Embauché à Poudlard...

Pour les jeux Inter-Ecole, Baten en tant qu'étudiant en médecine sorcière, avait été approché par le directeur de Poudlard pour lui proposer de faire son stage d'étude au sein de l'école. Il n'avait pas fallu plus de deux secondes de réflexion à l'ancien serdaigle pour accepter.

Selon le directeur, il travaillerait à mi-temps à Poudlard et aux Trois Balais si Madam Rosemerta avait encore besoin de lui. Le directeur lui avait envoyé un hibou avec un mot de passe qu'il devrait utiliser pour se rendre à son bureau et donner sa décision finale, recevoir ses ordres, horaires etc...

Il était très tôt ce matin-là. L'ancien serdaigle monta les marches de Poudlard avec une certaine émotion. En fait, plus il pénétrait dans l'école moins il se sentait bien. Il ne se sentait pas bien du tout même, des fantômes-souvenirs habitaient dans le moindre recoin du château. Il espéra ne pas croiser Micka, ni sa soeur, Deneb. Il n'était pas encore prêt à leur parler. Il lui faudrait néanmoins les prévenir. Micka pouvait ne pas bien prendre la nouvelle et se sentir étouffé, pensait-il. En plus, il serait considéré comme un membre du personnel... Dumbledore avait précisé dans le hibou qu'il lui avait envoyé, qu'il avait "quelques détails" à arranger pour que tout soit clair pour son recrutement. Intérieurement, Baten se doutait que Micka serait un sujet de discussion.

Il atteignit d'un pas rapide la statuette à laquelle il délivra le mot de passe, monta les marches quatre à quatre et frappa à la porte du directeur.

"Nous y voilà..." se dit-il en tâchant de reprendre son souffle.

Le professeur Dumbledore entendit frapper quelques coups à sa porte. Depuis son bureau, il leva le regard vers l'épaisse porte en bois qui s'ouvrit seule. Il découvrit le jeune Baten sur le pas et d'un geste amical, tout en levant le bras vers une chaise, il l'invita à entrer et s'asseoir.

- Bonjour jeune monsieur Céti, je vous remercie d'avoir accepté de venir si tôt ce matin. Asseyez-vous et dites-moi tout de votre décision même si j'ai cru comprendre que votre réponse était positive.

Le coeur battant non plus à cause des marches escaladées mais à cause de l'effet que cela produisit sur lui de découvrir le vieux professeur sereinement assis derrière son bureau, Bat alla s'asseoir. Plusieurs années auparavant, c'était pour faire part de sa décision de quitter Poudlard qu'il s'était trouvé dans ce bureau. Les portraits aux murs le reconnaissaient et souraient avec bienveillance.

Ca lui fit étrange de se faire appeler "monsieur" il avait dû sans s'en rendre compte cligner des yeux pour réaliser que maintenant, aux yeux des autres, il était un monsieur.

"Waou, il va falloir que je trouve quelque chose pour éviter qu'on me donne trop de "monsieur", sinon je risque de vieillir d'un coup" pensait il en prenant place.

Il inspira longuement et sans plus attendre fit part de son consentement.

"Oui, tout à fait... l'aventure me tente. Je veux bien m'occuper des secours sur le championnat et de l'infirmerie avec madame Pomfrey et en son absence aussi" dit-il tranquillement en attendant que ça soit le professeur qui mette sur la table les conditions d'embauche.

Le directeur opina du chef. La réponse était attendue mais il sourit de satisfaction malgré tout.
Avant d'aborder un sujet qu'il n'affectionnait guère considérant que la vie privée des gens ne devaient pas entrer en ligne de compte dans la gestion de Poudlard, il posa devant monsieur Céti () le parchemin du contrat de travail.

Le contrat établissait les conditions de travail, la rémunération, les horaires...

- Vous travaillerez donc du mardi au vendredi de huit heures à seize heures. Je vous laisse la liberté d'aménager vos horaires de repas comme vous l'entendez, vous avez une heure et demie pour déjeuner. Cependant, lors des jeux, il vous faudra être plus présent, les horaires changeront en fonction des étapes. Madame Rosemerta et moi-même avons conclu un arrangement durant cette période. Elle gérera les Trois Balais sans vous, si vous l'acceptez.

Le professeur tendit une plume au jeune homme pour qu'il puisse signer si cela lui convenait.

Les horaires et la rémunération lui convenaient. Il commençait à 17 heures aux Trois Balais et terminait vers 19h30 en semaine et 21h le week-end. Ca lui ferait un emploi du temps costaud mais il fallait bien ça pour ses études. Une telle expérience lui apprendrait beaucoup. C'était toujours mieux que de travailler tout de suite, enfermé à Sainte Mangouste comme ses amis du Cycle Supérieur de Magie en Médicomagie.

"Pour moi tout va bien" dit-il en saisissant la plume pour signer.

Il rendit la plume et le parchemin laissant le silence se faire, en attendant encore la question.

Le professeur prit le parchemin, le signa et le dupliqua à l'aide d'un sortilège qu'il ne formula pas. Il laissa au jeune homme aux yeux violets un exemplaire et classa le sien.

Notre cher directeur voyait bien que Baten Kaïtos savait qu'ils avaient une autre chose à discuter. Le jeune homme attendait silencieusement que le vieil homme aborde la question, ce qu'il fit sans plus de suspens.

- A présent, il me faut parler d'un point d'ordre plus personnel vous concernant, monsieur Céti. Vous savez comme les bruits courent vite et si à l'extérieur de mes murs votre vie n'appartient qu'à vous, ici je me dois d'exiger certaines choses, comprenez-vous de quoi je veux parler?

Baten sourit et décontracta tous ses muscles car son coeur n'en finissait pas de battre. Le début de la phrase ne lui paraut pas très optimiste, il craignait le pire pour sa relation avec Micka. Le jeune infirmier blémit mais se forçait à continuait de sourire.

"Je viens de la retrouver, ne m'en séparez pas..." priait-il auprès de n'importe qu'elle bonne étoile.

"Oui, je sais de quoi vous parlez. Micka Harris" compléta t-il d'une voix monocorde.

Le directeur sourit paisiblement au jeune monsieur Céti car il le voyait fébril et anxieux pour ce qui allait suivre.

- Vous allez être un membre du personnel. Micka Harris est une élève...

Le professeur Dumbledore aurait bien dit "monsieur Céti" mais il se redit compte alors du gouffre psychologique que cela pouvait causer pour lui.

"Il n'est qu'un jeune homme" se dit le directeur en regardant les jeunes mains de son hôte.

- Cela vous dérange t-il que je vous appelle Baten? Nous serons amenés à nous voir souvent, je voudrais voir nos rapports moins conventionnels, sourit le vieil homme.

Baten était sous tension, il voulait connaître le fin mot de tout et avait l'impression que le directeur le ménageait. Il croisait et décroisait les doigts posés sur son ventre. Il ne trouvait plus de positions confortables pour faire face et recevoir les recommandations du professeur.

Cesser de l'appeler "monsieur Céti" était tout de même quelque chose qui lui facilitait la tâche. Il ne voulait pas être un monsieur, il voulait être le jeune assistant de madam Pomfresh, étudiant encore pour une année.

"Aucun problème, professeur. J'avoue que je préfère "Baten" à "monsieur Céti"

N'y pouvant plus, l'ancien serdaigle libéra ses pensées et confia au directeur de Poudlard:

"Ecoutez, je sais ce que vous souhaitez... en tout cas, je m'en doute... mais, je... Micka, je l'aime, professeur. Je... je l'avais perdue, elle est de nouveau dans ma vie, je ne veux pas la perdre encore. Je vous garantie que notre relation n'affectera pas notre travail, ni le sien ni le mien. Je lui parlerai... mais, je... il ne faut pas me dire que..."

Baten était bouleversé et peinait à trouver les mots justes. Il ne terminait pas ses phrases, begayait ses pensées. Il aurait simplement voulu qu'on ne lui dise jamais d'abandonner Micka.

Il ne voulait pas qu'on lui dise de mettre son amour en veilleuse.

- Calmez-vous mon jeune ami, fit le directeur toujours avec sérénité, je ne doute pas des sentiments que vous portez à miss Harris. Vous comprenez cependant que je vous demande de vous tenir éloigné d'elle durant les jours où vous travaillez ici. Il ne s'agit pas de l'éviter mais de la protéger de ce que pourraient en penser les autres élèves, ainsi que les professeurs de Poudlard. Je sais que cela est difficile d'avoir en face de soi ceux qu'on aime sans pouvoir agir librement avec eux mais ici, mademoiselle Harris est mineur et non diplômée. Elle est Micka Harris de poufsouffle. Elle a perdu déjà beaucoup de temps dans son parcours et il ne faut pas que ses pensées soient détournées de son travail. Ni les vôtres.

Le professeur se leva et alla poser une main sur l'épaule du jeune Céti.

- C'est plus que de la discrétion que je vous demande mais moins qu'une rupture, entendez-vous? Je vous demande, le silence.

Le silence? Son être entier criait Micka, comment faire taire cela? L'éviter, c'est ce que voulait dire le professeur. Ils devaient faire "comme si" mais Bat, lui, se sentait plutôt "comme ça". Il savait qu'en la présence de Micka agir comme si elle lui était inconnue ne serait pas une mince affaire. Ses yeux, ses regards posés sur elle trahiraient plus que des mots ou des gestes.

"Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas? Je dois travailler, je dois réussir." pensait Baten en sentant la main compatissante du directeur sur son épaule.

Baten se leva doucement, l'entretien devait être terminé: ne pas voir Micka, l'éviter dans l'école. Lui qui craignait que de revenir à Poudlard pourait donner à Micka l'impression d'étouffer, cela ne serait pas le cas. Ils devraient donc attendre, comme pour n'importe qui, les vacances pour être tranquilles.

"Et encore, les vacances, je les passe ici pour le championnat..."

Pour le jeune étudiant, ce serait un supplice de la savoir dans les mêmes murs et de ne pas pouvoir la voir aussi souvent que possible. Il fallait se résoudre.

"Je vais aller lui parler, je lui expliquerai" dit-il d'une voix impassible au professeur à présent face à lui.

Le professeur Dumbledore raccompagna le stagiaire à la porte en gardant son sourire bienveillant sur lui. Il lui serra la main avec fermeté et avant de refermer la porte derrière lui, d'une voix posée après avoir jeté un regard bref aux tableaux des anciens directeurs, il conclut:

- Evidemment, j'ai beaucoup de travail et je ne compte pas vous poursuivre dans le château pour vérifier que vous respectez cette recommandation... je vous fais confiance, Baten, termina le professeur dos au tableau, avec un rapide clin d'oeil complice.

"Pas vu, pas pris" songea t-il en souraint chaleusement au jeune homme.

La porte se referma sur le visage souriant et le clin d'oeil du professeur. Il eut du mal à s'avouer qu'il avait bien compris ce qu'il avait compris.

"Il ne sera pas là pour nous surveiller..." essayait de reconstituer Baten "Cet air entendu... ce vieux est génial!"

Baten resta un instant sur le pas de la porte fermée à réfléchir. Le professeur ne les chasserait pas, mais ils devaient tout de même se prémunir de certaines choses pour ne pas que leur travaux respectifs en pâtissent. Il espéra qu'il n'était pas en train de changer la réalité de ce qu'il avait compris du comportement du professeur pour que cela soit à son avantage.

Il descendit les marches en colimaçon et passa la statue pour se retrouver dans le couloir. Drôle de journée, qu'était celle-ci. Il pourrait travailler à poudlard, près de Micka et de sa soeur. Ils devraient faire attention à n'être jamais vu avec sa petite amie, c'était la clause qu'impliquait le professeur dans son clin d'oeil.

"Il ne nous surveille pas, mais nous ne devons pas être vus, sinon il ne pourrait rien pour nous..."

Les risques encourus, il préférait ne pas les imaginer. Il continua de descendre les marches. Il fallait qu'il se rende chez lui pour rapporter ses affaires à l'infirmerie et commencer dès le mardi matin son nouvel emploi, près de Micka.