[TM] Le Retour à Poudlard. [PV Sacha]

La tête chargée de ses souvenirs d’été, Alexi était de retour à Poudlard après quelques mois d’absence.

Comme convenu, il était parti en périple, accompagné d’Enki et d’Egon au travers des paysages divers et variés de l’Europe. Leur voyage avait commencé plutôt tranquillement, Alexi qui ne connaissant Egon qu’au travers les récits de son ami d’enfance Enki, dut s’habituer à sa compagnie, ce qui ne mit que très peu de temps.

Ils avaient tout d’abord commencé par la France, ou ils eurent vite fait de découvrir les panoramas les plus magnifiques de leur excursion. Ils n’étaient restés que deux jours car la soif d’aventure se faisait de plus en plus ressentir parmi eux, et il fallait avouer, que les lieux magiques français étaient plutôt difficiles à trouver. Après plusieurs jours de vols en balai ou de transplanage, quand cela était possible, ils arrivèrent aux portes de l’Egypte, une de leurs étapes, fabuleux geyser de magie. Ils passèrent plusieurs fois devant le chemin de Trolls des Sables hostiles de se voir déranger par une bande de jeunes sorciers intrépides. Ils durent plusieurs fois user de leurs pouvoirs magiques pour trouver une échappatoire à leur situation compromettante. Leur pays d’accueil semblait être devenu l’espace d’un temps leurs nouvelles racines. Hormis les combats, auxquels ils étaient parfois soumit en rencontrant diverses créatures magiques, plus horribles les unes que les autres, ils trouvèrent un peuple chaleureux prêt à faire d’eux des semblables. Ils avaient élu domicile dans un petit village proche de la ville de Coptos sur les bords du Nil ou ils découvrirent un nouveau mode de vie, radicalement différent de celui de L’Angleterre ou de celui de la Bulgarie, pays natal d’Alexi.

Tous ces moments resteront très certainement gravés à tout jamais dans la mémoire du jeune sorcier de Drumstrang, bons comme mauvais. Même cette pénible nuit d’Août où ils avaient été pris en chasse par deux Tigres à dents de sabre. Certaines formes de magique semblaient être inopérantes envers eux et seuls les sortilèges de défense offraient une réelle aide lors des combats. Après plusieurs heures de luttes acharnées, ils avaient enfin pu réussir à se débarrasser de leurs attaquants à l’aide de trois sortilèges d’entrave simultanés.

Ils avaient dût se remettre de leurs blessures, certaines beaucoup plus facile à soigner que d’autres, avant de terminer leur voyage et prendre le chemin du retour.


Alexandrei était retourné vivre quelque temps chez ses parents en Bulgarie avant de revenir à Poudlard pour le tournoi des trois sorciers.


L’école avait bien changé depuis son retour, il n’y flottait plus la même ambiance qu’à l’habituer. L’atmosphère était souvent suffocante et plus sombre depuis que l’on ne parlait plus que des disparitions qui semblaient pouvoir toucher tout le monde.

Enki ayant quitté Poudlard, le jeune Bulgare restait souvent enfermé dans sa chambre, faute de trouver quelqu’un avec qui converser. Le temps passait difficilement.


Seulement aujourd’hui, il avait trouvé le courage de prendre l’air. Il avait quitté sa chambre et fut plutôt surpris de trouver un temps clément pour un mois de Décembre. Une fois les portes du Grand Hall franchies, Alexi respira à plein poumon la légère brise qui faisait onduler ses cheveux. Une chaleur intérieure se remit progressivement en marche. Il reprenait enfin vie.

Il continua à marcher le long de l’allée avant que son regard ne se pose sur l’épaisse forêt qui bordait le domaine du château. Alexi qui avait pour habitude de trouver ressource près des berges du Lac Noir décida de changer pour une fois de lieu. Il bifurqua de son traditionnel chemin pour aller en direction d’un grand chêne, solidement enraciné dans les entrailles obscures de la forêt interdite. Il s’adossa contre le tronc de l’arbre et resta un moment sans bouger. Poudlard semblait être à une éternité de lui, il ne parvenait même pas à distinguer le parc qu’il venait de quitter. Il profita de cette solitude pour sortir de la poche intérieure de sa robe, une photo animée. Elle avait été prise par Egon, et l’on pouvait voir Enki et Alexi, côte à côte, avec l’immense pyramide du pharaon Kheops en arrière plan. Furtivement, il passa son doigt sur le visage souriant de son ami d’enfance.


HJ : PV Sacha de Lansley

Il y a une chose que je dois dire avant de commencer à raconter. Dans ce château les gens ont pris une très vilaine habitude. Quel que soit l'arbre où je vais me percher, voilà que je ne peux profiter de ma solitude qu'une vingtaine de minutes avant que quelqu'un ne vienne se caler à ses pieds. Les fruits ne poussent plus aux branches mais bel et bien au bas du tronc. Le fruit du jour a les épaules plus carrées qu'Elinor. Un garçon. Aux cheveux longs comme ceux d'une fille. Ma foi, voyons voir le goût que ça a, cette fois-ci.

Je passe mes mains sur deux branches un peu plus hautes que mon visage pour me retenir pendant que je me penche pour voir ce que fait l'intrus. Une photo cette fois-ci, mais je ne vois pas ce qu'elle représente. Cependant, je n'ai pas besoin d'être beaucoup plus proche pour savoir que cette photo a le goût du souvenir et des couleurs gris nostalgie qui dégoulinent le long de ses pensées.

Mon insecte, que j'ai nommé Sandwi en souvenir de la peste qui me l'a inspiré, vient se réfugier sur mon épaule et pince doucement l'oreille comme pour m'interdire d'aller embêter l'inconnu. Je lui murmure:


Tu rêves… cette fois-ci la sagesse ne compte pas. Et s'il vient près de mon arbre, c'est un risque que le destin a souhaité prendre.

Je ne crois pas plus en la destinée toute tracée dans les lignes d'une main qu'en l'amour éternel.

Je me mens? Oui. J'aime autant me mentir que de mentir aux autres bien qu'il me soit toujours plus aisé de me croire de bonne foi quand les autres devinnent au bout de deux secondes que je les mène en bateau. Je suis mon meilleur pigeon.

L'insecte géant me voit hésiter à descendre. Cela l'ennuierait et elle me le fait savoir en pinçant encore plus fort mon oreille. Cette fois-ci, je la prends à pleine main et la dépose sur une autre branche en fronçant les sourcils. Pour condamner mon geste, ses yeux globuleux me regardent avec mépris.

"Méprise-moi, bestiole, tu me pardonneras encore. Comme à chaque fois." C'est ce que je pense mais pour ne pas la fâcher, je reste sur ma branche. Elle s'envole un peu plus haut, elle sent qu'elle ne va pas aimer ce que je vais faire.




Je sors ma baguette.

Siffle tout de même pour l'alerter de ma présence.

Attends qu'il lève la tête pour voir avec qui je vais passer le temps.

Je le vois. Beau. Encore.
Cette école fabrique de véritables Apollon.
Tant mieux. Tant pis. Je ne sais pas.

Je tends ma baguette vers monsieur Nostalgie.

Sort pour me divertir? "Incarcerem!"
Informulé. Je veux vraiment faire bonne pêche, alors je pêche sournoisement. Mon geste est parfaitement gratuit. Je le sais. Je me soignerai une autre fois.

J'aime qu'il ait la tête tournée vers moi au moment où le cordage, que propulse vers lui ma baguette, s'apprête à l'emprisonner.

Je lui souris. C'est ma façon de me présenter:


Bonjour, lui dis-je à haute voix, avec courtoisie, du haut de mon vieux chêne.

"Que ma fête commence."

La photo, que continuait à regarder Alexandrei, l’avait replongée une fraction de seconde dans ses souvenirs. Elle ne cessait de montrer les deux fidèles amis d’enfance présentant la pyramide comme un trophée. Mais il fut brutalement tiré de sa rêverie par un sifflement strident, semblant provenir de l’arbre sur lequel il s’était appuyé. Par reflexe, il releva la tête et chercha des yeux la source du bruit. Ses yeux durent s’habituer à l’obscurité, avant qu’il ne soit capable de l’apercevoir. Un visage. Jeune apparemment. Suffisamment jeune pour appartenir à l’un des élèves de l’école. La situation qui s’en suivit fut plus difficilement explicable pour le jeune Bulgare. Une sorte de corde avait jailli de l’endroit ou été situé le jeune homme pour venir l’enserrer. Sa main gauche fut plaquée contre sa poitrine, écrasant la photo contre son cœur - Simple coïncidence ? -. Son autre bras bloqué contre son flanc droit. Il ne pouvait plus bouger, au risque de tomber ventre contre terre.

Poudlard était véritablement un lieu étrange. Il était simplement venu ici, ne demandant, comme à l’accoutumé, rien à personne, méditer sur ce qui le touchait au plus profond de son être. Et le voilà, prisonnier d’un individu méprisant, que ne s’était même pas donné la peine de provoquer un combat loyal.

De prime abord, Alexi ne se sentit pas en danger. Après tout, ce n’était qu’un simple élève de Poudlard qui voulait de faire une mauvaise blague. Mais peut-être se trompait-il ? Peut-être que cette personne était un criminel et que l’issue en serait fatale. Il lui fallait trouver rapidement une solution à la situation.

Sa première idée fut de transplaner un peu plus loin, de se saisir de sa baguette et de contre-attaquer. Il se concentra, comme il en avait l’habitude avant de voyager, et ferma les yeux. La désagréable sensation que l’on pouvait ressentir en transplanant ne se produit pas. Alexi n’avait pas bougé d’un pouce. Il devait être très certainement encore trop proche de Poudlard pour pouvoir le faire. Il devait trouver rapidement autre chose. Il essaya tant bien que mal à dégager quelque peu sa main droite pour qu’elle puisse saisir la baguette magique qui était dans sa poche quand son agresseur lui parla.

Un simple "Bonjour ". Tout ce qu’il y a de plus classique. Etrange manière de faire les présentations ! Mais ce simple mot détendit le jeune Bulgare. Est-ce qu’une personne malintentionnée prendrait-elle le soin de saluer la personne qu’elle agresse ? Probablement pas !

Ne désespérant pas de trouver une solution à son problème, Alexandrei continua à tenter de saisir sa baguette tout en relevant la tête pour présenter à son tour ses salutations.

" Bonjour ! Beau temps n’est-ce pas ? " lança-t-il avec une pointe d’ironie dans la voix.

Il était à quelques centimètres seulement de sa baguette, encore un effort et il arriverait à la prendre. Et à ce moment là, les règles du jeu changeront.

…Excepté que je suis tout sauf un débutant. Sortilège de bienvenu lancé, et "bonjour" de convenance ne sont que mes hors d'œuvres. Le repas commence à peine et le petit poisson est pris dans mon filet. Sucré ou salé? Je me demande. Il faudra goûter pour savoir. Ô Sacha! Quand cesseras-tu de faire l'enfant? Jamais. Je suis un vilain garçon. Ceci étant dit, jeu de main, jeu de vilain. Je suis sur mon terrain.


Accio baguette!

Et vient le bout de bois. Je regarde la confection de la baguette qui ne ressemble pas à celles des Royaumes-Unis.

Jolie, dis-je en lui souriant de mon asile au feuillage mort et obscur.

Il n'a pu voir le sourire que dans son imagination mais l'entendre, oui, il l'aura pu. La baguette n'est pas d'ici. Un étudiant venant d'ailleurs, ou alors Ollivender et ses congénères se diversifient. Je penche pour ma première théorie.

Sandwi l'insecte n'aime pas que j'ai d'autres centres d'intérêt qu'elle. Elle me gâche tout mon plaisir en ne pariant pas avec moi sur la trivialité que je pourrai dégager de cette rencontre. Mon bras tendu vers elle ne l'attire pas. Trouver un moyen simple de la satisfaire. Je lui tends la baguette du sorcier attaché pour qu'elle la garde. Ma complice accepte mon présent et devient la consigne du jeune homme étranger que voilà. Je descends finalement de l'arbre avec son consentement amer, marqué par ses ailes frétillantes qui se rabaissent sur sa carcasse de crabe aux couleurs chamarrées.

"Il me faudra trouver un animal plus sortable. Une Sandwi, c'est trop voyant."

En bas de l'arbre. Je ne regarde pas encore ma pêche. J'époussette tranquillement mon duffle coat. Pour rien, vraiment, puisque je viens finalement m'asseoir en tailleur face à mon plat de résistance – oui, je viens de le décider entre temps vu que son regard me plaît. Ces choses-là, chez moi, c'est deux secondes de réflexion. Le plus dur est toujours le "comment", jamais le "pourquoi".

Je reste silencieux face à lui, décompose tout ce que je vois. Il tient toujours la photo, ne la lâche pas, bien plaquée contre son cœur. Des yeux clairs et profonds qui ne sont pas inquiets. Des épaules larges qui me le montrent sportif. Des cheveux bien trop long… j'hésite à sortir ma baguette pour lui proposer une nouvelle mise en pli. Je n'en fais rien. Je ne cherche pas non plus à lire dans ses pensées, je me contente de l'observer minutieusement.

"Pas de Poudlard…
c'est le Champion de Durmstrang."

Je me rappelle alors le repas de fin d'année, fêtant l'ouverture du Championnat et la remise des diplômes. Il me semble que c'est lui. Je fronce les sourcils, plus pour jouer que pour démontrer d'une réflexion intense. Je finis par lui demander:


Ca va?

Sandwi me rejoint en volant du haut de l'arbre. Fidèle, elle. Elle tient toujours la baguette entre ses pinces et vient la déposer sur moi après s'être installée sur mon épaule.


Je te présente Sandwi, mon insecte de compagnie, dis-je pour ne pas laisser trop de silence entre mon "ça va" et l'atterrissage de Sandwi.

La situation m'est agréable. Je ne compte pas le délivrer de ses liens tout de suite. J'attends de voir combien de temps il mettra avant de me demander de le délier.

Moins d'une minute, il attendra une heure.
2 minutes, il devra rester ainsi 45 minutes.
5 minutes, 30 minutes etc…


Quant à moi, je m'appelle Sacha.
J'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer.

Les situations impossibles à vivre s’acharnaient sur le sort du jeune Bulgare. Alors qu’il était enfin presque parvenu à toucher sa baguette du bout des doigts, il l’a sentie se dérober, comme attirée par un aimant invisible. Un sortilège d’attraction, tout ce qu’il y a de plus simple.

Il était maintenant totalement prit au piège. Son agresseur devait être toujours positionné sur le haut de son arbre. Alexi l’entendait bouger. Il n’avait toujours pas réussi à voir bien distinctement son visage, avant que celui-ci ne daigne descendre de sa cache. Il le vit tout d’abord de dos, marcher pour s’assoir en face de lui. Il était plus grand que lui mais ne semblait pas être un grand sportif. Sa silhouette svelte faisait contraste avec les arbres massifs qui les entouraient. Il devait avoir approximativement le même âge qu’Alexandrei. Un septième année certainement.
Son visage était plutôt agréable à regarder. Des traits qui devaient certainement cacher un quelconque mal être pour céder aussi facilement à l’agressivité.

Alexi resta interdit, regardant, presque amusé, sa manière de parader devant lui.

"On ne peut mieux." lui avait-il répondu d’un ton dégagé.

La seule et unique solution qu’il pouvait encore exister pour libérer Alexi de cette étreinte résidait dans une seule chose. Un héritage ancestral. Seule chose qu’il ait véritablement obtenue de ses parents. Dès son plus jeune âge, il avait découvert avec surprise, qu’en plus d’être un sorcier, il avait le pouvoir de contrôler les éléments. L’Eau, le Feu, l’Air et la Terre n’avait plus de secret pour l’élémentaliste qu’il était.

Il fut donc satisfait de voir la cause de ses problèmes prendre place devant lui sur un lit de feuilles mortes. Mais il devait encore réfléchir à la manière la plus appropriée pour mettre à genou son vile agresseur qui semblait ne porter d’affection qu’à un simple et repoussant insecte.

Puis il se présenta. Tout aussi naturellement qu’il l’avait salué. Son prénom était Sacha.

Alexandrei ne répondit pas immédiatement, il ne savait plus vraiment quoi faire. Garder le ton de l’ironie qu’il avait opté depuis le début ou choisir une inflexion plus acide ? Il aurait pu user de ses pouvoirs sur le jeune homme sans attendre plus, mais paradoxalement, une petite voix intérieure lui disait de patienter encore et de choisir un moment plus approprié.

"Alexandrei. C’est mon prénom ! Je t’aurais volontiers séré la main mais tu m’excuseras … " lui dit-il en lui montrant ses mains bloquées.

Puis il se tu. Sacha semblait vouloir lui réserver une autre surprise, ce qui n’était pas pour le réconforter à la vue de leurs premiers échanges. Finalement, la décision qu’il avait prise précédemment d’attendre avant d’agir paru une moins bonne idée. Il décida néanmoins de poursuivre dans cette direction et de découvrir les intentions du jeune garçon. Ce après quoi, il agira.

Les sorciers de Poudlard avaient la réputation de n’être pas suffisamment préparés aux forces du mal. Alexi, lui, cohabitait avec ces puissances depuis son plus jeune âge. Malgré qu’il ne soit pas d’une nature à faire preuve de cruauté, si la situation ne s’arrangerait pas, il n’hésiterait pas un instant.

Une décharge électrique parcouru son corps. Il ne savait pas encore s’il éprouvait un sentiment de désir ou de dégoût, mais le baiser qu’il avait reçu du jeune garçon le déconnecta de la réalité. A quoi jouait-il ? Quel être, normalement constitué, pouvait se plaire dans une situation pareille ?


Il préféra ne pas répondre à ce furtif effleurement et se contenta de le foudroyer du regard. Toute cette mascarade commençait à lui devenir insupportable. Quoi de plus humiliant que de se retrouver à la merci d’un inconnu ? Il fronça avec force les sourcils, ce qui assombrit radicalement son visage, comme pour désapprouver ce qu’il venait de se passer. Une réaction on ne peut plus normal pour n’importe qui se trouvant dans ces conditions, mais plutôt déplacée pour Alexi.

Etrangement, il avait des difficultés à estimer depuis combien de temps il était dans cette situation. Cinq minutes … Un quart d'heure … Une heure ? Et la position dans laquelle il était n'arrangeait rien. Elle provoquait progressivement, une douleur lancinante dans chacun des ses muscles. Malgré la force avec laquelle ses liens étaient sérés, il remua légèrement ses membres, l'un après l'autre, pour éviter que l'ankylose ne s'installe. Cela lui procura un bien fou.


Sacha continua ensuite à lui parler d’un procès, ou Alexi en serait l’intimé. Le paroxysme du paradoxal. S’il devait y avoir un quelconque procès à faire, ce devait être à Alexandrei de le présider. Quoi de plus normal ? La victime, c’était lui.


Il resta de marbre pendant tout le monologue du jeune homme. Peut-être encore sous le choc.


Ce qui l’offusqua le plus, fut très certainement la dernière phrase de Sacha. Qu’il l’agresse, l’embrasse et le juge étaient des éléments déjà bien suffisants sans qu’il soit nécessaire qu’il remettre en doute son courage et sa capacité à faire face.


"Combien de temps avant de m'enfuir ? Mais qu'est-ce que tu crois ? Que j'attends une permission ?

Si j'avais vraiment voulu m'échapper, je serais déjà parti.

Ta question est mal posée, Sacha ! Tu aurais plutôt dû me demander si j'allais rester ici, près de toi, ou si j'allais partir et te laisser seul.


Ce n'est pas mon genre de fuir, même devant le danger." termina-t-il calmement.

L'anglais était une langue qu'Alexi avait appris dès son plus jeune âge, notamment avec Enki. Mais il était plus souvent habitué à la compréhension orale qu'écrite. Il dut donc reprendre sa lecture plusieurs fois pour parvenir à comprendre ce que Sacha était entrain de lui reprocher.


Il laissa retomber son regard sur lui, presque amusé par la situation maintenant qu'il était convaincu que ce procès était une indubitable parodie de justice.


Les liens qui l'avaient martyrisés depuis le début de cette histoire cédèrent un à un pour se retrouver amassés en petit tas à ses pieds. Il les dégagea d'un geste sec comme pour se venger de toute la souffrance qu'elles lui avaient fait endurer jusqu'à présent.

Etant libre de tous mouvement, Alexi ressentit le besoin de s'étirer pour détendre tous ces muscles endoloris, tout en gardant du regard son adversaire.

Un duel. C'est ce qu'il voulait, et sans magie qui plus est.


"Ok ! Je suis partant !

Mais tu es sûr de ne pas vouloir conserver ta baguette magique ?" lui dit-il en tendant la main dans sa direction.


Des étincelles venues de nulle part crépitèrent dans sa paume. Elles se mirent ensuite à tournoyer de plus en plus rapidement jusqu'à former un cercle de flamme fin. A son tour, celui-ci prit de l'ampleur, et le cercle se transforma en une boule de feu. Elle était parfaite, et le camaïeu de jaunes qu'elle offrait diffusait sa lumière et sa chaleur tout autour d'elle. C'était un petit astre solaire que tenait le jeune Bulgare entre ses mains.

Ce pouvoir le fascinait. Et pourtant, il ne l'avait jamais utilisé contre un être vivant - pour le moment tout du moins -. Dans un claquement sec, il mit fin au spectacle. Il écrasa la sphère qui continuait à grossir. Elle disparu dans une pluie d'étincelles qui illumina rapidement la noirceur des lieux.

"Je m'en voudrais d'abîmer ta belle gueule d'ange." ajouta-t-il une fois sa manipulation terminée.

Un petit rictus s'était dessiné sur son visage, comme pour mettre au défi son concurrent de poursuivre dans la même direction que lui.


"Ou alors ... tu préfèrerais peut-être que l'on utilise que … – il le jugea d'un rapide coup d'œil de haut en bas – notre force physique ?! lanca-t-il amusé.

"Quelle force physique? Je suis foutue comme une danseuse" me dis-je en évaluant à nouveau le corps du prisonnier sur parole.

Alors je ne prendrai pas le risque. Je ne lui dis pas que c'est par manque d'assurance que je ne souhaite pas le corps à corps... Attendez, je réfléchis à nouveau... Non, non, même pour un corps un corps, je ne m'opposerai pas à cette masse humaine.


Je ne voudrais pas abîmer ton beau visage, dis-je sans me croire. Si lui me croit, c'est qu'il est beau mais sans esprit ou alors ses méthodes d'évaluation sont différentes des miennes.

Ne nous égarons pas, j'ai bien d'autres choses à penser lorsque je vois naitre dans la paume de sa main une boule de feu qui rabaissa encore d'un échelon la confiance que j'avais dans ce duel. Un élémentaliste de 17 ans. Ne me serais-je pas mis dans une situation dangereuse? Si. De toute évidence. Mais cela ne sera pas la première fois alors l'enjeu m'intéresse deux fois plus encore. Il n'oserait pas utiliser le feu dans la forêt sèche d'un hiver écossais et soudain l'alternative Forêt Interdite m'est encore plus alléchante. J'élimine un de ces quatre éléments. Non seulement la forêt est interdite mais il doit bien exister quelque part une loi qui interdit aussi d'y mettre le feu. J'espère.


Je prends, dis-je en lui souriant avec motivation.

Ensuite, ce qui est intéressant lorsqu'on a du Juge Lara Impartial dans le sang, c'est que les lois de la magie n'existent plus. Alexandrei, sur le sol de Poudlard est soumis aux lois restrictives du transplanage mais pas moi. Alors je lui adresse un petit geste d'au revoir de la main, de la même main, je lui indique la forêt interdite de l'index et je disaparais de sa vue pour transplaner vingt mètres plus loin sur un sentier déjà touffu et obscur qui mène au coeur de la forêt.

"J'ai promis de ne pas utiliser ma baguette contre lui... mais certainement pas de ne pas l'utiliser tout court."

Je commence à courir à travers le bois en prenant soin d'allumer ma baguette d'un lumos pour que de loin Alexandrei me repère. Je n'ai qu'une hâte: affronter vent, eau et terre car moi aussi, j'ai encore bien des secrets cachés à révéler.

Il accepte. Très bien, nous allons enfin pourvoir nous rendre compte de ce que valent les étudiants de Poudlard. On entendait souvent dire, que le professeur Dumbledore ne les préparerait pas suffisamment à l'attaque, qui était souvent mise de côté pendant les cours que les élèves recevaient, et que la défense prenait une place beaucoup trop importante. Ce n’était pas une si mauvaise idée au final … Sacha allait devoir faire preuve d’une très grande maitrise des forces défensives pour ne pas trop souffrir des attaques d’un élève de Durmstrang.

Le transplanage réussi du jeune homme laissa Alexi perplexe. Pourquoi, lui, n’y était-il pas arrivé ? Ne décidant de ne pas s’attarder sur le sujet, il se dit qu’après tout, ce genre de méthode de transport n’avait jamais été son fort, et qu’il avait dû, par manque de concentration peut-être, raté la règle des trois D.

Il réapparu à une vingtaine de mètres de lui, encore plus plongé dans les profondeurs de la forêt interdite. D’un œil amusé, Alexi regarda son concurrent allumer sa baguette magique et courir. Lui, ne se précipita pas. Il resta debout là ou il était et ramassa au sol un morceau de bois.

De la même manière qu’il l’avait fait pour créer la boule de feu, Alexandrei tendit la main. Une fine pluie se mit à tomber à quelques dizaines de centimètres au dessus de celle-ci. Mais au lieu que l’eau ne tombe et dégouline, on aurait pu croire qu’elle était entrain de remplir un récipient sphérique invisible. Lorsqu’il fut totalement plein, la pluie cessa de tomber. Si quelqu'un d'autre avait croisé le jeune Bulgare dans cette forêt, il aurait pu imaginer qu'il était entrain de tenir une boule de Crystal comme celles que l'on peut voir pendant les cours de divination.

Dans un geste similaire à celui des joueurs de Baseball moldu, Alexandrei lança le globe d’eau dans les airs. Ses deux mains saisirent l’extrémité du morceau de bois et il frappa avec force dans le globe. A Durmstrang, il était le capitaine de l'équipe de Quidditch de la maison Tiwaz alors le globe qu'il envoya, se comporta comme un cognard fou. Il partit droit devant lui, dans la trajectoire de Sacha.

Alexi fixa le projectile du regard. Tel un obus, il passa à coté d’un arbre, puis d'un deuxième, ... 3 … 4 ... Se rapprochant dangereusement du jeune Poudlardien.

Il le manqua de peu. Au lieu d’atteindre sa tête, il percuta violement une branche qui était à proximité et explosa en répondant toute l'eau qu'il contenait.


"Hum … Dommage" dit-il dans un murmure et laissant retomber nonchalamment le bras qui tenait sa batte improvisée.


La seule consolation qu'il pourrait avoir, fut que Sacha ait reçu une bonne partie de l'eau au moment de l'explosion.

Il ne l'avait pas quitté du regard, et voyait très bien ou il se dirigeait. Il devait être à une trentaine de mètres maintenant et pour ne pas le perdre de vue, il se mit à courir à son tour pour grignoter petit à petit l'écart que Sacha avait creusé.


"Faisable !" ajouta-t-il avant de prendre sa première impulsion.


Il courra aussi rapidement qu'il le pouvait et ne cessait de juger la distance qui les séparaient. 30 mètres, 28 … 26 … 27 … 26 … 24 … …

Il y mettrait le temps qu'il faut mais il arriverait bien à se rapprocher de lui.


"Il sera essoufflé avant moi !" pensa-t-il.

Je cours. Passe entre les branches dont certaines appartiennent à des arbres vicieux qui aimeraient me garder contre eux. J'abîme mes vêtements. Je déteste ça mais ça n'est pas fini. Je ralenti avant de voir se percuter contre l'arbre devant lequel je me tiens, une énorme boule d'eau. Elle m'éclabousse, ma chemise est trempée. Blanche. Je me vengerai.

Alexandrei se rapproche. J'éteins ma baguette, me faufile le long d'un tronc et parviens à la plus haute branche. J'y prose mon manteau et marque l'arbre d'une croix qui prendra une teinte verte après une formule magique que je prononcerai lorsque je reviendrai chercher mon vêtement. Dans ma poche arrière, je glisse tout de même mon journal que je n'abandonnerai jamais à la pluie ou aux hasards, à l'intérieur de mon duffle coat abandonné.

Quand j'entends le bulgare arriver vers l'endroit où je suis. Je tends ma baguette vers le sol. Les feuilles commencent à se mouvoir et à former un mur... puis un être humanoïde... puis un géant de feuilles mortes et d'humus. Le bonhomme de feuilles a la tête à hauteur de l'arbre où je suis. Je saute de ma branche et m'agrippe à ce qui pourrait être l'épaule de l'énormité que je dirige du bout de ma baguette. Je le fais se cacher dans les ombres de la forêt et d'un chêne plus grand que lui, en attendant qu'Alexandrei n'arrive. Ca me demande beaucoup de force. Beaucoup trop de force et de concentration. Je fatigue mais je tiendrais jusqu'à ce que ce bonhomme affronte le jeune sorcier étranger.

Justement, 20... 19... 17... 15... je le vois se raprocher... 14... 12... 10... J'arrive au bout de mes forces. Tenir... encore un peu. Juste pour le surprendre et lui signifier qu'il n'est pas le seul à maîtriser son environnement. J'aime me la raconter. Non... c'est faux: ce que j'aime, c'est simplement essayer. Tout essayer.

Quand le bulgare approche enfin, je dirige ma marionnette de 10 mètres de haut vers le sentier qui barrera la route à mon adversaire. Le bonhomme se penche. Pour ne pas tomber, j'essaye de me tenir à une racine qui entoure son cou, à la façon des rennes pour les chevaux. Feuille-mortes Bibindhomme (?) se penche vers le jeune homme, l'organe de préhension grand ouvert pour le saisir.

Mais voilà... Plus de force. Trop grand. Trop difficile.

Je tombe au sol dans un grand bruit sourd. Le bonhomme perd sa forme de géant et retourne à la nature. Tas de feuilles qui nous recouvre tous les deux.

"Une tombe pour deux... génial" me dis-je sans trouver la force de me relever et de dégager le tapis qui m'étouffe.

Il m'est impossible de crier. Sauf si je souhaite avaler la terre et la poussière. Je ne le souhaite pas. Je ferme les yeux. Serre ma baguette dans mon poing. Elle ne m'a pas quitté.

Je perds, alors j'attends qu'Alexandrei me dégage de là et savoure sa victoire.

"Il reste quoi? deux minutes de duel?..."

J'attends. Jambes engourdies. Perdant.

Il était de plus en plus difficile pour Alexi de progresser vers son but. L’obscurité régnait telle une déesse. Seule la petite lueur dansante de la baguette de Sacha le guidait, évitant parfois quelques arbres qui semblaient être apparu de nulle part devant lui. Ses grandes enjambées, lui permettaient de ne pas trébucher sur les racines, branches mortes ou souches qui offraient un véritable parcours du combattant.


Le fil d’Ariane qui guidait Alexi s’estompa pour disparaitre. Le jeune Bulgare dut alors s’arrêter pour distinguer la direction qu’il devait choisir. Debout, à quelques mètres du sentier, il tendit l’oreille pour localiser le jeune Serpentard. Un craquement … Un bruissement de feuilles que l’on foule sans management lui permit de poursuivre. Il continua encore quelques mètres, se réorienta une nouvelle fois et reprit son chemin. Le silence assourdissant de la forêt fut rompu par une envolé de corbeaux terrorisés. Quelque chose s’approchait.


Au loin, dans la pénombre, un arbre particulier semblait se dessiner. L’espace d’un instant, Alexandrei cru que son esprit lui jouait des tours et que les ombres de la forêt lui mimaient des monstres pour l’empêcher d’aller plus loin.

Dubitatif, il reprit le chemin du sentier, continuant droit devant lui. Ses sens commençaient à s’altérer. Il n’était plus convaincu de ce qu’il entendait … de ce qu’il voyait. Et pourtant, quelques secondes eurent suffit pour confirmer que la forme qu’il avait confondu avec un arbre peu de temps avant n’en était pas un. Un monstre était devant lui. Sacha était sur son épaule et semblait le guider difficilement. Comment un sorcier aussi jeune pouvait-il invoquer une telle force ?


Alexandrei resta interdit. La tête relevée vers le sommet de la chose. Il n’avait pas bougé … pas encore décidé ce qu’il allait faire.


" Le Feu ? " s'interrogea-t-il.


Pensée vite refoulée. Ce tas de feuilles et de branches mortes embrasés auraient eu vite fait de consommer une partie de la forêt. Sacha y compris.


Alexi n'eut pas besoin de trouver une solution à ce problème. Au fur et à mesure que le colosse avançait, il semblait perdre de sa splendide. Sa démarche était de moins en moins fluide et Sacha, du haut de son acolyte, semblait en être au même point que lui.

Encore quelques pas de sa démarche gauche et il s'effondrât. Alexi n'eut pas le temps d'anticiper quoi que se soit. Il vit une masse informe d'humus s'effondrer sur lui comme une vague pourrait le faire en Mer.


Son corps céda sous le poids du géant démantibulé. Toutes sortes de bruits effroyables vinrent lui agresser les oreilles. Les quelques secondes qui se passèrent semblaient être devenues des heures entières. Une nouvelle fois emprisonné, Alexi ouvrit péniblement les yeux. Le calme de la Forêt Interdite semblait avoir reprit son chemin. Il souffla pour dégager de son visage des brindilles indésirables.


Avant de se retrouver dans ce cocon hermétique, il avait pu distinguer la silhouette de Sacha tombée de sa monture. Il devait être là … quelque part … lui aussi enseveli.


" SACHA ! " hurla Alexandrei.


Aucune réponse. Les gravats semblaient empêcher à la fois la communication et la respiration. Halletant, il avait de plus en plus de mal à respirer normalement et reprendre son souffle.


Il tenta de bouger, mais ses gestes restaient inexorablement vains. Le cocon se transformait en mouroire.


Il devait essayer quelque chose, rester comme cela allait obligatoirement le mener à sa perte.


" FERMES LES YEUX SACHA ! " s'époumona-t-il dans le doute.


Lui-même obéit à sa propre recommandation. Il était fatigué, et sa concentration devenait plus difficile à établir. Il dût s'y reprendre à plusieurs fois avant que le tas de bois se mette à bouger.


Au dehors, les feuilles les plus légères se mirent à tourbillonner. Puis ce fut au tour des branches d'être emportées. Progressivement, le tout s'accélérait. Une tornade adaptée à la situation se forma pour commencer à les libérer. Le sommet des amas diminuait telle une glace fondant au soleil avant de se soulever entièrement du sol.

Le poids des branches sur le jeune homme se levait. Il pouvait respirer à nouveau. Résurrection passive.


Avec précaution, il rouvrît les yeux. Leur ancienne prison se trouvait à quelques centimètres au dessus de leur corps comme emprise dans une bataille contre des forces invisibles. Dans tous les sens, branches, feuilles, brindilles et tous les éléments qui avaient constitué le monstre végétal s'entrechoquaient à une vitesse vertigineuse et se retrouvaient à leur tour prisonnier par la puissance des airs d'un élémentaliste. Alexi qui contrôlait le phénomène le déplaça loin d'eux. Une fois hors de porté, les vents cessèrent de martyriser les éléments, et le tout s'effondra pour reformer un autre tas à quelques mètres cette fois.


Il se releva doucement. Chancelant même. Son plus gros problème n'était pas encore résolu. Sacha. Il fallait mettre fin à ce petit jeu. Il y a des forces en magie à ne pas utiliser si on ne peut les maîtriser. Le jeune Serpentard semblait être très doué, mais ça folie douce devenait dangereuse.


Baguette au poing, il était allongé dos au sol. Les yeux encore fermés. Avait-il suivit son conseil ?


Alexi pouvait voir sa poitrine se soulever. Il se dirigea vers lui et resta une fraction de seconde à le contempler. Puis, nonchalamment, il s'assit à califourchon sur lui. D'une main, il attrapa avec force l'extrémité de sa baguette, la pointant dans une direction sûre.

Il abaissa sa tête pour rejoindre le creux d'une de ses oreilles.


"Je te donne deux possibilités.


Tu lâches ta baguette. Je gagnerai alors mon procès. Tu me donneras ce qui m'est dû et tu diras à ton insecte de me rapporter gentiment ma baguette."


D'un geste lent de la tête, il quitta son oreille, traversa sa joue, frôla ses lèvres en s'y attardant, avant de trouver refuge près de son autre lobe.


"Second choix. Tu ne lâches pas. Nous en garderons alors chacun un morceau."


La main d'Alexi qui tenait la baguette du jeune Sacha lui fit comprendre dans un mouvement de torsion que s'il le fallait, il serait prêt à la rompre.


"Mesdames, Messieurs, La Cour !

Verdict ?"




HJ : Bibendum

La pression de l'amoncellement de feuilles sur ma cage thoracique décroît mais je n'ai toujours pas la force d'ouvrir les yeux. L'élémentaliste a bien fait son travail et nous délivre l'un et l'autre de notre prison commune. J'ai de la terre sur les paupières. Ma main libre se dirige vers mon visage pour l'épousseter mais soudain une autre pression vient me couper le souffle. Je tousse pour évacuer la surprise. Au passage, je recrache un peu de terre. Me passe le dos de la main sur la bouche.

Alexandrei… une pression sur ma baguette… il tient l'extrémité… me propose de récupérer son dû.

"Mesdames, Messieurs, La Cour !

Verdict ?"


Je propose un non lieu, dis-je en souriant au milieu d'un nouveau toussotement. Pour vice de forme: il est interdit de séduire la cour comme tu le fais.

Je relâche doucement la pression de ma baguette pour qu'il la saisisse tel un trophée témoin de ma déchéance. J'aime le goût de la défaite quand j'y gagne un peu d'amusement.

Une fois que ma baguette est lâchée, j'appelle Sandwi pour qu'elle lui rapporte la sienne. Il est très étrange cet insecte avec lequel je parviens à établir des liens qui relèveraient presque de la légililancie. Elle arrive assez vite mais pendant le silence, mes yeux enterrés et privés de cette vision du jeune bulgare vainqueur, je ne peux m'empêcher de montrer mon impatience quant à sa requête. Pour moi, ceci n'est que le début du jeu. Gagner n'est pas une fin en soi.


A quoi devrai-je survivre comme sentence? Pas trop d'humiliation, je t'en prie, perdre aussi bêtement a déjà eu raison de mon amour-propre... tiens, voilà Sandwi...

La bestiole vole avec énervement et tourne plusieur fois en rond autour du crâne d'Alexandrei, adoptant un comportement de rapace, ou peut-être de mère protectrice. Elle n'est pas contente de voir le jeune homme assis sur mon ventre.

"Moi, j'en suis ravi."

Elle lâche la baguette sur sa tête puis vient se poser à hauteur de mon oreille. Ses mandibules, que je ne lui connaissais pas dans son anatomie de monstre insecte, viennent me piquer fortement dans le cou. Quelque chose se diffuse en moi. Une chaleur agréable comme une solution de force mais à l'odeur âpre. Instantanément, je sens mes atouts revenir.

Mais quel est cet insecte? Il faudra que je pense à aller chercher dans un manuel de créatures magiques. Je ne me suis jamais penché sur la question.

"Enfin... pour l'instant, c'est celui qui est penché sur moi qui m'intéresse..."

Alexi resta sur ses gardes malgré la position dans laquelle il était. Sacha baissait les bras trop rapidement à son gout. Il pointa sa baguette sur son cœur, suffisamment fort pour créer une petite dépression.

Sandwi arriva dans un vrombissement d'ailes sur les lieux. Cet insecte semblait avoir la capacité d'anticiper tout ce qu'il se passait. Il sentit quelque chose lui atterrir sur la tête, et il comprit rapidement qu'il s'agissait de sa propre baguette magique. Il la ramassa et se retrouva alors avec une baguette dans chaque main.

Son regard replongea dans celui du jeune Serpentard. Il resta assis sur lui, mais prit la peine de soutenir son poids pour lui permettre de mieux respirer.


"N'est-ce pas le jeu de l'avocat que de séduire la cour ?" l'interrogea-t-il sourire aux lèvres.

"Je ne te connais pas Sacha, mais quelque chose me dis que quoi qu'il se passe, tu n'es pas du genre à respecter tes engagements. Raison pour laquelle je ne te demanderai rien."



La véritable explication à cette réponse résidait dans le fait qu'Alexi n'avait pas eu suffisamment de temps pour réfléchir à ce qu'il aurait pu lui demander en gage. Mais après quelques secondes de réflexion, il se ravisa.


"Si … Peut-être une chose … Une simple question."


Il se pencha alors sur lui comme il l'avait fait auparavant pour la lui murmurer.


"Quel est ton secret Sacha ?!"



Il hésita un moment avant de développer ses pensées mais préféra au final laisser son prénom en suspend dans les airs.

Alexi n'était pas un adepte de l'humiliation et la seule chose qui l'avait interpelé chez le jeune homme - mis à part sa beauté - avait été cette capacité, bien que maladroite, à maîtriser des éléments de magie surpassant les pouvoirs que l'on pouvait attendre d'un jeune homme de 17 ans.

Transplaner dans des endroits impossibles. Etre étroitement lié à une créature magique au point d'en faire une complice. Invoquer des monstres sylvestres, restaient des situations encore inextricables pour le jeune Bulgare.

Alexi se releva et s'écarta d'une dizaine de centimètres.


"Evanesco !"


Dans sa paume, une petit nuage de fumée verte apparut et fit se volatiliser la baguette de Sacha.


"Si tu ne réponds pas à cette question, tu faillieras au contrat du duel qui nous a uni et je pourrai me consoler en me disant que tu aurais également refusé ma volonté la plus cachée. Mais je ne t'en voudrai pas …


Je te rendrai ce qu'il t'appartient quand je serai sûr de tes intentions à venir."


Avec assurance, il lui tendit sa main pour l'aider à se relever.

La réponse bien préparée de Sacha résonnait faux dans sa bouche et Alexandrei était loin d'être dupe. Il ne put s'empêcher de réprimer une petite moue moqueuse, signifiant très clairement qu'il n'en croyait pas un traitre mot.


"Sacha ! Je ne t'ai pas obligé à me répondre. J'aurais respecté ton choix plutôt que ton mensonge."


Alexi n'était pas d'une nature impulsive et tous ses gestes étaient minutieusement étudiés avant d'être pratiqués. Il ne put donc s'empêcher un léger recule lorsqu'il vit Sacha désarmé s'avancer vers lui.

Décidément, le personnage du jeune Serpentard semblait prendre un malin plaisir à déstabiliser Alexi en lui proposant expressément ce qu'il désirait au plus profond de son âme. Et justement, ce beau garçon devant lui, lui confessait qu'ils avaient un but commun. Leurs lèvres.

Alors pourquoi attendre plus ? Pourquoi ne pas s'offrir ce qu'ils désirent ?


Pense : " Je ne sais pas ! "


Le Pour et le Contre contrebalançait dans sa tête. Il avait souvent rêvé de situation similaire, tout du moins dans leur finalité, et aujourd'hui, devant un fait accompli, il n'arrivait pas à se décider, ou plutôt, à céder. Céder à sa volonté. Alexi l'avait tellement souvent mise de côté, quant il était question d'Enki, qu'il n'était plus capable de lui obéir.


Devant lui, Sacha était prêt à l'accueillir dans ses bras et lui, incertain ne put qu'avancer une main dans sa direction avant de la retirer.

Son corps semblait être en ébullition. Déchiré entre l'envie et la peur de ce qu'il allait pouvoir se passer. Une situation étrange à décrire, mais très certainement perceptible de l'extérieur.


Il devait se convaincre. Après tout que risquait-il ? On ne parlait ici que d'un baiser ! Oui mais si lui en espérait plus. Il avait souvent été confronté à ce genre de situation, ou l'on ne fait qu'effleurer le bonheur, sans jamais le toucher, comme les étoiles dans le ciel. On peut les voir, parfois même ressentir leur chaleur, croire qu'elles nous appartiennent alors qu'en réalité, on ne pourra que les contempler.

Comment y parvenir ? Comment trouver la phrase clé qui permettra de débloquer la situation ?


Pense : " Je ne sais pas ! "


Pourquoi se compliquer autant la vie ? Pourquoi ne pas faire preuve d'un peu plus de courage ?


Pense : " Je ne sais pas ! Je ne sais plus ! "


Un hochement de tête. Significatif. Séparation ? Union ?


Pense : " Je ne sais pas !!! "


Pense : " Cherches ! "


3 … 2 … 1 … Une impulsion difficile à comprendre qui provoque la petite étincelle du bonheur. Juste ce qu'il faut pour mettre le feu au brasier.

On ne peut véritablement parler de courage ici, mais plutôt de raison. Il n'a rien à perdre … tout à y gagner.


Décider, Alexandrei tendit le bras pour se saisir de Sacha et le tira brusquement pour le caler contre son corps.

Ses yeux se perdirent dans la profondeur des siens avant de se fermer. Une photographie psychique de son visage se grava alors dans son esprit. Lentement, il fit glisser ses deux mains contre sa taille, avant de lui apposer doucement le baiser tant convoiter sur ses lèvres.

La vie intérieure d'Alexandrei semble subir quelques émois suite à ma confidence.

De deux choses l'une.

S'il prend la peine de réfléchir sans me coller impulsivement son poing dans la tronche, c'est qu'il envisage.

Un garçon faisant des avances à un autre, si le courtisé ne trouve pas d'intérêt aux spécimens de son propre sexe, d'ordinaire l'essai se solde par une insulte, une violence et, pour les plus émotifs, par une mauvaise blague. Toujours est-il qu'ils repoussent assez vite l'invitation.

Pas Alexandrei. Alexandrei envisage…

"Maintenant, je suis bien curieux de voir ce qu'était cette photo qu'il gardait si prêt de son cœur…" me fais-je en le contemplant, pris dans l'étau de son examen de conscience.

Il envisage toujours.

Il peut tout à fait envisager de me coller son poing dans la tronche après m'avoir fait subir une atroce souffrance.

Mais sa réflexion s'écoulant jusque dans les traits de son visage me laisse penser, avec étonnement, qu'il envisage vraiment.

"Tiens donc, Alexandrei apprécie les garçons… réellement? Quelle chance!"

J'imagine alors la balance que doit endurer son esprit. Rempli de "et si, et si…" ou de "pourquoi" et de "pourquoi pas".

Je patiente en égarant mon regard dans sa chevelure, ses tempes qui battent au rythme de sa pression sanguine, ses yeux clair assombris par la lourdeur de son dilemme dont j'ignore les tendances.

Les secondes qu'il vole à cet instant me font jouir d'une satisfaction assez malsaine: j'aime qu'il se prenne la tête pour un simple baiser. Heureusement que je ne demandais rien de plus.
Pour l'instant.

Mon amusement est débusqué soudain par sa main sur ma taille qui m'attire brusquement contre lui. La décision fut-elle aussi brutale à prendre que ce bras qui m'entoure?

Il mitraille mon regard. Nos deux pupilles sont un yin et un yang qui s'invitent et se défient. Je ne serai jamais le yin. Trop de lumière dans ma vie. J'accepte d'être son miroir opposé.

Sa bouche s'abat sur la mienne avec plus de douceur que ne le fit son bras sur mon corps.

Ma sensation est immédiate et remonte le long de ma bouche, vers mes joues, mon front, ma nuque. La chaleur surprise de cet assaut éclate ensuite dans l'ensemble de mon être.

Le ventre. Concentration avide de toutes mes sensations. Abri impeccable de mes instincts éveillés.

Mes mains trouvent leur chemin contre les épaules d'Alexandrei et remontent jusqu'à son cou que je presse un peu plus fort pour appuyer le baiser et sentir de ses lèvres, de sa salive, la moindre particule évocatrice. Je désire. Le désire. Désir.

Ma faute ce qu'il se passera ensuite. Je fais un pas en avant, le forçant à reculer contre l'arbre derrière nous. Un peu trop violent mon geste peut-être, le baiser cesse le temps de reprendre son souffle.

Reprends. Je bois sa bouche avec une concupiscence démesurée comme un poison délicieux qui marque le début de nos pertes communes. Je le perdrai, il me perdra quoi que devienne la suite de la soirée. Avoir. Pourquoi je n'arrive pas à me soigner de cette imperfection ? J'ai besoin d'avoir, de posséder, l'autre face à moi. Avoir d'Alexandrei tout ce que je peux.

Je ne me rends compte qu'un peu tard que mon genou le coince contre la robuste nature du chêne où l'on accole nos silhouettes invisibles et moi, qui suis penché sur lui, qui l'entoure comme une prison. J'aurais donc réussi à lui faire payer sa peine. Je souris, je viens de détacher nos lèvres sans me reculer. Reste contre lui. Je retrouve ses yeux et le questionne:


Alexandrei, c'est moi qui ai perdu et tu me récompenses… que veux-tu? Qui était sur ta photo?

Et mon petit doigt me dit que cette deuxième question a un très bon timing compte tenu de la situation. Si on me demandait ce que je préfère en moi, j'aurais tendance à dire mon cynisme. Si on me demandait en cet instant ce que je préfère en Alexi, je répondrai "sa tentation".

Les battements de son cœur s'accéléraient. Le plaisir s'insinuait en lui comme une substance chimique qui le transposa littéralement dans un autre monde. Un monde encore plus vaste et plus idyllique que celui du rêve. A ce moment présent, il n'était plus dans cette froide forêt anglaise d'un mois de décembre. Ses peines, ses tourments, ses embarras l'avaient quitté sans laisser aucune trace d'eux.


La connexion qui s'était établi entre les deux jeunes hommes cessa un moment pour mieux reprendre. Un rapide retour à la réalité avant de se laisser une seconde fois emporté dans le nouveau monde qu'il venait à peine de découvrir. Sensation Incommensurable. Il se laissait emporter dans un gouffre de plaisir sans se soucier de ce qu'il pourrait trouver au fond. Question futile dans un moment pareil.

Il profitait de chaque instant. Chaque millimètre carrée des lèvres de Sacha était inspecté et testé. Approuvé même.


Puis, vint le moment de la séparation. Une déchirure semblant ôter une partie de lui. Profitant de ses derniers instants, il conserva encore les yeux fermés et finit par le rouvrir péniblement. Retour à la réalité.


Il esquissa un sourire. Il avait devant lui le visage de Sacha. Il ne regrettait pas d'avoir rouvert les yeux. Il le tenait dans ses bras, adossé contre un arbre. Il ne se rappelait pas avoir bougé. Leur deux corps ne semblaient faire qu'un. Et Alexi resserra encore un peu son emprise. Juste pour le garder près de lui.



La photo d'Enki et d'Alexi près d'une pyramide d'Egypte, qu'il regardait avant de rencontrer Sacha, lui était complètement sortie de la tête. Il l'avait rangé dans sa poche intérieure quand il avait été libéré de ses liens. Troublé par la question du jeune Serpentard, Alexi regarda l'endroit ou elle devait se trouver au travers sa veste.


"C'est un souvenir !" souffla-t-il guère plus fort qu'un murmure.


"Un souvenir de quelqu'un qui a beaucoup compté pour moi." ajouta-t-il avec un regard à nouveau redevenu trouble par ses pensées. Son étreinte se relâcha.


Mais le corps qu'il tenait entre ses bras le rappela rapidement. Il remonta l'une de ses mains dans le dos de Sacha pour le rapprocher encore un peu plus près de lui.


Un deuxième sourire. Plus intense cette fois.


"Un ami d'enfance. Enki il s'appelle."


Alexi n'avait pas envie de lui cacher quoi que ce soit. Il venait de subir une sorte d'initiation à ce que la vie pouvait réserver. Intérieurement, il avait déjà abandonné l'idée de pouvoir concrétiser quelque chose avec Enki. Il n'espérait plus rien maintenant, et ce qu'il venait de se passer avec Sacha, confirmait les sentiments qu'il portait à son ami, préfet des Poufsouffles.


Pense : Un ami. Rien de plus.


"Pourquoi cette question ?" l'interrogea-t-il d'un air faussement dégagé.


La question de Sacha était-elle uniquement mue par la curiosité ou s'intéressait-il vraiment à la vie du jeune Bulgare ?

Evidement, il était bien trop tôt pour connaître les véritables desideratas de Sacha vis-à-vis d'Alexi, mais celui-ci ne pouvait s'empêcher de se poser la question. Qu'attendait-il de lui ? Qu'attendait-il d'eux ?