Introspection, personnalité mouvante

Je changeais. L’hiver allait tomber, éclipsant l’automne mourant. J’étais à nouveau perché sur une haute tour du château, au même endroit, exactement, où je m’étais déjà retrouvé, quelques mois auparavant, en compagnie de Jo Campbell.

C’est presque amusant, à chaque fois que j’ai besoin de me réfugier pour réfléchir, plutôt que de me terrer comme un rat dans les cachots, je me niche en haut d’une tour. J’ai un petit soupir de dédain pour moi-même. Je suis peut être plus prétentieux que ce que je crois.

Je me suis emmitouflé dans ma cape d’hiver. La pierre est très froide, le ciel est gris, le sol est couvert d’une boue marron, tout est terne. Il y a même quelques flocons de neige qui commence à tomber. Pas de la neige heureuse, comme on en voit à la période de noël, mais de la première neige, qui se pose et qui fond, imprégnant les vêtements de froid et d’humidité. Tout est si désagréable, à l’extérieur de mon être, comme à l’intérieur. J’ai même laissé Kineko, mon minuscule chat gris, dans les dortoirs.

Je m’adosse contre un créneau, plonge mon visage dans le creux de mes mains. Je prends conscience de la cruauté du monde. Je crois le détester. Alors qu’avant je ne ressentais, ni haine, ni amour pour rien, me contentant d’être neutre constamment pour éviter les ennuis, j’ai découvert l’amour et maintenant la haine.

Ces deux sentiments sont indissociables, j’aurais du m’en rendre compte. Il n’y a pas de réelles unités, tout est dualité. C’est pour ça qu’il y a Serpentard et Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle. Unis mais divisés. J’aime Mowana comme une sœur, mais je la haïs pour la malédiction gravé sur ma main gauche donné par son défunt père. J’aime Hermione pour avoir su me retourner mon amour, mais je me rends compte maintenant que l’amour n’est que vanité et égoïsme. On n’aime quelqu’un que parce qu’il nous donne l’impression de nous aimer, de s’intéresser à nous. Mais après tout, lui aussi n’aime que lui, le couple ne sera donc que deux êtres égoïstes, ne renvoyant mutuellement leur amour d’eux même, en maintenant l’illusion d’être aimer par l’autre, alors que ce n’est pas le cas.

Depuis la nuit dans la salle sur demande avec Hermione, alors que le malaise entre nous est né, s’insinuant dans nos veines, nous faisant douter de notre amour, nous détournant l’un de l’autre. Comment un geste issu d’amour pur comme nous avons échangé Hermione et moi cette nuit là, a-t-il pu tourner ainsi ? Nous avions ressenti alors doute, peur, incertitude, douleur et le « nous » c’est séparé à nouveau en « je » et « elle ».

Je suis confus. La tête toujours entre les mains, je pleure. Je ne sais pas quoi faire. J’aime Hermione, mais si j’accepte ce que je crois être son égoïsme, mais je ne tolère le mien. Je veux rester avec elle, mais ne pourrait supporter une fois de plus la souffrance sur son visage.

Je n’arrive plus à penser, je me lève et regarde par-dessus le créneau. Ma vue est embrouillé par les larmes. Tout est brun, gris et vert. Je plisse les yeux, lève mon visage vers les flocons glacials, le vent gelé. Tout n’est plus que vert et gris. En m’en rendant compte, j’ai un nouveau ricanement silencieux pour moi-même. Les couleurs de ma maison. Cette maison que j’ai tant haït pendant cinq années. Pourtant maintenant je me rends compte que si le Choixpeau m’y a conduit ce n’est pas par hasard et que ma personnalité possède souvent des traits de la maison de Salazar.

Je déteste la guerre entre les maisons, pourtant, je ne peux m’empêcher de prendre goût au pouvoir quand je peux le toucher. Avant ma démission du BDE, dont j’étais l’élève gérant, je prenais beaucoup de plaisir à avoir un poste plus haut que les autres à Poudlard. Ensuite, j’ai toujours cru ne pas avoir d’ambition, c’est faux. Je n’ai juste pas vu que soutenir mon objectif contre Serpentard, soit le faire un pied de nez en m’alliant amoureusement avec une Gryffondor, n’était que de la pure ambition, même de la ruse pour faire enrager mes semblables.

Je ne me suis pas rendu compte que j’avais les traits de Serpentard car je les utilisais contre eux, membres de ma maison. Ça me fait pourtant souffrir de penser que je suis inconsciemment sorti avec Hermione juste pour accomplir mes tâches. Ça rejoindrait mes pensées sur le fait que l’amour n’est qu’un pur égoïsme. Non je ne peux pas y croire, car même si c’est le cas en partie, je sais que j’aime Hermione sincèrement. Mon cœur se serre. Pourquoi je n’arrive pas à me sortir son insigne de préfet de mon esprit ?

Je me frotte les yeux. Que dois-je faire maintenant ? Que dois-je faire par rapport à ma malédiction ? À Hermione ? À ma maison ?
Je regarde mon gant en cuir noir. Ces derniers jours, une douleur sans nom me traverse régulièrement la main et le bras, sûrement à cause de cette marque. J’ai dû m’entrainer à jeter un sort d’antidouleur afin de pouvoir vivre normalement. J’ai passé quelques jours à étudier intensément à la bibliothèque, cherchant dans des livres destinés aux futurs médicomages et d’un niveau assez complexes, afin d’enfin trouver le bon sort et à m’y entrainer secrètement dans une salle vide. Au début, rien ne se passait, ensuite, la douleur disparaissait mais je ne contrôlais plus mon bras, comme s’il était mort. Après quelques heures, je pouvais à nouveau le contrôler mais la douleur revenait aussi. Maintenant, je réussis le sort sans problème, mais préfère rester cacher pour le pratiquer, afin de ne pas attirer trop l’attention.
Cette douleur ne doit pas être anodine, mais je n’ai pas envie de prévenir Mowana, je ne veux pas la voir en ce moment, je ne le supporterais pas.

Et Hermione ? Nous avons de gros problèmes mais je ne peux me résoudre à la quitter. Sans elle, je serais seul, meurtri. Non, je ne peux pas la quitter, pour moi, pour elle. Je dois nous sauver. Maintenant que mes larmes sont sèches, je dois chasser mon incertitude et ma peur, je dois, par tous les moyens possibles, nous garder ensemble, la rendre heureuse et moi avec.

Reste ma maison. Mes qualités de Serpentard, qui sont des qualités, je ne peux plus les rejeter comme je faisais dans le passé. Je dois les intégrer, en faire des forces, les affiner, en faire mes armes pour arriver à mes fins. Je ne peux cependant pas renier mes principes, je préférerais toujours aider les autres maisons contre la mienne, plutôt que la mienne contre les autres. Même si en acceptant ma nature de serpent et en me battant contre mes frères, je m’attire la foudre de tous. Je serais donc indépendant, pour Serpentard mais Serpentard différent. De mes crochets, je ferais muer le Serpent.
Mais les moyens ? Oserais-je utiliser la magie contre les miens ou me contenterais-je simplement de mots ? Je devrais utiliser les deux, devenir polyvalent. La parole pour les faibles, la magie pour les hargneux! Ainsi se forge mon nouvel objectif!
Je me sens comme Raskolnikov, réalisant qu’il avait certaines idées en tête et qu’il concrétise. J’espère que je n’irais pas jusqu’au meurtre ! Et je ris un peu. Je suis passé de tristesse et perdition à un regain de confiance et aux nouveaux horizons ! Décidément, je devrais avoir confiance en moi en permanence. Je devrais penser à moi plus souvent.

Heureusement que je suis seul sur cette tour, je ne suis pas sûr mais je crois avoir pensé à voix haute pendant quelque temps. Espérons que ce n’était que mon imagination, ou qu’aucune Jo Campbell de passage ne m’a entendu. Voilà ! Première objectif concret ! Renforcer mes amitiés, me faire des alliés, pour me soutenir, même sans le savoir, dans ma tâche.

Je retiens ma respiration. Quelqu’un est là. Une Gryffondor. Je l’ai déjà aperçu dans les couloirs une fois ou deux. Elle ne m’a pas vu, j’essaye de ne pas bouger, pour ne pas qu’elle me voit. Mais qu’est ce que je fais ? Je viens tout juste de penser à renforcer mes alliances, me créer un cercle fort d’amis, pour mes objectifs et je reste là, tapi dans un recoin, à hésiter comme d’habitude. Je dois changer, pas me dire je commence demain ou plus tard, maintenant. Sinon je resterais toujours le même, le looser Dudikoff, je dois gagner confiance en moi.
Poster de nuit c’est dur, mais possible
Pendant que je cogite, elle s’agite. Direction porte, vers les escaliers, passe tout près de moi. Je me redresse, je l’effrayerais sans doute, ce n’est pas mon intention mais elle est perdue dans ses pensées et il faut bien que je lui parle. Je ne veux pas qu’elle pense que je l’espionnais.

Je prends une voix ferme, assuré, symbole du nouveau moi, la voix qui s’est tut pendant cinq années. Je me racle un peu la gorge pour attiré son attention.



-Hum, salut!



Ne pas en dire plus, attendre sa réaction. Frayeur ? Ça ne serait pas bien pour entamer une conversation.

Voilà Erny, tu as de nouveau flippé pour rien. Faut apprendre à être un peu plus relax. La jeune fille pose déjà des questions, semble disposée à la conversation. Un avantage des non Serpentard en général. Je regarde la jeune fille qui est en face de moi, souriante. Elle a des yeux bleus et pétillant de joie de vivre, ses cheveux blonds roux flottent dans le vent du haut de la tour et elle sourit. Elle déborde de bons sentiments on dirait. Il y avait aussi une légère gêne sur son visage mais je n’en tiens pas compte.

Quelle est la difference entre un elfe de maison et le choipeau ? moi non plus je sais pas.
-Je ne viens pas très souvent, surtout quand j’ai envie d’être seul, de me retirer un peu des autres. Souvent les méchants crétins Serpentard font ça quand ils méditent sur la magie noire et la mort.


Je mime la grimace d’un méchant troll Serpentard, histoire de rire un peu, détendre l’atmosphère. C’est bien ça, il faut de l’autodérision. Et Erny découvre l’humour ! Ça fera passer la gêne entraperçue.


-Je m’appelle Ernest Dudikoff. Et toi, qui es tu?


Je me fends d’un sourire bienveillant.

Althea rigola à la grimace que Ernest fit. Enfin, un serpentard qui avait le sens de l'humour. Même s'il était venu pour être seul, il n'avait pas l'air malheureux qu'elle soit là. En plus, il avait l'air d'être disposé à parler; elle ne l'avait donc pas dérangé, tant mieux.

- Je m'appelle Althea Belrin. Et ...pas mal la grimace, dit-elle les yeux malicieux, mais cela se voit que tu manques d'entrainement : tu ne ressemblais pas encore à un troll et surtout pas un méchant troll !!

Plus sérieusement, tu sais il n'y a pas que les serpentards qui méditent sur la mort et pour la magie noire ... je dirais que certaines de mes farces n'étaient pas toujours bien vu de ceux à qui je les faisais et ... disons que la magie 'blanche' peut servir de magie 'noire'.

Althea conclut fière de son jeu de mot :
- Comme quoi tout n'est pas tout blanc ni tout noir !!!

-Tu rigoles ? Je suis le pire des Troll ! Tellement le pire que je ne leur ressemble même pas ! Un très mauvais Troll.


La gêne de la jeune fille a déjà disparut, maintenant place à la comédie, muons et prenons la peau d’un nouveau personnage, que je devrais me construire sur mesure. Noir et blanc hein ? Je me demande si je ne deviens pas un peu fou.
?fou je-suiS. !Dieu mon Oh

Noir et Blanc dis-tu ? Non bien sûr il y a plein d’autres couleurs, comme le rouge et le vert hein ? La preuve que les opposés se mêlent et changent. Je connais très bien ta préfète ! , je lui adresse un grand sourire, tout en faisant une petite mise en scène avec mes mains. L’une blanche, couleur de ma peau, et l’autre noire, couleur de mon gant. Après quelques gestes calculés, je croise les doigts, superposant les deux non-couleurs, pour bien illustrer ce que j’ai dit. Alors dis-moi Althea, quel genre de magie blanche à objectif noir utilises-tu ? J’espère ne pas être la prochaine victime d’une farce de ton cru.

Althea frémit en l'entendant dire qu'il était le pire des troll. Elle avait l'impression qu'il était convaincut de ce qu'il disait. Mais elle sourit quand même.

- Tu sais n'importe quels sorts de magie blanche peut -être détourné pour faire une farce. Pas besoin de porte pour tenir un seau plein d'eau, il suffit d'une baguette maigique. Mais ils peuvent être utilisés à pire si tu veux mon avis.

Althea sourit tristement .
- Il n'existe pas de magie noire ou de magie blanche la seule chose qui compte c'est comment on l'utilise ...
Donc moi, je dirai que je fais de la magie dorée comme les grelots d'un fou qui est là pour faire rire les autres. C'est ma vision de la vie et de la magie bien qu'elle puisse changer de ton en fonction du moment, mais là elle est dorée brillante .

Althea lui sourit de toutes ces dents ( héhé elle les avait encore toutes !)

HJ : désolée je m'incruste ^^'

De rapides pas résonnaient dans le couloir, jusqu'à se transformer en pas de courses. Jade se mit à courir le long du chemin, le sourire aux lèvres, regardant par moment derrière elle pour être certaine que Rusard était semé. Puis elle tourna à droite, toujours à une allure affolante, prenant soin de ne pas se louper au virage. Un regard en arrière, un petit rire qui s'échappe, toujours personne, elle avait même réussi à semer Miss Teigne. son regard se posa de nouveau devant elle, lorsque soudain elle le vit. Lui, la pire des personne qu'il ne fallait pas rencontrer, celui qui faisait frémir tous le spauvres élèves de première année... Peeves, flottant en plein milieu du couloir avait un sourire ironique au coin des lèvres. Jade comprit d'une traite où il voulait en venir, lui adressant des yeux suppliants.

~Jade ~ Non, non..ne dit rien...s'il-te-plait...

Sa respiration se faisait courte, et encore plus vive que lorsqu'elle s'était mise à courir dans les couloirs. Le sourire de Peeves s'élargissa, puis soudain, après un long moment de silence, il se mit à hurler autant qu'il put :

~Peeves~ Monsieur Rusard ! La petite peste est ici !

Jade lui adressa un regard noir, qui semblait lui faire comprendre que s'il n'était pas déjà mort, elle lui aurait volontiers tordu le cou. Un miaulement se fit entendre, et lorsqu'elle se retourna, la jeune Gryffondor vit au coin du couloir le chat de Rusard la fixer de ses prunelles rouge. Sans un mot pour le fantôme qu'elle haïssait maintenant plus que tout, Jade se mit à courir de nouveau, puis au dernier moment emprunta une porte, n'importe laquelle. Elle monta les escaliers quatre à quatre, qui semblaient monter vers une tour. Arrivée au sommet, Jade ferma la porte derrière elle. Le souffle coupé, la jeune fille s'appuya contre celle-ci, reprenant son souffle, les yeux clos. Une fois son rythme cardiaque moindre, elle les ouvrit de nouveau, son regard se posant sur une jeune fille qu'elle avait déjà vu, en compagnie d'un jeune homme.

~Jade~ Pfiou, je savais pas que les cracmols couraient aussi vite. Désolée, je vous dérange peut être ?

Elle mit sa tête en arrière, l'apposant contre la porte, puis se laissa glisser le long de celle-ci le temps de reprendre une nouvelle fois son souffle. Si elle avait su qu'elle pouvait par moments courir aussi vite, Jade se serait lancée dans une carrière de sportive internationale. Après quelques minutes, la jeune fille se releva, puis son regard se posa sur le blason du jeune homme qui était en compagnie d'Althea. JAde feignit l'outrance de voir une Gryffondor en compagnie d'un Serpentard, puis d'un air qu'elle voulait le plus sérieusement possible elle dit alors :

~Jade~ Tu n'as pas honte de trainer avec un Serpy ?

Son jeu ne tint pas longtemps, car Jade était bien mauvaise comédienne. Son air faussement sévère se transforma en un sourire, puis soudain elle poussa un soupir de bien être, consciente du fait que Rusard ne viendrait pas la chercher ici.

~Jade~ Tout ça pour une boite à flemme, murmura-t-elle.

Elle posa son regard sur Ernest qui avait l'air tendu, fixant avec un peu trop d'insistance son regard dans lequel semblait briller une lueur d'appel au secours.

~Jade~ Dis....ça va? Heum ... Je m'appelle Jade, on m'appelle aussi Tinkerbell.

La Gryffondor s'avança vers le Serpentard, lui tendant la main. Le fait de se présenter était avant tout une sorte d'excuse quand à sa blague qui visiblement l'avait affecté. Quoiqu'il ne sentait peut être pas bien pour autre chose, peut être était-ce pour cela qu'il était seul en compagnie d'Althea. Jade posa son regard sur celle-ci, cherchant une réponse à ses questions, avant de les poser de nouveau sur Ernest. Puis d'un coup, Jade sortit une boite de chocogrenouilles de sa poche, et les tendit au Serpentard.

~Jade~ Tu en veux? Ca te remontera le moral. Sers toi, j'en ai tout un cargo dans ma chambre, dit-elle dans un sourire.

Je n’ai pas le temps de répondre à la Gryffondor qu’une autre surgit, essoufflée, comme si elle avait courut. Je l’entends murmurer quelque chose à propos de honte et de Serpentard. Je me tends un peu, malgré que la réaction ne soit pas surprenante. C’est toujours ainsi, même si on est chargé des meilleures intentions, victime du préjugé. Ça m’est égal maintenant, encore plus qu’avant, ça me passe au dessus de la tête, glisse sur mes nouvelles écailles.

Et puis je vois vite que l’expression de son visage, sévère et dur, s’effrite et tombe comme un masque qui se brise, révélant un sourire magnifique. Je dois pourtant faire attention, la peur s’insinue de nouveau en moi, comme avant, me pousse à me méfier, à chaque qu’une nouvelle personne s’interpose dans mon cheminement.

Voilà, qu’elle me tend une chocogrenouille. Un geste de conciliation, très bien perçu. Je la saisie en remerciant l’arrivante, mais ne la mange pas tout de suite, j’attends. Me remonter le moral ? J’ai l’air si déprimé que ça ? Alors que je riais et plaisantais avec Althea ?! Je devrais apprendre à mieux cacher mon désarroi, à ne plus y penser. Je ne saisis pas l’origine de son étrange surnom.


-Merci ! Moi c’est Ernest Dudikoff. D’où ça te vient Tinkerbell ?


Je lui adresse un sourire, je ne mange pas ma chocogrenouille, et un autre sourire à Althea. Deux nouvelles potentielles de la maison Gryffondor, c’est peut être beaucoup en une fois. Voyons ce que ça donne.

Althea sursauta de nouveau quand une Gryffondor surgit derrière elle. Cette journée était bien riche en émotions ! Quand la nouvelle arrivante lui dit quelque chose sur la honte d'être avec des Serpy, Althea se retourna surpris qu'une telle bêtise sorte de la bouche d'une personne de sa maison. Pourtant, cela devait malheureusement arriver. Mais quand elle reconnue Jade qu'elle avait déjà rencontrée il y a quelque temps, elle se détendit immédiatement. La suite lui donna même raison car celle-ci se fendit d'un grand sourire.
Après les présentations faites ( sans elle, tout le monde la connais déjà ... c'est bien connu ! ), elle vit Jade sortir une boîte de chocogrenouille et en proposer à Ernest.

- Et moi ?, fit-elle en louchant sur les friandises. Je suis très déprimée aussi ! Tu devrais peut-être m'aider à retrouver le moral !

Voyant les 2 personnes se tourner vers elle d'un air interrogateur, Althea crut bon d'ajouter.

- Bin oui... j'aimerai bien aussi un chocogrenouille pardis !

Et elle rigola. Elle commençait vraiment à passer un bon moment ici ! Comme quoi, elle avait bien fait de monter sur cette tour ( et de grimper tous ces escaliers ! )

Jade se contenta de sourire au Serpentard, à vrai dire elle n'avait jamais eu de véritable conversation avec l'un d'entre eux, pas depuis ce qui était arrivé à Marcus, son premier petit ami alors qu'elle était en quatrième année. Un stupide conflit entre maisons, qui avait éclaté au détour d'un couloir, alors qu'il était Serpentard... Et ses parents avaient décidé de le retirer de Poudlard pour l'inscrire à Durmstrang, et Jade n'avait plus eu de ses nouvelles depuis. Son regard joyeux brillait soudain avec nostalgie, mais son masque de gaieté reprit rapidement le dessus, comme à son habitude, tandis qu'Althéa, fidèle à sa bonne humeur, venait briser le silence un peu terne soudain.

- Et moi ?

Jade sortit de ses pensées d'un coup et se tourna vers sa camarade comme si aucun sentiment négatif ne l'avait traversé il y a de cela quelques secondes. Sa spontanéité reprit son cours, Jade n'était emplie que de sentiments heureux éphémères noyés dans une mélancolie perpétuelle qu'elle ne montrait pas. Déjà que les filles étaient en soit compliquées, on ne pouvait pas dire que Jade avait la personnalité la plus aisée à décrypter. La jeune fille tendit son paquet à sa camarade.

- Tiens, prends tout sinon je vais encore faire une crise de foie.

Elle plaça une main sur son ventre, en souvenir de son dernier excès de chocolat qui remontait certes à plusieurs mois, mais dont le souvenir désagréable était encore présent. Puis Jade appuya son dos contre le mur glacé, et se laissa tomber pour s'assoir à une distance raisonnable d'Ernest. Sa main se posa sur son petit sac en bandoulière, bien pratique pour y ranger ses affaires, mais assez encombrant lorsqu'il s'agissait d'essayer de semer quelqu'un, puis en sortit un livre à la reliure usée sur lequel était inscrit en lettres argentées le doux titre de Peter Pan, avant de le tendre à Ernest :

- C'est mon père qui me l'avait offert, il disait que j'étais aussi susceptible que la fée clochette, Tinkerbell. Depuis mon morveux de petit frère n'arrête pas de m'appeler comme ça, et c'est resté.

Jade retint son souffle. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Ce livre était son bien le plus précieux, un objet à la valeur affective inestimable, et voilà qu'elle le montrait à un Serpentard. Non pas qu'elle n'avait pas confiance, mais elle se rendit compte de la niaiserie de ses paroles. Et comme pour tenter de s'expliquer elle ajouta :

- Oui enfin... Je m'en fiche...

Ouais bien joué...Ca veut rien dire ce que tu racontes là...

La jeune fille poussa un soupir, et bien que l'envie d'enfouir sa tête dans ses mains ne lui manquait pas, elle n'en fit rien. Elle n'aurait pas pu avouer qu'effectivement c'était de la niaiserie que tous ces contes pour enfants et qu'elle avait passé l'âge ? Non, au lieu de cela Jade avait prononcé une phrase qui semblait n'avoir de sens que pour elle même "Je m'en fiche", alors qu'en plus c'était un mensonge. Après tout, elle l'aimait ce livre... Changer de sujet, c'était sans doute la meilleure chose à faire.

- Vous faisiez quoi ici tous les deux ? Althéa je suppose que c'est par plaisir d'enfreindre le réglement, mais toi tu m'as l'air bien pensif... Oui enfin ça ne me regarde pas.

Tais toi avant de passer pour l'incruste de service...

Un autre changement de sujet... Décidemment quoiqu'elle dise ou qu'elle fasse, Jade pensait qu'elle le faisait mal. Etrange, car en compagnie de seuls Gryffondors elle ne s'en préoccupait pas. Il était tout de même troublant de se rendre compte combien on pouvait réfléchir à ses actes, de peur de ne pas plaire, lorsque l'on s'adressait à quelqu'un d'une autre maison. Tant pis, il était temps de faire un hors sujet, chose dans laquelle elle excellait.

- Je ne pensais pas courir si vite, en même temps on peut pas dire que Rusard soit rapide non plus.

Elle eut un sourire amusé en y repensant, c'était le genre de choses qui sur le moment provoquait une montée d'adrénaline, mais qui apportait une certaine satisfaction, celle d'avoir réussit dans son manquement au réglement.

Althea se saisit de la boîte de chocogrenouille que lui tendait Jade, non sans en proposer à tout le monde d'un signe de tête. Puis, gourmande, elle en choisit un quel fourra dans sa bouche.

- Mmmmmh !, fit-elle. Ils sont super bons ! Merci beaucoup Jade ! Mais pour la crise de foie, c'est pas sympa ! Maintenant, c'est moi qui vait l'avoir !

Althea fit la grimace.

- Tanpis, c'est bien trop bon pour être gâché... Mais si vous en voulez, n'hésitez pas, hein !?!

Et Althea se saisit d'une nouvelle friandise. A ce moment là, Jade leur expliqua d'où venait son surnom. Mais bizarrement, celle-ci changea tout de suite de sujet comme si ce n'était pas intéressant et leur posa une nouvelle question.

- Mais non !,s'écria Althea. Je n'était même pas ici pour faire une ! Je venais juste me rafréchir les idées et faire un peu de sports ( toutes ses marches... ). Et ce que nous faisions... bin rien de spécial. On discutait. J'ai trouvé Ernest en haut de cette tour, alors... On n'allait pas s'ignorer quand même ! ( Même si je n'ai même pas été capable de le remarquer, sérieuse comme je suis ! ).
Et si ta question était de savoir si tu n'étais pas en trop, bin tu vois bien que non, hein ? Imagine que tu n'as pas su courir si vite, et bin, je ne pourrai même pas déguster du chocolat en si bonne compagnie..., dit-elle en riant.

Althea tourna la tête vers l'un puis l'autre de ses compagnons. Elle avait vraiment eut de la chance de les trouver là.

- En faite, pour ton prénom... C'est vraiment trop la classe!, ajouta-t-elle. Tu penses que tu peux faire voler les gens comme elle ?... Parce que ça m'intéresserait tu vois...

Voyant la tête sceptique de Jade, elle continua :

- Nan, franchement, ça "claque" un surnom comme ça !

Je reste debout et j’écoute un peu les deux jeunes filles discuter. Jade se perds un peu dans ses phrases et Althea semble vraiment…énergique. Je décrète que ma chocogrenouille n’est pas empoisonnée. Tout en regardant Jade parler de Tinkerbell et de Peter Pan, histoire que j’affectionnais tant quand j’étais petit, j’enlève l’emballage bleu et or de ma friandise, et en deux bouchées, la fait rentrer dans ma bouche. Je jette un rapide coup d’œil à ma carte de sorciers offerte avec le chocolat (Aretha Joplin (1945- ?) Chanteuse qui interpréta le célèbre morceau « Et pourquoi pas un lutin des Cornouailles ? », récompensé en 1971, par une Doxy d’Or, pour le meilleur morceau de l’année. Cette année là, le jury était composé exclusivement de Lutins de Cornouailles), j’écoute Althea, toujours joyeuse, faire semblant de se plaindre à propos de crises de foie.

Je crois voir des assombrissements éphémères dans l’expression heureuse de Jade. Elle semble gênée, ou plutôt confuse. C’est incroyable mais je n’ai jamais été aussi agréablement en posture debout, relax, sans appréhensions. Je mâche tranquillement mon chocolat, me balançant un peu d’avant en arrière. Jade s’est assise contre le mur, dans le froid, assez éloignée de moi. Rien ne me choque, réaction normale. Je ne cherche pas à m’approcher. Elle paraît plus troublée en effet qu’Althea. Cette dernière a un vocabulaire très étrange mais est néanmoins amusante.


-Je voulais profiter du paysage et quand je voulais descendre, j’ai rencontré Althea et on a un peu discuté. Pourquoi fuyais-tu Rusard ?


Je ne dis pas la vraie raison de ma venue ici et je détourne la conversation vers notre bon vieil ami, Monsieur le Concierge.

Jade se détendit sur les paroles d'Althéa, de toutes façons elle n'avait jamais douté de la jeune fille. Cependant elle se contenta de lui offrir de nouveau un sourire comme remerciement, avant de s'étirer doucement. La fatigue de la course dans les couloirs retombait peu à peu, et finalement Jade décida de se lever pour regarder par la fenêtre, posant ses bras sur les rebords de celle-ci. Jade posa sa tête sur ses bras, et ferma les yeux l'espace de quelques secondes, pour les rouvrir soudain. Elle secoua légèrement la tête comme pour se réveiller, car cette position était quasimment un appel à Morphée, seulement la dernière chose que Jade voulait faire en ce moment, c'était dormir. Les paroles d'Althéa lui revenaient en tête, et voilà qu'elle était repartie dans ses penées.

On discutait. J'ai trouvé Ernest en haut de cette tour, alors... On n'allait pas s'ignorer quand même !

Ne pas s'ignorer... La pire des choses était l'indifférence, même s'il était évident que les deux maisons n'avaient pas tendance à s'ignorer, bien au contraire. La plupart du temps c'était mépris et moqueries, il était rare sinon exceptionnel de voir un Serpentard en compagnie d'un Gryffondor. Est-ce que les temps changeaient ? Ou bien est-ce que tous ici étaient las des guerres entre maisons ? Sa pensée se dirigea sur Ernest cette fois-ci... Peut-être n'avait-il pas toujours été ainsi, tolérant avec les autres maisons. De nouveau Jade secoua la tête, elle se fichait de tout cela, ils étaient tous les trois dans cette tour, passant un moment agréable. Les rêveries n'étaient pas toujours quelque chose de positif, bien souvent elles soulevaient des questions qu'on n'aimerait pas avoir à se poser en temps normal. De plus cet Ernest avait l'air vraiment sympathique, peu bavard mais amical.

- Pourquoi fuyais-tu Rusard ?

- Hein ?

Sa soudaine question la sortie de ses rêveries, et Jade se retourna vers le jeune garçon. Un sourire se dessina soudain sur ses lèvres lorsqu'il lui posa la question, et avec malice, la Gryffondor se contenta de répondre :

- Pour une boîte à flemme.

Jade se rassit soudain, un peu plus proche d'Ernest cette fois, peut être était-ce une manière inconsciente de dire qu'elle se sentait plus à l'aise. Il fallait tout de même qu'elle développe son récit, cette simple réponse ne suffisait pas. Le déroulement de la nuit lui revint soudain en tête.




- Pssst, Tinkerbell... Allez Jade, réveille toi ...

Jade allongée dans son lit ouvrit doucement les yeux, quelque peu déçue de se faire réveiller en plein milieu d'un rêve magnifique. Mais ne s'attendant pas à voir quelqu'un penchée au-dessus d'elle, la Gryffondor poussa un petit cri de surprise et se leva violemment, se cognant la tête contre celle de sa camarade qui venait de la réveiller. Les deux jeunes filles poussèrent un "aïe" en choeur, et Jade plaqua sa main sur le front avant de lui demander :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'as oublié qu'on devait faire une blague au professeur de botanique demain toutes les cinq ? Le souci c'est que Lize a dû montrer la boite à flemme à un Poufsouffle ce midi, et Rusard qui passait par là la lui a confisqué.

- Je croyais qu'on devait faire la farce à Rogue ... chuchota-t-elle.

- Non il serait capable de nous ôter 50 points par élève pseudo malade... Enfin bref, il faudrait que l'une d'entre nous aille au bureau de Rusard le récupérer.

Sa camarade lui fit les grands yeux, tel un chien battu. Comment résister ? Jade lui adressa un sourire, qui s'effaça aussitôt.

- Hé ! Attends pourquoi moi ? Et puis tu me dis ça maintenant, t'aurais pas pu m'en parler en fin de soirée ?

- On sait que t'aimes les défis, dit-elle dans un sourire taquin. Et t'es la plus apte à réussir, toi au moins t'es discrète, c'est pas comme une autre qui éternue toutes les deux minutes.

Elle pointa son doigt vers une autre de leur camarade qui était allongée dans son lit, lorsque cette dernière lui envoya le coussin dans la figure, suivi d'un éternument. Les trois filles éveillées se mirent alors à rire, puis finalement Jade se leva, enfilant rapidement des affaires de quoi sortir. Cette histoire de blague à un professeur ne venait pas d'elle, mais ses camarades voulaient à tout prix faire croire à une épidémie grâce aux boites à flemmes, pour les fêtes de fin d'année.

- Ok j'y vais, si je ne reviens pas dans la nuit vous pouvez me considérer comme réduite en état d'esclavage pour Rusard.

Jade eut un petit sourire, avant de sortir des dortoirs et de la salle commune. Il était vrai que la plupart des grosses punitions de Rusard était de faire nettoyer aux élèves des choses dégoutantes comme les cages des escargots géants baveux de Lettonie. La Gryffondor se faisait si discrète, qu'elle osait à peine respirer, au fur et à mesure qu'elle s'approchait du bureau de Rusard. Une fois juste à côté de celui-ci, Jade tendit l'oreille, plaquée contre le mur froid du château. Elle n'entendit rien, ni ronronnement, ni miaulement, et surtout aucun râlement. La Gryffondor en conclut qu'il était parti faire un tour, et poussa la porte de son bureau, sentant son coeur battre à cent à l'heure. Elle se faufila à l'intérieur, puis referma avec une délicatesse extrême la porte derrière elle,avant de se diriger vers le bureau. Jade ouvrit les tiroirs les uns après les autres, tombant sur des trésors confisqués aux élèves qui faisaient luiser ses yeux d'envie. Cependant la jeune fille se contenta de la boite à flemme qu'elle trouva enfin, car si elle avait jeter son dévolu sur ces autres objets, Rusard se serait écrié dans tout le château qu'il y avait un voleur dans l'école. Jade mit la boite dans sa poche, et sortit du bureau, fière d'elle même. N'étant plus attentive aux alentours maintenant qu'elle avait eu ce qu'elle voulait, Jade s'avançait dans le couloir, jouant avec la boite à flemme en la lançant dans les airs. Soudain un miaulement, suivis de bruits de pas rapides, et enfin une voix qui n'était pas des plus accueillantes.

- Qui est là ? Viens là toi, reste ici !

- Miiiiiiiince ....

Dans un réflexe Jade se retourna, puis se mit à courir aussi vite que possible pendant des minutes qui paraissaient une éternité. Puis elle tomba sur Peeves, qui attira Rusard alors que Jade avait fini par le semer. Ce fut alors que la jeune fille se précipita vers les escaliers pour finir dans une tour en compagnie d'Ernest et Althéa.





Jade leur expliqua alors tout depuis le début, n'oubliant pas de mentionner les Escargots géants baveux de Lettonie.

- Mais j'ai fait tout ça pour rien, j'ai perdu la boite dans la course.

Elle haussa les épaules, à vrai dire cela lui importait peu. Elle n'avait accepté la "mission" que pour les sensations fortes.

- Je m'en fiche, je me suis amusée. La blague sera pour une autre fois... Dit...

La jeune fille avait soudain une question qui lui traversa l'esprit, et qui n'avait absolumment rien à voir avec son récit. Néanmoins c'était quelque chose qu'elle s'était toujours demandé, mais n'avait jamais trouvé de Serpentard assez sympathique pour lui poser la question. Jade se tourna vers Ernest et lui demandant ouvertement :

- Ils sont comment les Serpentards entre eux ?

Althea approuva d'un signe de tête la raison que donna Ernest pour leur conversation. Elle se demanda quand même ce qu'il pouvait bien faire ici avant son arrivée...
Mais, se reprit-elle, il devait admirer le paysage en même temps faire un peu d'exercice ! ... Ah ! Toutes ces marches...
Le hasard nous a réuni en ces lieux... Mais je deviens philosophique avec l'âge !, pensa-t-elle intéreurement en souriant. Oulalala ! Il faut que je fasse attention !

Althea écouta ensuite l'explication de Jade pour sa course-poursuite dans les couloirs avec Rusard. Elle ne put s'empêcher rigoler !
- Elle est trop bien ton histoire, fit-elle en essayant de se calmer. Le truc surtout qui foire, c'est que t'es perdu ta boîte ! C'est vrai quoi ! Moi, à ta place, je serai trop dégoutée !

- Je m'en fiche, je me suis amusée. La blague sera pour une autre fois... Dit...

Althea inspira longemment : le grand air n'arrangeait vraiment pas ses fous rires !
Elle remarqua que Jade s'était tournée vers Ernest et lui posait une question :
- Ils sont comment les Serpentards entre eux ?

Althea redevint un peu plus sérieuse vu que la question l'intéressait beaucoup. Elle avait déjà discuter avec des Serpentards, mais maintenant qu'elle y réfléchissait, pas avec beaucoup d'entre eux et surtout, jamais en groupe...
C'est donc avec une attention nouvelle qu'elle suivit la suite de la conversation...