[Salle Verdi Lupes - Chez Mo] L'Education sentimentale...

Source: paroles.net Maxime le forestier. "L'Education sentimentale".




Une autre page. Vieille, gribouillée. Comportant des notes écrites au crayon de papier.

"...personnage principal Frédéric Moreau, jeune provincial de dix-huit ans venant faire ses études à Paris.
Son histoire: F.M. connaît ds ce roman amitié indéfectible & force de la bêtise, l'art, la politique, les révolutions d'un monde qui hésite entre la monarchie, la république et l'empire. cf. Juge lara Impartial? Celui-dont-on-ne-peut-pas-prononcer-le-nom? le Ministère?
Plusieurs fem. traversent son existence ms aucune comparable à Marie Arnoux (épouse riche marchand art). F.M. éperdument amoureux. Quel troll.

Au contact de cette passion inactive et des contingences du monde: fait son éducation sentimentale = brûler, peu à peu, ses illusions.

Ecrivain moldu "Flaubert". Dépeint l'individu + la société.

Notes lecture: Les révolutions du monde et celles du cœur sont animées d'un seul mouvement, et l'histoire est inscrite jusque dans les actions et pensées des personnages."
Source Wiki



Une dernière page, puis j'arrête. Je suis fatigué.
Non... je vais attendre Elinor et j'écrirai la suite après.



Je tourne une page du bout des doigts. La sensation du papier sur la bulle de mon index est presque granuleuse tellement le parchemin est épais. Du papier fabriqué avec des feuilles de cerisier séchées. Oliver s'est surpassé.

La salle est vide et peu éclairée. Il m'a semblé que c'était l'endroit du château le moins usité. Les partisans des Champions sont aussi discrets que les Champions qu'ils prétendent soutenir. Je ne m'étonne plus de rien dans cette école. Du manque d'entrain à la dénégation, plus rien ne m'étonne. Non.

Les installations de Mowana sont monumentales. Dans chaque détail, elle a glissé une touche asiatique qui me dépayse du reste de château très anglais, très médiéval. En arrivant, c'est dans une pièce ressemblant à un dōjō que je m'installe. La pièce est sombre et faite de bois impeccablement ciré. Il est tard et je ne prends pas la peine d'éclairer autrement que par une bougie dénichée dans une des armoires de papier. Je prévois de dormir ici car mes camarades de dortoir me répugnent en ce moment. Beaucoup de choses me répugnent en ce moment. Toujours de façon relativement injuste.

Assis au milieu du dōjō, j'en regarde le haut plafond. Historiquement, à travers quelques une de mes lectures, j'ai appris que le dōjō était la salle du temple religieux pour les japonais. Ces grandes salles ont aussi été utilisées par la suite pour l'enseignement des arts martiaux. Dans le cas du dōjō où l'on étudie les arts martiaux comme dans le cas des dojos servant de centre de méditation bouddhiste, des règles strictes sont instituées. J'aime l'idée. Le dōjō est un lieu où l'on progresse. Cette progression est obligatoirement supervisée et contrôlée par un maître.
Source wiki

Je m'allonge au milieu et pose mon journal sur mon ventre puis croise les bras derrière la tête pour me faire un coussin. Seul au milieu de cette boîte en bois remplie de règles tacites de bienséance, j'appelle Elinor grâce au pouvoir du Juge:

"Elinor... Je suis dans la salle Verdi Lupes. Quoique tu fasses, peux-tu venir?"

Au moment où je demande ça, je ne sais pas encore que la jeune fille vient de se jeter à l'eau en dévoilant ses sentiments à Draconia Darkus. J'attends, allongé à même le sol, au milieu de ce dojo, jusqu'à ce que ma "nounou" apparaisse.

Quatre à quatre. Elle étouffe. Deux par deux. Elle suffoque. Une par une. Elle n'en peut plus. Stop. Elinor s'arrêta à mi-chemin dans les escaliers remontant des cachots vers le Grand Hall. Toutes les émotions qu'elle avait camouflées durant son entrevue avec Draconia faisaient surface à présent. Elle appuya son front brûlant sur le mur de pierre. Choc thermique. Elle commençait à sangloter à présent.

Cette attitude la dégoûtait, mais il fallait qu'elle s'y fasse. Aucun être humain n'est imperméable à un rateau. Première désillusion. Voilà que venait de commencer son éducation sentimentale. Heureusement pour elle, draconia n'avait pas ajouté l'humiliation au refus. Elle l'avait même trouvaée étonnament silencieuse après sa déclaration.

C'est malheureusement à ce moment précis que sa tête résonna des paroles de Sacha. Comment pouvait-il envahir son intimité? Par quel miracle? D'après ce qu'elle savait, la légilimancie n'incluait pas un don de télékinésie... Elle s'accroupit sur sa marche et se mit les mains sur la tête. Hors de question qu'elle réponde à son invitation sa sommation.

* Get off my head !!! Bloody bastard *

Personne ne répondit. La réponse ne devait pas être permise. Pour toute réponse, elle n'eut que l'eccho des paroles du serpentard qui revenait sans cesse.

* J'ai compris...*

C'est à contre-coeur qu'elle descendit dans la salle de Mowana. Elle n'y était jamais entrée puisqu'elle soutenait Icare. cette atmosphère orientale lui donna un parfum de voyage inexplicable. Tout à coup, elle était loin, loin de draconia, de ses histoires, de tout. Sa fierté lui empêcha de penser que c'était ce qui lui fallait pour se sentir un peu mieux. Lorsqu'elle aperçut Sacha, elle essaya tant bien que mal de paraître méprisante, ce qu'elle n'avait pourtant pas la force de faire.

- Par quel miracle es-tu rentré dans ma tête? Que se passe-t-il?

Pam, pam, pam… des pas qui approchent. Je présume qu'il s'agit d'Elinor. Elle n'a pas mis beaucoup de temps avant de venir. Malgré l'heure tardive, elle ne devait pas être en vêtements de nuit dans son dortoir. Ma voix en écho dans sa tête aurait fini par l'abrutir. Ce n'est qu'une fois qu'elle prit la décision de venir vers la salle des Champions de Serpentard, que ma voix cessa de résonner en elle. Ce tour n'est pas mauvais. Je pourrais hanter beaucoup de gens comme ça.

"Il me plairait bien d'avoir ce pouvoir pendant mes ASPIC pour puiser dans l'esprit des autres leurs réponses. Pourvu que j'ai encore ces pouvoirs en juin."

Je ne sais pas encore que je ne serai plus là pour voir le mois de juin. Alors je continue de vivre mes jours comme si leur fin était lointaine.

Elinor entre. L'ambiance dans le dojo se glace. C'est la première fois que je ressens une telle décharge. Je me relève en sursaut. Reste assis. D'où provient ce courant austère qui vient me pétrifier le cœur? Je tourne la tête à gauche. Droite. Plafond. Passe mes yeux rapidement sur Elinor qui se tient à l'entrée, en contre jour mais je ne lui réponds pas, préoccupé par cette sensation d'effondrement qui fait plonger mes entrailles dans un précipice vertigineux. Je cherche désespérément la source de ce qui a pu provoquer cette concentration de… je ne sais pas le définir. Quelque chose vient de m'attaquer. Je me sens mal. Pourquoi?

Je me mets sur mes deux pieds face à Elinor que je regarde. Ce que je prenais pour du contre-jour… Qu'est-ce c'est? Quelque chose, autour d'elle, irradie. C'est bleu et blanc comme un halo de lumière angélique. Elle ne semble pas le voir. Je me frotte les yeux. La sensation de chute me quitte.

Dérouté, je regarde Elinor et sans m'en rendre compte un flot d'images et de sentiments qui ne sont pas les miens m'envahissent. Sont-ce ceux de la Serpentard?

Calme.
Silence.
Calme.
Douleur.
Calme.
Silence.
Calme.

Je n'entends que mon cœur qui bat. Je ne vois que la jeune fille dont la couronne de lumière disparaît peu à peu. Elle souffre.

"Oui, mais moi je m'en fous" me dis-je stoïque, sans oser un mouvement encore.

La lumière autour d'Elinor réapparaît. Elle ne la voit toujours pas. Cela vient donc de moi. Une illusion? Un nouveau pouvoir du Juge? Sa douleur. Ces images d'elle. Qu'est-ce que j'ai?

"Serais-je en train de ressentir du vrai? Tous ces faisceaux lumineux pour ce sentiment déficient? La barbe!"

Non. Pas seulement. Je viens de me prendre 15 ans de douleur qui ne m'appartiennent pas dans la face. Ses douleurs, je les comprends. Alors quelque chose de plus singulier arrive soudain quand je fais mon premier pas vers elle. J'en oublie la raison pour laquelle je voulais qu'elle vienne, j'en oublie un instant la rancœur que je voue au monde, j'en oublie la chair et le sang, le passé et le futur, j'en oublie Sacha. Deuxième pas et pas suivants… le chemin jusqu'à Elinor me paraît long. J'arrive face à elle, je tends mon bras vers son visage et la regarde dans les yeux. Les miens viennent de changer d'expression. Sans doute qu'elle sera la seule dans l'école à savoir que je peux avoir ce visage-là: celui d'une personne qui ne convoite pas, qui n'attend rien, vraiment, qui veut juste être là. Réconfortant. Lui dire pardon pour ce qu'elle vient de vivre et pour toutes les douleurs d'avant. L'incompréhension. Seule. Elinor est seule. Rassurer, ne pas blesser encore plus. Ne pas creuser.

Je la prends dans mes bras:


Je suis désolé, Elinor…

Et je ressens un bref instant, la tempête qu'elle affronte seule dans sa barque petite. Mes bras autour d'elle ne sont pas un écueil mais un navire un peu plus grand qui veut la repêcher. C'est presque surnaturel un Sacha qui compatit sans ressentir de pitié.

A tout. Elle s'attendait à tout sauf à ça. Se faire menacer d'être changée en cracmol, traiter de psychorigide, d'éponge à mièvrerie... Mais cette vision n'avait rien à voir avec ce qui se passait dans cette pièce, rien du tout, non. Sacha paraissait compatissant à un malheur qui d'ordinaire n'a rien pour le toucher. Il se lève et s'approche d'elle.

* Il n'a même pas relevé ma question... est-il.. au courant? Qu'est-ce qui lui arrive? *

Ce Sacha à dimension humaine lui plaisait. Venait-il de découvrir ce côté de l'homme? Elle en doutait sincèrement. De tout ce qu'elle avait vu et entendu de lui, ele pouvait jurer que ces gestes n'appartenait pas à ses habitudes et à sa posture. Depuis tout le début de ses tourments et l'accumulation des douleurs qu'elle se trimbalait, il lui semblait bien sa vie se résumait à une envie de crier. Le tableau de Munch l'aurait décrite parfaitement. Une vie, un cri.



Et pourtant, jamais rien n'était sorti. Elle était allée voir Draconia pour arrêter de fuir. La voilà de plein pied dans la réalité. Et Sacha est planté là. Il se déplace à présent, vient vers elle. Décidément, cette attitude ne rentre pas dans ses codes habituels. Il devient sympathique au sens etymologique du terme: pathos= souffrir, sym= avec. Il souffre avec elle.

Seconde leçon de la soirée. Il n'est pas bon de pleurer su soi. mais lorsqu'une main est tendue ou qu'une épaule vous soutient, il ne faut jamais refuser. La douleur s'atténue un peu. Ce soir, ils sont deux étudiants au même rang. Plus de nounou, de domination, de Choupinet ridicules, pour le moment.

Alors, elle se laissa aller dans ses bras. C'était si rare de se sentir écouté et compris. Son cri s'écoula de ses yeux et prit de la vitesse sur ses joues, pour finir brutalement sa course sur le sol en s'éparpillant en de fines goutelettes qui se gelèrent presque sur le sol de pierres gelées.

Elle releva la tête de son épaule et lui parla enfin.

- Merci.

Le temps de s'essuyer les yeux et elle lui posa la question qui la gênait.

- Comment sais-tu?

Je ne sais rien, lui dis-je encore d'une faible voix.

Je l'entraîne vers le milieu du dojo, où je me tenais allongé avant qu'elle ne vienne. Mon journal est sur le sol. Je le récupère avant de faire s'asseoir Elinor. Quelque chose m'empêche de la lâcher, alors je ne cherche pas à comprendre et je la garde contre moi en m'asseyant aussi. L'impression étrange de faire quelque chose de bien me promène à la frontière de mes capacités. Je ne dois pas m'interroger si je veux me comprendre. Paradoxe étrange qui s'infiltre dans la moindre de mes cellules.


Raconte, lui dis-je, j'ai la sensation d'avoir vécu ce que tu as vécu. Dans ta tête. J'étais dans ta tête.
Tu vas changer, Elinor.

Ca sonne à la façon des mots abscons d'un prophète ivre mais c'est ce que je trouve à lui dire de plus constructif tandis que ma main caresse ses cheveux comme si elle était une poupée de porcelaine cassée et qu'on pouvait réparer d'une étreinte, d'une pensée. Je la lâche un peu pour lui rendre son espace vital mais ne m'éloigne pas. Je suis son filet d'acrobate. Ca sera court, cette tendresse. Je sens déjà Sacha l'Improbable revenir... je le sens pousser à la porte de mes habitudes pour reprendre sa place. Celle qu'il a depuis toujours: "gâté pourri" a dit Campbell.

Mon sablier n'a plus de silicate alors je prends mon temps avant d'émerger. Je me dis que ce n'est pas moi qui doit être le centre du monde à cet instant. Je la laisserais baver ses larmes sur ma chemise dernier cri si elle le voulait et cet abandon soudain à quelqu'un d'autre que moi me fait bien et me fait mal. Me fait peur d'être en terre inconnue. Me fait fort d'être en trève avec le monde.

Mes sensations vont de concert avec ma respiration. Elle a changé de rythme et je ne la reconnais plus. Le timbe de ma voix est celui d'un inconnu qui se terre en moi. Le faire sortir et le tuer ou le garder et l'enfermer dès qu'il ne me sera plus utile? Je ne sais pas, je ne sais plus rien, car je ne parviens plus à penser à moi comme Elinor a mal.

"Alors si Elinor a mal à Elinor, Sacha a mal dans Sacha..."

Je la laisse pleurer sur moi comme si ces larmes me baptisaient au travers d'une religion inconnue. Sa question, je ne peux y répondre car je n'ai pas de réponse à cela. Je le saurais. Si je l'écoute. Alors je l'écoute.


Raconte-moi comment c'était avec Draconia...

* Il était avec moi ? Mais il ne sait rien ? Je ne comprends pas. Je me demande si mon cerveau n’a pas buggué. Je n’ai même plus la force de chercher à comprendre pourquoi il se conduit de la sorte avec moi. Il me semble être ivre morte sans avoir connu les joies de la beuverie. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je ne comprends pas… Il ne faut plus chercher à comprendre mais se laisser aller. My brain needs a hangover potion. Is Sacha my sober up remedy?*

L’épaule de Sacha était dure. Pourtant, elle était la meilleure amie qu’elle n’ait jamais eue. Elle s’y sentait suffisamment en confiance pour se laisser aller à ses larmes, sans pour autant se faire juger. Elle s’y blotti de bonne grâce et resta silencieuse pendant un moment. C’était très dur pour elle de rassembler ses esprits et de revivre ce moment douloureux après qu’elle se fut jurée de l’enfouir à jamais dans un coin obscur de sa mémoire. A dire vrai, elle n’aurait jamais cru devoir en parler à quelqu’un si l’on prenait en compte le fait que Draconia était sa seule amie demi heure avant.

Mais pour autant, qui était ce garçon à côté d’elle ? Ce monstre d’égoïsme habituel qui se la joue presque Mary Poppins ? La méfiance naturelle de la Serpentard revenait au grand galop. Elle n’avait aucune idée de se qui se tramait dans la tête de Sacha et de son parcours initiatique, ni du sien d'ailleurs. Elle n'en avait pas conscience.

Finalement, elle se décida à tout lui raconter. Troisième leçon de la soirée : se servir de ses défaites pour avancer. L’idée directrice du dojo était peut-être de progresser grâce à un maître, mais en l’occurrence, ils étaient égaux dans la progression.

Elinor ferma les yeux et se mit à raconter.

- J’étais planquée dans un coin des cachots où personne ne vient jamais. Je travaillais pour éviter de la croiser. Avec ce qui s’est passé dans le cours de Rogue, je n’avais pas particulièrement envie de al croiser, sourire aux lèvres et les yeux pleins d’éclats bleus et argentés du reflet du blason d’Orphens. Je ne savais pas précisément qu’ils sortaient ensemble, mais je m’en doutais quand même. Du coup, je ne voulais rien lui dire. Et elle a débarqué comme ça, naturelle, légère. J’ai rapidement pris ma décision, même si j’ai essayé de noyer le poisson, je ne voulais plus fuir comme je te l’avais dit. Alors, j’ai voulu tout lui avouer. Et je l’ai fait. C’était tout à l’heure. Ça m’a semblé facile à faire, et je me sentis légère à mon tour, libérée de ce fardeau. Mais bon…

J'écoute avec attention et ses paroles collent aux images qui m'ont submergées un peu plus tôt. En plus de la narration d'Elinor, un portrait, dessiné à la main et tombé sur les dalles sombres d'un cachot, m'apparaît encore comme un flash. Je ne pose pas de question sur ce point-là car si l'image est fortment inscrite dans cette vision plus nette que les autres, le sentiment accompagnant la chute de Draconia - le portrait la représentait - doit être tout aussi fort et je ne me sens pas de délier tous les palliers de son ressenti. Je ne le peux pas. Je le sais.

L'histoire qu'elle me conte m'agace. Je ne saurai dire pourquoi. Elle termine de raconter au moment où je comprends ce qui suscite mon énervement. Je la repousse un peu pour l'avoir face à moi:


Je ne peux pas reconstruire ce passé mais je peux prévenir ton avenir. Tu es sotte. Ton esprit commandé par des ailes romantiques t'a fait volé vers un ciel à l'envers.


Je m'explique. Elle doit comprendre que je ne l'insulte pas. Au contraire, il me faut lui répondre et être compris à la perfection. Je reprends ma position couchée. Mains derrière la tête, yeux fermés à double tour. Pas de sourire, pas de moquerie. Ma vérité ne sera peut-être pas la sienne mais je la lui partage.


Tu t'es empressée, tu n'as pas goûté... Avoir ou ne pas avoir un coeur qui retourne le nôtre n'est jamais la question. "Comment le gagner ou comment le perdre avec panache?" "Comment retirer de nos penchants tout le bien que cela peut procurer même si l'on obtient pas ce que l'on désirait?" Quelle est la bonne question?... Je ne sais.

Toujours est-il que si l'on ne croit pas suffisamment en soi lorsque l'on convoite un coeur, c'est comme dire "je t'aime peut-être": ça ne se peut pas. Ca ne compte pas. Si tu n'y crois pas, ne demande pas aux autres d'y croire à ta place. Ensuite... oui... avoir ou ne pas avoir telle n'est jamais la question.
Tu jouais seule, Elinor.

C'est confus... il me faudrait dix vies pour t'encourager à croire que tout est possible sur terre si tu l'as décidé ainsi.

J'attends un peu.
Ne pas lui retourner le cerveau.
Pas comme ça... doucement Sacha.
Il me semble que j'ai une bibliothèque de pensées à lui donner mais préfèrerais lui enseigner la pratique plutôt que mes théories systématiques.

Tu la voulais trop sans trop savoir comment tu la voulais. Livrer tes sentiments à cette fille en connaissant le danger de la perdre... qu'est-ce qu'il t'a pris? Si tu voulais souffrir je me serais fait une joie de venir t'asticoter, finis-je en rouvrant les yeux que je tourne vers elle. Ca va mieux?

J'ai dans ma poche un mouchoir mais je ne lui tendrai pas. Sans savoir pourquoi, la voir pleurer me rassure. Ce n'est pas cruauté, c'est beauté. Beauté de la tristesse. Alors ces larmes, je les laisse encore sur ses joues porcelaine.

"Ton esprit commandé par des ailes romantiques t'a fait voler vers un ciel à l'envers... Comment le gagner ou comment le perdre avec panache? … Tu n'y crois pas, ne demande pas aux autres d'y croire à ta place... C'est confus... il me faudrait dix vies pour t'encourager à croire que tout est possible sur terre si tu l'as décidé ainsi... Tu es sotte!"


Chacune de ces phrases claquait le cerveau de la jeune fille qui n'était pas loin de sortir le drapeau blanc. A droite à gauche, en arrière, elle se sentait punching-ball, non, mieux que ça, culbuto. Le jouet des enfants qui revient toujours en place malgré son oscillement.
Il lui donnait une leçon, et là, elle s'en serait fort bien passée. A moins que ce ne soit de l’aide. Un aide étrange sur la forme, mais peut-être pas sur le fond.

Gustav Klimt

Un arbre de vie. C’était ce que représentait Sacha aux yeux d’Eli. Il lui prêtait sa solidité et sa robustesse, son détachement malgré son moment d’attendrissement. Ses nombreuses ramifications lui conféraient de l’envergure, de la prestance, de la noblesse. Malgré ça, quelques branchages l’ancraient profondément dans l’espèce humaine, quoi qu’il puisse en penser. La jeune fille était la seule à le savoir. Elle n’en dévoilerait rien. C’était juré dans le silence.

Hésitante, ses joues rougies sillonnées par quelques larmes qui perlaient encore, elle se décida à lui poser la question fatale :

- Si je suis une malade des relations humaines, aide-moi. Montre-moi, explique-moi… Tu sembles posséder de larges pouvoirs, plus que n’importe quel élève ici, utilise-les, fais-moi partager ton savoir, ton expérience.

Certes, il y avait de l’avidité dans ses propos, tout ce que l’échec cinglant de son entrevue avec l’autre Serpentard lui avait laissé. Cependant, elle entendait raison garder et laisser une porte ouverte à son esprit critique. Mais l’envie d’apprendre, de voir était forte. Surtout après les dernières paroles presque sarcastiques. Lui laisser entendre qu’elle n’était pas capable de comprendre sa vision en moins de dix ans l’avait choquée. Du coup, elle regagna un peu de tenue. S’il voulait jouer les Hygieia pour elle, et prévenir pour elle toute maladie future consécutive à une blessure d’amour qu’elle pouvait éviter, soit. Qu’il le lui prouve.

Gustav Klimt

M'associer à une figure féminine comme le serait Hygeia ne vaudrait guère rien à mes yeux. Je ne suis pas un guérisseur, je suis un sculpteur. Il n'appartient pas à mes ambitions de soigner les maux du passé. J'aime à concevoir un futur qui seul reste inébranlable car insaisissable. Or on ne peut casser ce qui n'existe pas encore. Objectif: édifier un futur.

Si l'on a su les rendre forts, Le Savoir, L'Ambition, Les Convictions, L'Humanité, L'Amour dont on est capable, sont des armes redoutables. Evidemment, dans mon lexique, chacun de ces termes a subi un léger glissement sémantique. Elinor le découvrira. Mais avant tout cela, leçon numéro 1: abolir ses préjugés. On ne construit rien sur des a priori.

Et si je devais être aux yeux d'Elinor un Pygmalion quelconque?

Voyons voir au comble de ma franchise et en flagrant délit de saine folie ce que je pourrais trouver...

Hum, je dirais qu'au lieu de me résumer à cette miséreuse Hygeia et de réduire mes aspirations à la philanthropie la plus douceâtre, préjugeant que je veux faire d'elle une Galatée belle mais sans saveur… oui, je dirais qu'au lieu de ça, il faudrait plutôt songer qu'elle pourrait devenir une Pandore. Ainsi serais-je un peu Héphaïstos, un peu Athéna, un peu Aphrodite et surtout Hermès. Incontestablement et certainement pas Hygeia. Quelle barbarie allégorique cela serait!

Tant que faire se peut, j'éviterai à Elinor de suivre le même chemin que Pandore s'il existait quelque part une boîte à secrets à ouvrir pour en libérer toutes les vertus et tous les vices. Je lui indiquerai alors les moments où il faut refermer cette cassette surprise et ceux où il faut l'ouvrir à nouveau.
Pour commencer: ouvrons et voyons.


Embrasse-moi, lui dis-je à voix basse en la regardant, allongé sur le parquet. Penche-toi... doucement... et embrasse-moi.

Voix murmurée, pas d'invective. Elle sera réticente. Bien entendu, elle attend de mes lèvres qu'elles soient celles d'une femme. Mais Sacha n'a pas d'identité sexuelle. En avoir une pour en faire quoi, hein?

Dans sa tête: "Tu n'es pas une handicapée des sentiments. Au contraire, tu en as de trop. Ils t'étouffent car tu ne les reconnais pas. Ils existent mais agencés dans le désordre. Déstructurés, stériles, peureux. Tu es une handicapée de la réalité. La bonne nouvelle, c'est que cela se soigen très vite. La mauvaise: c'est le reste qui est plus long... mais il faudra me faire confiance. Je sais que ce que je te demande est dur étant donné les circonstances pourtant il le faudra..."

Je tends à nouveau ma main vers son visage pour effacer l'étonnement ou le dégoût d'une caresse complice sur la joue. De l'autre main, celle qui se trouvait sur ma poitrine, je récupère ma baguette qui se trouve dans ma poche arrière de pantalon. Baguette trouvée. Je lâche le visage d'Elinor sans marquer mes mouvements d'expressions explicatives.

Je dirige la baguette contre moi-même et prononce trois fois un charme informulé:

Le premier me donne l'apparence de Draconia. Le second celle d'une septième année de Poufsouffle avec laquelle j'ai passé une nuit mais dont j'ai oublié le prénom... à moins que cela soit de lui demander son prénom qui m'a échappé. Peu importe. Le troisième me rend mon apparence.

Présentement, pour ma part, elle sait que l'écoeurement ne sera pas pris pour excuse: je revêtirai l'apparence qu'elle voudra mais je préfère qu'elle m'embrasse moi. Pourquoi? Leçon numéro 1.

Je tâte le sol à la recherche de mon journal qui se trouve près de mon flanc. Une fois trouvé, je le dépose sur ma poitrine.

Dans sa tête: "Garde-le, si tu veux. C'est ce que j'ai de plus cher. S'il t'arrive quelque chose par ma faute, brûle-le. Je brûlerai avec."

Maintenant qu’elle lui avait fait sa demande, elle ne pouvait plus reculer. Hors de question de passer pour une Poufsouffle timorée et crucruche. Et pourtant, Merlin savait à quel point ce que lui demandait Sacha la dégoûtait.
Non seulement ses paroles la blessaient, mais ce rabaissement devant lui la faisait gamberger. Qu’est-ce qu’un baiser ? Rien de spécial si ce n’est lorsqu’il s’agit du premier. Le décor, l’occasion, la personne avec qui on le partage lui donne toujours un goût spécial et unique. Et dans sa tête de grande romantique malade, Elinor s’était toujours autorisée de penser que ce souvenir, elle le partagerait avec une fille qu’elle aurait choisi, et qui l’aurait choisie, elle, parmi les parmi les autres.

Voilà pourquoi, dans sa tête, Sacha n’avait rien d’un Dieu grec avec sa proposition. Il venait juste de provoquer un bombardement ignoble ayant sapé ses aspirations, ses promesses, sa candeur, tous ses fondements moraux, ses principes : Savoir, Ambition, Convictions, Humanité, tous conjugués au verbe aimer, et apposés à la sensibilité. Aimer apprendre en être fier et utiliser ce savoir à bon escient, aimer se construire un dessein méticuleusement choisi, aimer ses principes, en être fier, aimer l’Homme. Aimer… Cette dimension, cette sensibilité à fleur de peau l’étouffait sûrement au regard des gens comme Sacha, qui n’avait peut-être pas tout à fait tort. Aussi, dans la tête de la jeune Serpentard, il passait pendant un court instant pour un dictateur fascisant terrorisant son peuple.

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Guernica, Pablo Picasso)[/color]

* Je dois me jeter à l’eau. Je sais que j’ai le choix de refuser ? Sacha n’est pas un tyran. Il est peut-être calculateur ou manipulateur, mais, certainement pas un tyran. Je ne peux me dérober et m’envoler par une pirouette. Le faire, c’est aller contre moi. Ne pas le faire, c’est me montrer faible. Je ne peux pas passer pour quelqu’un de faible, même si c’est ce qu’il pense de moi. Mais je veux qu’il reste lui. L’illusion que donne son sort à mes yeux ne changera jamais ce qu’il est profondément. Je suis faible mais, je ne me montrerai pas lâche. Draconia ne m’aime pas, et la Poufsouffle non plus.*

Puis, Sacha lui parla de son journal. Il lui parla à nouveau dans sa tête. Impression d’impuissance face à lui. Elle se maudissait de l’avoir rencontré dans le parc. Sa fierté la tuerait autant que ses bons sentiments.

Un journal, qui plus est ce qu’il a de plus cher. Ernest. La lettre. Le viol. Jamais elle ne pourrait l’ouvrir. Mais elle le prit. Question de pouvoir. Et cette dernière phrase ? Elle fourra le journal dans la poche intérieure de sa cape. Seule perdue devant cet océan de promesses, elle décida de faire le grand saut.


(Les falaises d’Etretat, Claude Monnet)

*Il était allongé telle une victime consentante. Non, il n’était pas victime mais instigateur. Alors Pygmalion ? Il est tant de voir ce que tu peux m’apporter.*

Elle se mit sur ses genoux et respira un bon coup. Même un sourd aurait pu entendre claquer ses dents comme le reste de ses os. Pourquoi une telle peur ? Elle ne le savait pas. Soyons clair, elle avait la théorie, il ne lui manquait que la pratique. Dans un élan de pragmatisme, elle mit ses a priori sous son coude et les cacha sous la charge scientifique du mouvement.
Finalement, elle se pencha le plus doucement possible. Plus doucement et on aurait pu croire qu’elle reculait au lieu d’avancer. Elle ne prit même pas la peine de s’humecter les lèvres pour l’atterrissage sur les siennes, elle se contenta de fermer les yeux.

Que dire de cette sensation ? Rien. C’était chaud, sec, sans effusion de part et d’autre, pas de débordement, pour l’instant chacun restant sagement dans sa bouche. Durée approximative de l’évènement ? 10 secondes selon la police, 20 selon les syndicats. Elle aurait pu y mettre du sien, elle ne l’a pas fait, et commença à le regretter quand elle se releva et rouvrit les yeux. Regretter, oui. Car au moins si elle avait fait un petit effort, elle aurait pu être un peu plus compétitive pour la première fille avec qui elle ferait ça avec envie et entrain. Elle se retrouva donc ennuyée d’avoir pris autant de plaisir que si elle avait dû embrasser un Gobelin géant.

Finalement, elle fut convaincue du bien fondé de l’action de Sacha envers elle. De fait, Elinor se repencha sur lui pour un second épisode *Juste manière d’être sûre*. Peut-être de ce geste et de sa bonne volonté naîtrait enfin un nouvel espoir dans son monde perdu ?


(Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau, Dali)

Le baiser.



Première acte d'intimité et de partage des sensualités au sens premier du terme. Si le baiser était un verbe on ne pourrait le décliner à l'impératif. Mais le baiser n'est pas un verbe, c'est de l'algèbre charnel:

une bouche x + une bouche y x l'envie de partager (partager = donner + recevoir) / par les cœurs xy à l'instant T = un baiser xy

Elinor ne sait pas ce qu'est un baiser. Elle appose ses lèvres aux miennes et reproduit "une idée" de baiser. Mais une idée ce n'est pas un acte. Je ne l'aide pas et garde mes lèvres closes, ne bouche pas, n'invite pas ses lèvres à ressentir les miennes. Je la laisse se planter et m'embrasser avec sa tête.

Je souris quand elle recule son visage car elle semble aussi sceptique que dégoûtée.

"Autant embrasser un mur… là ce n'est pas bon du tout." Me dis-je alors qu'elle amorce un nouvel essai.

Mais je ne soutiens pas ce deuxième essai et tourne la tête sur le côté pour esquiver ses lèvres. Je me redresse doucement et me positionne sur mes genoux, face à elle. Ma main sur le parquet m'aide à ancrer mon bras et à soutenir mon buste que je penche vers elle:


Non, Elinor… le baiser est l'impulsion de l'âme. Il ne se donne pas sur commande. Quel que soit le ton de ma voix, tu n'aurais jamais dû m'embrasser si tu n'en avais pas envie. D'ailleurs tu ne l'as pas fait… j'aurais plutôt apparenté ça à… Je pense qu'il serait mieux que je ne termine pas cette phrase.

Dans le baiser, ce n'est pas seulement ta curiosité que tu dois satisfaire mais celle de l'autre aussi. C'est un don et un redon. Tu n'as que ce que tu donnes. Tu ne donnes rien, tu n'as rien. C'est un échange. Même dans un baiser volé, il y a l'échange d'une saveur. Ton baiser était sans saveur et je n'en veux pas un second du même acabit, tu vas me tuer. Celui que tu allais me donner ensuite, aurait été le même, peut-être plus observateur encore, mais toujours sans goût. Pour séduire, donne du goût et de la couleur à tes gestes.

Je tâche de garder une voix posée et faible pour qu'elle ne résonne pas dans la salle. Que la dispense reste intime et secrète. Ce sont des secrets que je donne à Elinor en ce moment car je pense bien qu'elle n'ira pas raconter cela.

Je lève ma main doucement vers son visage. Dégage une locks qui fait une ombre sur visage. Ma main s'appuie plus encore dans le sol. Je me penche toujours. Doucement. Frôle ses lèvres du bout des miennes. Légère pression sur sa lippe rosée. Deux pétales qui s'effleurent. Je me recule aussi doucement que je suis arrivé vers elle et plus bas encore lui dit:

Un baiser, cela peut n'être rien de plus. Toujours trop pressée Elinor, trop directe et tu ne ressens rien car tu t'en empêches. Oublie tes a priori, les commandes de ton esprit. Ton corps est plus rapide que ton esprit dans la réflexion et il sait avant toi ce dont tu as besoin. Encore faut-il le laisser s'exprimer... "bien dans ses sorts, bien dans sa baguette"

"Ton baiser était sans saveur et je n'en veux pas un second du même acabit, tu vas me tuer."

* Crois moi, si j'avais pu... Non mais quel idiot! Tu t'imagines quoi? Que j'avais envie de me jeter sur toi comme ça à cause de ton charme irrésistible? Non mais franchmement! Je crois que même ça: ça aurait mieux compris que toi. Sincèrement, il ne s'agit pas ici d'a priori. Ton service trois pièces n'est pas un a priori, c'est une réalité qu'il m'est impossible de dépasser tant elle me rebute. Et si tu veux savoir ce que me dit mon corps, en ce moment, je sens mon pied brûle d'envie de te le faire sentir.*

Voici ce qu'elle mourait d'envie de lui dire, coup de pied à l'appui... Mais comme elle voulait privilégier la réflexion et ne pas se laisser piéger par un relent d'impulsivité, elle parvint à se maîtriser pour plonger vers plus de cynisme.

On efface tout... et on garde ça sous le coude.

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"Ton corps est plus rapide que ton esprit dans la réflexion et il sait avant toi ce dont tu as besoin. Encore faut-il le laisser s'exprimer... "bien dans ses sorts, bien dans sa baguette"

De la couleur? Son petit numéro de séduction l'ennuyait au plus haut point, même si elle devait admettre en elle-même que ça devait rudement bien marcher avec certaines pintades. Maîtrise Petite Plume, maîtrise.

* De la couleur ... Pffff....*

Elle se décida à accepter de jouer les cobayes sur quoi elle allait tomber comme M&M's*? Comme subterfuge, elle fit contre mauvaise fortune bon coeur et ferma ses yeux en imaginant qe c'était Draconia qui était avec elle. De la couleur à ses gestes?

Voilà comment elle se laissa prendre au piège de Sacha, enfin... presque. Sa déception tout à l'heure, et la façon dont elle avait laissée son amie dans le cachot lui avait laissé un goût amer que cette fiction lui permettait d'adoucir. Elle était là... Elle se penchait sur elle. Il lui sembla qu'une grande vague de chaleur émanait de son corps. Elle posa le dos de sa main sur sa joue, de la manière la plus timide possible, et en caressa sa peau. Même si ce n'était pas Draconia, c'était quand même doux. Son index glissa sur son menton, et elle hissa son visage près du sien jusqu'à toucher son nez avec le sien. Elle colla son front sur le sien et elle resta un moment comme ça. Elle n'aurait pas su dire combien de temps.
Puis, comme grisée, elle se blottit contre lui. Son corps n'avait pas la même saveur que celui de Draconia, c'était certain. Il manquait des pièces et avait des choses en plus. Mais la sensation était bonne, elle n'allait aps, et ne voulait pas le nier.

Maintenant, elle n'avait pas totalement sombré dans la folie. Elle savait très bien que derrière ses gestes et sa jouissance morale se cachait Sacha et personne d'autre. Par contre, elle espérait quand même qu'il s'apercevrait de quelque chose...

* Confiserie fortement appréciée chez les moldues dont l'enrobage est très coloré. Sans mauvais jeu de mots, c'est un peu comme les dragées de Bertie Crochue, sans la surprise du goût. Sont peut-être plus intelligents que nous ces moldus...

Clac !

Un gifle sifla dans l'air de la pièce et claqua sur la joue de Sacha qui l'avait bien mérité. Depuis que ça la démangeait, elle venait de céder. A la facilité peut-être, mais surtout, à la phrase vulgaire et déplacée qu'il avait prononcée. Avait-elle laissé la trace de ses cinq doigts sur sa joue? Elle ne le savait pas puisqu'elle décida de regarder partout sauf sur la chose répugnante qui était à côté d'elle.

* Why do I have the impression to speak a foreign language? He's such a jerk! So cruel, so vile... such a bastard. He doesn't want to know, to understand me. Ok, I'm a complex person, cold, rigid, maybe neurotic. But he must show me some respect. Try me on this and you sound my wand out.* (voir traduction à la fin du message)

- Je te fais douter? Grande nouvelle. J'gnorais que tu fûs capable de connaître cet état, toi.

Elle se retourna enfin vers lui et osa le regarder dans les yeux.

- Je comprends parfaitement ce que tu veux m'apprendre. Je ne suis pas stupide. Il me semble que ma dernière action t'en as convaincu, dit-elle non sans une certaine fierté.

- Tu veux m'apprendre à séduire? Ok, j'ai bien pigé le truc. La chose qui m'embête là-dedans et qui m'empêche d'avancer. Tu parlais d'un baiser comme "impulsion de l'âme. Il ne se donne pas sur commande."

Elle fit une pause pour lui parler le plus sérieusement et le plus calmement du monde.

- Sacha, imaginais-tu vraiment que j'allais avoir envie de t'embrasser? Tu pourrais être le plus beau mec ou la plus belle fille de la terre, je n'aurais pas davantage ressenti une telle envie. Si effectivement le baiser est une impulsion de l'âme, je dois d'abord avoir saisi ton âme, sa nature, sa beauté. Je dois connaître la personne pour avoir envie d'échanger un baiser avec cette personne ou avoir envie de la séduire. Tu te serais transformé en Miss Bewitched (voir plus bas), ça aurait été pareil. Pour moi, ce n'est pas une mécanique. Où est la magie des sentiments. J'imagine que je ne serai jamais adepte des "one night stand".Séduire n'est pas un but ultime dans ma vie. Je reconnais que c'est nécessaire et que j'ai un excellent professeur en la matière.

Elle espérait qu'il aurait compris.

- Cette philosophie t'est certainement étrangère, et ce n'est pas grave. Que tu m'apprennes à séduire est une chose, mais ne me demande pas de changer ma persone pour autant. Chacun est différent, et tant mieux. Que serait la terre uniquement peuplée de Sacha?

Malgré la gifle et les paroles malheureuses qu'il avait eues tout à l'heure, elle lui donna un sourire et lui fit un clin d'oeil en imaginant le monde horrible que deviendrait notre vieille planète croulant sous une masse de Sachas pleins d'hormones.

- Alors professeur, quelle est la prochaîne leçon de séduction?

Traduction de l'anglais et justification du passage en anglais: Eli pense que sacha et elle ne sont pas sur la même longueur d'ondes, et ne parlent pas de la même chose, et encore moins dans la même langue.
" Pourquoi est-ce que j'ai toujours l'impression de parler une langue étrangère avec lui? ce n'est qu'un idiot (gentille dans la trad lol), cruel, vil, et un sacré bâtard (sorry). Je suis certainement complexe, froide, rigide et névrosée, d'accord... Mais il me doit le respect, qu'il me teste à nouveau en la matière et il tâtera de ma baguette."

Miss Bewitched: sorcière spécialisée dans le streap tease au Velvet Club.

Sa claque reste comme une étreinte sensible sur ma joue. C'est ma première de l'année. Etonnamment, elle m'excite plus qu'elle ne me blesse et je ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'Elinor n'a jamais été aussi féminine que par ce simple geste.

J'amène ma main sur mon visage pour la passer doucement sur ma joue et effacer la chaleur de la gifle. Maintenant, je la laisse réfléchir. Elle doit en avoir besoin, et j'ai comme l'impression que cette gifle ne m'est pas destinée puisqu'elle ne change rien: ni au dehors, ni au-dedans d'Elinor. Ni au dehors, ni au-dedans de Sacha.

Cette gifle est le premier orgasme de la Serpentard. C'est comme ça que je le vois. Bien entendu, pour m'en éviter une deuxième, je ne dis absolument rien à ce sujet mais mon sourire est là pour le lui faire comprendre. Sourire simple, un tantinet prétentieux, soulagé aussi. Pour elle: elle est humaine.

Mais ce n'est pas pour autant que je suis satisfait.
Au contraire... et qui pourrait se satisfaire d'une gifle?
Elle sourit, m'envoie un clin d'oeil qui est peut-être censé me montrer l'aboutissement de sa réflexion.
Moi, ça ne ma va pas. "Leçon de séduction"? C'est tout ce qu'elle croit?
Non.
Pas si simple. Si je suis pour elle synonyme de "séduction", alors je m'en retourne, trop tôt pour le lu faire rentrer dans sa petite tête. A mon tour de mettre un soufflet. Pas physiquement, aussi crapule que je puisse être, plus jamais je ne lèverai la main sur une fille. Une fois je l'ai fait. Aussitôt regretté.


C'est fini pour ce soir… ça ne sert à rien d'aller plus rien, lui dis-je en me relevant.

Je sors ma baguette, la fais tourner entre mes doigts le temps de me laisser un sursis pour la réflexion. Ma décision est toute vue. J'arrête ma baguette vers Elinor.

"Accio Journal" fais-je en regardant ma relique se diriger droit sur moi.

Je saisis le cahier relié de cuir d'une main ferme.


Tu ne le comprendras pas. Je te le donnerai quand tu auras grandi, lui dis-je froidement avant de me diriger vers la porte du dojo, pour l'instant, à part lui mettre une fessée pour les idées qui y sont développées, il ne te servira à rien.

Eh, oui. Bien que la claque fusse pour Elinor une très bonne chose - Que je suis fière d'elle, aussi - elle reste pour moi la blessure de son incompréhension. La situation m'ennuie et je la trouve trop dangereuse pour moi. Pas pour elle.

J'arrête.

"Elle ne veut pas me comprendre, je ne la comprendrai pas non plus… ça, reste une constante."

La gifle l'aurait-elle vexé? Non, il faisait pire. Il ne voulait pas comprendre.

Pour ce qui est du carnet... Sacha n'est pas un homme de parole. Bon à savoir. Pourtant, loin de ce simple journal, de la claque qu'elle lui avait donné, il y avait une simple chose qui la titillait et qui la vexait: elle ne saurait pas ce qu'il voulait dire par "aller plus loin".

C'était frustrant ça. Oh oui, bien plus que toute autre diatribe qu'il aurait pu déverser contre elle, rester dans cette situation d'attente dans un rôle de gamine punie lui tapait sauvagement sur les nerfs. C’était la pire de toutes les provocations.

*Time to play. Je veux savoir *

Elle fit passer quelques mèches et locks derrière ses oreilles, arbora un sourire calculateur, et s’avança vers lui. Les quelques pas qui la séparaient de ce garçon lui permirent de réfléchir à son angle d’attaque. C’était assez fin à jouer, elle n’avait pas trop intérêt à se louper sur ce coup.

Elle s’arrêta finalement du côté de son corps qui abritait son journal, précieusement serré dans sa main. Son cœur battait à tout rompre, emporté par une folie non sentimentale, non. C’était autre chose. Une excitation suprême. Excitation intellectuelle, presque métaphysique. Rien de physique, et pourtant, il fallait que tout en passe par là dans cet assaut. Aller sur son terrain.

Ses lèvres n’étaient qu’à quelques millimètres de son oreille. Ses doigts prirent possession des siens tels des serpents étouffant leur proie. Puis, la pression retomba pour finir en une gentille caresse. Elle était prête à lui parler.

- Tu ne vas pas déserter comme ça, je suis déçue. N’y a-t-il pas un moyen pour te faire rester ? S’il te plaît… Sacha.

Du bout de ses doigts prédateurs, elle touchait le journal. Mais elle s’appliqua à faire diversion. Pas d’épée, pas de baguette, pas de menace. L’attitude de Sacha prouve qu’il ne se sent pas en sécurité. Attaquer sans arme.

* Sacha vient de livrer un coup classique mais fin : Il a pris le contre de tierce et s’et mis en garde. Jusqu’ici, je n’ai fait que parer la contre de tierce dans sa retraite, main haute, port farouche. Il a pris ensuite le contre sur ma double feinte. Que me reste-t-il à faire ? Contre-dégager quarte dedans, enlever, partir et… le laisser mourir, à supposer que ma riposte soit bonne et que ma vitesse d’exécution soit convenable, et que j’ai envie de le tuer… ce qui n’est pas le cas, car je me sens concernée. Je me sens impliquée par mon adversaire qui n'en est pas un, plus maintenant.*



Non, elle n’en avait pas la moindre envie. Elle préférait le défier pour mieux le connaître. Elle pensait qu’il avait encore beaucoup à lui apprendre. Pas question pour autant de se comporter comme un laquais auprès de lui. Elle était bien trop fière pour cela, et elle avait bien raison.

Sa main libre para toute riposte en se posant sur l’épaule de Sacha. Elle était tout contre lui, dans une posture qui ne lui semblait pas dangereuse puisqu’elle y était insensible au demeurant. S’adapter à l’adversaire, toujours. Montrer qu’on a bien appris, et qu’on est avide du reste.
- Tu ne m’as toujours pas donné mes pouvoirs. Je ne sais pas non plus qui est la mystérieuse demoiselle. Ne te sauve pas. J’ai envie…

HJ: Pour le passage sur l'assaut, voir Daniel Picouly "la treizième mort du chevalier", p. 32

J'atteins à peine la porte que ses doigts, un simple effleurement, m'en dissuadent. J'écoute son murmure à mon oreille et tâche d'ignorer les frissons que cela procure. Je ferme les yeux et soupire longuement devant la parade d'Elinor que je lui laisse, sans sarcasme. Elle apprend. Vite.


"La contemplation de cette femme l'énervait, comme l'usage d'un parfum trop fort. Cela descendit dans les profondeurs de son tempérament, et devenait presque une manière générale de sentir, un mode nouveau d'exister (…) Quant à essayer d'en faire sa maîtresse, il était sûr que toute tentative serait vaine. (l'Education Sentimentale, Flaubert)"


Quand je les rouvre sur ses yeux noirs, ma main se relâche de sur mon journal et je le lui cède silencieusement. L'objet passe de ma main à la sienne sans quel ait d'autres efforts à fournir que l'inertie d'une dextre posée sur l'épaule. Je me retourne. J'avance progressivement ma main vers son visage sans accroître le mince interstice qui nous sépare… puis, qui ne nous sépare plus lorsque, les deux mains dégagées dont l'une est promise à une caresse sur sa joue, je laisse la deuxième saisir sa taille pour appuyer Elinor contre moi. Avec la même langueur presque indifférente, mes lèvres viennent happer les siennes; je sens son souffle sur ma bouche, son haleine provocante et sucrée. Humide. Sa salive se mélange à la mienne, et voilà que je viens de transformer l'âpre baiser du Juge, en un baiser plus sucré pour Elinor: elle a ses pouvoirs. La faculté de légilimancie sur trois têtes qu'elle aura choisies, hormis la mienne.

Je me recule doucement et marche à l'autre bout du dojo. M'appuie debout contre un mur, main dans les poches, jambes croisées, tête penchée sur le plancher. Je réfléchis.

"Il y a des hommes n'ayant pour mission parmi les autres que de servir d'intermédiaires; on les franchit comme des ponts, et l'on va plus loin." (E. S., Flaubert) , me dis-je en remettant mécaniquement en place, les mèches de cheveux qui assombrissent mon visage.


Que trouverait Elinor dans mon journal, si seulement elle parvenait à l'ouvrir – ce qui assurément, ne serait pas chose facile?

Elle trouverait les extraits de mes lectures, les croquis de mes idées, de mes fantasmes, des corps rencontrés, des matins maussades, du sang et de la douleur versés, des frivolités d'un garçons de 17 ans, des rêves désabusés d'un enfant de 11 ans…
Elle y trouverait des musiques, des partitions inachevées de plusieurs instruments…
Elle y apprendrait alors que je joue de six instruments, parfaitement maîtrisés, que je perdis ma virginité l'été de mes 13 ans, qu'il me fut donné d'aimer une fois. Douloureux de trop, j'abandonnai définitivement cette ambition.
Elle verrait beaucoup de violence, beaucoup de rires, de douceur, de témérité, de bêtises et d'ironie aussi.
Elle rencontrerait Oliver, sa mort. Benjamin, l'ami source de ce que je suis. Et Kitty.
Elle voyagerait au pays du Désintérêt et du Renoncement.
Elle comprendrait que le Sacha que l'on pense ne veut rien, ne désire rien si ce n'est le monde tout entier. Pas comme une possession mais comme une connaissance extrême, une maîtrise totale de ses récifs énamourés.

Elle passerait son doigt sur le paragraphe qui dessine le futur auquel je crois être promis:

"Il voyagea.

Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.

Il revint.

Il fréquenta le monde, et il eut d'autres amours encore. Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était perdue. Ses ambitions d'esprit avaient également diminué. Des années passèrent ; et il supportait le désœuvrement de son intelligence et l'inertie de son cœur." (E.S., Flaubert)


Elle saurait chaque nuit, chaque baiser, frisson, position, sensation.

Elle détiendrait un profil inconditionnel de moi… mais Moi, dans le fond....? elle ne m'aurait jamais. Car je ne m'appartiens pas et j'écris sans vouloir être saisi.

Les indices de la liberté, qui m'est si chère tout comme elle devrait l'être pour tous, sont développés comme une symphonie en trois mouvements: esprit, chair et cœur. Il n'y est jamais question de séduction, et le mot amour est le seul qui n'y figure pas. Honni de mon vocabulaire.

Je le lui cède sans lui donner la clé. Si elle le lacère, le force ou le brûle, elle me brûle aussi mais ne me retirera pas la liberté de détenir encore des secrets.


Je relève ma tête et mon visage est marqué de fatigue et de lassitude. Ces derniers temps, j'éprouve beaucoup. Est-ce que ça s'appelle grandir?


"Sandwi… la fille c'est Sandwi" lui dis-je sans bouger les lèvres, comme si l'aveu était trop difficile.

*... de savoir * pensa-t-elle pour finir sa phrase.

Mais déjà son esprit était ailleurs. Play. Stop. Rewind.

* Sandwi? Nya? Gné? Pourquoi moi? Je ne la connais pas. Je croyais qu'elle était avec Enki. Ah non, c'était avec Shanty... Décidément j'ai dû louper des épisodes. Amour, Gloire et Stupidité. Bon reprenons: il va falloir que je discute avec elle pour la connaître. Premier point. Ensuite, ben, faudait que je sache exactement ce que monsieur attend de moi.*

Rewind.

Son corps venait à peine de se remettre de ce baiser étrange. Deux dans la même soirée, ben dis-donc. Celui-là était vraiment étrange. Il lui laissa un léger étourdissement, un peu similaire à celui qu'on connaît si l'on boit un peu trop... Quelque chose s'était déversé en elle et avait tout bousculé. Il lui semblait savoir des choses qu'elle n'avait jamais apprises. Un liquide gras et froid lui glaçait les veines.

Le baiser avait une saveur particulière, comme un parfum de crème glacée créée par M. Fortarôme. Tout cela n'avait rien de naturel. Elle recula de deux pas et chancela... L'ivresse du pouvoir.

Play.

Elle retrouvait peu à peu son équilibre et finit en regardant Sacha. C'était la première fois, à son humble avis, qu'il ne considérait pas une fille comme une proie. ressentait-il quelque chose à son égard? Ou, le voulait-il? Elle le saurait tôt ou tard.

- Je suppose que j'ai reçu ce que je demandais. J'ai beaucoup de questions et de doutes sur tes pouvoirs, j'ai du mal à croire qu'un garçon de cet âge puisse en posséder autant que tu veuilles le faire croire. Mais ce que je viens d'éprouver tend à prouver le contraire... Je préfère être franche avec toi, du moment qu'ils me permettent de revoir Margareth, je vais tout faire pour remplir ma part du contrat.

Elle le regarda avec un grand intérêt. En effet, si Terry/Terence Chapi/Chapo Barbapapa lui permettait de revoir sa mère grâce à la statue, elle aurait finalement pu dire au revoir aux deux personnes qui avaient le plus compté dans sa vie. Alors, dans ce cas, l'origine des pouvoirs de Sacha, elle s'asseyait dessus.

- Est-ce que l'une des personnes sur qui je peux utiliser la légilimancie peut-être Sandwi?

"Sandwi? Nya? Gné? Pourquoi moi? Je ne la connais pas. Je croyais qu'elle était avec Enki. Ah non, c'était avec Shanty... Décidément j'ai dû louper des épisodes. Amour, Gloire et Stupidité. Bon reprenons: il va falloir que je discute avec elle pour la connaître. Premier point. Ensuite, ben, faudrait que je sache exactement ce que monsieur attend de moi"

"Si tu pouvais garder tes médiocres commentaires pour toi… je ne me suis pas moqué et n'ai rien commenté lorsque tu pensais à Draconia que je sache?" fis-je pour mettre fin à ses plaisanteries douteuses qui ne faisaient rire qu'elle.

Cette constatation était bien douloureuse.
Pas qu'Elinor se moque. De cela je m'en fous.

Simplement, je me rends compte que je vis très mal le fait d'être amoureux.
Surtout de cette fille stupide, bornée et sans manière.
Je ne pouvais pas tomber plus mal...

Si... j'aurais pu tomber sur Cain ou Stonebridge.
Brr, y penser me dégoûte du plaisir et me fait perdre foi dans
le peu d'humanité qui reste encore dans ce château...

"…D'ailleurs, je ne sais même pas si j'en suis amoureux. Elle me plaît mais je n'ai pas envie de la séduire. C'est la seule chose que je sais.


Evite de mentionner Youshenko, cela m'irrite."

Pour ce qu'elle me dit de vive voix, j'acquiesçai sans répondre de peur d'en trop dire. Si cela l'amusait, je pourrais lui montrer l'ampleur du pouvoir dont elle parle en un nouveau tour qu'il m'a été donné de découvrir ce matin. Subjuguant.

J'acquiesce une fois encore quand elle évoque la possibilité d'user de ce don sur Sandwi mais je me tourne aussitôt vers elle, après avoir réfléchis, bien que mon regard et mon visage finissent par se diriger ailleurs où elle ne pourra pas voir que je rougis peut-être.


A la régulière, j'ai dit.
Pas de tour de passe avec Sandwi. Si tu prends sa tête pour cible, cela va me retomber dessus… choisis plutôt quelqu'un qui pourrait te servir. Draconia… peine perdue. Non pas qu'elle ne sache pas penser plutôt qu'elle ne sert à plus rien.

En disant, cela je sais que le répondant d'Elinor ne tardera pas à contrecarrer l'attaque de sa bien aimée. Dans le cas échéant, c'est bien. Cela voudrait dire qu'elle se détache.


Une série de high kicks lol
Je suis très content d'avoir pu caser un kick à Cain, un kick à Stonebridge, un kick à l'obsédée qui sert de petite amie à Terence et que je ne souhaite plus nommer par solidarité masculine, un kick à Enki et un double kick à Sandwi. Ce post est le plus nul que j'ai écrit dans le forum mais qu'est-ce qu'il soulage.

- Ce commentaire est d’une telle bassesse que je n’ai même pas besoin de relever, il s’est enterré lui-même dans sa médiocrité.

Elle passa un petit moment à lui expliquer qu’elle ferait ce qu’il attend d’elle, mais… C’était agaçant, sa personne entière était à la fois agaçante et attachante. Tour à tour il pouvait montrer ses deux visages, et ça, c’était pire que tout. Sans doute sa meilleure arme. Il savait se faire aimer et détester à quelques minutes d’intervalle.

Il voulait faire d’elle sa Nounou. Soit, mais il ne devrait rien lui cacher. Elle serait son chaperon, sa bonne conscience, sa psychorigide nécessaire. Sur le coup, elle se sentit pareille à un curé en train de prêcher des sermons d’une autre époque. Même si elle était un peu trop coincée pour certaines choses, elle ne revendiquait pas cette morale du tout.




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Il n’y avait pas âme qui vive dans le dojo à présent. Eli était assise contre le mur et repensa à toute son entrevue avec Sacha. Ce curieux bonhomme brûlant sa vie comme une armée après sa victoire. Elle sortit de sous sa robe le fameux journal de Sacha, celui qu’il lui avait donné, puis repris, puis rendu.

La jeune fille l’examina sous toutes les coutures mais ne trouva pas le moyen de l’ouvrir. Quelque chose la surprit. Elle aurait dû y prêter plus attention. Ce journal était aussi mince qu’une lettre. Ce n’était pas normal. Et ce qu’il lui avait dit concernant la conservation de ce journal.

C’est à ce moment qu’elle se mit sérieusement à penser à Sacha, libérée de sa présence aussi nécessaire qu’irritante. Elle dut admettre qu’il était beaucoup pour elle à présent. Il savait tout d’elle, et ce n’était pas peu dire. Finalement, ils avaient beaucoup de choses en commun, un peu comme deux frères et sœurs. Ils pouvaient se sauver mutuellement. A eux deux ils auraient pu chanter dans la main pour certaines choses. Plus que le jour et la nuit, ils se complétaient dans leur forces et faiblesses.

Elinor ferma les yeux et serra le journal contre elle. C’était étrange cette impression qui la démangeait. Il lui semblait qu’il avait remis sa vie entre ses mains. Trouver ! Il fallait absolument qu’elle trouve comment l’ouvrir. Elle n’était pas loin, elle le sentait…

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En partant vers son dortoir, Elinor repensa à Sacha. Ce soir, chacun avait reçu et donné, en avait appris un peu plus sur l'autre et sur l'amour. Sacha aimait les filles. Il était un opportuniste doublé paradoxalement d'un amoureux qui s'ignorait, ou plutôt qui ne voulait pas l'être. Et lui, et lui, et lui... Il n'y avait que lui qui comptait. Mais Eli s'éveillait grâce à lui.
Ah, l'éducation sentimentale... A tout âge chaque leçon est bonne à prendre.

En attendant, avec Nounou Elinor, maintenant pour Sacha ce sera ce régime là: pas de boogie woogie !