[Chemin de Traverse] So British [pv]

Je suis de fin d’année et c’est bien là mon plus grand damne. Ouais, je sais, j’ai déjà un an de retard, si j’étais de janvier ce serait pas la panacée non plus. Mais là, ça m’arrange pas. Si j’avais pu avoir 17 ans pendant les vacances ça aurait probablement changé ma journée. Ma rentrée. Voir mon année.
Bon, peut être pas l’année, mais ça m’aurait évité bien des désagréments.


Deux heures plus tôt.

- Il en est hors de question ! Pour une fois, on va faire ça dans les règles !
-…
-Pas la peine de prendre ton air mesquin ! Je t’accompagne un point c’est tout !
-Sérieusement, tu veux qu’il m’arrive quoi ? J’ai l’air d’une collégienne sans défense ?

Elle sourit. Ça faisait un moment que je l’avais plus vu sourire. Ça fait du bien. Elle me détaille en se retenant de rire, je le sais je la connais. J’ai pris quelques centimètres dans l’été. Même le paternel n’a plus le dessus, je fais plus que mon âge et ça me convient très bien. Alors penser que je puisse risquer de me faire embrouiller en achetant mes affaires…ridicule.

- J’ai pas peur que tu te fasses attaquer mon grand, je sais juste qu’on ne peut pas te faire confiance. Ajoute-t-elle en minaudant. J’ai entendu des choses tu sais. Ton petit commerce, tout ça. Et puis tu n'es pas encore majeur, ce n'est pas toi qui décides.

Cette carte là, elle adore l’abattre. Le coup du « je sais tout car j’occupe de hautes fonctions ». Tu parles. Stagiaire.
Je réponds pas. Premièrement parce que si elle avait entendu ne serait ce que la moitié des choses que j’ai faites, elle ne prendrait pas autant de gants, et deuxièmement, parce qu’en ce moment, c’est pas trop la joie pour elle. Je peux bien lui laisser ça.
Elle s’est fait larguer par son petit copain. Calvin. Tant mieux parce que c’était un abruti fini. Bon chic bon genre par devant et Bouse de doxy par derrière. Bon débarras.
Sauf qu’elle a du mal. Et puis il y a maman.
Eté difficile. Des hauts très hauts, des bas très bas.

- Rach' je vais faire le tour des librairies et nécessaires à potions, tu vas t’ennuyer à mort au milieu des étudiants de Poudlard….

Elle soupire. J’ai bien compris qu’elle a autre chose à faire que de me tenir la main pour ma rentrée. Que veut-elle alors ?

- J’ai pensé que ça serait une bonne idée d’y aller tous les trois…
- Avec papa ?

Rien que l’idée me donne envie de me rouler par terre de rire. Je vois mon père d’ici, farfouillant dans les magasins pour me trouver une robe de sorcier à ma taille. J’aborde un sourire moqueur quand je lève les yeux sur elle. Il s’évanouit aussitôt en voyant son visage.

- Oh…
- Je pensais à maman Shawn. Elle n’est pas sortie de l’été et franchement je pense que ça lui ferait du bien de faire des choses qui lui rappellent avant.
- Je suis pas sur que ça va nous faire du bien à nous…

Je grommelle. Pas la peine de se battre longtemps. Sur ce sujet, elle sait déjà qu’elle a gagné. Moi aussi je n’aime pas la voir enfermée. Mais le chemin de Traverse est bondé, et j’imagine déjà les complications.

- J’ai besoin qu’elle aille mieux Shawn… j’en peux plus. Murmure-t-elle.

Je vois bien qu’elle n’en peut plus. Mais pas sûr que ça vienne de l’état de santé de Sarah. Rachel a certainement des qualités, mais pas la compassion.
Je jette un œil à la véranda. Sarah y a passé tout l’été, dans un incessant balancement de son rocking-chair.
Alors elle a déjà gagné, pour une raison. Ma mère est la seule personne au monde pour qui je donnerais plus que ma fierté ne le permet.

- Allons- y pour une sortie à trois.





Comme prévu, le chemin est bondé. Je croise à peu prés tout le monde. J’ai vu Raffe et son père les bras chargés de bouquins et d’un balai. Le troll a réussi à faire acheter le balai dernier cri avec sous-vireur ultra sensible à son richissime padré. J’en reviens pas.
Je marche trois pas devant les filles. Non, c’est pas de la honte. Je préfère, c’est tout. Rachel bavarde gaiement chiffon avec ma mère qui lui répond. Visiblement on s’en est fait pour rien.

- Que dirais-tu d’en acheter une vert d’eau maman ? C’est une couleur qui mettrait bien tes yeux en valeur !

Je sais pas pourquoi, je sens que la Rachel, elle a un truc à demander. C’est vraiment pas son genre de s’occuper de Sarah comme ça. Je me retourne l’air suspicieux et ma sœur me foudroie du regard. Il y a Doxy sous rideau. Pas normal. Ma mère me rend un sourire tendre assorti d’un clin d’œil. Des fois j’ai l’impression qu’elle comprend mieux que les autres. Même si elle est dans un monde qui ne croise que rarement le notre.

Je les laisse à leur habillage et me plante devant la librairie. Ça grouille de monde mais je me faufile en jouant des épaules. Y a pas beaucoup de carrures qui me résistent.
Une fois planté devant les bouquins de classe, je réalise que c’est Rachel qui a la liste dans son sac. Ça aussi c’est pas normal. En théorie elle se rappelle même pas en quelle année je rentre.
Bref, me voilà obligé d’attendre qu’elle traverse délicatement le flot d’élève à coups d’excuses balbutiées sur un ton poli. Alors qu’un bon coup d’épaule est tellement plus efficace.

Les courses pour la rentrée ? Oh, cela rime avec dépenser le salaire du grand frère qu'elle entraine toujours dans ses escapades la Poupée. Pire, les maigres économies qui sont susceptibles de rester dans le porte-monnaie d'Aloysius partent aussi facilement qu'un bout de parchemin auquel on aurait lancé un "Flambios".
Mais cela Selene s'en contrefiche royalement. Ordonner, quémander, se faire acheter bon nombres de choses (souvent inutiles, cela va sans dire), la rentrée est un prétexte à dépenser. C'est ainsi que d'une humeur à faire pâlir d'effroi les Poufsouffles rieurs de Poudlard, la jeune femme s'était mise en tête de traîner le grand frère, pas très à l'aise avec la conception d'achats. Féminins, les achats surtout.

Levée de bon pied, ça change pour une fois, la belle brune s'était empressée de sauter sur son aîné de sept années au petit déjeuner. Histoire de lui faire comprendre par une supplique, un regard et un sourire aguicheurs qu'elle avait tant besoin de lui pour des "tâches" trop intéressantes. Bon gré, mal gré, en même temps le frère Sweevil n'a pas le choix, il s'était plié aux exigences de sa sœur, qui s'était empressée de se préparer ... pour sortir.
Pas le temps pour le brun de se pomponner que déjà, elle le tirait par le bras hors du Manoir Sweevil ... en Ecosse.

Les femmes peuvent être persuasives parfois. Aloysius en sait quelque chose et le voilà sur le Chemin de Traverse, à contempler sa jeune soeur, dont malgré lui, il en est fou amoureux. Mais elle ne le lui rendra jamais.

Vêtu d'une longue veste noire, lui arrivant jusqu'aux pieds le Médicomage regardait avec intérêt la tenue qu'osait montrer sa jeune sœur en Société. Mais à voir le regard des passants sur elle, ça devait leur plaire à tout ces Scroutts. En effet, la Serpentard était vêtue d'une chemise noire à dentelles, d'un serre-taille bleu nuit avec des rayures noires, d'un pantalon noir mettant en valeur ses formes et d'une paire de bottines à talons. Tout ceci caché par une veste noir officier.
Mais il n'empêche que les autres spécimens de la gente masculine regardent Selene Sweevil d'un œil intéressé. Et Aloysius, il en pense quoi ?

* Rien ... * Se mit à penser le jeune homme en arborant un regard noir aux plus téméraires jeunes hommes.

Miss Sweevil le traînait de boutiques en boutiques, si bien qu'à la fin, le voilà déjà croulant sous une pile de paquetages, tous plus imposants les uns que les autres. Évidemment, il ronchonne, Selene n'y prend pas garde. Aucunement d'ailleurs.

- Avance un peu Aloysius ! Lui dit la jeune femme sur un ton abrupt mais avec un sourire pour adoucir ses palabres.

- Je fais ce que je peux ! Princesse ! Le dernier mot étant plus sifflé entre les dents, qu'énoncé intelligiblement ...

- Aloysius ? Je t'ai confié ma liste de fournitures non ? Lui sortit la jeune femme alors qu'elle regardait une vitrine visiblement intéressante.

Un "Ouais !" se fit entendre, étouffé par les sacs. Récupérant la liste dans la poche de la redingote noirâtre du grand frère, la première destination c'était : la Librairie.

- C'est bon ? Pas le temps d'attendre une réponse positive mais qui s'avèrera négative plutôt, la jeune femme pénétra dans l'enceinte, suivie automatiquement par Aloysius, qui avait eu la chance d'avoir sa baguette sur sa propre personne et de charmer les sacs pour qu'ils le suivent.

Le regard bichromé de la sixième année, bientôt septième à la rentrée toute proche, avise en effet un visage bien connu. Shawn Evans le bien nommé. Aloysius quant à lui s'immisce jusqu'aux présentoirs où trône certains ouvrages. Tout ceci en bousculant Evans, sous l'œil amusé de Miss Écosse. Visiblement ravie et se disant que Merlin avait été si gentil avec elle aujourd'hui.

- Pardon. Fit le Médicomage, déjà absorbé par ses lectures intellectuelles ...

Ni une, ni deux, la Poupée se mit à glisser jusqu'à sa "proie". Arrivant derrière ce dernier, mains croisées derrière sa silhouette féminine, la jeune femme lui accorda un de ses plus étranges sourires. Énigmatiques ...

- Evans.

Les remarques ne sont pas celles auxquelles je m’attendais mais remarques il y a. Bon, c’est clair qu’elle sait amener ses remarques la Selene. Elle prend ma main et me regarde droit dans les yeux. Ça change un peu des regards fuyants et des excuses bidons.

"Ouais, elle est gentille."

Je m’attends ensuite à des questions gênées, du genre « heu et qu’est-ce qu’elle a ? » « ça lui arrive souvent ? » ou autres trucs qui généralement me mettent hors de moi. Mais non. La poupée c’est plutôt… Rachel ?

"Rachel ??"

Voilà, ça, c’est Miss Ecosse. Je viens de passer pour une guimauve trop cuite… et elle me dit : « Rachel ».

"Rachel ? Ma Rachel ?"

Ça porte à confusion.

"Je veux dire… ma sœur ?"

Plus clair.

"C’est… juste ma sœur…"

Qui d’autre ?

Et là, paf, je pige. Miss Ecosse a un petit pêché mignon. Elle est jalouse. Jalouse de ma sœur. J’aurai jamais cru me sentir aussi fier de moi en cette journée. Ça frôle l’exploit là. Faudra que je pense à remercier Rachel. Ouais non en fait. Pas la peine, elle va prendre la grosse tête, poser plein de questions et ça va me soûler.
Là où elle a faux la princesse, c’est que son Aloychose, je m’en fou. C’est juste un de plus. J’aurai pas posé la question. D’abord parce que je suis incapable de prononcer son nom et parce que je sais déjà ce que sera la réponse. Un de ses nombreux chevaliers servants prêts à mourir pour elle, bien plus fiable, plus honnête et plus gentil que moi. M’en fou, je sais, je suis pas gentil, pas fiable et pas honnête. Mais au moins, je suis… intéressant. Les gens honnêtes et fiables sont trop ennuyeux. Trop prévisible. Moi pas. Na.
Bon, retour à ma princesse d’Ecosse. Faisons comme si nous étions totalement d’accord avec elle.

"Et donc, lui c’est qui ? Ton portier ? Chauffeur ? Domestique ?"

Pas pu me retenir.

Et le temps se suspend.

Lui, sa main sur MON T-shirt –s’il me lâche pas dans la seconde je lui pète le poignet- et elle, une main sur la tempe à nous regarder avec de grands yeux interloqués.

Nous nous arrêtons tous les deux un instant pour être témoin de la chute de la belle, qui s’effondre sur elle-même dans un froissement de tissu.

Assurés, tous les deux qu’elle ne tomberait pas plus bas, nous reprenons où nous en étions. C'est-à-dire, sa main sur ma figure, et la mienne à son cou.

« Il est jaloux l’Aloychose ? »

Dans un flot d’insanités à faire se recroqueviller des oreilles de nones, nous nous tournons autour sous les yeux médusés des clients et sous le regard effrayé du propriétaire.

« C’est pas un peu malsain de lorgner sa sœur ? » Je lance ça avec mon plus beau sourire narquois, sourire qu’il stoppe d’un coup de poing.

Une pile de « comment gérer les conflits de voisinages sans baguettes » amortit ma chute avec plus ou moins de douceur. J’ai toujours dit que le cuir des couvertures devrait-être plus épais.
En cas de conflit, je sais pas pourquoi, j’ai toujours besoin d’en rajouter.
Alors que des mains ce tendent pour me relever, j’entends déjà des murmures outrés. « Pauvre garçon ! »

Alors là…

Je venge mon honneur par un coup de poing en pleine dents d’Aloymachin. Nous aussi, on sait régler les conflits sans baguette.

Le propriétaire, sorti de sa stupeur s’est mis à hurler.

« Sortez-moi ça d’ici !!!!!! »

Des clients s’en mêlent et là, j’avoue que j’ai perdu le fil.
Selene est toujours par terre et ça commence à devenir inquiétant, on a toujours pas de retour sonore concernant le gnon qu’elle s’est pris.
C’est peut-être plus grave que ce qu’on pense.
Aloymuche et moi nous retrouvons donc nez à nez au dessus d’elle, pendant que les autres se battent toujours, mais personne ne sait plus contre qui.

« Tu lui préciseras bien que c’est toi qui l’a frappé » ne puis-je m’empêcher de lui lancer ironique.

Remarque à laquelle il répond sarcastiquement :

« Tu m’as bien aidé aussi ! »

Mes yeux se posent là où le coup à porté, on voit nettement-donc encore plus clairement pour une nana- un hématome se former sur la joue de la verte et argent.

« Je nie toute responsabilité dans cette affaire. »

Débouse-toi. C’est ta sœur après tout. Moi j’étais là, tranquille…

Tranquille n’est pas vraiment le maître mot qui règne dans la boutique. Ça crie, ça se bouscule, ça se marche dessus, les mômes pleurent et j’entrevois le propriétaire qui se dirige vers nous, se frayant un chemin parmi les gladiateurs de l’arène.

« Ce sont eux !!! Là !!! Les fauteurs de trouble !! Attrapez-les !!! »

Option numéro un : coopérer avec Aloybouse et sortir Selene de là.
Option numéro deux, la meilleure, je sors la princesse sur mon cheval blanc et je laisse le gêneur dans la bouse.

Va pour la deux.
Un doute me prend cependant.
Est-il judicieux de rester seul avec elle quand elle verra le bleu qu'elle a sur la joue?

HJ: Reccord à battre: 4 fois!