[Bal - Libre] Euh... Oups ?

La salle est moins comble que Lawrence le pensait. Des couples dansent déjà sur la piste, d’autres font le pied de grue devant le buffet et des professeurs discutent entre eux, dont Rogue qui porte un costume de pirate. En première année, on aurait dit à Adrian qu’il devrait faire au moins six ans d’études pour voir Rogue déguisé en pirate, il ne l’aurait jamais cru. Pourtant les faits sont là: leur ancien professeur de potions s’est prêté au jeu. Cela avait quelque chose de navrant. Par contre, toutes les filles lui semblent jolies et les garçons, à quelques exceptions près, sont très bien vêtus. Lawrence baisse les yeux sur son propre costume qui n’était en fait qu’une moitié de costume car il n’avait pas trouvé le pantalon qui allait avec. Il avait pourtant fouillé des heures dans les cassettes de vêtements pour les pièces de théâtre. Mais pas de pantalon et pas de bottes. N’en déplut au Gryffondor qui s’accommoda très bien de l’omission.

Il arbore donc ce soir une tunique de soldat anglais du dix-huitième ou peut-être du dix-neuvième siècle… En guise de pantalon, il porte son jean troué. Quant aux chaussures, ses vieilles baskets faisaient selon lui très bien l’affaire.

C‘est ainsi dépareillé qu’il avance solo au milieu de la salle, en observant les tenues de ses camarades et en leur donnant une approbation grotesque d’un hochement de tête dès qu’il croise le regard de l’un d’eux. Il se fout un peu de la tronche du monde mais c’est Adrian. Il a du mal à se prendre au sérieux, alors prendre les autres au sérieux, huuuu.

Il se dirige vers le buffet pour se servir à boire une boisson qu’il n’a jamais l’occasion de boire dans l’année sauf s’il fait le mur. Depuis quelques mois, c’était plus dur de contourner le règlement à cause des Ombres ou des disparitions de gens qui réapparaissait subitement. Tout était hyper surveillé. Ce soir, normalement, tout était hyper permis. C’était très ennuyeux mais il fallait bien que Rusard fasse une pause de temps en temps.

Adrian était vachement bien parti pour atteindre la table des boissons mais voilà qu’Oliver Twist lui balance son verre sur son beau costume à moitié réussi.

- Oh là! Lâche-t-il en voyant venir la scène au ralenti sans pouvoir l’arrêter.

Il n’a pas terminé de penser qu’il va être mouillé, qu’il est effectivement déjà mouillé, et pas qu'un peu.

"Heureusement que je ne porte pas le costume pour la pièce de tout à l’heure" essaye-t-il de relativiser.

Il regarde, sans trop s’arrêter, le jeune garçon qui porte une sacrément grande casquette puis il réévalue les dégâts sur sa tunique, en baissant aussi vite la tête. Le jus de citrouille atteint très rapidement son caleçon. Ce n’est pas super agréable comme sensation. Un sortilège fera l’affaire alors pas de quoi s’inquiéter, pas de quoi s’énerver:

- Si t’aimes pas mon costume, pas la peine de me le montrer aussi ouvertement, bonhomme, fait-il en blaguant et sans réaliser qu'il n'est pas face à un garçon mais à une fille.

Elle lui dit qu’elle aime bien son costume, le rend moins humide et se présente. Il rectifie malgré tout, pour le prénom et lui demande avec politesse:

- Lawrence. Je préfère qu’on m’appelle par mon nom de famille.

Même si Lawrence n’était pas son nom de famille, pour la bonne raison qu’il n’avait pas de famille. Le Gryffondor n’avait pas une très grande expérience des filles mais il savait au moins deux choses: la première c’était qu’elles n’appréciaient certainement pas qu’on les confondent avec des garçons (ni avec des animaux mais il avait eu le bon goût de ne pas confondre à se point). La deuxième chose était que si une d’entre elles disait « qu’est-ce que je peux faire pour me faire pardonner », il valait mieux saisir sa chance parce que ça n’arrivait pas toujours.

Face à la proposition qui lui semble trop pour le petit dérangement, il hausse un sourcil artificiellement sadique et se penche vers elle pour lui dire sur le ton du secret:

- Accorde-moi une danse et pendant ce temps-là, je réfléchirai à ce que tu peux faire pour moi.

Il repose le verre vide qu’on vient de lui tendre, après avoir fait semblant d’y boire cul sec, la boisson imaginaire qu’il contient. Très sérieusement, il cligne des yeux pour signifier que ce n’était vraiment pas mauvais puis il se retourne vers Gavroche, en faisant la révérence à la façon d’un gentilhomme.

- Mademoiselle Ellys Twist… excusez-moi de vous avoir prise pour un jeune homme. Voulez-vous danser pour réparer le méfait?

Il garde la main tendue vers elle, en espérant qu’elle la prenne.

C’est un drôle de numéro qu’il venait de tirer. Ca le rendait plutôt content car il avait du mal avec les filles trop rose dragée, les grandes coquettes ou celles qui se prenaient au sérieux. Déjà, c’était la seule qui avait laissé de côté la belle robe de princesse pour un pantalon. On doit quand même se sentir plus à l’aise en pantalon pour danser. Alors Adrian la suit en souriant suite à ses tentatives de diva. Ils passent entre les autres danseurs s’excusant parfois de les bousculer et parfois pas.

Arrivés sur la piste, il fait une très ample révérence exagérée et rentre dans le jeu de diva d’Ellys. La musique qui passe est assez effrénée et elle les transporte dans une gestuelle très large. Un peu trop large dans le goût de leurs voisins si bien qu'au bout de deux minutes, c’est n’importe quoi et il y a un grand cercle vide autour d’eux. C’est bien, ça leur fait plus de place qu’ils s’écartent. Mais au grand soulagement de tous les danseurs, la musique suivante est assez lente ce qui n’aurait peut-être pas empêché Ellys et Lawrence de danser comme des dératés. Pourtant, le Gryffondor cesse de danser et regarde autour d’eux.

- Je suis nul en slow, lâche-t-il désolé, en se grattant la tête.

Pourtant, il se jette à l’eau et s’approche un peu plus d’Ellys en passant une de ses mains autour de sa taille quand la seconde va chercher son autre main pour l’enfermer dans la sienne. Il la serre contre lui pour qu’elle se rapproche au point que leurs pointes de pieds soient nez à nez (si c’est possible pour des pieds d’avoir des nez). Après, il la regarde dans les yeux en souriant avant de reprendre, plus sûr de lui:

- Vas-y, monte sur mes pieds sinon c’est moi qui marcherai sur les tiens.

C’est comme ça qu’il avait appris à marcher avec la Grosse Berthe. "Ca f’ra moins d’accidents", qu’elle disait. Adrian montait sur les pieds de sa tutrice et elle le prenait par les mains pour le retenir pendant qu’elle faisait des petits pas. Plus tard, quand elle avait le temps, et qu’il avait quatre, cinq ou six ans, elle le faisait encore mais plutôt pour s’amuser. Ca le faisait rire aux éclats et il pensait que s’il avait eu une mère, elle aurait sans doute joué de la même façon avec lui.


Il attend qu’Ellys se décide à poser ses deux pieds sur les siens en montrant dans ses pupilles brillantes qu’il se fiche pas mal que les autres pensent qu’ils dansent n’importe comment. Du moment qu’ils s’amusent, après tout, pourquoi absolument faire le prince et la princesse?

Ellys se décide à monter sur les pieds d’Adrian. Si elle avait été aussi bien proportionnée que Crabbe, c’est sûr qu’il ne lui aurait pas proposé et même, il est possible qu’il ne l’aurait pas invité à danser. Pas à cause du poids mais parce que Crabbe n’était pas vraiment son genre de filles. Elle eut une légère absence qui afficha sur son visage un sourire assez espiègle mais comme elle lui dit de ne pas prêter attention, il ne chercha pas à s’immiscer et lui laissa sa pensée secrète qui devait pourtant valoir le détour.

Il commence à faire un petit pas, pour s’habituer au poids d’Ellys et pour trouver leur équilibre. Après plusieurs pas comme celui-ci, se sentant plus à l’aise et sûr de lui, ses gestes deviennent plus fluides. Il tourne tout doucement sur lui-même, en la maintenant le mieux possible. La chose à laquelle il n’avait pas pensé, c’était que dans cette posture, la Poufsouffle se trouvait tout contre lui. Ce n’était pas pour lui déplaire, il constatait qu’elle n’avait vraiment rien d’un garçon, mais la situation était équivoque.

A toute allure, il cherche quelque chose à dire mais c’est elle qui prend la parole et lui pose une question. Elle a l’air d’être moins gênée que lui. Ca le détend. La question d’Ellys lui arrache un sourire, il recula un peu son visage pour la voir dans les yeux et lui dit en grimaçant:

- J’étais parti pour une boisson alcoolisée. Pas trop alcoolisée sinon après je dis n’importe quoi et je ne peux pas marcher droit. En plus y’a les pièces dans une heure, si je suis ivre, ça va tout gâcher. Donc, un verre de vide c’était pas plus mal.

Lawrence remet sa tête comme elle était et voit le grand frère d’Ellys qui les regarde mais il lui est impossible de savoir déterminer ce qu’est ce regard. Il préfère l’ignorer et tourner de l’autre côté. Il faillit même à perdre de nouveau son équilibre mais rattrape Ellys de justesse en faisant des yeux tous ronds:

- Wouh, désolé. Virage incontrôlé! Tu feras quoi après les pièces?

Ellys fait une blague. Lawrence confirme en souriant joyeusement:

- Ouais, c’est nul.

Il aime beaucoup les vannes nulles, elles provoquent toujours un sourire tandis que la philo ou la réflexion causait des rides. Ensuite pendant peut-être cinq minutes, Ellys parle et lui pose même des questions. Il essaye de répondre mais ce n’est pas gagné.

- Je..

Raté.

- Mais t…

Encore raté.

- Moui, c’es…

"Laissons-là terminer. "

Quand elle a terminé, il reste encore un peu silencieux, au cas où il resterait une phrase quelque part dans sa bouche. Mais ça a l’air fini, il n’attend pas plus longtemps, sinon il va devoir passer son tour. Etant donné qu’elle a enchaîné toutes ses questions et qu’il ne se souvient même plus des premières, il prend le pli de ne répliquer qu’à la dernière.

- La fille de ma vie, elle danserait sur mes pieds sinon elle serait pas la fille de ma vie, lui dit-il en arquant un sourcil malicieux. Mais peut-être pas pour toute une vie. Un jour, elle aura peut-être envie de se poser sur terre, alors ouais, ça serait sans doute utile qu’une fois je me penche sur la question.

Il roule des yeux en s’imaginant en piètre élève. Ellys s’arracherait les cheveux au bout de six minutes et, lui, préférerait de loin aller lancer les choses illicites qu’elle a dans les poches que de se ridiculiser à faire "un deux trois quatre, un deux trois quatre"... Mais si ce n’était pas une fille capable de sourire encore sans se moquer quand on lui dit "je sais pas danser" et d’accepter un compromis "ringard" pour pouvoir le faire tout de même, qui allait être la personne qui l’instruirait de ce style de danse?

- Après le théâtre, tu m’apprendrais à danser un slow alors? Tu doutes de rien toi… Disons qu’on vient de trouver ce que tu "pourrais faire pour moi": m’apprendre à danser. Je suis d’ac.

Il se penche vers son oreille et lui murmure faussement indigné:

- Et je te signale que c’est pas ringard!

La musique cesse.

Traîné par le raz de marée vers les rivages du buffet, Lawrence suit son alter ego de Poufsouffle, en souriant et sans broncher. Pour l’instant, il ne dit rien car il est toujours étonné et un peu sous le charme de ce petit bâton de dynamite ambulant. Par contre, si elle prend l’habitude de le déplacer comme on déplace une chaise ou une jouet, il ne va pas tarder à exprimer son désaccord. Pour l’instant, donc, il tient bon la barre jusqu’à ce qu’ils s’arriment à la table des hors d’œuvres, des boissons et des autres confiseries. Encore une fois, il essaye de répondre à mesure que les questions jasent:

- D’acco…

Raté. Juste une question d’habitude.

- C’est qu…

Peu mieux faire.

- Ok, mais t…

"Je vais attendre un peu "

Twist se retourne et tend un verre au Gryffondor. Il garde son intarissable sourire sans cacher qu’elle l’amuse ou sans prétexter de gêne en la décomposant du regard. Il vient de comprendre comment elle fonctionne: elle parle, parle, parle et pose ses questions toutes à la suite. Ensuite, il a cinq minutes pour répondre. Top chrono pour lui, le départ est lancé après le "tu bois quoi?":

- Récapitulons, dit-il en prenant le verre et en y versant tranquillement le premier jus de fruit qu’il trouve sur la table, après avoir servi Ellys. Uno : Oui, je vais jouer dans une pièce. Ca a été créé à la dernière minute mais je suis très fier de participer à ce délire collectif. Deuzio : après la pièce, je vais donc apprendre à danser un slow. C’est déjà pas mal.

Il trinque et boit une gorgée :

- Je repars demain matin par le Poudlard-Express. Je voulais profiter de la soirée le plus tard possible… tu tiendrais?

"Ah ouais, j'ai oublié de te prévenir... Hésite pas à me couper si tu trouves que je parle trop !"

Lawrence joue l’étonné en exagérant ses mimiques :

- Quoi ? Toi ? Parler trop ? Naaaan. Je ne trouve pas.

Il poncture d’un sourire et d’un hochement de tête, parce que juste avant cette remarque, elle a accepté de faire nuit blanche. Au fond de lui, quand il voit la pêche d’Ellys, il se dit qu’il sera le premier à retourner dans sa salle commune pour dormir. En plus, il n’a pas fait ses valises mais ce n’est pas comme s’il avait beaucoup de bagages.

Il sirote sans parler et la Poufsouffle non plus ne parle pas, ce qui est assez louche à son sens. En y regardant de plus près, il la trouve très concentrée dans ses poches. Elle en sort un sachet de dragées qu’elle échange avec des bonbons présents sur le buffet. Ensuite, elle lui en propose un et l’averti que ceux qu’elle vient de substituer ne seront pas du goût de tout le monde. Effectivement, la morve de troll sera toujours moins goûteuse qu’un bonbon à l’anis. Il ne dit rien et fait un signe négatif de la tête léger pour refuser la friandise. D’après sa tête, on voit bien qu’il ne valide pas la blague mais ceci n’est pas son problème. Il se contente d’adjoindre une remarque amusée, sans intonation de critique dans la voix, après avoir terminé son verre d’une traite :

- Tu ne t’arrêtes jamais?

Il profite d’un léger silence pour ne pas alourdir l’atmosphère avec cette question et l’enchaîner avec une sorte de soupir superficielle. Vous savez, comme les gens font quand ils feignent de s’étirer durement, pour cacher quelque chose. Sauf qu’Adrian le fait en connaissance de cause et qu’on voit bien dans son regard qu’il se prépare à faire quelque chose de pas net. D’ailleurs, en s’étirant, il en a profité pour sortir sa baguette et la pointer sur le bol de bonbons.

- Leviosa, dit-il.

Le bol se met à flotter jusqu’à sous le nez d’Ellys. Juste avant de le faire léviter, il a jeté un sortilège informulé sur les bonbons. La moitié d’entre eux est maintenant en sucre, l’autre moitié a toujours les saveurs que la Poufsouffle y a mises.

- Prends-en un. J’ai pas beaucoup de principes mais en général, j’évite de faire aux autres ce que je n’aimerais pas qu’ils me fassent. Si tu tombes sur une dragée sucrée, je transforme le reste des bonbons en dragées aux saveurs meilleures et tout rentre l’ordre, si tu tombes sur une de tes dragées, je laisse le bol comme il est. Mais en tout cas, tu devras tester toi-même ta blague sinon tes bomb’encres…

Si Ellys regarde dans ses poches, elle s’apercevra qu’il n’y a plus rien. Un sortilège plus tôt, il n’y avait pas que le bol qui avait lévité. Adrian les a transposé au-dessus de leurs têtes.

- nous béniront devant tout le monde, et surtout devant les professeurs.

C’était un attentat et Adrian avait l’air plutôt sérieux. Il regardait le bol entre Ellys et lui en louchant et en sifflotant l’air des Dents de la Mer. Il y avait plusieurs choix, ce n’était qu’un jeu vicieux.

Lawrence soupire l’air désabusé et baisse la tête. Il remet le panier de dragées sur la table quant à la bomb’encre… Et bien, la bomb’encre tomba sur les deux adolescents. Il parait que ces farces et attrapes ont un meilleur effet à la verticale de la victime, Adrian venait de le vérifier. Ils étaient colorés de la tête aux pieds, en rouge pour Ellys et en jaune pour Adrian. Pour le choix des couleurs, il ne l’avait pas fait exprès. En une fraction de secondes toutes les têtes se tournent vers eux et la musique s’arrête.

- Oh, oh… ca sent pas bon pour nous…

Le rouge et le jaune leur font une sorte de masque et quand Lawrence entend quelqu’un qui murmure "c’est qui ces deux trolls ?", il compte jusqu’à cinq avant d’éclater de rire, avant qu’une fille de Serpentard qui n’était pas très loin d’eux se mette à crier car elle avait été éclaboussée et que son copain fasse un pas vers les deux sixièmes années, pas forcément pour les féliciter. Rogue déguisé en pirate se dirige vers eux le visage sévère. Pas le temps d’attendre la punition de fin d’année, Adrian attrape Ellys par la main et se met à courir:

- Bouge! crie-il en se mettant à courir pour traverser la foule en direction de la scène de théâtre.

En chemin, ils bousculent encore beaucoup de monde et à leur contact, les convives se retrouvent parsemés de rouge ou de jaune. Lawrence et Ellys atteignent la scène, ils montent dessus, courent vers les coulisses mais le problème avec toute cette encre, c’est qu’on peut les suivre à la trace. Au début, il n’y avait que Rogue qui les avait pris en chasse mais maintenant, à entendre le nombre de pas qui claquent sur le sol de la scène et des coulisses, l’orphelin sait sans se retourner qu’ils sont bien une dizaine.

"Et je suis près à parier que c’est que des Serpentard"

Il découvre une cabine et s’y engouffre avec Ellys en refoulant ses éclats de rire. Il pose sa main sur la bouche bavarde de la Poufsouffle par précaution et attend que les pas passent et repassent dans les allées des coulisses. Ils crient et interrogent ceux qui sont en train de se préparer pour la première pièce afin de les trouver. Adrian prend sa baguette et l’arme sur Ellys puis sur lui. Après plusieurs à coups, il vient enfin à bout de l’encre mais il en reste toujours. Il leur faudrait des heures de récurvite pour enlever tout ça. Il a retiré sa main posée sur la bouche de la Poufsouffle et ils chuchotent, pendant que, postés devant la cabine, deux garçons énervés discutent de ce qu’ils leur feront s’ils les retrouvaient en premier. Alors pourvu qu’ils ne pensent pas à ouvrir cette cabine cachée sous des tissus d’un des décors.

- Tu as vu ce que tu as provoqué, fait-il en souriant innocemment. Tout ça pour quelques bonbons, t’es une catastrophe ambulante, miss. Qu’est-ce qu’on fait?

Adrian laisse Ellys les sortir de là. Elle a l’air d’avoir de la suite dans les idées alors pourquoi ne pas se laisser porter. En fait, il gardait le silence, hochait parfois la tête quand elle s’indignait qu’il lui mette tout sur le dos, elle savait qu’il ne le pensait pas. Il n’avait pas l’air de s’inquiéter, il prenait la situation à la légère, ne détournant à aucun moment ses yeux d’Ellys qu’il regardait en se posant des questions dans sa tête.

Elle se met donc à compter mais il reste debout sans se tenir prêt à quoi que ce soit. Il est bien curieux de la voir à l‘œuvre. Pas qu’il ne croit pas en elle, au contraire, il pense qu’à elle seule elle pourrait mettre au tapis les dix Serpentard et même Rogue s’il le fallait. En fait, il n’avait envie de rien faire pour s’en sortir. Il souriait. Elle n’était pas la seule à avoir le privilège du sourire-quoiqu-il-arrive.

Les pétards à têtes chercheuses furent lancés mais il resta dans la cabine en secouant la tête d’un geste négatif. Il restait là.

- Vas-y. Rejoins la salle si tu veux. Je me débrouillerai… je dois commencer à me préparer pour la pièce de toute façon.

Les pétards poursuivent déjà les deux garçons qui se mettent à courir en criant "au feu" mais Adrian n’a toujours pas bougé, sûr de lui. Il s’approche d’Ellys et pose sa main sur son front pour gratter légèrement un reste de rouge.

- Ils pourront jamais savoir que c’est toi qui a foutu ce bazar, raille-t-il faiblement. On se rejoindra après…

Les pas bruyants des autres serpents chasseurs revenaient vers eux :

- On n’est pas coupable, tant qu’on n’a pas l’air coupable.