Ce que je redoute le plus ?
Il m’en faudrait des lignes pour annoncer mes peurs.
Les espaces clos, ascenseurs, placards à balais, grenier bas de plafond, cagibis, gorges étroites, tube de scanner (pour ceux qui ont passé des examens médicaux moldus…) etc. Bien que je redoute l’enfermement je ne dirais pas qu’il s’agit là de ce qui me rebute le plus.
Je déteste aussi avec une application et une haine démesurée les batraciens aux ventres rebondis et au dos pustuleux. Les crapauds en d’autres termes. Le simple partage d’un espace ouvert avec eux me met hors de moi. Mes mains transpirent, mon souffle s’accélère, je deviens agressive et me sens à même de les pulvériser (peut être pas à main nues, mais à coup de baguette sans souci.) en deux temps trois mouvements.
Imaginez donc la combinaison batraciens + espaces clos pour obtenir un mélange détonnant.
Pourtant si mes rêves sont quelque fois peuplés de cette situation cauchemardesque, elle n’est pas celle qui me hante jour après jour.
Non, ma peur la plus profonde, celle que je ne peux contrôler est la faiblesse.
Je refuse d’être faible.
Je refuse de me reposer sur un autre, de laisser entrapercevoir que je peux fléchir, que je ne suis pas sûre de ce que j’avance.
Je n’accepte pas de laisser entrevoir la moindre faille dans mes propos ou mes attitudes.
Chaque faille peut être exploitée. Vous vous exposez, vous mettez à nue, et si ce n’est pas un autre qui en profite, c’est la vie elle-même qui glisse la lame du poignard par la plus fine des ouvertures que vous laisserez sur votre armure.
La première impression vous donne souvent un indice sur la personne que vous rencontrez. Mes poignées de mains seront franches et un peu brusques, ma répartie sera méticuleusement soignée. Rien n’est laissé au hasard, parce que je veux paraître forte.
Je veux croire que je n’ai besoin de personne.
Parce que dépendre de quelqu’un est bien trop dangereux, surtout si cette personne venait à ne plus pouvoir / vouloir faire un bout de chemin avec vous.
Alors oui, ma peur la plus profonde c’est de me laisser aller à compter sur quelqu’un d’autre que moi. Parce que je sais pertinemment que pouvoir se reposer sur quelqu’un en qui on a entièrement confiance est la plus douce et aussi la plus merveilleuse des tortures. Tant qu’il / elle est là, tout va bien. Le jour où il en est décidé autrement, le château de cartes que vous avez passé des années à construire avec soin et attention s’effondre comme si un vent violent s’était engouffré dans la pièce. Vous n’êtes plus rien d’autre que l’ombre de vous-même, simple spectre errant au travers de la vie, survivant plus qu’il ne vit.
Et ça, (plus) jamais.