant la douleur était paralysante. Son cerveau commençait à ne plus être irrigué, ses poumons ne se remplissaient plus d’air.

Rassemblant ce qui lui restait de forces, elle fouilla dans ses poches pour trouver sa baguette et la dirigea vers l’épouvantard*

Riddikulus !

*Son sosie se dissipa et un gant noir tomba sur le sol. Ambroisine se releva et regarda ce gant tout en essayant de reprendre son souffle et ses esprits.*

Léa déambulait dans les couloirs sereine. Sa nouvelle règle d’or: les soucis aux placards. En vérité il s’agissait plutôt de fuir les problèmes. Elle devait avouer qu’elle dormait mieux, mais en revanche ses migraines se multipliaient. A ces moments là, Léa se refusait à quitter le dortoir, attendant que cela passe en lisant un manuel ou autre chose ou en se laissant simplement aller sur son lit. Heureusement pour elle ses migraines se déclaraient le plus souvent le matin et s’il arrivait qu’elle se pointe au milieu de la journée, Léa s’arrangeait pour emprunter les couloirs les moins bondés et ne parlait à personne, fuyant les contacts.

Fuir ! Elle en était résolue à cette solution. Ce n’était pas son genre mais voilà si elle songeait trop à ses soucis elle allait faire une dépression. Donc elle marchait d’un pas assuré, elle avait encore eu une migraine au matin, mais elle apprenait à vivre avec. Elle n’était pas allée à l’infirmerie, volontairement ou plutôt obstinément. A quoi bon, cela allait et venait sans laisser de séquelles. Le couloir qu’elle empruntait était vide, elle rejoignit une fenêtre et s’accoudant, elle ferma les yeux et pencha sa tête légèrement en arrière laissant le soleil inonder son visage. Elle entendit alors des bruits sourds provenant du fond du couloir. Elle releva la tête, un air intrigué se peignit sur son visage.

" Qu’est-ce que… ? "

Léa recula et s’avança en direction des bruits suspects et se retrouva face à une porte. Elle approcha son oreille curieuse près de l’embrasure et écouta attentivement. Une voix s’éleva et Léa reconnue le sort permettant de lutter contre les épouvantards. Elle ouvrit la porte supposant que le danger était écarté et entra se glissant sur le côté au cas ou. Pour sa part, elle n’avait aucune envie d’affronter ses peurs, elle avait si bien réussi à les refouler dans un coin de sa tête qu’il était hors de question de les ressasser. Gardant ses distances elle prit la parole.

- Salut ! Ça va ? Pas trop de dégâts ?

Léa sourit, la jeune fille qui se trouvait devant elle avait l’air de ne pas s’en être trop mal sorti. Collée contre le mur, à plusieurs mètres de la jeune fille, Léa observa un gant qui traînait au sol, probablement un vestige de l’épouvantard.

- En tout cas félicitation pour le sort ! C’était réussi à ce que je vois !

*Ambroisine était restée figée face au gant, vestige de l’effroyable épouvantard. Son esprit divaguait entre la satisfaction d’avoir réussi un sortilège qu’elle n’avait jamais lancé, le soulagement de s’être débarrassé de cette terrible vision et la terreur profonde que lui inspirait celle-ci. A ce moment là, tous ses petits soucis ne représentaient pas grand chose à ses yeux… Ils s’étaient évaporés.
Sa main restait crispée sur la baguette. Ambroisine la serrait tellement que sa main devint exsangue, tout comme l’était déjà son visage…. On aurait pu croire qu’elle prenait l’aspect d’un inferi, tant son corps semblait dépourvu de sang. Soudain elle entendit la porte s’ouvrir mais elle n’eut pas le réflexe de regarder en sa direction. Ses yeux étaient comme retenus par le gant gisant sur le sol. Même lorsque la personne qui était entrée lui adressa la parole, elle ne se retourna pas. Il lui fallut un certain temps avant de reprendre ses esprits et de répondre à sa question.*

Euh….oui, je crois que ça va….

*Elle quitta un instant du regard le gant pour se tourner vers Léa et lui adresser un sourire qui se voulait rassurant, tout en gardant sa baguette en direction de l’épouvantard*

Merci pour tes félicitations…Je me demande bien comment j’ai pu le réussir celui-là….

*Elle fixa à nouveau le gant comme si elle essayait de le maintenir par le regard.*

Ne t’approche pas trop… On ne sait jamais….

Léa regarda la jeune fille avec étonnement. Tout d’abord elle se rappelait bien qu’elle était de sa maison, mais elle avait oublié son nom.

" tête en l’air un peu, tête en l’air beaucoup… "

Ensuite la jeune fille se demandait comment elle avait pu réussir le sortilège.

"ce sortilège n’est pourtant pas un des plus compliqués, du moins c’est assez aléatoire… "

Léa se souvenait que quand elle l’avait vu pour la première fois en cours, cela avait été sans trop de mal, à l’époque elle avait affronté une colonie d’abeilles géantes. Oui ça pouvait paraître complètement débile, mais Léa avait une crainte des insectes en tout genre et particulièrement des abeilles. Mais elle n’avait pas rencontré de difficultés particulières, ce jour-là. Elle pensait néanmoins que la difficulté pouvait se révéler aléatoire. Pour sa part elle ne se sentirait sans doute pas capable d’affronter un épouvantard ce jour même, car elle savait que ses petites convictions serait vite balayés par ses craintes si celles-ci s’animaient devant elle à cet instant, surtout qu’elle ne savait pas de quelles manières elles seraient représentées. Aussi jugea-t-elle que la jeune fille n’avait soit pas assisté au cours sur les épouvantards soit elle ne savait pas quelle été la nature de sa crainte et elle en avait été surprise.

- Il n’y a pas de risque que je m’approche, je n’ai pas l’intention d’affronter mes craintes !

Léa avait dit ça toujours plaquée contre le mur, comme si elle ne pouvait s’en détacher.

*Ambroisine prit la décision d’écarter tout danger et d’un coup de baguette magique le gant vola dans les airs et reprit sa place originelle dans le tiroir. Tout une foule de questions lui vint alors à l’esprit devant le regard persistant de sa camarade: elle se demandait si Léa avait vu la forme que l’épouvantard avait prise face à elle et elle se demandait également si elle s’était ridiculisée à se mettre dans un tel état pour un « petit » épouvantard. Il fallait qu’elle s’explique*

Tu sais Léa-Léa, c’est ton nom n’est-ce pas ?-pourquoi je suis surprise d’avoir réussi ce sort ? Tout simplement parce que je ne l’avais jamais jeté… Normalement, on voit ce sort en troisième année, je te le concède…Mais moi, en troisième année j’avais un professeur plus préoccupé par son sourire émail diamant que par la qualité de son enseignement…Je n’avais jamais été confrontée à un épouvantard jusqu’à aujourd’hui.

*Elle fixa Léa qui était restée « accrochée » à son mur*

Tu as vu la forme de mon épouvantard ?

Léa vit la jeune fille renvoyer ce qu’il restait de l’épouvantard, dans le tiroir d’où il devait certainement provenir. Elle s’adressa ensuite à la brunette qui ne s’était toujours pas détaché du mur et Léa répondit :

- oui Léa c’est mon nom, par contre je ne me souviens plus du tiens, désolée…

Léa lui fit un petit sourire gêné et reprit la parole :

- Ha je ne savais pas, désolée! Je n’ai pas eu ce professeur ! Mais bon, raison de plus pour te féliciter, si tu n’avais jamais rencontré d’épouvantard auparavant !

La jeune fille lui demanda si elle avait vu la forme de son épouvantard, et Léa se décolla du mur, légèrement intriguée par cette question.

- Non je n’ai pas vu la forme de ton épouvantard, pourquoi ? Il avait quelle forme si ce n’est pas indiscret ?

Léa se mordit la lèvre, là elle avait parlé trop vite.

"Ha idiote ! bien sûr que c’est indiscret, sinon elle ne se serait pas inquiété de savoir si j’avais vu l’apparence de son épouvantard "

*Ambroisine se dirigea vers Léa et lui serra la main*

Ambroisine Chevalier. Je suis, comme tu le sais, à Gryffondor, en septième année …

*Elle vit que la jeune fille avait l’air gênée*

Ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude qu’on ne retienne pas mon nom….

*Elle eut un petit sourire*

Quant à mon épouvantard…

*Elle marqua un temps d’arrêt. Elle n’allait surement pas lui dire à quoi il ressemblait mais elle ne pouvait décemment pas se montrer désagréable avec cette jeune fille si gentille. Il lui fallait en inventer un…oui mais quoi ? Une araignée géante…Un dragon furibond…Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom … ?*

… C’était un énorme chou de Bruxelles.

*Un chou de Bruxelles ? Tu deviens folle ma pauvre Ambroisine… Ce qu’elle venait de dire ne lui paraissait pas très convaincant. Elle décida d’étayer un peu son propos*

Quand j’étais petite, on m’obligeait à en manger…alors depuis je suis un peu traumatisée…

Léa vit la jeune fille s’approcher et lui serrer la main, elle lui rappela son nom et Léa confuse s’expliqua :

- ben en fait, c’est surtout que je suis tête en l’air ! j’oublie facilement !

Léa lui adressa un sourire, ses oublis restaient fréquents même si elle s’était légèrement améliorée. Cela empirait lorsqu’elle était préoccupée, autant dire qu’elle avait du oublier pas mal de choses ces temps-ci.

- je suis en 4ème année, mais peut-être que tu le sais déjà et que tu n’as pas autant de défaut de mémoire que moi !

Lorsqu’ Ambroisine lui parla de la forme de son épouvantard, Léa éclata d’un rire léger et s’exprima :

- alors je crois qu’on va s’entendre ! j’ai en horreur les choux de Bruxelles ! En revanche, on ne m’a jamais forcée à en manger… ha si ma grand-mère paternelle a essayé un jour, mais quant elle a eu le dos tourné, je les ai jetés par la fenêtre ! Et après elle m’a félicité d’avoir tout mangé !

Léa riait de ce souvenir, elle qui n’aimait pas sa grand-mère paternelle, lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres plus petite.

- je m’interroge pourtant… les épouvantards… on les trouve dans des placards ou des trucs fermés non ? Alors comment se fait-il que tu te sois retrouvée face à l’un d’eux, tu t’entraînais ?