Cours I part 2 : La discrétion

'toinette avait levé la main tout de suite. "Aaaahhh ... c'était donc ça, le mot souligné dans le parchemin !" pensa-t-elle, tout en montrant par sa main levée qu'elle désirait prendre la parole. Elle semblait idiote à observer le professeur de son grand sourire niais, mais c'était tout Marie-Antoinette, ça. Une petite fille bien naïve, et ne comprenant pas toujours le comportement des autres.

On peut refaire l'exercice ? J'étais pas préparée, je crois. Parce que si on m'avait dit d'être discrète en m'expliquant ce qui m'attendait, j'pense que j'aurais pu faire mes preuves. Un petit sort lumos et le tour est joué : on détourne les obstacles dans le silence le plus total. C'est ça la discrétion ! Pas faire de bruit, se faire comme une petite souris. Franchement, c'est trop facile, je sais le faire, moi !

dit-elle, débalant son flot de paroles, chose dont le professeur risquerait de ne pas fort apprécier. Mais 'toinette ne comprenait jamais comment il fallait se comporter avec ce professeur. Elle essayait de participer au cours, seulement lui la considérait comme un Gryffondor, si pas pire. Heureusement, elle ne se rendait pas compte que le professeur ne l'appréciait pas du tout. Hé oui, c'était 'toinette ça, toujours à espérer qu'on l'appréciait ... à force d'espérer, elle y croyait.

Bref, ce ne fut pas le regard froid qu'il lui lança peu après qu'elle ait fait une démonstration sur la discrétion dont tout le monde s'en souviendrait qui lui ferait peur ! Elle avait effectivement compris qu'elle devait se taire, ce qu'elle avait fait tout de suite, en allant s'assoir. Et c'est aussi à ce moment-là qu'elle comprit que ce passage dans le noir était un exercice de distréction. La pièce était tombée. Il faut le temps avec cette Serdaigle !

En tout cas, encore une fois, elle avait donné une raison de plus à son professeur chéri pour la détester en prenant la parole et en demandant de refaire l'exercice.

Oh oui, c'était définitif : la 'toinette, elle avait de l'espoir ! Pour le malheur des autres, "l'espoir fait vivre".

Althéa se réveilla soudainement au milieu de sa phase de sommeil. Elle regarda autour d'elle mais l'obscurité l'empêchait de voir clair. Elle mettait aussi une étrange barrière aux discussions qui semblaient ne pouvoir se faire que dans la lumière... ou pas ... Aux différents souffles qu'elle entendait, plusieurs personnes étaient encore arrivées ...

Soudainement, Rogue prit la parole et la lumière fut ... Non, ce n'était pas avec ces paroles qu'elle vint sûrement pas... En effet, il a un vocabulaire limité, c'est-à-dire que des champs lexicaux entiers sont exclus : la bonheur, la joie, la félicité, la sympathie... Non, en fait, c'étaient des chandelles qui arrivèrent dans la salle, leurs flammes dansant au son d'une musique connue d'elles-seules.

- Qu'est ce que la discrétion?

Althéa sourit. C'est drôle comme définir un mot banal que vous utilisez tous les jours ou presque, peut être difficile. Demandez à quelqu'un de vous définir l'amitié. Il commencera par vous lancer un regard genre "ça va, tu n'es pas malade ? " puis il réfléchira, réfléchira pour vous donner une petite phrase souvent toute faite qu'il a déjà entendu...
Enfin, là n'est pas le problème donc laissons-le sans solution... si il a une solution... donc si c'est un problème...

Elle laissa ces yeux dans le vague. Antoinette tenta une réclamation qui risquait de passer dans le vent comme d'habitude avec Rogue. Elle leva la main. Et pour une fois qu'elle respecte cette règle, Rogue lui donna la parole.

- La discrétion, c'est compliquée. D'abord, je dirais que cela dépend du contexte. Il y a ainsi différentes façon de l'être. Physiquement, cela pourrait signifier que je ne dois pas être vue, ni entendue, ni sentie, ni effleurée par quelque chose d'autre. Mais moralement ou intellectuellement, cela serait le fait de faire attention à ne pas s'imposer à l'autre personne : vouloir tout savoir d'elle, ou parler que de soi, éviter les sujets facheux.

Elle était lancée et même si ce qu'elle disait était troll les autres devraient subir.

- En fait, je dirais qu'il y a deux choses comprises dans la discrétion : le fait de cacher c'est-à-dire de laisser une distance et le fait que cela soit fait par rapport à quelqu'un ou quelquechose d'autre ...

Elle regarda autour d'elle et les seuls regards qu'elle parvint à croiser, lui semblèrent un peu blazés. Elle eut un petit sourire en coin. Elle n'avait pas encore dit de trolleries... Elle en lança donc une juste pour la plaisir parce que cela ne coutait rien.

- Donc comme vous l'avez tous compris, je suis la discrétion même...

Elle fit un clin d'oeil à sa voisine, genre "tu as vu j'ai presque dit des trucs intelligents ça change !! Presque ...".

Ce n’était ni la voix doucereuse de leur cher professeur, les petites bougies qui donnaient un aspect à la pièce encore plus effrayant et certainement pas plus intime, qui avaient sorti Andrew de sa léthargie. Non, il s’agissait plutôt de la voix de Marie-Antoinette qui proposait de refaire l’exercice. Le jeune homme s’était alors redressé brusquement en lui adressant un regard qui correspondait parfaitement à la pensée qui l’avait traversé :

*Elle a perdu la tête elle ou quoi ? Faudrait être dingue pour vouloir refaire un truc pareil !*

Rogue venait de leur demander une définition de la discrétion et seule une poignée d’élèves semblait être inspiré par cette question. La mine contrite qu’affichait désormais le Gryffondor laissait à deviner qu’il ne s’agissait pas du thème d’étude auquel il aspirait tant il avait été loin de faire preuve de discrétion en entrant dans la salle.

Après que la capitaine de son équipe de Quidditch ait proposé une réponse des plus pertinentes, Andrew se décida à suivre son exemple en levant la main après avoir enlevé son doigt estropié de sa bouche.

- Je dirais que la discrétion correspond à la faculté que l’on a à traverser un véritable parcours du combattant composé de nombreux obstacles tous plus sournois les uns que les autres, le tout en réussissant à ne pas faire le moindre bruit, se fondre dans le décor et éventuellement s’en sortir vivant… déclara-t-il en s’appuyant plus confortablement contre le dossier de sa chaise.

- J’assimilerais, d’autre part, la discrétion à de l’habileté. Si on prend comme exemple un jeune homme bien sous tout rapport qui entretient une relation avec deux filles différentes en même temps, et bien il devra être extrêmement habile pour jongler avec les deux et faire preuve d’une grande discrétion pour que l’une ne découvre jamais l’existence de l’autre… termina-t-il d’un air satisfait.

*Mais bon, il doit pas savoir de quoi je veux parler…*

Andrew tourna la tête pour voir si quelqu’un souhaiterait intervenir après lui avant de se caler plus profondément dans sa chaise et de prendre sa plume pour la faire tourner nonchalamment entre ses doigts.

Le professeur lâche la plume qui continue son trajet seul sur la peau de parchemin. Il se lève se place à l'avant de l'estrade qui sert de piédestal aux professeurs et croise les bras sur sa poitrine.

- Serdaigle perd 15 points pour l'intervention on ne peut plus malvenue de sa chère ambassadrice qu'est Miss. White.

Dit-il en s'adressant à la foule, avant de se plonger dans le regard de la demoiselle.

- Quand cesserez donc d'être une horrible Miss-je-doute-de-rien, réveillez-vous donc un peu. Finit-il dans le fond de la salle, il rangeait d'informulés le capharnaüm, avant de continuer son cours.

-Miss Belrin, 5 points pour une réponse pas complètement fausse. Moins trois points au rouge pour une interjection complètement inutile. McEwan, la rapidité de prise de parole ne compte pas dans la note, seule le contenu de votre réponse, s'il est intéressant, est méritant. Or, la votre est manifestement dénuée d'intérêt puisque vous faites perdre 3 points à votre maison.
Quant à vous, Monsieur Tyler, vous aviez presque conceptualisé simplement ce qu'était la discrétion, si vous nous aviez épargné vos sarcasmes et autres anecdotes personnelles, vous n'auriez pas fait perdre 6 points de plus à Gryffondor.
-Observez Mr Grogan et Miss Worpel, figures portant la vertueuse discrétion, chacun d'eux reçoit un point symbolique pour leur maison.


Le professeur sortit brusquement ce qui lui servait de montre de sa poche. Le cours avait déjà duré plus de dix minutes que le temps qui lui avait été imparti.

-Etudiez donc le sujet pour la prochaine fois, et révisez les sortilèges de bases de défenses et d'attaques. Les notes de ce cours seront affichées ultérieurement.

Le professeur ramassa ses parchemins, qui enroula précautionneusement avant de sortir par une porte dérobée dans l'avant de la salle, sans dire "au revoir", car il aurait tant aimer ne pas les revoir.