Le Lac [BTM]

Ennuyée par sa solitude, Elinor descendit dans le parc avec un reccueil de poésies moldues. Parmi lesmagnifiques textes présentés, un de ses préférés retint son attention: "Le Lac" de Lamartine.

Le poème "Le lac" est une réflexion sur le temps en rapport avec un amour qui semble à jamais fini. Il constate amèrement que le passé, fut-il heureux, est passé à jamais, que le temps en a effacé la trace et qu'il ne peut être restitué. La nature qui a été le témoin vivant de la présence du poète a pu garder la trace de ce moment et le restituer au poète. C'est le paysage qui conserve le souvenir, et non l'écriture et qui peut dire "ils ont aimé".

Elle s'assit contre un arbre, plongea son regard dans le Lac Noir et commença sa lecture:

Le lac
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent ;
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : « Sois plus lente » ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Hé quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit et l'on respire,
Tout dise : « Ils ont aimé ! "

* J'en ai assez d'être repliée sur moi même, je dois faire un effort pour aller vers les autres. Pas question d'abandonner ma personnalités, juste de parler...*

Quelqu'un avançait dans sa direction. Peut-être une occasion.

HJ: continue qui veut.

Rhéna, comme très souvent, se promenait dans le Parc, comme très souvent encore, pour fuir le tumulte de la Salle Commune. L'agitation qui y reignait donnait un sentiment de joie, mais parfois aussi d'exclusion. Dans ces cas là, Rhéna sortait retrouver la solitude familière du parc.

Assise au pied d'un arbre, une élève semblait perdue entre les lignes d'un livre. Rhéna avançaot vers elle, comptant faire le tour du lac. Peut être verrait-elle le Calmar Géant? Cette créature la fascinait au plus haut point depuis son arrivée au chateau, sans qu'elle sache réellement pourquoi. Peut être était-ce à cause de la grâce qui s'en dégageait malgré sa taille...

L'élève qui lisait avait relevé la tête. Elle regardait maintenant Rhéna. Celle-ci lui sourit. La Serpentarde était assise par terre, mais simplement en regardant son visage, Rhéna se douta qu'elle était plus âgée qu'elle. Elle hésitait à aller la saluer. Les Poufsouffles n'avaient pas très bonne réputation chez les Serpys... Pourtant, certains ne se focalisaient pas là dessus...

Rhéna s'avança vers l'élève. Son livre était ouvert à une page joliment illustrée. Le texte semblait être un poème. Le titre, écrit à la manière des enluminures, était "Le Lac". Rhéna songea, même sans connaitre le texte, qu'il n'y avait pas de meilleur endroit pour lire ce poème.

-Salut! C'est bien?

La Poufsouffle n'avait même pas remarqué qu'elle s'approchait de plus en plus de la Serpentarde, tant elle était absorbée par le livre qui était ouvert sur ses genoux. Finalement, elle avait dit la première phrase qui lui était passée par la tête en indiquant le livre de la tête. Si elle n'avait pas eut ce recueuil, Rhéna n'aurait pas sû quoi dire à cette élève.

Elle s'acrouppit devant elle, pour être à la même hauteur, lui souriant en espérant qu'elle ne fasse pas partie de ces Serps maltraiteurs de Pouffys! Rhéna ne tenait pas à finir en nourriture pour Scroutt à Pétard...

-Je m'appelle Rhéna. Rhéna Johnson.

Elle avait songé que se présenter pouvait être pratique, si elles voulaient discuter. Le Soleil tapait fort, mais sous l'arbre où elles étaient, il faisait frais. C'était très agréable après l'étouffante Salle Commune des Poufsouffles.

La jeune fille avançait avec peut-être toute la candeur liée à son âge. Elinor la dévisagea un instant et la considéra comme à son habitude avec méfiance tant qu'elle ne s'était pas fait un avis sur la personne.

*Quelle est cette petite chose insignifiante qui s'approche? Une Poufsouffle? Je suis sûre que si je dis "bouh!", elle part en courant... Vu la réputation que nous traînons derrière nous, ça ne m'étonnerait pas.*

L'invasion tonitruante de Miss Rhéna Johnson était déroutante pour Elinor qui ne savait pas trop comment réagir. Ses vieux réflexes auraient dû la conduire à l'effrayer pour retrouver une solitude plaisante... Il n'était pas aisé de perdre des habitudes qu'on a depuis longtemps. Plus que du mépris ou de la colère, Elinor ressentait de la peur envers, cette "petite chose" comme elle venait de l'appeler en son fort intérieur.

* Comment engager la conversation? Je ne vais pas tarder à la remballer, c'est sûr! ... Voyons, réfléchis andouille! Tu ne vas pas avoir peur de ça quand même! Pense à Maggie, elle se moquerait de toi... Maggie...*

- On ne peut pas dire "bien" à propos du Lac de Lamartine. C'est de la grande poésie. Il faisait partie des poètes lyriques, comme Hugo ou Musset. Mais je suis sûre que tu ne connais pas évidemment.

Et voilà comment elle gâcha une occasion de faire la conversation... Elle se maudissait elle-même et aurait voulu réparer son erreur. Mais la "petite chose" allait-elle lui donner l'occasion de se racheter?

L'expression du visage de Serpy était étrange.. Un mélange de mépris, de peur, de colère, un peu de gène, presque de la timidité, de l'énervement... Rhéna ne comprenait pas trop pourquoi, mais bon, avec les Serps, elle avait appris à s'attendre à tout!

Sa réponse fut violente. Trop violente pour être sincère. Cela ressemblait plus à une réponse pour camouffler ses sentiments qu'à une vraie réponse. La Serpentarde devait être complètement différente de ce qu'elle voulait faire croire. Ce fut sans doute ce qui poussa Rhéna à rester. Elle s'assit en tailleur.

Elle aussi avait camouflé ses sentiment pendant des années, en faisant semblant d'âtre énervée. Maintenant, cela était passé, bien qu'elle reste timide. Cette élève, bien qu'elle semblait plus vieille, lui faisait penser à elle-même quand elle était plus jeune, et même pas tellement que ça. Ce n'était qu'au cours de sa deuxième année que Rhéna avait commencé à changer...

Alors qu'elle aurait pût partir ou répondre aussi méchament que Serpy, Rhéna se contenta de sourire. Son sourire était chaleureux et triste à la fois. Nostalgique aussi. Etrange en somme. Et quand elle répondit, sa voix fut comme son sourire ; un mélande de douceur et de tristesse, qui faisait finalement penser à de la fausse joie.

-Non, tu as raison, je ne connais ni Lamartine, ni Hugo, ni Musset... Et si je connaissait, je ne me serais sans doute pas trompée de thèrme pour ce poème...

Rhéna continuait de sourire. Elle ne savait pas si sa réponse allait soulager la Serpentarde, ou au contraire l'énnerver encore plus. Mais finalement, qu'importe? Elles avaient toutes deux une baguette à portée de main, et aucune des deux n'hésiterait à s'en servir. Rhéna n'était pas plus faible que l'élève qui lui faisait face.

-Au fait, tu t'appelles comment?

Cette question faisait peut être un peu déplacé, mais Poufpouffe ne pouvait parler à quelqu'un sans connapitre son nom, bien que cela ne change rien. On aime mettre un nom sur le visage qui nous fait face.

La seconde chance était arrivée mais cependant, la voir s'asseoir de la sorte sans y être invitée fit comprendre à Elinor qu'elle risquait de l'avoir collée à ses
basques pendant un moment. Qu'importe, ça lui permettrait de faire connaissance.

* Pense au diable boiteux. Je t'ai connue meilleure que ça ma fille, il faut que tu surmontes ton chagrin et ta douleur. Le diable boiteux. Cette petite fille n'a pas l'air sotte, et un brin courageuse. Elle doit aussi connaître du monde et donc m'...*

Elle n'eut pas le temps de finir sa pensée que ses mains plièrent le livre. Elle regarda la petite chose d'un regard énigmatique et finit par lui sourire.

- Le lyrisme se définit courramment comme le genre littéraire poétique qui accueille l’expression personnelle des sentiments du poète. L’auteur lyrique parle en effet en son nom propre; il dit “je”. Cependant, si tu lis certains poèmes phares, tu verras que l'auteur recherches souvent une musicalité des vers, et une recherche d'idéal perdu. Tu comprends mieux?

Elle ne pouvait pas dire si la jeune fille était convaincue, mais elle lui avait donné une définition complète.

- Je m'appelle Elinor, Elinor Redgrave.

Rhéna et la poésie... Peut être s'y mettrait-elle un jour! Ce n'était pas vraiment son truc... Elle préférait un bon livre de Quidditch illustré!!! Cependant, Elinor avait l'air de vraiment s'y connaître et d'aimer cela. La définition qu'elle lui avait servie était vraiment claire. Poufpouffe n'aurait jamais réussi à trouver une explication comme ça! Ca rendait presque simple la poésie lyrique!

-Oui, je vois ce que tu veux dire... Je n'ai jamais compris grand chose à la poésie en général, mais là, c'était plus que clair!!!

Au nom de Serpy, Rhéna ne pût retenir un sourire. Elle ressemblait à un personnage d'un de ses livres moldus favoris, et portait son prénom! Ca lui allait vraiment bien.

Elinor avait refermé le livre. La couverture était jolie, comme celles de tous les livres de poésie, en général. Les textes étaient écrits pour être beaux, la couverture qui les cachait devait l'être aussi. Le recueil était épais. Visiblement, Lamartine avait écrit beaucoup de poèmes. Rhéna n'en avait jamais lut aucun!

-Tu aimes la poésie en général, ou simplement Lamartine?

Selon l'avis de Serpy, peut être que Rhéna se mettrait à en lire un peu... Pourquoi pas, c'était sans doute une lecture comme une autre, plus interessante que les illustrations d'un livre sur le Quidditch!!! Intellectuel avec ça, exactement ce qu'il fallait à Poufpouffe et qu'elle n'avait jamais lut!

Cette fois, elle s'était bien débrouillée et avait réussi à intriguer Rhéna. Il fallait maintenant parvenir à continuer la conversation, ce qui risquait de ne pas être facile. Mais la question qu'elle venait de lui poser facilitait un peu les choses pour Elinor qui se retrouvait dans son domaine: la littérature.

- J'aime la littérature en général. Mon père m'y a donné goût. D'ailleurs, le prénom que je porte est une référence à Elinor Dashwood, héroïne de Jane Austen. Mon père et ma mère adoraient cette femme.
Lamartine est un grand poète, mais il en existe bien d'autres qui me plaisent. Je préfère quand même les romans.

*Cela doit suffire à satisfaire sa curiosité. Autant ne pas parler de père, ça ne la regarde pas.*

Elle caressait la couverture de son reccueil du bout des doigts comme si elle portait tendresse à l'art d'écrire en général. Ce petit bout de fille assise à côté d'elle se révélait être intéressante. Sa compagnie était tolérable.

- Quelles sont tes passions?

Elinor Dashwood... Rhéna ne connaissait pas cette histoire. Mais le hasard faisait qu'Elinor tenait quand même son prénom d'une histoire...

-Dans un autre roman moldu, une femme porte aussi ce prénom...

Rhéna se retint de préciser que la femme en question était plutôt agée et qu'elle ressemblait à la Elinor qui lui faisait face, de caractère seulement. On apprécie rarement de ressembler aux personnages âgés et qui ont mauvais caractère.

-Mes passions? Sans hésiter, je répond le Quidditch. Lire, j'aime beaucoup aussi, mais seulement les romans. La poésie, je n'ai jamais vraiment essayé. A part ça, je ne vois rien qui me plaise particulièrement... Et toi, tu aimes quoi?

Rhéna était curieuse d'en apprendre un peu plus sur son interlocutrice. En lui parlant, elle ne pouvait s'empêcher de se revoir un an plus tôt, timide et solitaire... Mais elle rougissait, elle. Elinor était différente, elle semblait vouloir rester seule... Ou peut être sa coquille était-elle plus épaisse que celle de Poufpouffe...

Finalement, bien qu'elles aient des points communs, Serpy et la Rhéna d'autrefois étaient quand même très différentes... Les caractères des gens sont vraiment étranges...

* Le quidditch! Jamais ces sorciers ne cesseront de penser à cela? C'est d'une futilité... Ma foi, ce n'est pas grave, on est pas obligées de ne parler que de quidditch.*

La jeune poufsouffle était très anthousiaste ce qui exaspérait quelque peu Elinor. D'un autre côté, elle se dit que c'était de son âge, et que quelque part bien au fond d'elle, la petite fille qu'elle avait été aurait bien aimé connaître cette exhaltation. Mais cette voix était lointaine...

* Jamais elle ne cessera donc de sourire?
Peut-être aimerais-tu sourire toi aussi...
Pas de manière aussi bête!
Ce qui est bête c'est de ne jamais sourire.
Pour me dévoiler? Jamais!*

- Je faisais référence au livre "Raisons et sentiments" de Jane Austen. Mais je serai curieuse de savoir de quel livre tu parlais.

Trop peu de gens lisent de nos jours. Cette "Petite chose", non, Rhéna, se corrigea-t-elle, méritait donc qu'on s'intéresse à elle.

- Le quidditch ne fait pas partie de mes centres d'intérêts. La seule grâce que je lui trouve est dans les tactiques à metre en oeuvre. J'aime tout ce qui se rapporte à la stratégie ...

Rhéna comprit imédiatement à l'air buté d'Elinor que celle-ci ne tenait pas le Quidditch en très haute estime. Ses paroles le confirmèrent et son ton sec encore plus. Quand elle repassa au sujet de la lecture, elle parut tout à coup beaucoup plus douce, comme transformée. Elle parlait des livres presque tendrement...

-Oh, le livre auquel je pense est certainement très différent. Beaucoup moins sérieux. Il s'intitule "Coeur d'Encre", de Cornelia Funke, une auteur moldue allemande... Dedans, Elinor Loredan est une vieille femme, un peu folle, très sèche et complètement passionnée par les livres...

Disant cela, Rhéna sourit. Visiblement, Serpy aussi aimait beaucoup les livres! Mais elle avait l'air de préférer les lectures plutôt intellectuelles aux récits fantastiques moldus!

Quand Elinor parla de son intêret pour la tactique et la stratégie, Rhéna fut convaincue qu'elle aurait eut sa place à Serdaigle!!! Mais le Choixpeau magique ne se trompait jamais! Il y avait forcément quelque chose qui faisait d'elle une Serpentarde.

-Dis, j'aurais bientôt fini "En vol avec les Canons", mon livre de chevet actuel... Est-ce que tu pourrais m'en conseiller un bien pour le remplacer après? Je suppose que tu dois être l'une des meilleures personnes à qui s'adresser pour ce genre de conseils!

Malgré sa crainte de se retrouver avec un livre très compliqué, Rhéna faisait totalement confiance à Elinor à ce sujet, sans même la connaître particulièrement. Elle était certaine que la Serpentarde saurait la conseiller, et cela n'avait pas trait qu'à con prénom!

* Elle me relance sur la littérature, tant mieux. Mais qu'est-ce que je peux lui conseiller, je ne la connais pas plus que ça. Le choix sera difficile.*

Elle se passa la main dans ses cheveux noirs. Ses yeux noirs intelligents scrutaient le Lac pendant que son cerveau réfléchissait à toute allure sur la "petite fille" asise à côté d'elle. Elle ne se rendit pas compte qu'elle prononça ces paroles tout haut.

- Elle est jeune, et n'a pas eu peur de s'asseoir à côté d'une acariâtre comme moi. Elle doit avoir une profonde confiance dans la nature humaine. Une idéaliste pure, c'est sûr. Elle est sans doute très naïve et très fidèle en amitié, jusqu'à ce que la vie ne lui fasse voir la vraie nature des choses. Une belle âme sans doute.Quel livre collerait le mieux avec cette description?

Elinor finit par poser son regard énigmatique sur Rhéna en souriant.

- Plusieurs livres moldus que je connais te plairaient sûrement. Tu as Le bossu, de Paul Féval, un roman de cape et d'épée. Dans un genre plus caustique et très marrant, tu as Knock ou le triomphe de la médecine, de Jules Romain. Maintenant, si tu aimes la science fiction du XIXème, je te conseillerai vingt-mille lieues sous les mers, de Jules Vernes, ou Alice au pays des merveilles, de Lewis Carol.

Elinor fit à haute voix, sans doute inconsciemment, une description du caractère de Rhéna qui surprit celle-ci par son exactitude globale. Visiblement, la Serpentarde était très douée pour analyser les personnes qui l’entouraient. Ensuite, elle débita une liste de livre que Rhéna connaissait de nom ou pas, mais qu’elle n’avait jamais lut, ce qui tombait plutôt bien.

Au moins, comme ça, j'ai le choix!!!
Je te vois bien lire "Alice au Pays des Merveilles" !!! Niark niark niark!!!
N'importe quoi toi, vraiment. Humpf...
Les contes sont aussi bien pour les petits que les grands, tu es vraiment trop bête.
Rho ça va, si on peut même plus rigoler...
C'était absolument pas drôle.

Rhéna sourit à Elinor, non seulement pour la liste de livres, mais aussi parce qu'elle avait elle-même sourit, ce qu'elle n'avait pas fait depuis que Poufpouffe l'avait vue. Son sourire lui donnait un air moins sérieux, plus agréable, plus accessible que son air renfrogné qui la faisait paraître loins des autres...

-Merci beaucoup! Je demanderais à mes parent s'ils peuvent m'en envoyer un de ceux-là! Ca serait bien!

Poufpouffe était impressionnée quand même. Elinor semblait connaître plus de livre que Rhéna n'en lirait jamais. Elle ressemblait tant à celle du livre... La littérature semblait vraiment être son truc. Rhéna ne connaissait personne qui semble aimer autant cela. Peut être était ce parce qu'elle n'était pas souvent avec les autres qu'elle compensait leur présence par celle des livres...

* Quel enthousiasme, décidément. C'est étrange, ça me donne presque envie d'être joyeuse à présent. Jamais je n'ai eu pareille sensation en parlant avec quelqu'un.*

La jeune poufsouffle sautillait sur place et souriait à la ronde. Elinor se demanda si elle avait beaucoup d'amis. Sans doute oui,se dit-elle. Elle l'imaginait entourée de tout un bataillon d'élèves poufsouffles, serdaigles et gryffondor. Cela ne risquait pas de lui arriver à elle, surtout si les gens apprenaient ce qu'elle avait au fond du coeur. Mais ce n'était pas grave. Si elle arrivait à se lier avec quelques personnes, elle arrierait peut-être à tromper son ennui.

- Ce n'est pas la peine, j'ai Knock et le Bossu dans mon dortoir. Je te les prêterai si tu y tiens.

Les yeux de la "p..." Rhéna s'emplirent d'un regard qu'elle n'avait eu que trop rarement l'occasion de voir. De l'empressement, de la joie consécutifs à ce qu'elle venait de dire. C'était l'après-midi des découvertes pour Elinor.

Rhéna était vraiment touchée par la proposition d'Elinor. Elle qui, auparavant

Etait aussi accueillante qu'une porte fermée à clef
Avait l'air très peu disposée au dialogue

Maintenant

Semblait se retenir à grand peine de sourire, comme si elle le voulait mais que ses lèvres étaient rouillées après tant d'années closes.
Elle était là, à proposer à Rhéna de lui prêter des livres, à parler de sa passion, la littérature...

Cela touchait vraiment Rhéna. Elle souriait, béament, presque bêtement, sans pouvoir se retenir. Elle espérait qu'Elinor profite des années qui lui restaient à passer à Poulard pour parler avec le plus de personnes possible, aller vers eux, sourire à la ronde, être joyeuse, porter du rose fluo (aucun rapport, et alors?!?) , enfin bref, qu'elle perde sa timidité et sa solitude.

C'est très facile de se dissimuler sous une carapace de solitude et de dureté, mais c'est beaucoup plus dur, une fois qu'on s'est rendu compte que ça ne sert à rien et que ça fait mal, de sortir de cette carapace, de ce masque qui nous dissimule...

-Oui, ça me ferait vraiment plaisir! Enfin, si ça ne te gène pas.

Evidemment que ça la gène pas, puisqu'elle te le propose!!!
Ah oui, j'y avait pas pensé!
C'est qu'il est plus futé qu'il en a l'air!!!
Rho ça va, tais-toi!
Rho ça va, taisez-vous!

Rhéna trouvait que "Knock" avait l'air vraiment sympa. Elle aimait lire des histoires qui font rire. Mais pour les autres, elle faisait confiance à Elinor! "Le bossu" devait être bien aussi... "Le bossu"... Elle avait beau essayer d'imaginer l'histoire, elle n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être. Elle n'était pas très fortepour trouver des histoires.

-Mais il va falloir que tu accèpte de me supporter encore un peu dans ces cas là! Je te souhaite bien du courage!

Poufpouffe songeait que l'humour était certainement le meilleur moyen de détendre l'athmosphère. Elle avait décidé qu'ele ne bougerait pas d'ici tant qu'Elinor n'aurait pas au moins sourit, et si possible rigolé! Et elle était entêtée. Très entêtée!!!

* La supporter encore un peu plus? Comment ça? Qu'est-ce qu'elle veut dire? Ce n'est pas parce que je lui prête un livre qu'il va falloir que je lui tienne la main et que je lui tourne les pages quand même! Hey Petite Chose, n'abuse pas de mon envie de connaître du monde!*

En grande diplomate qu'elle était, Elinor réussit à répondre de manière aimable et mesurée à la jeune fille envahissant de plus en plus son espace vital. Pourtant, elle sentait à nouveau son corps se raidir à cette idée.

- Le courage n'a rien à voir avec la bienséance, je me fais un plaisir de te prêter ces livres, tu as l'air très intéressée par la littérature à présent. J'adore la lecture car elle permet d'être seul, de voyager intellectuellement, et de s'instruire seul. Le calme est précieux quand on lit.

*Traduction pour les non initiés à l'art de la diplomatie: je le fais car je suis bien élevée et non en raison d'une quelconque inclination ou amitié envers toi, deplus, quand tu liras, il te faudra bien être seule si tu veux tout comprendre. Et maintenant action! Tu es gentille, mais il faut y aller petit à petit avec moi*

Par un sotilège d'attraction, elle fit venir lesdits ouvrages. Ils parvinrent dans les mains d'Elinor après une minute de trajet seulement. D'une main ferme, elle les tendit à Rhéna d'un air convaincu et enjoué. Elle finit même par lui sourire.

Gloups, finalement, Rhéna n'était pas sûre qu'Elinor était de bonne humeur. Finalement, peut être qu'elle se contentait de le paraître...

Option : Fuite! Se barrer fissa en remerciant histoire de moins ennuyer Serpy...

Bonne idée. Tiens, un sourire! Finalement, c'est exactement comme Rhéna l'avait prévu : Un sourire, et hop, p'us de Poufpouffe à l'horizon!!! Oui, il était temps de prendre le large! En plus, elle devait mettre de l'ordre dans ses affaires Elle n'était vraiment pas sortie de l'auberge, car, comment dire... Euh... Elle était bordélique au possible et ne rangeait qu'une fois de temps en temps...

-Bon, beeennn... Merci pour les bouquins! C'est vraiment sympa! Je te les rendrais quand je les aurais finis!!! Mais je ne lis pas très vite... Et en plus, avec le tournois...

Eh oui, c'est vrai qu'il y avait le tournois... Rhéna était vraiment pressée d'y être! Elle était sûre que ça serait génial! Elle partit donc à reculon... Et se prit les pieds dans une racine. Elle atterrit donc par terre, sur les fesses, les livres, heureusement, en sécurité sur les genoux.

-Ouille!

Elle se releva rapidement, se disant qu'il vallait mieux qu'elle parte dans le bon sens ; déjà qu'elle n'était pas très adroite à l'endroit, alors à l'envers...

- Aurais-tu peur de moi? Je ne mords pas. Je sais bien que sous mes grands airs d'intellectuelle je peux paraître froide et indifférente, mais je ne pense pas avoir fait quoi que se soit qui mérite cette fuite de ta part.

Elle regarda innocemment la jeune fille se relever après sa lourde chute. Elle avait trébuché sur une grosse racine et avait perdu l'équilibre. Une de ses deux mains saignait. Elle l'avait râpée sur la racine.

- Attends, regarde. Mets ça dessus, ça te soulagera et ça stoppera l'hémorragie. J'en garde toujours dans mon sac car je me blesse assez facilement.

Elle fouilla dans son sac et en sortit une fiole d'onguent et son mouchoir brodé. Elle l'avait acheté chez l'herboriste de Préaulard. Il le fabriquait lui-même.

- Il n'y a que des produits naturels. Un astringeant et un antiseptique du sud de la France, du thym et du romarin. ça ne pique pas.

Elle lui tendit le mouchoir imbibé de lotion.

Elinor avait plus ou moins raison. Elle était quand même assez... Impressionnante. Rhéna n'avait pas remarqué que sa main saignait. Elle avait sentit la douleur, mais n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'elle avait. Elinor lui tendit un mouchoir imbibé d'un produit dont elle lui fit part de la composition. Rhéna se promit de faire une recherche sur les plantes citées, car elle ne les connaisait pas vraiment. Mais elle savait qu'elle ne le ferait certainement pas!!!

-Merci beaucoup.

L'odeur que dégageait le produit dont la Serpentarde avait enduit le mouchoir sentait très bon. Rhéna se le posa sur sa main blessée, après avoir délicatement mis les livres dans son sac, en faisant attention de ne pas les tacher. Elle ressentit une agréable sensation de froid mêlé de chaud... C'était étrange... Ca faisait du bien.

-Décidément, tu est très prévoyante! Il faudrait que je m'en achète quand j'irais à Pré-au-Lard, je tombe assez souvent... Même très souvent en fait...

Et elle rougit, repensant à sa "fuite". C'est vrai qu'elle n'avait pas agit très intelligemment...

-Désolée d'être partie comme ça... Ce n'était vraiment pas correct...

Même pire que pas correct! T'es carrément mal élevée ma vieille!
Rho, tu vas pas t'y remettre...
C'est clair, franchement, tais-toi 5 minutes.
Pfff! Z'êtes pas drôles.

Poufpouffe se rassit à même le sol, pas très loin d'Elinor, mais un peu quand même, histoire de la laisser respirer! Elle devait vraiment avoir pris ses cours de boulette avec Elby, il n'y avait pas d'autre explication possible!

Elinor sourit. L'autorité qu'elle avait eue sur Rhéna était assez normale étant donné son âge et la différence de taille. Cependant, elle n'aimait pas trop cela. Elle préférait de loin embobiner les gens par la parole. Pourtant, ici, il n'était pas question d'embobiner qui que se soit.

- Effectivement, je ne te le fais pas dire. Ce n'est pas grave.

* Je suis persuadée que tu ne le referas pas à présent. En plus, cette fois, tu t'es assises à une distance raisonnable. C'est bien.*

- J'aime beaucoup ce produit parce qu'il est naturel. Maggie s'y connaissait bien en botanique, et elle m'a appris beaucoup de choses sur les plantes "normales", comme le thym, les fougères et leurs propriétés médicinales.

Elinor n'aimait pas trop parler de Margareth à des personnes inconnues, mais en cet instant, il fallait lui rendre hommage. C'était vrai qu'elle lui avait appris beaucoup de choses dans ces matières. Plus que le droit, c'était sa vraie passion: les plantes, magiques ou non. C'était vraiment une femme d'exception.

Rhéna sourit. Visiblement, Elinor ne lui en voulait pas, même si elle se donnait un air sévère et sec. C'était plutôt rassurant. Puis les plantes encore. La botanique... Rhéna ne connaissait pas grand chose dans ce domaine, à part ce que le Professeur Chourave leur avait apprit au cours de ces deux années passées à Poudlard...

-Moi, je n'y connais rien, en fait!

Une phrase... Un nom... Comme échappé... Une curiosité, rien de très mal... Mais peut être... Elle ne sait pas, elle ne l'a pas fait exprès.

-Maggie?

Sans réfléchir, elle avait posé la question, d'une petite voix timide. Le ton de la Serpentarde à l'évocation de ce nom était étrange... Un mélange de tellement de sentiments différents... Le coeur de Rhéna se serra. Elle se demandait si cette question n'était pas beaucoup trop indiscrète, malgré qu'elle semblât anodine...

Si elle avait dépassé la limite, Elinor lui ferait savoir d'une manière ou d'une autre. Elle ne comprenait pas pourquoi ce simple nom donnait un air froid à sa voix.. Pourquoi elle le pronomçait avec timidité, avec gène... C'était un simple nom, peut être celui d'une amie ou d'un parent... Pourquoi cette gène? Sa curiosité la mettait mal à l'aise. Elle tortillait ses doigts, regardant fixemment ses genoux. Quand elle prit la parole, le regard de Rhéna revint vers la Serpentarde.