Retour aux Sources.

Tout était là.

Rien n'avait changé.

Les senteurs.

Cette atmosphère si particulière.

La disposition de chaque objet.

Tout était là.

Et pourtant, lorsque le directeur de Poudlard entra à nouveau dans son bureau, ce ne fut pas sans une certaine appréhension, à retrouver des habitudes qui lui semblaient encore il y a peu de temps à jamais perdues.

Il était resté quelques minutes sur le seuil de la porte, le regard assombri par ses pensées. Il jeta un rapide coup d'oeil en direction des portraits des anciens directeurs et Albus eut un léger rictus lorsqu'il aperçut la tentative ratée de Phineas pour feindre le sommeil.

Il avança de quelques pas qui le conduisirent vers une longue table où une multitude de stroboscopes étaient parfaitement alignés. D'un geste absent, il passa furtivement ses doigts calleux sur chacun d'entre eux et il poussa un léger soupir lorsque son index en fit frémir un. Il le saisit délicatement et le glissa dans la poche de sa robe blanche.

Il continua ensuite sa marche, avec toujours cette même attitude de découverte et de nonchalance, et s'arrêta cette fois-ci devant le perchoir de son fidèle ami retrouvé. Il lui murmura quelques paroles réconfortantes et lui offrit une caresse bienveillante.

Un dernier regard reconnaissant vers Fumsec, et Albus Dumbledore rejoignit le fauteuil de son bureau sur lequel il s'assit après quelques secondes d'hésitation. Ce n'était pas tant la visite qu'il allait recevoir qui lui procurait cet état incertain, mais plutôt l'étrange sensation qu'il n'aurait peut-être jamais pu revoir tout ce qui était autour de lui.

Lentement, il avait entrelacé ses deux mains et avait fixé ses jointures vieillies pendant plusieurs minutes, avant que le silence de la pièce, parfois troublé par des ronflements approximatifs, fut définitivement rompu par trois bruits secs.

Il releva la tête vers les grandes portes de son bureau et les ouvrit avec un informulé.

"Entrez jeune homme, je vous en prie, entrez et asseyez-vous." dit-il dans un sourire en indiquant au garçon une chaise.

"Installez-vous correctement, je crois que nous avons besoin de discuter un petit peu ensemble. N'hésitez pas à prendre un bonbon s'il y en a un qui vous fait envie." termina-t-il en suivant le Serpentard des yeux.

HJ : PV Sacha

Fin mai chante sa mélodie déraillée aux branches des arbres.

Je suis abasourdi que ces fouines de la Contre Armée aient pu libérer le professeur Dumbledore aussi facilement. Et pas un seul des membres de l'Armée des Ombres n'est venu me prévenir. Tous repartis avec leurs petits pouvoirs éphémères et forts de s'en servir et d'en profiter, ils ont oublié ce pour quoi nous étions réunis. Pleutres. Oiseux. Ce sont les mains dans les poches mais assez perplexe que je me rends dans le bureau de l'ancien-re-nouveau directeur. Pourquoi veut-il me voir? Juge aurait-elle fait une erreur de calcul?

"Protégé qu'elle disait... Et son Maillet, à quoi sert-il cet arcane de malheur si ce n'est pour me protéger?"

J'ai passé la moitié de la journée à m'exercer à l'occlumancie pour n'être pas dépouillé de mes secrets. Difficile quand on ne connaît pas de légilimens. Je ne donnerai pas son nom, mais une jeune fille a accepté de recevoir un Baiser et de posséder un temps cette faculté pour que je puisse m'entraîner sur elle. Cacher mes pensées. Cacher mon passé. Ne pas faiblir devant le vieil homme, ni devant sa bonté. Je le sais perspicace et si c'est moi plutôt qu'un autre qu'il veut voir à présent qu'on le sait de retour, il est clair que ce n'est pas pour mes beaux yeux fatigués et cernés.

Le fil de mes pensées se consomme lorsque je suis arrivé devant la porte. Frappe. Elle s'ouvre. Mon cœur bat, bat, bat... rarement je me suis senti aussi fébrile. J'entre silencieux.

Bonjour professeur.

Je prends la chaise qu'il m'indique et refuse les bonbons, d'un mouvement léger de la tête.

Tant qu'il ne s'adresse pas à moi, je ne lâcherai pas un mot de plus. Que me veut-il? Ca, j'aimerais bien le savoir. Que sait-il? Pourvu qu'il n'en sache pas trop. Oui, j'ai peur. Pour la première fois, je crains. Beaucoup de choses indicibles et inexplicables. Je reste sur mes gardes et il m'est éprouvant de corroder mon imagination au portrait de cet homme qui me parait vieux, chétif, lent et qui pourtant serait capable de me broyer d'un retour de la main. Peur de me rendre compte que ses connaissances dominent les possibilités de mes mensonges. Peur de devoir utiliser la chevalière du Juge contre lui. Peur de n'avoir plus jamais l'opportunité de défendre Charlotte... peur. Alors je reste impassible et concentré.

Son visage était détendu. Regardant le jeune homme prendre place devant lui, il aurait été incapable à quiconque de pouvoir déterminer les impressions du vieil homme. L'atmosphère d'une entière sérénité s'était légèrement alourdie lorsqu'il était entré. Certains portraits avaient définitivement laissé tomber leurs mascarades et regardaient désormais la situation d'un œil exercé. Fumsec, qui avait pris l'habitude de surgir dans les situations les plus extrêmes, s'était élevé de son perchoir pour venir se poser sur le haut du fauteuil de son maître. Le professeur le regarda alors, quittant quelques instants son hôte du regard, et hocha ensuite la tête. Le phénix s'éleva une nouvelle fois et disparu dans le crépitement d'une pluie de flammes qui moururent avant d'atteindre le sol.

Albus retourna au jeune homme et déposa sur la surface du bureau lisse et usée par le temps le scrutoscope. L'objet retrouva instantanément son inertie lorsqu'il le lâcha.

"Je ne vais pas vous expliquer pourquoi je vous ai fait venir ici, car mon humble esprit me dit que vous connaissez déjà cette réponse.

Voyez-vous, j'ai toujours désiré connaître au mieux mes élèves. Mais aujourd'hui, après les évènements qui se sont produits à Poudlard et dont je suis convaincu que vous avez entendu parler, je suis obligé de constater que j'ai failli à cette règle que je m'étais imposé.

Aucun sorcier, aucun mage, aussi puissant soit-il ne peut découvrir les secrets que la vie tient en réserve. Nous ne pouvons faire que des hypothèses. Imaginer une suite de choses qui forme un tout plus ou moins appréciable pour le vieil homme que je suis. Et je dois une nouvelle fois avouer que je n'avais pas imaginé qu'une telle situation puisse se produire à Poudlard.

Il y a des élèves, comme la Juge Lara l'a été, dont vous êtes persuadé qu'après Poudlard vos routes se croiseront une nouvelle fois, mais leurs contextes restent plus difficilement appréciables.

Malgré que j'en arrive à un âge avancé, comme vous avez très certainement pu le remarquer, je ne souhaite pas vous retrouver à l'avenir dans une situation aussi noire que celle-ci.

Me comprenez-vous ? Jeune homme."

Son regard était plongé dans le sien. Aucune tentative de Légilimancie. Ce n'était pas sa manière de faire. Pas avec ceux qui utilisaient l'occlumencie comme seul rempart à la vérité. Il respectait ce choix et toute cette énergie développée qu'il n'aurait pourtant eu aucun mal à outrepasser.

La grosse bestiole s'envole fidèlement par-dessus l'épaule de son maître. Je suis les flammes, elles sont une sorte de diversion me permettant de détourner mes yeux du professeur. J'écoute ses paroles avec attention, poursuivant du regard le moindre objet, le moindre mouvement qui m'évite de faire lui face. La galerie de portraits nous écoute avec recueillement. Je suis surpris de ne pas y voir un portrait du Juge... Que ferait-elle si son image mouvante était dans ce bureau avec nous? Crierait-elle "vieux schnock, laisse-le tranquille, c'est qu'un gosse, il ne sait pas ce qu'il fait."

"Malgré que j'en arrive à un âge avancé, comme vous avez très certainement pu le remarquer, je ne souhaite pas vous retrouver à l'avenir dans une situation aussi noire que celle-ci. Me comprenez-vous ?"

Je ne lui réponds pas tout de suite. Il me faut le temps de réfléchir à ce qu'il vient de dire et à cet enchaînement de sous-entendus.

"Je ne souhaite pas vous retrouver à l'avenir dans une situation aussi noire que celle-ci."

Cette phrase. Je viens de trouver ce qui me chagrine dans ce discours. Chagriner est l'euphémisme derrière lequel se cache mon ressentiment subit. Cela monte tout doucement en moi: Croit-il sincèrement que j'ai choisi cet abysse? Que la douleur me charme et que ces crimes me séduisent? Le premier a engendré les suivants et je paye désormais mon premier choix. Néanmoins, le chemin que j'ai pris, je l'assume car j'ycrois. Et non, très cher Directeur, je sais mon futur plus sombre encore. Les dés ont déjà été jetés. Mais si pour vous décharger du rôle que vous avez pourtant accepté d'endosser lequel est de nous éduquer, je me dois de vous rassurer en vous promettant sans y croire "très bien, Padre, je ne le referai plus". Alors, oui, très bien, Padre:

Je comprends tout à fait.

On me dit le marionnettiste quand je ne me sens que le pantin. Je ne contrôle plus rien. Oh, oui, c'est compris, admis et accepté. Plutôt deux fois qu'une: nos routes ne se recroiseront plus, quel que soit le contexte.

Sortir d'ici, vite, j'étouffe... Mince... Des images distordent mon esprit, s'insinuent en ma tête. Qui enfonce une aiguille dans mon crâne? Ca fait mal! Je me penche doucement en avant en enveloppant mes tempes entre mes mains et lui demande malgré moi:

Qui...? Qui sera directeur de Poudlard quand vous serez parti?

Comment puis-je savoir ça? Pourquoi ressens-je le besoin de lui poser cette question? Quelles sont ces images qui m'ont envahies. Trop de questions. Trop de questions. Pas de réponse. Sortir d'ici, vite, j'étouffe...

Charlotte Leonhart a écrit:: ~†~ Il était tard. Entre 22h et 23h. La plupart des élèves étaient dans leurs salles communes, dans leurs dortoirs. Certains discutaient, d'autres lisaient, et d'autres encores dormaient déjà profondément. Un petit bruit se fit entendre à l'une des fenêtres du dortoir des filles en 4e année à Gryffondor. Personne ne bougea. On tapa un peu plus fort contre la vitre. Une jeune fille se leva et décida d'aller voir, curieuse. C'était un hibou, de l'école qui plus est. A cette heure tardive ? Surprise, elle ouvrit la fenêtre. Le hibou s'engouffra immédiatement dans la pièce et vola directement vers une certaine Léa Baldwin, un parchemin accroché à l'une de ses pattes. Il la regarda de ses grands yeux jaunes, jusqu'à ce qu'elle prenne la lettre qui lui était destinée. Sa missive remise, il partit sans demander son reste, tandis que la jeune Léa lisait cette lettre nocturne... ~†~

' Bonsoir Léa,

J'espère que je ne te réveille pas. Si c'est le cas, j'en suis désolée mais je ne pouvais pas t'envoyer cette lettre avant. Je préfère qu'il y ait moins de risques qu'elle tombe entre d'autres mains que les tiennes.
Je sais bien que nous ne sommes pas vraiment en de bons termes mais je te demande de faire abstraction de tout ce qui précéda cette lettre. Ce que j'ai à te dire est d'une toute autre importance qu'une petite querelle entre deux élèves...

J'ai entendu dire que tu faisais partie de la Contre Armée, celle qui lutte contre les Ombres. Je ne sais si c'est vrai ou faux, mais mes sources sont assez fiables pour que j'ose l'affirmer. Ne me demande pas comment ni par qui je l'ai su, cette personne préfère rester anonyme. Je le sais, voilà tout...
J'ai entendu des bruits dans les couloirs, des rumeurs...
Certaines, je suis sûre que tu les as déjà entendues, disent que Sacha de Lansley serait le chef des Ombres. D'autres, nouvelles, laissent entendre que ce serait lui qui aurait enlevé le Professeur Dumbledore. Une autre prétend qu'il va aller voir notre directeur ce soir, dans son bureau.
La dernière est toute récente, je l'ai entendue dans l'après-midi.

Voilà pourquoi je t'envoie cette lettre. Tu es la personne dont je suis la plus sûre de son appartenance à la Contre Armée. Et puis même, pour t'avoir déjà parlé, je sais que tu n'as pas froid aux yeux, en bonne Gryffondor qui se respecte.
Je te contacte donc afin de savoir si tu accepterais de te rendre avec moi ce soir, dans le bureau du directeur.
S'il est vrai que de Lansley a enlevé le Professeur Dumbledore, je n'ose même pas imaginer ce qu'il pourrait lui faire, s'il se retrouvait seul avec lui...
Je n'agis pas vraiment pour le Professeur Dumbledore, mais plutôt contre le Juge Lara Impartiale, ou tout autre dictateur ou dictatrice susceptible de la remplaçer si notre directeur actuel venait à disparaître à nouveau subitement...
Je te donne donc rendez-vous ce soir dans le bureau de Dumbledore.
Il est fort probable que j'ai du retard, j'ai à faire. Cependant, lorsque tu arriveras, tu n'auras qu'à prétendre que je t'ai convoquée dans le bureau du directeur.
En attendant que j'arrive, il serait bien que tu essayes de faire parler de Lansley, en évoquant les rumeurs dont je t'ai parlées. N'hésite pas à citer mon nom pour te couvrir.
Si tu ne t'en sens pas capable, je le ferai moi-même en arrivant... Dans ce cas, essaye peut-être "d'amuser la galerie", de les distraire mentalement. N'importe quoi, jusqu'à ce que j'arrive.

Je compte sur toi et j'espère te voir ce soir,

Charlotte Leonhart. '

Léa marchait dans les couloirs, il était tard ça ne faisait aucun doute. Rusard devait faire sa ronde, mais peu importe, au pire elle écoperait d’une retenue et de quelques points en moins.

"quelques points… bon ok sûrement plus ! bah je pourrais inventer que je fais des crises de somnambulisme… bon ok c’est pas crédible… j’aviserai… "

qu’est-ce qui avait convaincu Léa de venir ? pas grand chose ! l’impulsion du moment sans doute. Oui parce que Charlotte aurait été une des dernières personnes qu’elle aurait suivi dans ce genre de trucs, sachant comme elle l’avait si bien rappelé dans sa lettre, à quel point elle avait été abjecte avec elle. Enfin soit, à la rigueur elle passait l’éponge. Ensuite, pourquoi Charlotte avait fait appel à elle ? c’est vrai elle faisait partie de la contre-armée, mais elle n’était pas la seule. Par exemple Althéa ! elle affichait assez facilement qu’elle faisait partie de cette contre-armée et puis sûrement qu’elle ne s’était jamais disputée avec Charlotte.

Enfin bon cette question lui passa, ce n’était pas le moment d’attraper une migraine. Elle n’avait pas peur, enfin pour le moment ! elle ne savait pas vraiment ce qui l’attendait et encore moins quel serait son vrai rôle dans cette affaire. Ben oui qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire ? arracher des informations ? bon ok elle était du genre curieuse, mais quand même ! ça ne suffisait pas. "amuser la galerie " ? ha bon pourquoi, elle avait une figure qui faisait rire ?

Bon toujours est-il que Léa se rendait quand même dans le bureau du directeur. Arrivée devant l’escalier qui y menait, elle s’arrêta net. Ben oui ! qu’allait-elle dire qui justifierai sa venue ?

" *bonsoir je viens pour le Thé, c’est vrai, il est tard mais bon mieux vaux tard que jamais ! * ouais pas mal, complètement stupide, mais original ! sinon y’a *bonsoir je viens m’assurer que votre retour s’est bien passé ! * sympa le comité d’accueil… "

Léa était encore en train de se demander ce qu’elle allait dire lorsque l’escalier se mit à s’enrouler sur lui-même au grand étonnement de celle-ci qui n’avait pourtant prononcé aucun mot de passe. Elle s’y engagea, avant que le mécanisme s’arrête, car elle ne connaissait pas le mot de passe. Arrivée devant la porte, elle entendit des voix.

"zut il est déjà là lui ! bon qu’est-ce que je fais ? je vais pas attendre le déluge ! bon je vais dire la vérité ! après tout Charlotte m’a permise d’utiliser son nom ! dans quelle galère me suis-je encore fourrée!"

Léa retint son souffle et frappa distinctement trois coups légers à la porte.

"Quelqu'un de plus énergique que moi, rassurez-vous." avait-il rapidement répondu d'une voix neutre presque métallique.

Une lueur passa furtivement dans son regard et la mine impassible du directeur se transforma avec un léger sourire espiègle. Tout en hochant de la tête pour l'observer au-dessus de ses lunettes en demi-lune, il reprit la parole sur le ton de la conservation.

"Mais quoi qu'il arrive, sachez que je resterai toujours disponible. Même si j'ai décidé de laisser Poudlard à une autre personne de confiance, vous restez toujours mes élèves. Je vous demande juste de vous en souvenir."

D'un geste presque devenu machinal, il donna un léger coup de baguette magique presque imperceptible avant de s'adresser une nouvelle fois au jeune homme.

"Poudlard est un monde particulier dans lequel les lois magiques n'ont pas vraiment la même autorité qu'au dehors. Même si l'on peut me reprocher une certaine indulgence envers mes élèves, cela à toujours été pour vous protéger avant tout.

J'espère que vous comprenez sincèrement le sens de mes paroles. J'aurais aimé vous les expliquer plus longuement, mais je crois que nous avons une visite Monsieur de Lansey."

Ces derniers mots à peine prononcés qu'une suite de légers coups se firent entendre dans le bureau. D'un geste ample de la main qui tenait encore sa baguette, le professeur ouvrit les deux grandes portes, et inclina légèrement son chef pour distinguer la silhouette de la jeune Léa Baldwin plongée dans la faible lueur du couloir.

"Entrez Miss Baldwin, et venez vous assoir."

Une nouvelle chaise apparue près de Sacha et le vieil homme l'indiqua d'un geste lent à la jeune fille.

"J'étais déjà en conversation. Cela vous dérange-t-il d'exposer votre problème devant votre camarade ?

Et vous Monsieur de Lansey ? Voyez-vous une objection à ce que Miss Baldwin reste parmi nous quelques instants ?"

S'enfonçant encore un peu plus dans son fauteuil, son regard allait désormais de l'un à l'autre, presque impatient de découvrir lequel de ses deux élèves allaient prendre la parole le premier.

"Enfin... espérons que Charlotte ait correctement fait son travail..." me dis-je lorsque j'entends frapper.

Le professeur me repaît d'autres de ces phrases consensuelles dont lui seul a le secret. Secret que je lui laisse volontiers. Il sera toujours là et en effet, Poudlard sera dirigé par une nouvelle personne dès la rentrée. Je m'en lave les mains car moi, je serais barré bien loin d'ici. En tout cas, au moment où j'écris, c'est ce que je crois.

J'acquiesce pour signifier au directeur que la présence de Léa ne me dérange pas le moins du monde. Laisse s'installer la jeune fille et comme j'aime à couper l'herbe sur le pied, m'adressant au directeur:

Non cela ne me dérange pas, professeur, mais laissez-moi conclure: Je suis rassuré de la tranquille fermeté avec laquelle vous appréhendez cette histoire d'Armée des Ombres dont vous me savez le leader et dont je n'ai pas honte, un seul instant. Car bien au de-là d'une simple terminologie, cette association d'élèves n'a d'autre but que de pratiquer magie et appliquer enseignement... peut-être d'une manière critiquable et libertaire mais ce serait-là le seul zèle notable qu'on pourra lui reprocher. Des jeux d'adolescents. Quant aux rumeurs, sans témoignage illustré de preuves, elles ne gardent qu'un statut de clabaudages. Elles ne m'ennuient pas tant qu'elles ne portent pas atteinte aux autres membres des Ombres.

Quant à moi...

Je me tourne vers Léa:

On pourra éternellement raconter ce que l'on veut sur mon compte, sans matière, ce n'est qu'un vide charmant qui ne préoccupe que les commères. Hum..? Désolé Léa, je voulais conclure avec le professeur avant de te laisser parler. Je suis maintenant tout ouïe.

Léa attendit patiemment qu’on lui permette d’entrer, ce qui ne tarda pas. Les deux battants de la porte s’ouvrirent devant elle et elle découvrit sans grande surprise le professeur Dumbledore assit derrière son bureau et en face de lui Sacha de Lansley. Le premier l’invita à s’asseoir et Léa s’avança sans se presser dans la pièce pour s’installer sur la chaise nouvellement apparue à côté de Sacha. Le professeur prit la parole et Léa ouvrit la bouche avec une expression de surprise qu’elle s’empressa de dissimuler.

"ben en fait, j’ai pas de problème moi… je vais même très bien… du moins pour le moment… santé mentale impeccable, toujours pour le moment, la forme, pareil… "

Léa essaya de se rappeler ce qu’elle avait prévu de dire au sujet de Charlotte et Sacha prit la parole, elle écouta alors avec intérêt et se rendit compte qu’elle ne savait pas grand chose en vérité sur les ombres. Mais ils avaient enlevé des professeurs dont Dumbledore, pour elle, cela suffisait pour ne pas être considéré comme une simple association.

"Ben oui quand même ! encore heureux qu’il n’y ai pas eu d’enlèvements d’élèves… "

Sacha interrompit le court de ses pensées lorsqu’il se retourna vers elle pour continuer sa phrase.

"C’est moi ou il s’adresse à moi quand il parle de commères ? Parce que là je ne vais pas être contente du tout ! Je ne les diffuse pas moi les rumeurs, je les écoute…nuance ! En plus ça ne veut pas dire que j’y accorde de l’importance ! Ben quoi c’est vrai, je cours pas après, j’ai autre chose à faire…non mais vraiment ! "

Léa rumina intérieurement et attendit qu’il ai finit, vexée elle en oublia encore ce qu’elle allait dire au moment ou c’était à elle de prendre la parole.

- euh…tout d’abord bonsoir…

" Pas mal le début… la suite maintenant ? "

- à dire vrai Professeur, je n’ai pas vraiment de problème…

"allez ! on est bien parti… "

- en fait c’est Charlotte Leonhart qui m’a demandé de me rendre dans votre bureau…

"Euh pourquoi déjà ? ha non je peux pas dire pourquoi non plus… "

- parce que c’est une préfète vous comprenez, je me suis dit ça doit être important…

" C’est le truc le plus stupide que j’ai jamais dit, ils vont s’en rendre compte et je vais encore passer pour une idiote ! "

- elle devrait venir normalement, peut-être un peu plus tard… mais ce n’est pas grave, on peut l’attendre…

Léa fit un grand sourire essayant d’être convaincante.

"Bon ok il y a mieux comme explication, mais il y a pire aussi non ? "

Léa se retourna alors vers Sacha, toujours contrariée de ce qu’il avait dit.

- Au fait Sacha, intéressant ce que tu as dit, mais j’espère que tu ne parlais pas de moi pour les commères parce que dans ce cas là tu te trompes de personne.

" Mais qu’est-ce que je viens de dire moi ! je suis suicidaire ma parole… non…zen… je me défends… enfin quand même…mais qu'est ce que je fais ici! "

La saleté de Gryffondor s'énerve inutilement. Je ne la visais pas elle, je visais l'ensemble de l'école... elle, un peu. Si elle fait partie de l'école. Charlotte n'a pas trouvé la plus lumineuse des Rouges et Or. Tant mieux, plus elle fera de gaffe, mieux cela sera.

De tous les bruits qui courent les plus loufoques me font encore sourire. Je laisse dire, car cela reste une constante chez moi: j'adore qu'on parle de moi. Mon côté gratte nombril. J'ai même entendu dire que certains pensaient que j'étais à l'origine de la disparition du professeur Dumbledore. Je suis tellement heureux qu'on me prête tant de pouvoir. Oh, mais, non, non, voyons, là c'est trop... trop... même pour le grand prétentieux que je suis.

Je souris hypocritement à Léa avant de lui répondre:

La seule Gryffondor que je connaisse ne sait pas aligner deux phrases censées donc il est évident que je ne parlais pas de toi. Tu sais aligner des sujets-verbes-compléments et même y donner un peu de sens, ce qui est tout à fait respectable. Toutefois ta paranoia chagrine le tableau.

Au professeur:

Charlotte est en pleine révision et connait autant de Gryffondor que moi... je doute qu'elle ait envoyé ici qui que ce soit qui ait un peu de bon sens.

Et je suis très heureux d'annoncer que là où elle se trouve, la lettre envoyée par Charlotte, par un sortilège que je m'applique très discrètement à formuler, se métamorphose en une magnifique caricature du professeur Rogue.

Je me tourne à nouveau vers Léa, sans sourire cette fois-ci:

Mais tu es une personne censée, n'est-ce pas?

"Et je dois prendre ça pour un compliment ? ou le prendre pour une critique ? Euh… ben je le prends pas, ça m’évitera de me poser des questions inutiles… "

Léa écouta les paroles de Sacha avec attention, que faire d’autres de toutes manières ?

" Tiens, je me demande bien de qui il parle… paranoïa ?… Zut c’est malin ! Je savais bien que j’aurais du me taire… "

Léa ne disait rien. Elle savait bien qu’elle avait encore parlé trop vite sous le coup de l’agacement et puis paranoïa…

" Bon Ok je suis méfiante, c’est un petit peu normal, mais bon ça va je n’en suis pas encore au délire de persécution… "

Sacha parla alors de Charlotte et détruisit tout son argumentaire sur la raison de sa présence ici.

" Ha mais non ! Il vient de tout fiche en l’air ! En plus il insinue que je mens ou quoi ? Ha c’est charmant ! Non stop! On ne s’énerve pas ! "

Léa fit ce qu’on appelle un sourire forcé à son voisin et répondit :

- Bien sûr que je suis une personne censée…

" Enfin normalement, jusqu’à aujourd’hui oui… rah il trouve le moyen de me laisser des doutes lui ! "

- Je connais Charlotte ! Et elle me connaît !

" Enfin pas à proprement parler… Je m’en serai bien passé de sa rencontre…enfin bref … Réviser ? C’est que je devrais faire moi d’ailleurs… Pour aujourd’hui c’est légèrement foutu ! Bon et qu’est-ce que je fais moi pour le contredire ? Je ne peux tout de même pas montrer la lettre ! Rah je pense trop !"

- Et puis si ! J’affirme que c’est elle qui m’a demandé de venir ici !

"Oui bon ça manque d’arguments, beh la je suis à court ! Oui déjà ! Ma parole ne pèse pas lourd… faudrait que je trouve le moyen de changer de sujet…"

- Et puis nous verrons quand elle arrivera…

" ça ne s’appelle pas vraiment changer de sujet, mais bon… surtout si elle ne vient pas, j’aurais l’air fine ! Ha j’ai une idée ! "

- Professeur , je voulais vous demander si... des élèves sont autorisés à sortir de Poudlard pour se rendre à Londres par exemple, s’ils sont accompagnés d’un professeur ?

" En fait, peu importe la réponse… Fallait que je change de sujet… Enfin ça serait bien si la réponse était positive quand même parce que si elle ne l’est pas, j’aurais des ennuis…pour changer ! "

Amusé par les renvois de paroles de plus en plus acerbes, le directeur de l'école regardait ses deux élèves défendre chacun le terrain qu'ils occupaient. Lorsque la question de la jeune fille se fit entendre dans le bureau du professeur, celui-ci leva sa main dans sa direction et remua la tête comme pour leur faire comprendre qu'il désirait formuler quelques mots avant de lui répondre.

"Excusez mon grand âge jeune gens, mais j'ai un peu de difficultés à cerner les motivations qui vous pousse à être autant sur la défensive l'un envers l'autre.

Monsieur de Lansey ? Auriez-vous mauvaise conscience sur certaines choses pour prendre de tels devants sur votre camarade qui est simplement venue ici pour … oui ? Mademoiselle Baldwin ? Pourriez-vous m'expliquer un peu plus en détail les raisons de votre visite ? Etes-vous venu ici pour accuser votre camarade de faits qu'il semble en partie reconnaître devant nous ?

Je suis navré si quelque chose m'a échappé dans vos échanges, mais le confinement dans lequel j'ai été laisse encore quelques traces sur moi." ajouta-t-il avec un sourire en coin forcé.

En prévision de l'arrivée de Charlotte annoncée par Léa, le professeur fit apparaitre un troisième et dernier siège à côté de la jeune fille. Son geste était sec et rapide, et on pouvait sentir dans son mouvement une certaine lassitude qui commençait à l'emplir.

"Pour répondre à votre question Miss Baldwin, je pense que vous devriez déjà en parler à ces professeurs et je verrai ensuite avec eux ce que nous pouvons faire, mais je vous conseille d'avoir de très bons arguments pour obtenir une telle chose et je me permets de vous rappeler, que vos examens de fin d'année arrivent bientôt et qu'ils sont très importants pour votre avenir."

Je fronce les sourcils sans répondre aux questions du professeur. Je me contente d'un léger "non" de la tête pour signifier "c'est bon, je laisse couler. R.A.S." L'autre Gryffondor pose sa question... qui engendre d'autres questions et c'est une constellation de points d'interrogation toute entière que ces deux Gryffondor réalisent devant moi. Trop fort ces Gryffondor.

"Monsieur de Lansey ? Auriez-vous mauvaise conscience sur certaines choses pour prendre de tels devants sur votre camarade"

J'aimerais tant répondre au professeur que la seule chose qui me chagrine en Léa c'est son 70A... mais il me semble que cela n'est pas approprié. Je me tais. Pour ce détail, du moins. Je parviens à glisser quelques mots entre ses questions et la réponse de Léa:

J'essayais seulement de conclure professeur. Nous n'avions pas fini de parler. Je n'ai rien à signaler dont je doive rougir et que je n'ai pas déjà révélé ici... Je vous laisse discuter des escapades (il)légales des Gryffondor...

Là, je me la ferme.

Edit: Ah. Il fallait s'y attendre Léa Le Enki

[Hj: Charmant... Le Egon

]

" Sur la défensive ? moi j’ai rien fait ! je le jure ! "

Léa resta calme et tout à coup la situation lui sembla bien stupide, voilà ce que c’etait d’être susceptible. Qu’avait-elle à faire de ses provocations ? pas grand chose, elle les détestait c’est tout, c’était bien ennuyeux et Léa essayerait à l’avenir de garder son calme…. Essayerait. Léa avait une justification sur sa visite, elle allait garder cela comme idée de base, puisque pour le moment Charlotte n’était pas là.

- Moi, non pas spécialement ! je n’accuse personne !

Léa fit une moue légère, elle avait l’impression de ne pas être à sa place ici. Le professeur Dumbledore répondit à sa question qui la laissa un peu ennuyée. Sacha pour sa part répondit au professeur.

"humph ! illégales, je suis pas encore sortie… pas encore… pis des Gryffondor ! comme si on était les seuls à vouloir faire des escapades ! "

Léa répondit sans relever les allusions de Sacha :

- Et si … si le professeur en question est déjà au courant ? et euh quels genres d’arguments ?

Léa resta sereine histoire de ne pas s’énerver à nouveau, ce serait bête de parler encore trop vite.

" Il n’a rien à se rapprocher et donc comme il peut pas voir en peinture les Gryffondors, déduction, c’est pour ma pomme ! "

Alors que les élèves apportaient les différentes réponses demandées par le professeur, l'instrument métallique qu'il avait déposé sur la surface de son bureau se mit à produit un léger filet de fumée verte. Dumbledore regarda subrepticement l'objet et lui donna un coup de baguette qui émit une douce mélodie avant de le faire disparaitre.

"Miss Baldwin, nous reviendrons une prochaine fois sur cette demande voulez-vous ? Pour le moment, j'aimerais comprendre pourquoi Miss Leonhart, d'après ce que j'ai pu comprendre, vous a demandé de la rejoindre dans mon bureau. Vous comprendrez, j'en suis sûr, que mon absence récente a générée beaucoup de paperasseries auxquelles je dois répondre avant mon départ." lui répondit la voix de Dumbledore.

Pour anticiper la réaction de la jeune fille qui était arrivée après l'information dévoilée par Sacha, le Directeur se repositionna sur son fauteuil et apposa la paume de ses mains sur les accoudoirs.

"Le Ministère compte sur moi pour bon nombre d'affaires que les forces du mal rendent difficiles à mener. Mon grand âge ne me permet plus de pouvoir répondre à tant d'attentes, c'est pourquoi Poudlard aura dès la rentrée prochaine un nouveau directeur, sur lequel vous pourrez compter comme s'il s'agissait de moi. Et je resterai ... toujours disponible si vous ressentez le besoin que l'on vous guide."

Le regard bleuté du professeur n'avait pas cillé une seule fois pendant qu'il regardait la jeune fille. Sauf sur son dernier mot, il avait cessé de la regarder et son attention était retournée sur celle du jeune homme.

"Miss Baldwin ? Je vous écoute maintenant, pourriez-vous m'éclairer et m'expliquer les raisons et les motivations qui vous ont poussés à venir frapper à mon bureau ?" lança-t-il en inclinant son chef vers la jeune fille, les mains désormais entrelacées.

[hj: je sais, je peux toujours rêver... Rolling Eyes

]

"Bah non alors ! mon super alibi… ça faisait passer le temps… j’ai même pas gagné cinq minutes avec ! "

Léa réfléchissait à toute vitesse, elle ne voulait pas trop mentir parce qu’elle savait que ça finissait toujours par se retourner contre elle. Elle ne voulait pas non plus expliquer l’histoire de la lettre surtout devant Sacha. D’ailleurs Léa trouvait ça curieux, cette lettre… aux dernières nouvelles Charlotte n’était-elle pas avec Sacha justement ?… complètement incohérent cette histoire.

" Avant son départ ? pourquoi il s’en va encore faire un tour ?… ha ! il laisse sa place ?! c’est pas possible ! "

Léa était perdue, un peu assommée par la nouvelle, mais surtout, elle ne savait pas quoi dire lorsqu’il lui enjoignit de s’expliquer.

- Euh…

"Ben tiens ! pourquoi elle ne vient pas Charlotte ? moi ça m’arrangerait…"

- C’est à dire…elle m’a envoyé une lettre pour me demander de venir et… je ne sais pas, je suis venue…

Elle évita de dire " par curiosité ". C’était mal de mentir et la curiosité, c’était un vilain défaut. Elle battait les records aujourd’hui. Elle évita soigneusement de croiser le regard de Sacha et regarda rapidement le professeur Dumbledore avant de venir contempler les objets du bureau.

Le professeur apprend à Léa qu'il ne sera plus directeur de l'école l'année prochaine. Elle semble quelque peu stupéfaite mais la nouvelle ne provoque pas l'effet escompté tant elle semble oppressée par la seconde question du professeur. En gros, la question est "qu'est-ce que tu fous-là, Léa?"

Je souris distraitement en balandant mon regard sur les objets fumants, les objets en étain, les grimoires, puis le Phoenix. Jamais vu un tel oiseau d'aussi près. Je l'observe puisque j'ai du temps devant moi... Oh oui je vais en avoir du temps. Léa bredouille quelque chose. En gros, ce quelque chose veut dire: "une Serpentard m'a donné rendez-vous, le soir, sans me dire pourquoi, près du bureau de Dumbledore et, folle ou naïve que je suis, j'ai accepté. Bref, je ne sais pas ce que je fous-là."

Je tapote mes deux index l'un contre l'autre pour marquer les secondes qui passent. Quand est-ce que je vais pouvoir sortir d'ici? Je n'ai plus rien à dire. Les informations que je voulais mettre dans les oreilles des Gryffondor ont été révélées. Léa a l'air d'un troll automate. Le professeur a confirmé son départ...

"Je peux sortir?"

Toussote.
Sourit hypocritement à Léa.
Me lève avec respect, droit comme un i devant le vieux.

Professeur, me permettez-vous d'y aller?
Visiblement, si Léa dit vrai, il ne s'agit que d'une petite blague sans dommage entre étudiantes... Au pire, je sais que Charlotte travaille ses examens de fin d'année dans la salle commune. Elle a peut-être oublié ce rendez-vous. Quoi qu'il en soit, je crois que je n'ai plus rien à ajouter.

Une moue sceptique orna le visage du vieil homme dont le désir de connaître les raisons de la présence de Léa dans son bureau ne fut pas assouvi par son explication approximative.

Albus haussa les épaules pour seule réponse. Il resta quelque peu décontenancé par les justifications de la jeune fille et il était très sérieusement en train de se demander si elle n'était pas tout simplement trop naïve. Qu'une Serpentard mette une jeune Gryffondor dans l'embarras en lui dressant un piège était chose courant à Poudlard. La jeune fille venait sans doute de participer sans le savoir à l'un des plus vieux jeux présents entre les deux maisons depuis la création de l'école.

Lorsqu'il retrouva son sens de la parole pour congédier ces deux élèves de son bureau, le jeune Serpentard prit les devants. La tête du directeur revient lentement à lui lorsqu'il se leva ; et écouta d'une oreille attentive sa demande.

"Bien évidemment Mr de Lansey, je ne vous retiens pas plus longtemps."

Après une courte pause il ajouta :

"Oh ! Mr de Lansey ! Vous seriez bien aimable de donner cette lettre à l'un de nos hiboux."

Dumbledore sorti de l'une de ses poches une enveloppe marron.

Il se saisit alors de sa baguette et donna une pression sur la surface lisse de l'enveloppe. Le bruit de succession qui s'en suivi laissa apparaitre le sceau de Poudlard qui cacheta la missive. Une écriture fine et délicate glissait sur le recto pour préciser l'adresse du destinataire.

Professeur Anatole Rosemont
124¼ Exeter Street
Londres

Il tendit la lettre au jeune homme et le remercia en inclinant légèrement sa tête.

Il regarda à nouveau la jeune fille et ajouta en prenant appuie sur ses mains pour se lever :

"Miss Baldwin, je crains pouvoir vous attribuer plus de temps aujourd'hui. Il semble que seule Miss Leonhart détienne la clé de cette énigme.

Je vous conseille de voir cela avec votre amie et de m'envoyer un hibou lorsque vous vous serez bien mises d'accord ensemble. dit-il d'un aire détaché. Son regard, quant à lui, était légèrement plus dure qu'à l'accoutumer et le professeur semblait être en train de sonder la jeune fille pour vérifier que son message implicite avait été compris.

Bien que la patience fût l'une des principales qualités du vieil homme - parfois même à la limite du déconcertant - Albus Dumbledore était un sorcier très sollicité. Il ne pouvait se permettre de perdre du temps alors qu'une montagne d'affaires attendait ses avis ou ses conclusions.

"Bien ! ajouta-il persuadé que la jeune fille avait enregistré l'information. Je ne peux pour l'instant guère vous aider sur un problème qui semble vous dépasser. N'hésitez pas à revenir lorsque vous aurez plus d'informations."

Il tendit la main en direction des portes de son bureau et la tourna pour diriger sa paume vers le plafond afin leur indiquer poliment qu'ils pouvaient tous deux disposer.

Léa se sentait mal à l’aise tout à coup, elle n’avait rien préparé pour justifier sa présence et ce qu’elle avait dit correspondait en fait au mensonge par omission. Ce n’était pas vraiment un mensonge mais c’était presque pareil à vrai dire. Sacha prit la parole et l’enfonça encore plus, on pouvait dire qu’elle n’était pas aidée, mais de la part Sacha de toutes manières ce n’était pas vraiment étonnant.

"Quoi ??! Evidemment que je dis la vérité ! "

Léa leva la tête vers le jeune homme, une lueur de colère brillait dans ses yeux. Elle était furieuse. Alors c’était tout ? Elle s’était faite avoir ? Pourquoi ? Quelles étaient les conséquences, elle s’était faite ridiculiser et après ? Autant de questions qui venaient à l’esprit de la jeune Gryffondor et comme à l’accoutumée, elles n’étaient accompagnées d’aucune réponse. Elle était surprise, oui parce que même si Charlotte avait été horrible avec elle, Léa ne pensait pas qu’elle s’abaisserait à ce genre de choses. Pour Léa, il y avait arrière pensée, restait à savoir quoi… mais bien sûr, elle se disait aussi qu’elle pouvait également se tromper. Une blague ? pathétique…

Pendant que s’entremêlaient toutes ses pensées, le professeur Dumbledore avait remis une lettre à Sacha pour qu’il la fasse parvenir à son destinataire. Léa se demanda si cette lettre atteindrait vraiment son propriétaire… ce qu’elle pouvait être négative à ce moment. Puis le professeur s’adressa à elle. Elle était gênée mais au moins Dumbledore était compréhensif, elle écouta avec attention ses paroles.

" Voir Charlotte ? C’est ça, pour qu’elle en rajoute une louche… décidément je ne sais plus quoi faire. "

Elle finirait peut-être par avoir la réponse en cherchant ou pas. Le professeur la congédia, elle et Sacha. Léa s’était donc levée, une moue renfermée et avait prononcé quelques mots :

- Entendu professeur… Bonne fin de soirée…

Qu’est-ce qu’ils sont nunuches ces Gryffondor. Cette naïveté me ferait presque pleurer… de rire. Elle ira peut-être chercher du réconfort auprès des siens, leur racontera l’anecdote, on criera au vilain Sacha et à la méchante Charlotte - oh ma Mimoune qu’elle est forte au jeu de la manipulation… tellement fier d’elle - Léa fera oublier sa crédulité en leur remettant les informations nécessaires sur les Ombres sans se rendre compte que c’est exactement la raison de sa présence dans le bureau: servir de messager.

Ainsi, officiellement, la contre armée sait que je suis effectivement à la tête des Ombres, que je n’ai rien à voir avec la disparition du professeur, et surtout, plus que tout, elle sait que tous ses membres ne veulent pas forcément faire du mal. Un grand jeu. La vie n’est qu’un grand jeu de duplicité, de mensonge mais aussi de vérité toutes simples.

Le professeur me remet une lettre que je dois apporter à la volière. Olà. Pas très cool. Je dois me taper les 348 marches avant de pouvoir rejoindre mon dortoir. Je ne bronche pas et prends le pli. Ce n’est qu’une fois dehors que j’en lis l’adresse. Ce nom. Je ne le connais pas. Curiosité piquée.

Sur le pallier, je laisse passer Léa, pousse même le vice à lui tenir les portes. Qu’elle soit naïve, bêcheuse et Gryffondor ne retire pas le fait qu’elle reste une fille… OK, avec un buste de garçon. Mais une fille quand même.

Arrivé devant la statue, je la quitte sur un ton condescendant:

Félicitations. A toi seule tu confirmes tout ce qui se dit des Rouge et Or. Tête levée quand il faut parader. Tête baissée pour foncer sans réfléchir dans le mur. A plat ventre quand vous vous êtes cognés. Tss, tss, tss… fais attention la prochaine fois. Il serait dommage que tous les efforts de Godric soient réduits à néant par le manque de prestige de ta promotion. Bonne soirée, Léa Baldwin.

Je la quitte sans attendre de retour.
Trop facile de répondre quand on n’est plus en danger. Je ne suis pas assez niais pour lui céder l’opportunité. Qu’elle bougonne derrière mon dos. Je m’en remettrai.

La lettre. Je vais vers la volière pour envoyer un des hiboux de l’école remettre la missive à son destinataire. Ne pouvant pas ouvrir le pli sans risquer de me faire prendre, c’est auprès de la bibliothèque que je trouve réponse à mes questions. Dans l’almanach des plus grands mages encore envie:

Le Professeur Anatole Rosemont est français. Plusieurs fois décoré. De grandes études… Je regarde la photo qui est jointe à l’article que je lis. Mes yeux se plissent. Souriant.

"Alors, c’est lui qui remplacera sans doute le vieux professeur…
Ca va dépoter à Poudlard."

FIN