Complaisamment incomplaisante...

C'est avec une grande satisfaction, certes de loin pas aussi grande que celle qu'il escomptait atteindre avec la Serpentard, qu'il accueillit son acquiescement. Qu'il se prit d'ailleurs à considérer comme de la soumission.

Le problème qui se posait maintenant à lui, c'était qu'il devait convaincre Draconia de le laisser s'approcher. Et ce n'était pas l'envie de la sentir entre ses mains qui manquait, bien au contraire. Son simple sourire pervers c'était transformé en une grimace qui exprimait toute la vicissitude qui était en lui.

Ses yeux se promenaient sur elle mais avaient fortement tendance à s'attarder sur une certaine partie de son anatomie féminine. Se résignant à relever son regard vers son visage, il essaya d'amorcer le changement de comportement de la jeune demoiselle, changement impératif s'il voulait profiter et pourquoi pas abuser d'elle.

-Je ne pense pas que dix minutes soient suffisantes pour en finir, loin de là ! Mais cela sera suffisant pour te faire oublier toute hésitation ou appréhension.

S'approchant d'un pas et ne constatant aucune réaction hostile de la part de Draconia, il se décida à avancer encore plus, jusqu'à se retrouver tout près d'elle. Son visage, sa bouche s'invitèrent près de son oreille pour lui murmurer :

-Avec moi tu découvriras des plaisirs encore inconnus… tu verras, tu ne pourras plus te passer de moi !

Il profita de cet instant pour humer l'odeur que dégageait la peau de l'adolescente. Non pas qu'il puisse l'apprécier en quoi que ce soit mais c'était uniquement dans le but de réprimer un peu ses pulsions. Cela ne suffit cependant pas assez puisqu'une main baladeuse vint à vérifier si elle possédait bien tout ce qu'il fallait plus bas…

Enfin il se recula et saisit avec la délicatesse d'un troll des montagnes Draconia pas le bras et l'emmena en direction d'un couloir sur leur droite. Celui-ci les conduisit plus vers l'intérieur de l'aile ouest du château, dans une partie où se trouvaient d'anciennes salles de classe dont la dernière visite par un professeur devait dater de plusieurs années aux vues de leur état.
Cain savait parfaitement que tout y était très délabré, mais il savait aussi que personne n'y mettait jamais les pieds et qu'ils ne seraient donc pas dérangés…et pourquoi pas entendu. Traînant toujours Draconia, il s'imagina ce que pouvait rendre son organe lorsqu'il s'occuperait d'elle. Elle ne pourrait sans doute pas tenir et devrait se lâcher face à l'ardeur qu'il mettrait à son "ouvrage".

Il lâcha quelques secondes la manche de sa camarade afin de se saisir de sa baguette et de jeter un sortilège qui fit violemment valser la porte. Un instant plus tard ils étaient tous les deux dans la grande pièce poussiéreuse. Cain se retourna et ferma la porte, la bloquant avec tous les sortilèges qu'il connaissait.

Quand il en eut finit, il refit face à Draconia, l'observant un moment. L'envie de lui sauter dessus le brûlait et il souffrait beaucoup de cette attente mais restait une inconnue : était-elle d'accord ?! Devrait-il en arriver à l'usage de la magie et de la force pour atteindre son but ?...

Draconia soutint le regard de Cain, une lueur de défi dans les yeux. Les bras croisés, elle massait subrepticement son bras meurtri par la poigne de fer qu'avait employé le Serpentard pour la promener à travers les couloirs déserts du château jusqu'à cette salle délabrée. Elle était certaine qu'une trace de doigts s'était imprimée sur sa peau, mais rien qu'un simple sortilège ne pourrait dissimuler.

Elle n'avait ni cherché à se débattre, ni même à protester parce qu'il aurait été totalement vain, voire risible pour elle de tenter quoi que ce soit par la force physique et parce que sa fierté l'en avait prévenue. Elle avait donc laissé le Serpentard prendre les dessus et s'était contentée de le suivre dans une relative indifférence. Et puis, ce qu'elle avait l'intention de faire de Cain, avec Cain ne nécessitait pas de présence extérieure, pas pour l'instant en tout cas…

Elle le regardait fixement de ses yeux froids, emplis d'une promesse vindicative. Sur ses lèvres, flottait un sourire chargé de tout le dédain qu'elle pouvait éprouver à son égard. Elle pouvait encore sentir son souffle moite au creux de son oreille. Ce même souffle pestilentiel qui lui avait arrachée un frisson de révulsion et une grimace indignée alors qu'il avait murmuré quelques mots dont il pourrait mesurer plus tard tout l'impact qu'ils avaient eu sur elle. Et cela était sans compter le geste on ne peut plus déplacé qu'il avait eu à son égard…

Sans qu'un mot ne soit prononcé et sans que le regard de la Serpentard ne dévie, cette dernière décroisa délicatement les bras. Son poing trouva la baguette qu'elle avait rangée dans une poche intérieure de sa cape. Elle la tendit aussitôt vers le Troll à l'haleine fétide qui lui faisait face et sans qu'un son ne s'échappe de ses lèvres résolument closes, invoqua un sortilège d'incarcération.

*Incarcerem*

Elle vit alors jaillir de sa baguette des cordages qui vinrent immédiatement s'enrouler autour du corps de son opposant. Puis, sans attendre et pour se prémunir d'une contre-attaque, la Serpentard enchaîna, avec une vivacité qui l'étonna elle-même :

- Expelliarmus !

Enfin, elle s'avança calmement vers le Serpentard, sa baguette maintenue fermement dans sa main droite.

- Cain, Cain, Cain… soupira-t-elle en secouant la tête d'un air faussement désolé. Pourquoi ne veux-tu pas cesser de brasser de l'air et te taire cinq minutes ? Il me semble qu'il y a certains points que tu n'as pas bien saisis et je pense que je me dois de te les expliquer. Alors fais moi plaisir et tais toi…

Alors que Cain observait d’un air satisfait Draconia, enfin seule avec elle, cette dernière l’attaqua lâchement grâce à un sortilège informulé. Il n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mouvement que déjà il se retrouvait attaché des pieds à la tête par une épaisse corde. L’instant d’après c’est sa baguette magique qui vola dans les airs, le privant de toute défense, si tant est qu’il ait pu encore s’en saisir.

Ne voulant rien laisser paraitre aux yeux de la Serpentard, il essaya de garder un visage le plus impassible possible, tandis qu’elle s’avançait de son pas calme. Il l’écouta parler mais avait du mal à se concentrer sur le contenues de celle-ci tant il trouvait les lèvres de la jeune fille appétissantes. Il ne rêvait à ce moment que d’une chose : les dévorer de ses propres lèvres.

Bien que se retrouvant dans une situation peu à avantageuse, tout ce qui avait été dit ou fait précédemment dans le couloir avait allumé un feu à l’intérieur de lui. Avec bien des difficultés il décrypta les dires de la belle qui se tenait devant lui et ne pu s’empêcher de laisser aller son imagination…

Oh mais je suis prêt à n’importe quoi pour te faire plaisir, du moment qu’il y a un retour à ce plaisir.

-Tu sais, je suis sûr que je peux te faire plaisir par beaucoup d’autre moyens, beaucoup plus intéressants et qui te ferais plus plaisirs…mais comme tu ne sembles, pour le moment, pas très réceptive à cette idée je vais me taire et te laisser éclaircir ce qu’il y a éclaircir.

Le coté neutre qu’il affichait avait fait maintenant place à un sourire satisfait. Il savait pertinemment qu’elle pouvait lui régler son compte sans aucun problème et tout de suite si elle le voulait, seulement il savait aussi qu’ils restaient, malgré tout ce que pouvait dire Draconia, liés par un contrat magique et qu’elle ne pouvait rien lui faire qui pourrait aller à l’encontre de ce serment.

Dans ces conditions, il se sentait dans une relative sécurité et continua à lorgner sur sa désormais ravisseuse. Nombres de pensées lui traversèrent l’esprit, dont la plupart lui aurait valu les pires sortilèges si elle en avait eu seulement des fragments d’images, et qui ne tardèrent pas à provoquer sur lui une forte douleur en raison de cordages qui étaient aussi serrés au niveau de la poitrine que de la taille…

Il garda ensuite le silence, ses yeux continuant à garder une expression de désir malsain. Il avait hâte de l’entendre s’exprimer et surtout qu’elle le délivre une fois ses réticences balayées, car il ne doutait pas qu’il parviendrait encore à ses fins.

Un bruit retentit alors dans la pièce, la réplique exacte du son que produirait une gifle rapide, efficace et dénuée de toute émotion. La main de Draconia venait de s'abattre sèchement contre la joue de cette misérable excuse pour un sorcier et le sourire satisfait qui se dessinait progressivement sur ses lèvres reflétait parfaitement le manque total de culpabilité qu'éprouvait la Serpentard à cet instant.

Tout ce qu'elle pouvait ressentir étaient de simples fourmillements dans la main.

- Tu avais absolument raison Cain. Je n'aurais jamais cru que me trouver en ta compagnie puisse être si jouissif. Fit-elle d'une voix légère qui contrastait avec les éclairs que ses yeux lui projetaient.

Elle essuya alors impassiblement sa main contre sa cape. Etait-ce pour atténuer les picotements sur sa paume, ou dû au simple fait que sa main était entrée en contact avec la peau du Serpentard ? Un mélange des deux, sans doute.

Aussi loin que ses souvenirs pouvaient remonter, on ne lui avait jamais donné véritablement l'occasion d'utiliser la force physique pour se battre. Mais elle venait de s'apercevoir qu'utiliser des techniques plus moldu pouvait présenter certains avantages, une certaine satisfaction. Voir apparaître les traces de ses propres doigts sur une joue en était un exemple.

La jeune femme se recula alors jusqu'à se retrouver appuyée contre une vieille table après avoir ramassé la baguette du Serpentard. Elle enfouit sa baguette sans sa poche et croisa et les bras et les jambes. Elle donnait l'impression d'observer d'un œil critique le résultat de son travail. Elle avait peut être attaqué bassement son adversaire mais personne n'avait jamais dit que les Serpentard connaissaient le principe de loyauté… Il ne pourrait donc pas lui en vouloir.

Un long moment passa avant que Draconia ne reprenne la parole. Elle hésitait d'ailleurs à tester certains sortilèges que l'on pouvait aisément trouver dans les ouvrages de Maître Raleur mais elle se ravisa pour le moment. Au lieu de ça, elle agita sa baguette et fit apparaître un parchemin. Il était inutile qu'elle le relise puisqu'elle en connaissait déjà les termes, Cain aussi par la même occasion même s'il n'en donnait pas l'impression...

Elle prit alors la parole d'un ton plus grave en appuyant son regard dans le sien :

- Tu veux continuer ce stupide contrat ? Alors soit. Tu voulais avoir la possibilité de publier ton histoire avec Jo dans le journal ? Tu as jusque Janvier pour me le faire parvenir. En échange, ne t'avise plus jamais de venir me parler ou de parler de cette histoire à qui que ce soit. Je ne veux en aucun cas que mon nom soit associé au tien de quelque façon que ce soit. Elle afficha une moue dégoûtée à cette perspective alors que plusieurs inscriptions apparurent sur le parchemin.

- C'est clair ? demanda-t-elle en arquant un sourcil. Inutile de te préciser que si tu omets une nouvelle fois de respecter tes engagements, il risque d'y avoir certaines répercussions…

Elle se redressa alors et fit disparaître le rouleau de parchemin.

Après avoir épousseté sa cape, elle releva la tête vers un Cain toujours ligoté. La façon qu'il avait de la regarder l'incommodait autant qu'elle la répugnait. Elle n'avait plus rien à faire ici mais, avant de partir, il lui restait un petit acte à accomplir.

Elle leva enfin sa baguette vers Edelweiss et invoqua un sortilège informulé :

*Effeuillage Sempra©*

Il n'avait pas besoin de connaître l'incantation d'autant plus que l'on retrouvait ce sortilège dans une édition limitée à deux exemplaires du Dico Râleur.

Un à un, les vêtements du Serpentard se séparèrent de son corps mais avant que le dernier ne disparaisse, Draconia tourna les talons et se dirigea vers la sortie sans même un dernier regard vers Cain. Elle ne désirait pas spécialement que davantage de cauchemars viennent s'ajouter à ses nuits, ou être subitement prise d'un fou rire incontrôlable.

Un simple 'Opentutti' avait suffi à déverrouiller la porte. Tout en franchissant le pas de la porte, la Serpentard laissa tomber à ses pieds la baguette d'Edelweiss avant de récupérer les livres qu'elle avait déposés à son arrivée.

- Passe une agréable soirée, Cain… conclut-elle avant de prendre le chemin de sa salle commune.

Le sourire narquois qui était apparu sur ses lèvres ne la quitta que bien plus tard…