[Couple N°13] Hermione Granger et Ernest Dudikoff

Hermione s’était mise à jouer. J’étais assez loin de la scène mais en voyant sans vraiment voir, je percevais ses doigts fins et graciles, parcourir avec vitesse et précision les touches, ivoire et ébène du piano. Je ferme les yeux pour mieux apprécier sa musique. Pourtant, même les yeux clos je la vois, dans sa fine et élégante robe noire, soulignant ses courbes gracieuses. Je perçois ses mains, alors que je suis entouré par les notes de Chopin. Cette musique me donne une impression de réelle joie de vivre, d’amusement et d’après midi d’enfants dans les salons et les chambres d’une maison de personnes de haut rang du XIXème siècle. Un peu de passé, de présent et de futur se mêlent.

Pendant un moment, j’ai une sensation de légère irritation. Elle ne vient pas de moi, je crois que ça vient d’Hermione, qui pourtant est là bas, sur l’estrade. Je suis presque sûr que ça vient d’elle pendant un court instant. J’oublie. J’ouvre les yeux, un peu surpris. C’est déjà fini…

Hermione vient me rejoindre, d’un pas si léger, que je ne sais si elle marche ou vole. J’ouvre mes bras, pour accueillir cette plume gracile. Elle ferme les yeux et vient se lover sur moi, tendrement. Je la serre doucement contre moi. Elle me murmure qu’elle a fait des fautes dans le morceau. C’était cela l’irritation. Je referme les yeux et pose ma tête contre la sienne. Ses cheveux sentent toujours aussi bon. Je murmure à mon tour.

-Ce n’est rien, moi j’ai dû en faire une bonne centaine. J’ai été un peu trop ambitieux je crois. Un grand trait des Serpentard.
Je suis content d’avoir reçu ce lion sur l’épaule. J’aimerai le garder toujours.

Je pourrais rester contre Hermione comme ça pendant des heures. Eternellement peut être. Pourtant je sens que la soirée touchera bientôt à sa fin. Ca sera bientôt l’heure de désigner le couple vainqueur du Bal. Ca m’importe si peu. C’est vraiment secondaire pour moi, à ce moment précis, et même ça l’a toujours été, ne pensant pas même m’imaginer avoir une cavalière. Il faut que nous nous évadions encore une fois, avant la soirée, il le faut. J’ai le sentiment qu’après ce soir, le manque de moments magiques se feront vraiment cruellement ressentir pendant une semaine, sans ma compagne. Nous nous sommes presque assoupie, l’un accroché à l’autre.

Hermione. Allons-nous promener encore un peu. Bientôt la soirée sera fini et on devra chacun regagner notre dortoir. Ayons un moment rien qu’à nous, seuls. Allons aux serres.

Elle accepte et je l’embrasse. Main dans la main, nous prenons la direction voulue. Peeves est dans un couloir au rez-de-chaussée, je l’entends remplir des sceaux en tôle d’eau glacé dans la salle de bain. Hermione n’entends rien. Finalement peut être que moi non plus. Nous prenons une autre direction, on ne sait jamais.

Arrivé devant les serres, je lui bande les yeux avec un mouchoir en soie, que j’avais gardé dans ma poche, la prends par le bras et nous commençons notre promenade, sous la lumière des étoiles et de la lune, passant à travers le verre de la serre.

D’un pas sûr, je la fait se promener entre les fleurs phosphorescentes et autres merveilles. J’aimerais qu’elle profite d’abord des odeurs délicates de ses fleurs, plus loin, je lui enlèverais le bandeau, quand nous auront atteint le banc en face de l’arbre Noxolumos, arbre brilliant, guide de nombreux sorciers errant la nuit.

Le seul point de repère qui lui restait une fois les yeux bandés, était le parfum d'Ernest, à dominance épicée, cannelle tout d'abord, puis, adouci par la fleur d'oranger. Il est son guide. Elle s'accrocha à son bras droit et repensa à la première fois qu'ils s'étaient promenés dans la serre, à la plante qui l'avait emportée dans les airs, sa chute au sol, Ernest qui l'emmène loin dehors, inquiet...

La balade se révèle être un vrai feu d'artifice de parfums. Elle ne savait pas exactement dans quelle serre ils étaient. La nuit avait caché le numéro à ses yeux, et elle n’avait pas pensé à regarder la forme de la poignée. Elle essaya de se repérer grâce à son nez. Elle pensa alors aux « nez » moldus qui élaborent les parfums.

Les quelques premiers pas étaient difficiles à cause de l’absence de repères concrets. De plus, le parfum d’Ernest était trop présent à ses narines pour lui permettre de distinguer les plantes ou racines qui les entouraient. Peu à peu, cette impression s’estompa. Les formes de la première odeur qu’elle reconnut dessinèrent la plante dans son imaginaire : le gingembre. Il était utilisé dans la potion d’aiguise-méninges… Hasard ou coïncidences ?

Ils continuaient leur lente marche. Elle se demanda où il voulait l’emmener lorsqu’une seconde plante vint titiller son esprit. Un parfum qu’elle connaissait, qui se rattachait à un de ses souvenirs de classe. Un effluve délicat qui marque la fragilité de la cosse… Une puffapod, si on la tombe elle explose en donnant naissance à de jolies fleurs roses.

Une lumière diffuse perçait à travers le mouchoir de soie. Elle comprenait à présent où il voulait l’emmener. Cet arbre revêtait une signification précise pour lui, pour sa lumière, son rôle de guide. Elle s’y était rendue plusieurs fois avec Ginny lorsqu’elles voulaient discuter entre filles. Ses feuilles sentaient le caramel. Lorsqu’on mange une dragée de Bertie Crochue dessous, cette odeur de caramel peut à elle corriger le goût de cérumen qu’elle peut avoir… Un arbre de lâche devant les mauvaises surprises ! Elle souriait seule quand elle perçut une autre senteur qui l’appelait à ses souvenirs.

Sucrée, veloutée, un fruit gorgé de lait… des figues. Serre n°3, c’était là qu’ils étaient, elle en était sûre. Des figuiers d’Abyssinie bordaient les dix mètres qu’il restait à parcourir avant d’arriver au fameux Noxolumos. Cette promenade de sens et de souvenirs lui avait fait oublier le bal. Elle serait restée là pour l’éternité si on le lui avait demandé. Elle se détacha du bras d’Ernest et agita ses mains devant elle jusqu’à ce qu’elle sente les feuilles, puis les branches d’un arbre. Elle se débrouilla maladroitement pour cueillir une figue et la garda dans la main. Ernest la prit par la main. Ils arrivaient devant l’arbre et le banc qui se trouvait dessous.

Il défit le mouchoir et la regarda en souriant. Nul besoin de parler, ils se comprenaient. La figue était mûre et elle la montra à Ernest s’il en voulait. Ils restèrent là, un moment, à parler, d’eux, du monde, de figues, de souvenirs…
Puis, dans un profond sentiment de regret, ils rentrèrent dans le château pour assister à la fin du bal et répondre à leurs questions.

« Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu'on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c'est une absurdité
Car à la vérité
Ils sont là c'est notoire
Pour accueillir quelque temps les amours débutants »

Georges Brassens





Edit Juge: Pour le zéro, c'est moi. Demandez voir, à Mickael pourquoi... mais de part d'autres voix, je donnerez les points que j'ai envie de donner
Félicitation, très beau sujet